Bonjour Mikaël
Au moment de la guerre 14-18, il n'y avait pas distinguo RTA (algériens) et RTT (tunisiens) dont la numérotation est commune : les 1er, 5e et 9e RTI sont issus de la province d'Alger, les 2e et 6e de la province d'Oran, les 3e et 7e de la province de Constantine, enfin les 4e et 8e de Tunisie.
On parlait alors de régiments de tirailleurs indigènes et ce distinguo n'apparait que dans le début des années 1920.
A l'inverse, les tirailleurs marocains étaient d'emblée identifiés comme tel et leurs régiments ont une numérotation à part (en août 1914, il n'y avait au départ que 5 bataillons qui seront regroupés en France en deux régiments formant une brigade autonome : la brigade de chasseurs indigènes ou brigade Ditte, du nom de son commandant de brigade.
Effectivement, le 3e RTA (algériens), comme les 8 autres régiments de tirailleurs algériens et les deux régiments de tirailleurs tunisiens ont engagé dès le début des années 1900 des troupes au Maroc pour permettre la pacification de ce pays.
Ainsi, le 1er août 1914, sur les 40 bataillons de tirailleurs (répartis non harmonieusement entre les 9 régiments algériens et les deux régiments tunisiens) existant, 15 sont stationnés en Algérie, 3 en Tunisie et 22 (donc plus de la moitié) au Maroc.
Ce positionnement initial explique en grande partie pourquoi on a d'emblée des régiments de marche et non des régiments organiques dans ces unités.
Cordialement
Eric
Très bonne synthèse d'Eric, qui correspond aux éléments dont je dispose.
Je rajouterais quelques éléments:
Au sujet du pourquoi des régiments de marche:
le plan XVII prévoyait que la XIXème région militaire (Algérie/Tunisie) devait envoyer à la mobilisation des "régiments de campagne" en métropole. Or, depuis 1912 et les opérations au Maroc, l'habitude avait été prise d'envoyer les bataillons d'un même RTA regroupés en "régiments de marche": le COL Thouveny commanda ainsi le régiment de marche du 1er tirailleurs (RM1) envoyé au Maroc Oriental en 1912 (bataillons Nussbaum (I/1) et Knoll (V/1) du 1er RTA); toujours en 1912 et au Maroc Oriental, le LTCOL Bourgue commanda le régiment de marche du 2ème tirailleurs (RM2), avec les bataillons Guérin (II/2), Hatton (IV/2) et Sauvageot (VI/2) du 2ème RTA. Enfin, toujours la même année, mais cette fois au Maroc Occidental, se forma le régiment de marche du 3ème tirailleurs (RM3), qui, le 15 août 1913 comportait les bataillons I/3, III/3 et IV/3 du 3ème régiment de tirailleurs.
L'habitude prise au Maroc fut à l'origine de l'organisation retenue pour la métropole, les "régiments de campagne" demandés devenant finalement des "régiments de marche".
Au sujet des appellations des Régiments de Marche:
A la mobilisation, les régiments de marche nouvellement créés n'avait pas reçu d'appellation officielle. Aucun consigne n'ayant été donnée par le GQG, chacun se donna une appellation "officieuse". Il est d'ailleurs parfois compliqué de s'y retrouver dans les JMO des brigades et divisions qui nomment aussi de manière aléatoire ces régiments sans réelle appelation. Ce n'est qu'avec la réorganisation du 14 décembre 1914 qu'une première appelation officielle sera enfin donnée à chaque régiment de marche, appelation qui, avec la deuxième réorganisation du printemps 1915, changera encore pour certains. Complexité....
Concernant celui qui nous interesse ici, c'est à dire celui portant l'appellation de 3ème RMT après la réorganisation de mars 1915, affecté à 74ème BI de la 37ème DI il était alors composé des bataillons I, II, IV et V/3. Il avait reçut l'appellation de 2ème RMT lors de la réorganisation de décembre 1914 et était auparavant connu dans sa division sous l'appellation de "Régiment de Marche du 3ème tirailleur". A noter que le bataillon I/3 était l'ancien III/7. Le 20 juin 1915, il perdit le V/3 parti au 2ème RMZT. Après la guerre, il devint le 23ème RMT. Lors de son départ en France à la mobilisation, ce corps était commandé par le COL Simon (chef de corps du 3ème RTA), le II/3 par le CDB Demaris, le IV/3 le CDB Bigotte, le bataillon V/3 par le CDB Delom et le III/7 (futur I/3) par le CDB Peyron.
Au sujet des bataillons de tirailleurs en aout 1914:
Autant je suis d'accord sur le nombre de bataillons (40, répartis entre les 9 RTA respectivement au nombre de 3, 6, 5, 6, 3, 4, 4, 6, 3), autant je dispose d'autre informations sur leur répartition sur les théâtres nord-africains:
- 19 au Maroc (13 au Maroc Occidental: III/1, I et III/3, III, IV et V/4, I et III/5, I et IV/7, I, III et VI/8 - 6 au Maroc Oriental: I, III et IV/2, II et III/6, I/9)
- 16 en Algérie (I et II/1, II, V et VI/2, II, IV et V/3, I, II et VI/4, II/5, I et IV/6, II et III/7)
- 5 en Tunisie (II, IV et V/8, II et III/9)
A la mobilisation, 32 partirent en métropole, 8 restant en Afrique du Nord (6 au Maroc, les III/1, III/4, IV/4, III/5, II/6 et III/8, 2 en Algérie, le III/2 rapatrié du Maroc Oriental, et le II/7)
Cordialement