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Re: Les Oubliés
Publié : mar. août 31, 2010 2:31 am
par romaindemarais
Bonsoir a tous,
Je viens de voir un documentaire sur la chaine "Military" sur les "oubliés". Le sujet porte sur le peu d'interet qu'avais la population britannique pour les anciens combattants une fois l'armistice signee. Il est donne l'exemple de la ville de luton (au nord de Londres) ou le maire organisait des fetes pour feter la victoire. il ya avait des centaines d'invites mais aucun des 1500 anciens combattants n'etaient convies.
En 1919, il ya eu plusieurs "revoltes" d'anciens combattants qui sont revenus en Angleterre dans l'espoir d'etre acceuillis comme des heros, mais n'ont trouve que chomage et pauvrete. en 1921, il y avait 25% de chomage, la plupart avaient combattu pendant la guerre!
Un exemple donné: Le soldat Witham a recu 7 Victoria Cross et fut cite pour "Acte d'heroisme" lors de la bataille de Pachendael. Lorsqu'il est revenue du front il n'a pas pu trouver de travail et lorsqu'il a fait appel aux autorites locales pour l'aider a trouver du travail, on lui a expliquer qu'il devait se debrouiller. En mars 1919, pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, il a du vendre ses medailles. Ce sont les memes autorites locales qui ont achete les medailles aupres d'un brocanteur, et qu'ils les ont mises immediatement au musee de la ville! Le soldat Witham est mort 2 ans plus tard dans une extreme pauvrete.
Ce n'est que bien plus tard et apres la 2e guerre mondiale que des vraies reconnaissances ont commence a avoir lieu.
Comment etaient les autorites francaises avec les anciens combattant francais? En general, les soldats revenus du front ont-ils eu du mal a retrouve une vie "normale"?
Merci
Romain
Re: Les Oubliés
Publié : mar. août 31, 2010 12:21 pm
par nono26
Bonjour Romain,
Ce message est très intéressant car il donne une vue de ce qui s'est passé outre Manche..
Je me permets de transmettre un témoignage que j'ai recueilli il y a peu de temps, au cours de mes recherches...
Une dame d'environ cinquante ans se souvient de son grand père revenu indemne de la guerre.. Il s'est assis sur le banc, sous le platane, et a regardé passer les années sans plus jamais s'intéresser à quoi que ce soit de la vie de la ferme.
Je ne sais pas ailleurs, mais je crois qu'à la campagne, ils ont été nombreux à revenir rincés de l'intérieur.. Le problème du chomage n'était sans doute pas aussi aigu qu'en Angleterre, la plupart des soldats français étaient des hommes de la terre..
J'attends avec intérêt les commentaires sur ce sujet.
Cordialement Nono
Re: Les Oubliés
Publié : mar. août 31, 2010 12:51 pm
par stcypre
Bonjour à tous,
Les poilus rentrant du combat ou des camps d'Allemagne (surtout ne pas oublier les PG) ont connu un drame... celui de l'incompréhension...
Personne (la famille, les amis et même hélas la nation) ne comprenait pas la souffrance, la misère, la peur, connues au front ou dans les camps...
Aussi et c'est à cause de cela que les Assos. d'anciens combattants ont fleuri dès les années 1919-20... car entre eux, les anciens poilus se comprenaient.
Je n'en veux pour exemple que la fameuse phrase de M. Genevoix: "Nous avons connu l'incommunicable...."
Mais aussi la révélation de mon grand père ancien du fort de Vaux (avec Raynal): "pour survivre nous avons du boire notre urine"... Comment pouvait on croire que des hommes étaient arrivés à boire leur urine !!!
D'ailleurs et trop souvent dans les familles on entendait les terribles: "Tais toi pépé tu nous ennuie avec ta guerre" ou "le pépére raconte des choses sur sa guerre... il a perdu la tête"...
J.Claude
Re: Les Oubliés
Publié : mar. août 31, 2010 1:13 pm
par Cuchlainn
Bonjour,
Certains écrits de Genevoix concernent spécifiquement cette question.
On peut aussi voir l'inévitable Capitaine Conan ou certains écrits de Jünger.
Les combattants avaient brassé toute la guerre des idées sur ce qu'ils seraient en droit d'exiger après avoir consenti de telles souffrances, sur la communauté qu'ils formeraient toujours, etc. La déception face à ces espoirs, qui peut-être, font partie des choses qui leur avaient "permis de tenir" a été un choc tout comme le retour à la vie normale depuis le énième cercle de l'enfer, espèce de monde hors de tout, qu'ils fréquentaient depuis parfois plus de quatre ans.
Je pense que les situations individuelles sont tellement diverses qu'il faut se garder de généraliser et ne pas avoir peur d'accumuler les exemples. Il y a ceux qui n'arrivaient pas à parler, ceux qui racontaient sans fin - jusqu'à ce que l'entourage se lasse. Ceux qui ont été changés à tous les degrés possibles. Ceux qui ont constaté qu'il n'y avait plus de but dans leur vie. Ceux qui ont retrouvé un foyer dévasté. Ceux qui sont devenus incapables de vivre la routine. Tout. Le sujet est fascinant et a été largement traité, mais il est immense.
La grand-mère de ma femme nous disait : dans mon enfance (dans les années 20-30), la guerre ? elle était partout. Les enfants de MPLF ou de grands mutilés comparaient les hauts faits respectifs des pères disparus. On ne pouvait pas ne pas voir les "places vides" dans les familles. Parfois, on vivait sous le regard d'une grande photo du disparu, etc. L'air en était saturé alors même que coexistait le besoin tout humain de tourner la page et d'oublier.
D'une certaine manière, il s'est passé des mécanismes similaires avec les survivants des camps nazis. Sauf que ceux-là constituaient une toute petite minorité. Mais quand je lis des récits des uns et des autres, la similitude des accueils et des incompréhensions saute aux yeux.
Sauf que pour les anciens combattants des tranchées, c'était à l'échelle de la société entière.
Cdlt
Cyrille
Re: Les Oubliés
Publié : mar. août 31, 2010 3:27 pm
par Patrice Pruniaux1
Bonjour,
Je dirais que de tout temps les guerres n'ont vraiment été comprises que par ceux qui les ont faîtes...
Pourtant il ne faut pas oublier qu'en France, après la guerre, il y a eu la "Chambre Bleue Horizon", ce qui prouve tout de même une certaine prise de conscience de la Nation. C'est d'ailleurs la dernière manifestation de l'unité nationale de 1914. Manifestation éphèmère je vous l'accorde, la politique des partis ayant rapidement repris le dessus.
Mais ce phénomène est unique et ne s'est jamais reproduit en France.
Les associations d'Anciens Combattants, ne sont pas nées particulièrement avec cette guerre. Après 1871, celles des "Mobiles" et avant eux des "Grognards" existaient déjà.
Pour les rescapés des camps nazis, en plus de ne savoir ou pouvoir traduire l'horreur du vécu, ils n'étaient qu'une minorité dans notre pays. (89000 Déportés non Juifs et 83000 Juifs environ, toutes nationalités confondues. J'écris Déportés et pas rescapés.)
Le summum de l'oubli se trouve avec l'Indochine. Plus de 60% des prisonniers sont décédés dans les camps. ( C'est beaucoup plus que dans les camps de concentration nazis.) Jamais il ne fut demandé de comptes.
Au revoir.
P. Pruniaux.
Re: Les Oubliés
Publié : mar. août 31, 2010 3:51 pm
par coachcamaron
Bonjour,
En parlant d'oubliés, je fais actuellement des recherches sur les sportifs français ayant été stagiaires ou moniteurs à l'école de Joinville de 1852 à 1871 et résidant en Alsace-Moselle ont porté l'uniforme allemand et sont devenus des "malgré nous"
Idem pour ceux incorporés de force en 1944 et sont partis combattre sur le front de l'Est.
Tout renseignements sont les bienvenus.
Merci d'avance