Re: Et avant le Plan XVII ?
Publié : ven. oct. 01, 2010 7:46 pm
Bonjour,
Le Plan de Campagne en vigueur en août 1914 était le "Plan XVII".
Comme aurait dit monsieur de la Palisse, il y en avait donc eu 16 autres en vigueur entre 1872 et 1913.
Les Plans I à VII, correspondant à la phase de reconstruction de l'Armée française après la défaite de 1870-71, sont des plans défensifs qui ne prévoient que la concentration et des contre-attaques face à une Armée allemande très supérieure, ce sont les plans approuvés par les gouvernements de tendance monarchiste et conservatrice.
A partir de 1881, les gouvernements devenus franchement républicains encouragent une stratégie offensive malgré les risques de conflits non seulement avec l'Allemagne mais aussi sur les Alpes du fait de l'alliance germano-italienne.La France est pourtant alors totalement isolée diplomatiquement mais les plans de campagne deviennent nettement offensifs à partir du Plan VIII et culminent avec le Plan X adopté en 1889.
Il est intéressant de noter l'aspect novateur sinon "révolutionnaire" de ce plan de 1889:
Il existe à cette époque 18 Corps d'Armée métropolitains (1er à 18ème C.A), un 19ème C.A en Afrique du Nord et un Corps d'Armée formé par les troupes de la Marine (parfois appelé dans les documents de l'époque 20ème C.A).L'aspect extraordinaire de ce plan est qu'il prévoit la mise sur pied à la mobilisation de 18 C.A supplémentaires à raison d'un nouveau Corps d'Armée mobilisé dans chaque Corps d'Armée actif métropolitain.Ces nouveaux Corps sont appelés "Corps d'Armée bis".A la mobilisation, l'Armée française compterait donc 38 Corps d'Armée (18 C.A actifs, 18 C.A "bis", le 19ème C.A venant en Métropole et le C.A formé par la Marine!).
Ce plan de mobilisation de 1889 est donc étrangement similaire au plan allemand de 1914 qui mobilise un Corps de Réserve dans chaque Corps d'Armée actif.
Dans la pratique, les gouvernements successifs n'auront pas les moyens de cette politique grandiose et les plans après 1895 réduisent le nombre des Corps "bis" pour les supprimer totalement en 1898, la mesure étant compensée partiellement par la création du 20ème Corps actif cette même année (le 21ème C.A actif ne sera créé qu'en 1913).La France entrera donc en guerre en 1914 avec 21 Corps d'Armée ( 1er à 18ème C.A, 20ème C.A, 21ème C.A, Corps d'Armée Colonial, le 19ème C.A n'étant pas envoyé en métropole).
La principale raison de l'abandon du plan grandiose de 1889 et des suivants s'explique par l'imposibilité de trouver les ressources financières nécessaires pour créer les disponibilités d'artillerie et la création des services multiples d'un nombre aussi important de Corps d'Armée, de même la difficulté de créer des Etats-majors formés est aussi une difficulté.
Cette idée de mobiliser d'avantage d'unités en cas de guerre redeviendra d'actualité dans les années 1910, le généralissime désigné, le général Michel, voulait amalgamer des unités de réserve et d'active mais il sera mis en minorité au Conseil supérieur de la Guerre ce qui conduira à sa démission en 1911 ouvrant la voie à l'accession aux responsabilités de Joffre.
Il est dommage qu'une étude complète de ces "Plans de Campagne" n'existe pas à ma connaissance.On ne trouve que quelques articles ou paragraphes consacrés à cette question importante qui faillit pourtant amener l'écrasement de la France dès août 1914 alors qu'il existait des disponibilités très importantes en effectifs dans les dépots et les unités d'artillerie, lesquels ne seront équipés pour la guerre de campagne que quelques semaines voire quelques mois plus tard.
Cordialement,
Guy François.
Le Plan de Campagne en vigueur en août 1914 était le "Plan XVII".
Comme aurait dit monsieur de la Palisse, il y en avait donc eu 16 autres en vigueur entre 1872 et 1913.
Les Plans I à VII, correspondant à la phase de reconstruction de l'Armée française après la défaite de 1870-71, sont des plans défensifs qui ne prévoient que la concentration et des contre-attaques face à une Armée allemande très supérieure, ce sont les plans approuvés par les gouvernements de tendance monarchiste et conservatrice.
A partir de 1881, les gouvernements devenus franchement républicains encouragent une stratégie offensive malgré les risques de conflits non seulement avec l'Allemagne mais aussi sur les Alpes du fait de l'alliance germano-italienne.La France est pourtant alors totalement isolée diplomatiquement mais les plans de campagne deviennent nettement offensifs à partir du Plan VIII et culminent avec le Plan X adopté en 1889.
Il est intéressant de noter l'aspect novateur sinon "révolutionnaire" de ce plan de 1889:
Il existe à cette époque 18 Corps d'Armée métropolitains (1er à 18ème C.A), un 19ème C.A en Afrique du Nord et un Corps d'Armée formé par les troupes de la Marine (parfois appelé dans les documents de l'époque 20ème C.A).L'aspect extraordinaire de ce plan est qu'il prévoit la mise sur pied à la mobilisation de 18 C.A supplémentaires à raison d'un nouveau Corps d'Armée mobilisé dans chaque Corps d'Armée actif métropolitain.Ces nouveaux Corps sont appelés "Corps d'Armée bis".A la mobilisation, l'Armée française compterait donc 38 Corps d'Armée (18 C.A actifs, 18 C.A "bis", le 19ème C.A venant en Métropole et le C.A formé par la Marine!).
Ce plan de mobilisation de 1889 est donc étrangement similaire au plan allemand de 1914 qui mobilise un Corps de Réserve dans chaque Corps d'Armée actif.
Dans la pratique, les gouvernements successifs n'auront pas les moyens de cette politique grandiose et les plans après 1895 réduisent le nombre des Corps "bis" pour les supprimer totalement en 1898, la mesure étant compensée partiellement par la création du 20ème Corps actif cette même année (le 21ème C.A actif ne sera créé qu'en 1913).La France entrera donc en guerre en 1914 avec 21 Corps d'Armée ( 1er à 18ème C.A, 20ème C.A, 21ème C.A, Corps d'Armée Colonial, le 19ème C.A n'étant pas envoyé en métropole).
La principale raison de l'abandon du plan grandiose de 1889 et des suivants s'explique par l'imposibilité de trouver les ressources financières nécessaires pour créer les disponibilités d'artillerie et la création des services multiples d'un nombre aussi important de Corps d'Armée, de même la difficulté de créer des Etats-majors formés est aussi une difficulté.
Cette idée de mobiliser d'avantage d'unités en cas de guerre redeviendra d'actualité dans les années 1910, le généralissime désigné, le général Michel, voulait amalgamer des unités de réserve et d'active mais il sera mis en minorité au Conseil supérieur de la Guerre ce qui conduira à sa démission en 1911 ouvrant la voie à l'accession aux responsabilités de Joffre.
Il est dommage qu'une étude complète de ces "Plans de Campagne" n'existe pas à ma connaissance.On ne trouve que quelques articles ou paragraphes consacrés à cette question importante qui faillit pourtant amener l'écrasement de la France dès août 1914 alors qu'il existait des disponibilités très importantes en effectifs dans les dépots et les unités d'artillerie, lesquels ne seront équipés pour la guerre de campagne que quelques semaines voire quelques mois plus tard.
Cordialement,
Guy François.