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Re: Bataille de l'Yser.
Publié : mar. mars 23, 2010 11:01 pm
par Piou-Piou
Bonsoir à toutes et tous,
Voici un résumé de la bataille de l'Yser.
L'action commune avec les armées des Nations garantes : la bataille de l'Yser.
L'armée belge est réduite à 82.000 hommes, dont 48.000 fusils, au moment où elle arrive sur la position choisie de l'Yser.
Le Roi adresse aux troupes la proclamation que voici :
Soldats, voilà deux mois et davantage, que vous combattez pour la plus juste causes, pour vos foyers, pour l'indépendance nationale.
Vous avez contenu les armées ennemies, subit trois sièges, effectué plusieurs sorties, opéré sans pertes une longue retraite par un couloir étroit.
Jusqu'ici, vous étiez isolés dans cette lutte immense.
Vous vous trouvez maintenant aux côtés des vaillantes armées françaises et anglaises. Il vous appartient par la tenacité et la bravoure dont vous avez donné tant de preuves, de soutenir la réputation de nos armes. Notre honneur national y est engagé.
Soldats, envisager l'avenir avec confiance, luttez avec courage.
Que dans les positions où je vous placerai, vos regards se portent uniquement en avant et considérez comme traître à la patrie, celui qui prononcera le mot retraite sans que l'ordre formel en soit donné.
Le moment est venu, avec l'aide de nos puissants alliés, de chasser du sol de notre chère Patrie, l'ennemi qui l'a envahie au mépris de ses engagements et des droits sacrés d'un peuple libre.
Albert.
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : mar. mars 23, 2010 11:30 pm
par Piou-Piou
Ces paroles ne dissimulent pas à l'armée les obligations suprêmes qui lui incombent. Sa mission prend, en effet, une importance particulière, en raison de la situation des forces en présence dans le Nord de la France.
Vers le 15 octobre, le front français est solidement organisé jusqu'à La Bassée.
Depuis la fin de septembre, les forces allemandes répondant au mouvement enveloppant des armées franco-anglaises tentaient à leur tour de déborder l'aile gauche de celles-ci. Aux forces allemandes engagées ainsi sur le théâtre principal, vont se joindre, d'une part celles de l'armée assiégeante d'Anvers, désormais libérée, d'autre part, quatre corps de nouvelle formation arrivée en Belgique.
Pour s'opposer à ces nombreuses forces allemandes et enrayer le vaste mouvement qu'elles vont entreprendre vers le Nord entre La Bassée et Dunkerque, il n'y a en Flandre que l'armée belge, la 7e division d'infanterie et la 3e division de cavalerie anglaises, la brigade de fusilliers marins français et deux divisions territoriales françaises.
L'armée belge, à laquelle la brigade de fusilliers marins français est rattachée, va occuper l'Yser de la mer à Zuydschoote. La 7e division d'infanterie et la 3e division de cavalerie anglaises vont s'établir en avant d'Ypres.
Ces positions sont bientôt complétées. D'une part, un corps de cavalerie et les IIe et IIIe corps anglais, ont achevé leurs débarquements à St Omer.
D'autre part, les deux divisions territoriales françaises avancent vres Ypres, tandis que des troupes de cavalerie se dirigent vers Staden, et que d'autres opèrent dans la direction de Lille.
Le résultat de cet ensemble de mouvement est obtenu vers le 17. A cette date, alors que le 1er corps anglais continue ses débarquements à St Omer, le corps de cavalerie et les IIe et IIIe corps anglais occupent la ligne s'étendant des environs de La Bassée jusqu'aux positions de la 7e division anglaises qui tient la ligne Zandvoorde-Gheluvelt-Zonnebeke; au nord de cette dernière ligne, des troupes de cavalerie française et anglaise relient le front à la ligne belge.
La ligne est donc fermée; un front continu est constitué.
L'action commune va pouvoir commencer.
A suivre.
Cordialement.
Phil.
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : mer. mars 24, 2010 10:38 pm
par Piou-Piou
Bonsoir à toutes et tous,
A la vérité, ce front continu est peu solide, eu égard aux effectifs allemands considérables qui se concentrent de la Lys à la mer, pour tenter de percer la ligne de leurs adversaires. Aissi des renforts sont-ils préparés pour venir consolider la partie de la ligne située au Nord de la Lys; ce sont :
le 1er corps anglais, qui s'engagera le 21 àctobre à la gauche de la 7e division anglaise sur le front Zonnebeke-Langemarck, la 42e division française, qui interviendra sur le front belge le 23 octobre, le IXe corps français, qui combattra à l'Est d'Ypres à partir du 24 octobre, et le XVIe corps français, qui interviendra au Sud d'Ypres le 31 octobre.
Mais plusieurs jours seront nécessaires pour faire arriver ces renforts. Il faut à tout prix procurer ce temps.
Or, le plan de l'ennemi se dessine bientôt : il veut s'emparer de l'Yser, de la mer à Dixmude, et enfoncer l'armée belge qui le défend afin de tourner la gauche franco-anglaise.
Dès lors, c'est l'armée belge qui va devoir briser le premier choc de l'adversaire : le haut commandement français lui demande de résister pendant 48 heures.
Le front que l'armée occupe est formé, de la mer au lieu dit, Fort de Knocke, par l'Yser canalisée, et de là à Zuydschoote et Boesinghe, par le canal de l'Yser à Ypres. De Nieuport-Bains à Dixmude on mesure 18 kilomètres, et 18 également de Dixmude à Boesinghe, ce qui constitue en tout un front de 36 kilométres.
L'Yser, d'une largeur d'environ 20 mètres, est endigué : la digue occidentale domine de deux mètres la digue orientale. Le fleuve forme, à peu près à mi-distance entre Nieuport et Dixmude, une boucle dont la concavité est tournée vers l'Ouest. Cette boucle, appelée de Tervaete, forme un point faible de la ligne de défense.
Tout le terrain est parsemé de fossés, de canaux et de rivières; la plus importante de celles-ci est le Beverdijk qui se prolonge par le Noord Vaart; son cours est sensiblement parallèle à celui de l'Yser, et sa largeur atteint une dizaine de mètres en amont de Nieuport. Le Beverdijk coule dans presque toute l'étendue de son cours entre l'Yser et le chemin de fer de Nieuport à Dixmude, qui forme dans la plaine un remblai d'un à deux mètres de hauteur. Les passages permanents sur le fleuve et le canal dans la partie considérée sont : les ponts de Nieuport, le pont de l'Union près de St Georges, celui de Schoorbakke, celui de Tervaete, les deux ponts de Dixmude, le pont de Driegrachten et celui de Steenstraat.
A Nieuport, viennent aboutir six canaux et cours d'eau : le canal de Furnes, le Noord-Vaart, l'Yser canalisé, la crique de Nieuwendaame ou vieil Yser, le canal de Plasschendaele, le canal d'évacuation. Des écluses permettent d'y envoyer, à marée haute, les eaux de la mer.
Ces quelques traits donnent une idée du terrain de défense.
Au début de la bataille, les forces belges sont réparties comme suit sur la position :
la 2e division doit défendre le terrain de la mer jusqu'à quelque distance au-delà du pont de l'Union, occuper Lombaertzijde, Mannekensvere et tenir la tête de pont avant de Nieuport, pour rester maîtresse des ponts et des écluses;
la 1er division doit défendre le terrain de la droite de la 2e division jusqu'à la Borne 10 de l'Yser, tenir une tête de pont en avant du front de Schoorbakke et occuper Schoore comme poste avancé;
la 4e division vient ensuite de la Borne 10 à la Borne 14 avec postes avancés à Keyem et à Beerst;
les fusiliers marins français, les 11e et 12e régiments de lignes et deux groupes d'artillerie de la 3e division, prolongent la 4e division et occupent en avant de Dixmude une tête de pont qui couvre notamment les lignes de chemin de fer de Dixmude à Nieuport et à Furnes, par lesquelles s'achèvent les transports de la base d'Ostende vers la France;
la 5e division est aux environs de Noordschoote;
la 6e division, au Sud de la précédente, relie la ligne à celle des territoriaux français vers Boesinghe;
la 3e division a deux brigades en réserve vers Lampernisse;
la 1er division de cavalerie couvre le flanc droit de l'armée et opère avec la cavalerie française dans la direction de Roulers; la 2e est en réserve entre Nieuport et Furnes.
En somme, pour un front de 36 kilomètres, deux brigade d'infanterie et une division de cavalerie constituent la seule réserve à la disposition du commandement.
Dans l'après-midi du 15, les renseignements recueillis ont déjà montré qu'une attaque allemande se prépare sur le front Nieuport-Dixmude.
Le 16, les premiers contacts s'établissent à l'Est de l'Yser, vers St Pierre Capelle, et une reconnaissance offensive est faite par l'ennemi sur Dixmude.
Le 17, on signale des colonnes allemandes, au Nord; le long du canal de Plasschendaele, de Leffinghe sur Slype et de Ghistelles sur Zevecote; au Sud : de Staden sur Zarren, ce qui indique une marche des forces ennemies vers le front Nieuport-Dixmude. L'artillerie allemande est en action à Slype et bombarde Rattevalle.
Pour renforcer le front Nieuport-Dixmude, on ramène la 5e division en seconde ligne vers Lampernisse, ce qui porte à deux le nombre de division en réserve; la 3e division est placée vers Avecapelle. L'intervalle laissé ouvert par le départ de la 5e division est remplis par une brigade que la 6e division détache vers Noordschoote.
A suivre.
Cordialement.
Phil.
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : ven. mars 26, 2010 12:58 am
par jypy
Bonsoir Phil,
très bon article !
Si je puis me permettre, ne serait-il pas indiqué de le transférer sur le Forum , à la rubrique "Armées étrangères - Belgique" ?
Mais j'ignore qui a autorité pour ce faire
Je pense que cela pourrait être plus facile d'accès et très apprécié
par les quelques Belges visiteurs de ce formidable forum.
Bonne nuit et merci encore
Un Belge Ardennais
Jean-Pol
Jean-Pol
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : sam. mars 27, 2010 12:05 am
par Piou-Piou
Bonsoir à toutes et tous,
Merçi Jean-Pol,
L'attaque des postes avancés commence le 18. Devant Nieuport, des forcesallemandes enlèvent Mannekensvere qu'on reprend ensuite en partie; Lombaertzijde, défendu par le 5e régiment de ligne, résiste avec l'appui d'une flotille anglaise, bientôt complétée par quelques unités françaises: ces navires de guerre bombardent les troupes allemandes le long de la côte jusquà Middelkerke et ils fourniront, pendant toute la bataille, un soutien efficace à la défense.
Les deux postes avancés de Schoore et de Keyem tombent aux mains de l'ennemi, mais celui de Beerst est conservé.
De nouvelles dispositions sont prises pour renforcer la ligne: comme de grandes forces de cavalerie franco-anglaise opèrent dans la direction de Roulers, on juge que l'aile droite de l'armée est efficacement couverte et l'on rappelle la 6edivision qui est remplacée par des territoriaux français. Dès lors, les réserves sont ainsi disposées: la 3e division vers Wulpen, la 5e vers Oostkerke, la 6e vers Lampernisse. La 1e division de cavalerie, tout en joignant son action à celle de la cavalerie française, reçoit l'ordre de se tenir en liaiason intime avec la droite de l'armée.
Le 19, l'attaque ennemie se porte sur la gauche et le centre de l'armée, de Lombaertzijde à Beerst, qui est perdu à son tour.
Devant l'imminence d'une forte attaque sur le centre, la 6e division reçoit l'ordre de s'établir à Pervyse.
En même temps, pour soulager la défense de la gauche et du centre, un mouvement offensif est décidé sur la flanc gauche de l'adversaire: la 5e division attaquera Vladsloo et les fusiliers marins se porteront sur Beerst. Les 11e et 12e régiments de ligne sont chargés de l'occupation de la tête de pont de Dixmude.
Cette attaque est en bonne voie dexécution: Beerst et Vladloo sont occupés, lorsque des informations parviennent annonçant que de fortes colonnes allemandes de toutes armes ont débouché au nord et au sud de Roulers, et que la cavalerie franco-anglaise, qui opérait dans cette direction, est en retraite. Dès lors, la position des fusiliers marins français et de la 5e division sur la rive droite, est jugée trop aventurée et ces troupes sont rappelées sur la rive gauche de l'Yser.
En dehors d'un bombardement intense sur l'ensemble du front la journée du 20 est caractérisée par une double attaque dirigée sur les deux extrémités de la ligne.
La plus forte attaque est celle qui, depuis 6 heures du matin, est livrée sur Lombaertzijde et la ferme Bamburgh à l'est de Nieuport. A la soirée, ces postes sont perdus, mais l'ennemi n'a pu en déboucher. Néanmoins, la situation est devenue sérieuse en raison de l'intensité du feu d'artillerie et d'infanterie.
A l'autre extrémité du front, au contraire, vers Dixmude, l'attaque qui s'est produite l'après-midi a été repoussée.
Pendant ce temps, la concentration des forces ennemies s'est effectuée. Elles sont ainsi échelonnées devant le front: la 4e division d'Ersatz est en face de Nieuport; le IIIe corps de réserve, de Nieuport à Keyem; le XXIIe corps de réserve, au nord de Dixmude; enfin, le XXIIIe corps de réserve à Dixmude et au sud, soit au total 7 divisions en face du front belge. En présence d'un tel rassemblement de forces, il devient urgent de délimiter exactement le front défensif.
Les commandements belge et français conviennent que la défense de la ligne de l'Yser par l'armée belge s'arrêtera à hauteur de St Jacques-Capelle, sur un front de 20 kilomètres. En même temps, les dispositions sont prises pour compléter par des forces françaises la défense de la ligne vers le sud et éviter que l'armée ne soit tournée par sa droite.
Pendant la nuit du 20 au 21 et durant toute la journée du 21, le front est soumis à un bombardement d'une extrème violence. Le tir de l'artillerie allemande vise tantôt les premières lignes, tantôt le terrain en arrière de celles-ci de façon à rendre impossible l'arrivée des réserves sur la position de combat; certaines tranchées sont littéralement hachées. Les actions d'infanterie sont rares.
A Dixmude cependant, de violentes attaques de nuit débouchant de Beerst se produisent sur le 12e régiment de ligne. Alternant avec un bombardement intense, les assauts reprennent l'après-midi: les efforts de l'ennemi sont si pressants qu'il est fait appel à deux bataillons de la 5e division pour soutenir le défense en ce point.
A un certain moment les tranchées de tête de pont, au sud de Dixmude, sont enlevées, mais une contre-attaque les reprend.
A la fin de la journée du 21, la situation général de l'armée est critique, car pour tenir ses positions, elle a été amenée à engager la majeure partie de ses réserves.
A suivre.
Cordialement.
Phil.
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : sam. mars 27, 2010 9:24 am
par CTP
Bonjour à tous, bonjour Phil.
Auriez vous quelques infos sur le rôle de l'aviation belge, en particulier reconnaissances effectuées ou bombardements, dans cette bataille.
Merci
Bien cordialement
Claude
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : sam. mars 27, 2010 11:31 am
par Piou-Piou
Bonjour à toutes et tous,
Bonjour Claude,
Après avoir terminé le résumé de la bataille, je vais voir si je posséde des infos sur le rôle de l'aviation, ce qui ne doit pas être impossible.
Un peu de patience car je suis pris par mes obligations professionnelle, je prend un peu de temps la soirée en semaine.
Cordialement.
Phil.
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : lun. mars 29, 2010 12:12 am
par Piou-Piou
Bonsoir à toutes et tous,
C'est vers la fin de la nuit du 21 au 22, que se produit le premier fait grave de la bataille. A la faveur de l'obscurité, l'ennemi s'est emparé d'un pont de circonstance jeté vers Tervaete, et a passé sur la rive gauche. Des contres-attaques nombreuses exécutées dans l'après-midi par les 2e et 4e régiments de ligne appartenant à la 1e division, par le 8e régiment de ligne de la 4e division, appuyés par les grenadiers et les carabiniers, ne parviennent pas à rejeter l'ennemi sur la rive droite; cependant, un bataillon de grenadiers atteint la digue de l'Yser, mais n'étant pas suffisamment soutenu, il doit se replier pendant la nuit suivante. Ces actions offensives sont très sanglantes et amènent une forte usure des troupes qui y prennent part. L'ennemi parvient à consolider ses positions à l'ouest de la rivière et à y déployer de l'infanterie, renforcée par de nombreuses mitrailleuses.
Cependant l'artillerie belge ne cesse de battre la boucle du fleuve en vue de rendre la position intenable pour l'ennemi et de l'empêcher de jeter des passerelles. Les tentatives de passage faites en d'autres points sont victorieusement repoussées.
Une forte attaque sur la tête de pont de Schoorbakke est notamment rejetée dans la matinée, et de violents assauts ne parviennent pas à déloger le 4e régiment de ligne qui occupe cette position.
Aux deux extrémités du front, le bombardement se poursuit d'une façon continue. Devant Nieuport, on met à profit un repli des forces allemandes pour s'avancer vers Lombaertzijde et la ferme Bamburgh: le 1er régiment de chasseurs à pied et le 9e de ligne chargés de cette opération la conduisent avec succés. A dixmude, il est visible que les combats acharnés de la veille, qui se sont d'ailleurs renouvelés une partie de la nuit, ont affaibli l'ennemi.
Le 23, un refort français (la 42e division) entre en ligne. Mais il se porte à Nieuport pour prononcer une offensive dans ce secteur.
Le centre du front, vers la boucle de Tervaete où l'ennemi concentre ses efforts, demeure sans secours et la situation y devient bientôt critique. Pendant la nuit, la tête de pont de Schoorbakke a dû être abandonné, le bataillon qui la tenait ayant été pris d'enfilade; on a fait sauter le pont au moment où des troupes allemandes se portaient vers le point de passage. Le haut commandement prescrit de tenir à tout prix la corde de la boucle en s'accrochant au terrain. Dans toute l'étendue de la boucle, les troupes appuyées par toutes les réserves belges disponibles, résistent au feu de l'artillerie et des mitrailleuses; lorsqu'elles cèdent, les chefs les reportent en avant.
Le soir, les positions de repli organisées suivant la corde de la boucle sont toujours occupées, mais on signale que ,les troupes sont usées, affectées dans leur moral et peuvent être prises de panique au moindre incident. Les effectifs sont considérablement réduits: le 1er régiment de carabiniers, par exemple, ne compte plus que 6 officiers et 325 hommes.
A Dixmude, le commandant de la brigade signale aussi que ses troupes sont très fatiguées.
Devant St Georges, le 7e régiment de ligne qui occupe les tranchées en cet endroit particulièrement attaqué depuis le début de la bataille, est relevé par le 14e régiment de ligne.
A la fin de la journée, le haut commandement, jugeant que la situation est grave en face de la boucle, adresse au commandement français une demande expresse d'intervenir au centre du front: une action énergique du plus grand nombre possible de troupes de la 42e division (engagée du côté de Nieuport) peut, dit-il, encore rétablir la situation. Dans la nuit, le commadant des troupes française en belgique décide de donner, en partie, suite à cette demande: une brigade de la 42e division agira dans la boucle; l'action commencera le 24, à l'aube.
En même temps que, le 24, on s'efforce de remettre de l'ordre dans les unités où le grand nombre des attaques a amené des mélanges, on prescrit au centre de tenir à outrance pour donner le temps à l'intervention française de produire ses effets. Mais l'ennemi déploie une avtivité extraordinaire dans cette région: les troupes belges doivent se replier et défendre la ligne du Beverdijk. Une contre-attaque française ne parvient pas à rejeter l'ennemi.
Devant St Georges, le 14e régiment de ligne soumis à un bombardement d'une extrème violence et tourné sur sa droite, doit se replier derrière le Noord Vaart après avoir repoussé de nombreuses attaques.
A l'extrémité sud, l'ennemi tente un effort supême sur Dixmude. Dans la nuit, il a mené des attaques furieuses contre les défenseurs de la ville: 15 assauts ont été livrés et tous ont été repoussés par les troupes belges et les fusiliers marins français. Dans la journée, les attaques se renouvellent: les tranchées au sud de la tête de pont sont abandonnées, mais bientôt les troupes sont reportées dans leurs positions et l'offensive de l'ennemi est brisée. Seulement, là aussi, dit un rapport, les troupes sont exténuées et il ne reste plus un homme disponible; par suite de cette circonstance, la relève ne peut être organisée: un bataillon belge a 72 heures de tranchées, deux autres, 43.
Devant tous ces faits, le haut commandement belge insiste auprès du haut commandement français sur la situation au centre de la ligne; on décide que de nouveaux renforts français seront fournis le lendemain; presque toute la 42e division sera reportée de l'aile gauche au centre pour la soutenir.
La journée du 25 marque un temps d'arrêt dans la poussée de l'adversaire; le bombardement s'est fait moins violent, peu d'attaques d'infanterie sont ménées et elles sont mollement conduites; ce sont là des signes évidents de l'épuisement de l'ennemi. Toutefois, les forces allemandes résistent à une attaque dirigée d'Oud-Stuyvekenskerke sur leur flanc gauche par une brigade française et la 5e division belge.
Le soir, l'armée a maintenu ses positions sur le Noord-Vaart et le Beverdyk; au delà, elle tient toujours Oud-Stuyvekenskerke et la digue de l'Yser à partir du kilomètre 15 et elle garde les têtes de pont de Nieuport et de Dixmude. Le calme relatif permet de reconstituer les unités et d'y remettre de l'ordre. Le nombre des hommes mis hors de combat est considérable: a 18 heures, dit un rapport, il y a 9.145 blessés évacués par chemin de fer; le nombre des blessés hospitalisés sur place, augmenté de ceux morts pendant le transport du champ de bataille aux gares d'évacuation est évalué à un millier. Il faut encore y ajouter le nombre des morts sur le terrain, des blessés non retirés et des disparus.
Au cours de la journée, le haut commandement s'est préoccupé de l'éventualité d'un repli des troupes sur la ligne du chemin de fer, et de la nécessité de constituer un obstacle important en avant de cette ligne de défense. Il projette de tendre une inondation entre le remblai de la voie ferrée et la digue de l'Yser et il prescrit à cet effet de construire des barrages à travers les aqueducs qui passent sous le remblai. Il suffira alors d'ouvrir, à Nieuport, les écluses donnant accès vers le Beverdyk et de les fermer à marée basse, pour mettre progressivement sous l'eau le terrain sur lequel se développent les lignes allemandes.
A suivre et fin.
Cordialement.
Phil.
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : mar. mars 30, 2010 1:00 am
par Piou-Piou
Bonsoir à toutes et tous,
Un nouvel élément vient aggraver la situation dans la journée du 26.
Depuis le début de la bataille de l'Yser, les pièces d'artillerie n'ont cessé d'intervenir, cherchant par une action violente à suppléer à la faiblesse des effectifs de l'armée autant qu'à contrebalancer la supériorité de l'ennemi en batteries de gros calibre. Or, ce service intensif a mis diverses pièces hors d'usage et réduit à ce point les munitions que les batteries ne disposent plus que d'une centaine de coups par pièce.
Dès les premières heures de la matinée, à la gauche comme au centre du front, la ligne du Beverdyk est abandonnée sous la pression violente de l'ennemi qui prend d'enfilade les positions de la défense. L'ordre est donné de tenir coûte que coûte la ligne du chemin de fer. En divers points, les troupes épuisées ne résistent aux attaques de nuit et de jour, qu'au prix de pertes considérables; cà et là, elles cèdent et abandonnent la ligne pour s'y raccrocher ensuite. A l'aile droite, autour de Dixmude, les troupes tenues en alerte par de continuelles attaques, sont arrivées à l'extrème limite de la résistance physique et morale; deux bataillons de Sénégalais arrivent à temps pour relever les défenseurs les plus épuisés.
Le soir, on est parvenu à garder la tête de pont de Nieuport, le chemin de fer depuis Nieuport jusque la borne 4; la ligne passe ensuite vers Oud-Stuyvekenskerke et se raccorde vers la borne 16 à la digue de l'Yser, qu'elle suit jusqu'à la tête de pont de Dixmude. Le haut commandement, en vue de parer à toute éventualité, dispose les deux divisions de cavalerie aux divers ponts du canal de Furnes à Loo.
Contrairement à la journée du 26, celles du 27 et du 28 se passent dans un calme relatif: canonnade violente mais intermittente, soit sur les positions, soit en arrière de la voie ferrée, et rares attaques repoussées avec succés. L'activité de l'ennemi est plus apparente que réelle.
Le répit est mis à profit pour retirer les unités de seconde ligne (3e et 6e divisions) qui avaient été fondues dans la ligne de feu, de façon à reconstituer des réserves. Les travaux préparatoires à l'inondation ayant été achevés, les écluses du Beverdyk ont été ouvertes à Nieuport et dès le 28, les eaux commencent à monter devant le front de la 2e division.
L'activité de l'ennemi se réveille le 29. Un bombardement intense et de violents attaques se produisent sur les 1e, 2e et 4e divisions.
L'inondation s'étend sur tout le front de la 2e division et gagne le sud.
Les attaques se font plus pressantes le 30, aussi bien sur la gauche que sur le centre de la ligne: elles sont repoussées partout sauf en face de Ramscappelle où l'ennemi, jetant des bombes dans les tranchées, prend pied sur le chemin de fer et pousse jusqu'au village. C'est le seul point où la ligne soit percée. Une contre-attaque sur Ramscappelle préparée par un feu d'artillerie violent, est exécutée dans l'après-midi et pendant la nuit suivante par le 6e régiment de ligne, un bataillon du 7e, un bataillon du 14e et deux bataillons français. Elle est couronnée d'un plein succés: la halte de Ramscappelle est réoccupée par les troupes belges et frnçaises et la ligne est reconstituée.
Sur les autres parties du front, l'ennemi ne montre plus aucune activité et le bombardement diminue d'intensité. Partout l'inondation continue à faire des progrés: l'occupation par l'ennemi, des tranchées entre le remblai du chemin de fer et la digue de l'Yser devient déjà impossible en beaucoup d'endroits.
La bataille de l'Yser est finie.
L'ennemi a été arrêté. Bientôt il ne tient plus que quelques centres de résistance sur la rive gauche du fleuve. Il se retire en abandonnant des blessés, des armes, des munitions.
Mais les pertes de l'armée belge ont été importantes: elles peuvent être estimées à 14.000 hommes tués et blessés. L'infanterie est réduite de 48.000 à 32.000 fusils et plus de la moitié des pièces d'artillerie est momentanément hors d'usage.
Cette longue et héroïque résistance a brisé l'attaque de sept divisions allemandes; elle leur a infligé des pertes considérables; elle les a rendues pour longtemps incapables d'action; elle a, enfin, donné le temps de constituer solidement le front franco-anglais vers le sud et de former ainsi une barrière contre laquelle viendront se briser toutes les attaques allemandes, pendant la grande bataille qui se livre aux environs d'Ypres à la fin d'octobre et pendant la première quinzaine de novembre.
Au cours des deux mois qui ont suivi, les opérations sur le front de l'Yser se sont réduites à de lentes progressions ou régressions.
Le 3 novembre, des reconnaissances belges s'avancèrent jusque Lombaertzyde; l'une d'elles passa l'Yser au sud de St Georges et atteignit sur la rive droite les abords de Mannekensvere. A l'autre aile, les Français tentèrent d'élargir la tête de pont de Dixmude.
Le 4 novembre, des forces belges attaquèrent Lombaertzyde qu'elles occupèrent; mais à la nuit tombante, une violente contre-attaque les ramena sur la tête de pont de Nieuport, où les assaillants ne purent prendre pied.
Le 8 et 10 novembre, la tentative fut renouvelée par la 81e division territoriale française qui s'approcha à 200 mètres des tranchées ennemies et s'y établit.
Des attaques faites simultanément sur St Georges, Schoorbakke et Tervaete restèrent sans suite sérieuse, les approches des positions ennemies devant se faire par les couloirs étroits existant dans l'inondation.
A partir du 9, un nouvel effort fut tenté par l'ennemi sur Dixmude. Les ruines de la ville et ses approches vers Caeskerke furent d'abord l'objet d'un tir ininterrompu d'artillerie.
Le 10, à midi, après un bombardement des tranchées, un assaut réussit à rompre la ligne. Les troupes du 1er régiment de ligne et les fusiliers marins français défendirent avec acharnement; à 18h15 l'ennemi atteignit l'Yser, mais il ne parvint pas à en déboucher.
La prise des ruines de Dixmude marqua la fin des opérations offensives de l'ennemi, qui se borna dès lors à cannoner d'une façon intermittente les abords de l'Yser. Cette cannonade s'étendit parfois jusqu'à Furnes, qui est à 12 kilomètres en arrière du fleuve.
L'activité de l'armée belge se manifesta surtout par des reconnaissances et des pointes d'infanterie qui s'avançaient à travers l'inondation jusqu'aux flots formés par les fermes isolées.
Vers la mi-décembre, un mouvement plus sérieux aboutit à l'occupation de St Georges qui était resté aux mains de l'ennemi. Un groupement français appuyé de fractions des 2e et 4e divisions belges, commença l'attaque du côté de Lombaertzyde. En même temps, les autres divisions belges de première ligne poussaient de fortes reconnaissances sur les différents points occupés par l'ennemi.
L'attaque progressa lentement sous un bombardement continu. A la gauche, elle conquit le terrain pied à pied; le 16, elle s'appuyait à la mer. Dans la nuit du 16 au 17, les troupes françaises repoussèrent à Lombaertzyde sept attaques très vives; le 18, elles s'installaient définitivement à 100 mètres des positions ennemies. Elles s'approchèrent aussi graduellemnt de St Georges qu'elles enlevèrent le 28 décembre.
A la fin de 1914, l'ennemi ne possédait plus sur la rive gauche de l'Yser que des postes d'écoute et de surveillance, perdus dans la plaine inondée.
Sources : L'action de l'armée belge.
Rapport du commandement de l'armée. Période du 31 juillet au 31 décembre 1914.
Cordialement.
Phil.
Re: Bataille de l'Yser.
Publié : mar. mars 30, 2010 1:29 am
par CTP
Bonsoir Piou Piou
J'ai une amie belge à qui je vais transmettre votre article. Si en plus vous avez des infos concernant l'aviaton, elle sera comblée: un grand-oncle y a servi et y a été abattu comme pilote.
Grand merci
Claude