Re: 62eme RI, journees des 7 et 8 octobre 1918
Publié : jeu. janv. 28, 2010 3:48 pm
par madjo
Je vous prie d’excuser tout d’abord mon francais assez estrange mais je suis moitie francais et moitie finlandais et je parle rarement (et ecrit plus rarement encore) le francais.
Mon grand-pere francais a combattu pendant la premiere guerre mondiale dans le 62eme Regiment d’Infanterie entre 1917 et 1918. J’ai en ma possession sa fiche matricule militaire ou il est indique qu’il est arrive au 62eme Regiment d’Infanterie le 16 decembre 1917 et qu’il a ete blesse par balle au bras gauche le 7 octobre 1918 à Saint Etienne sur Arne (Ardennes) et fait prisonnier blesse le 8 octobre 1918 et est reste prisonnier jusqu'au 29 novembre 1918.
J’aurai voulu tout d’abord en savoir plus sur la guerre de mon grand pere, en particulier sur les journees des 7 et 8 octobre 1918.
Les seules informations que j’ai sont les suivantes (extract du JMO):
« Le 62eme RI reprend le combat le 4 octobre en partant de la ligne: Tranchee d'Essen; tranchee de Minden, et attaque pendant 4 jours et plusieurs fois par jour les lignes ennemies, parsemees de mitrailleuses tres solidement tenues par des troupes qui avaient reçu l'ordre de defendre "à tout prix le terrain". Pendant ces 4 jours d'âpres combats, la D.I. force le passage de l'Arnes, enleve les villages de Saint-Etienne et de Saint-Pierre à Arnes, etablit une tête de pont au nord de l'Arnes et resiste à toutes les tentatives d'un ennemi qui s'efforce en vain de lui enlever ses conquêtes.»
Existe-t-il un endroit ou l’on peut trouver un decompte morts/blesses/disparus ?
Existe-t-il un journal de marche au niveau du bataillon ou de la compagnie (j’ignore a quel bataillon ou quel compagnie il appartenait)?
Comment connaitre a quelle compagnie/bataillon il appartenait?
Question subsidiaire:
Je n'ai jamais connu mon grand-pere... Il ne parlait jamais au quotidien de la guerre 14-18 (il etait revenu marque par la guerre et ne s’est marie que 15 ans apres la fin). Il n'en a parle qu'une seule fois a mon pere .... la veille du depart de mon pere pour la guerre d’algerie... Et mon grand pere est decede alors que mon pere etait toujours au service militaire en algerie. La premiere et derniere fois que mon grand pere en a parle date donc de 1957 (il y a donc presque 50 ans). Il lui aurait racconte a cette occasion des anecdotes qui laissent a penser qu’il aurait pu etre decore (un allemand tue a la baillonette, une mitrailleuse allemande explosee a la grenade). D’ailleurs selon mon pere et mon oncle, mon grand pere avait des medailles de la guerre mais ne les portait jamais. Or la lecture de sa fiche matricule n’indique pas de decorations. Comment faire pour chercher - voir meme trouver - quelles decorations il a pu avoir ? Existe-t-il une liste des medailles de la croix de guerre 14-18 pour le 62eme Regiment d’infanterie ? Pour d’autres medailles (il etait 2eme classe) ?
M’excusant d’avoir ete aussi long (j’ai prefere etre le plus detaille possible), je vous remercie d’avance pour les informations que vous pourriez me fournir.
Re: 62eme RI, journees des 7 et 8 octobre 1918
Publié : jeu. janv. 28, 2010 6:01 pm
par Achache
Bonjour,
et bienvenue, madjo, sur ce Forum.
Le 62e RI appartenait à la 22e DI. VQous pouvez donc compléter vos infromation par le lecture des JMO de cete 22e Division d'Infanterie, notamment ceux des Services de Santé qui sont toujours pleins de renseignements intéressants, surtout quand on a affaire à un blessé qui peut y être mentionné, ou, au moins, dont on peut ainsi éventeullement comencer à chercher le parcours à partir de sa blessure.
Pour les décorations, si vous n'en avez pas mention sur la fiche matricule, cela va être assez difficile de trouver quelque chose. La première chose à faire est de bien regarder dans les JMO concernés s'il n'y a pas mention des citations qui correspondraient à ces décorations. D'autre part, bien faire l'enquête familiale: voir dans les papiers de famille s'il n'y a pas trace de ces médailles, de leurs citations, ou... des photos sur lesquelles monsieur votre grand père porterait ces décorations, ou des courriers qui en parleraient , etc.
Les JMO n'existe qu'au niveau du régiment (en infanterie; exceptés le bataillons de chasseurs, et les RGTs territoriaux). Pour trouver des renseignements sur la compagnie de l'homme qui vous intéresse, il n'y a guère qu'une adresse postale qui serait notée sur un courrier, ou autres choses du genre, tout à fait aléatoires..
Bien à vous,

Re: 62eme RI, journees des 7 et 8 octobre 1918
Publié : jeu. janv. 28, 2010 7:40 pm
par Perplexe29
Bonjour à tous,
Voici un extrait du Journal de marche du 62e RI
"... Le 7 octobre, à 5 h. 30, à la faveur d'un brouillard très épais et après un très violent bombardement, par artillerie lourde et par obus toxiques, qui s'étend sur tout le front du régiment, l'ennemi attaque le village avec 4 compagnies des 16ème, 4ème et 24ème chasseurs en 1ère ligne, un bataillon en soutien et un bataillon en réserve. Nous réussissons à arrêter cette attaque face au nord, mais, par suite du vide de près d'un kilomètre qui existe entre notre droite et la gauche de la 2ème D.I.U.S., l'ennemi parvient à envelopper le village par l'est et par le sud-est et à l'occuper, mais il ne peut en déboucher, les mitrailleuses de la 2ème C.M. (capitaine Soubeyrand) l'arrêtant net, par les feux de ses pièces, à la sortie ouest et lui causant de grosses pertes.
Les fractions du bataillon Maffre, qui ont été soumises à un très violent bombardement, et qui ont été attaquées par un ennemi fort supérieur en nombre, ont été obligées de se replier dans les tranchées au sud de Saint-Etienne.
Deux petits groupes cependant tiennent tête énergiquement à l'ennemi.
Celui du sergent Franquin qui, avec 5 hommes, dont les soldats Mullie, Guimier et Martin, ayant reçu l'ordre de garder une issue du village, se défend héroïquement pendant pres de 2 heures, refusant de se rendre, alors que le village a été repris par l'adversaire.
C'est le soldat Bellemin, de la 3ème compagnie de mitrailleuses, qui, à la tête de quelques hommes, organise la résistance dans le réduit, s'y défend avec la dernière énergie, refusant de se rendre, bien qu'entouré d'ennemis.
Ces deux petits groupes faciliteront, par leur belle attitude, énergique et tenace, la reprise du village par nos unités.
A 7 h.30, après une vive et rapide préparation d'artillerie, une partie du bataillon Roux, sous les ordres du capitaine Saint-Mleux, de concert avec les éléments qui restent encore du bataillon Maffre, contre-attaque pour reprendre Saint-Etienne.
Nos soldats, se jetant résolument dans le lit boueux de la rivière, où ils enfoncent jusqu'à la ceinture, tournent le village par le nord et l'enveloppent par l'est et le sud-est. Par un énergique combat à la grenade ils réduisent tous les îlots de résistance, fouillent les caves et engagent un violent combat de rues qui se poursuit pendant plus de 2 h..
Notre détachement de contre-attaque fait 14 prisonniers dont 3 officiers, capture 13 mitrailleuses et s'empare d'une pièce de 105, d'armes, de munitions et d'un très important matériel.
Le dossier complet de la kommandantur, trouvé dans un local près de l'église, est envoyé au commandement.
Pendant le cours de ces combats de nombreux gradés et hommes se distinguent particulièrement faisant preuve d'une bravoure exemplaire et d'une grande ténacité. Tels:
- Le soldat Surivet, de la 3ème C.M., qui, au cours du violent bombardement du 6 octobre, n'hésite pas à monter dans le clocher du village, en pleine vue de l'ennemi, pour assurer la liaison optique avec le poste de commandement du régiment.
- Le sergent Verdier, de la 7ème compagnie, qui, pendant le combat de rues dans Saint-Etienne, le 7 octobre, se lance à l'attaque d'une mitrailleuse en pleine action, tue de sa propre main le tireur et permet ainsi à son groupe d'avancer.
- Le soldat grenadier V.-B. Dupouy, de la 7ème compagnie, qui, voyant le groupe dont il fait partie arrêté par le feu de mitrailleuses, s'avance seul jusqu'à bonne portée de son tromblon V.-B., ouvre avec le plus grand calme, le feu sur l'ennemi et, par son audace et la précision de son tir, permet à son groupe de capturer 17 prisonniers et 2 mitrailleuses lourdes.
- Le lieutenant Susini, commandant la 11ème compagnie, qui, à la tête d'une section dont il a demandé à prendre le commandement, s'est jeté un des premiers dans le ruisseau boueux de l'Arne, a repris, par un vigoureux combat à la grenade, une partie du village, capturant 20 prisonniers et 7 mitrailleuses.
- Le sous-lieutenant Mourier qui, en tête de sa section, contre-attaque avec une fougue et un mordant irrésistibles, capturant 93 prisonniers et 12 mitrailleuses et, bien que blessé, ne veut pas abandonner le combat.
- Le sous-lieutenant Dufour, qui mène personnellement une vive attaque à la grenade qui lui permet de capturer plusieurs prisonniers, des mitrailleuses et un minenwerfer.
Notre brillante contre-attaque nous permet de reprendre tout le village de Saint-Etienne. Le commandement de la garnison est alors confié au capitaine Saint-Mleux.
Les Allemands ne tiennent plus que le cimetière et leurs positions bétonnées au sud-est de ce dernier.
Au cours de l'après-midi l'ennemi tente, à plusieurs reprises de déboucher du cimetière et de ses tranchées au sud-est. Mais il est repoussé chaque fois par le feu de nos mitrailleuses.
Vers 16 h., nos observateurs signalent d'importants rassemblements ennemis dans les bois situés à 2 km à l'est et au nord-est de Saint-Etienne.
Le commandant Hayotte, commandant provisoirement le régiment, fait aussitôt exécuter sur ces rassemblements, un violent tir d'artillerie lourde et de campagne qui fait avorter la nouvelle contre-attaque que l'ennemi préparait pour la soirée.
D'après les renseignements fournis par les prisonniers faits les jours suivants, cette contre-attaque devait s'exécuter à la tombée de la nuit; elle devait être menée par un régiment appuyé par une douzaine de tanks.
Dans l'après-midi, le bataillon Rouis renforce, avec une compagnie et une section, les unités de 1ère ligne très éprouvées par les combats acharnés qu'elles ont livrés et soutenus. Ce mouvement, que ces unités sont obligés d'effectuer en plein jour, sur un terrain constamment battu, est extrêmement difficile. Le commandant de la compagnie est blessé grièvement dès le début, mais les sections réussissent cependant, sans de trop grandes pertes, à gagner leurs emplacements.
Le 8 octobre, au cours de l'attaque déclenchée à 5 h. 50 par la 7e D.I. en liaison avec les unités de la D.I.U.S., une compagnie du 6ème régiment américain de marine arrive dans Saint-Etienne, sous la direction du capitaine Saint-Mleu, aidée de plusieurs de nos gradés elle réussit à réduire l'îlot de résistance du cimetière et des ouvrages au sud-est, où elle fait 200 prisonniers, capture des mitrailleuses et un important matériel.
Cette opération effectuée, le détachement du 62ème qui occupait Saint-Etienne-à-Arnes passe le village aux Américains et rejoint, vers 15 h.30, le régiment. Celui-ci, qui a été dépassé par le 102ème R.I. (7ème D.I.), occupe alors les positions de 2ème ligne dans les bois situés au nord-ouest du carrefour du parc du génie
En résumé, dans la période du 4 au 8 octobre, le régiment a effectué, dans des conditions très difficiles, une progression de 5 km. dans un terrain boisé rempli de défenses accessoires, composées de nombreux chevaux de frise et de réseaux de barbelés, avec des hommes ayant déjà pris part aux durs combats du 26 au 30 septembre, sur un terrain battu nuit et jour, par de nombreuses mitrailleuses et soumis, en outre, à un tir d'artillerie parfaitement réglé. Il s'est rendu maître, au prix de grands efforts, des fortes résistances du Blanc-Mont; par des combats acharnés, il a conquis trois fois et a réussi à conserver le village de Saint-Etienne-à Arnes en infligeant à l'ennemi des pertes considérables. Il a capturé 223 prisonniers, non compris les 200 prisonniers faits en commun avec les Américains à Saint-Etienne-à-Arnes; s'est emparé d'une centaine de mitrailleuses, de 7 pièces d'artillerie, dont 5 de 105, d'un important parc du génie et de matériel de toutes sortes.
Par l'occupation du village de Saint-Etienne, maintenu à tout prix, il a grandement aidé au succès des opérations entreprises, le 8 octobre, par la 7ème D.l. et les Américains.
Les pertes du régiment pendant cette période sont les suivantes:
Officiers: blessés : 7 ; évacués, malades ou gazés : 4 ; en tout, 11.
Troupe: tués : 36 ; blessés :180 ; évacués, malades et gazés : 77 ; disparus : 143; en tout, 436.
Si nos pertes sont sérieuses, celles de l'ennemi sont lourdes.
Sur un prisonnier fait quelques jours après, nous trouvons une lettre dans laquelle il dit: " Les Français attaquent chaque jour, deux et trois fois, nous avons de lourdes pertes. Quelques compagnies n'ont plus 20 hommes valides."
Sur un autre prisonnier de la même unité on trouve la lettre suivante: "Nous avons beaucoup de pertes, mais à quoi cela nous sert-il, puisque nous devons rester en ligne jusqu'à ce que la plupart des hommes soient tués ou blessés ?"
A la suite de ces violents combats, le 62ème R.I. est cité de nouveau à l'ordre de la IVème armée (ordre général N-- 1445 du 12 novembre 1918) pour sa brillante conduite, avec le motif suivant:
" Sous le commandement énergique et l'âpre volonté de son chef, le lieutenant-colonel Javel, le 62ème régiment d'infanterie a, le 26 septembre 1918, conquis de haute lutte les pentes ouest de la butte de Souain et, les jours suivants, les tranchées du nord-est de Somme-Py, s'y maintenant en flèche malgré les violentes contre-attaques ennemies. Pendant quatre jours de durs combats, où il a toujours été en avant et où il s'est fait remarquer autant par son ardeur guerrière que par l'intelligente initiative de tous, a progressé de près de 8 kilomètres, pris 5 canons, 7 minen, 40 mitrailleuses et fait plus de 300 prisonniers dont 7 officiers.
Jeté de nouveau, quatre jours après, dans la bataille, s'est emparé des organisations du bois de Somme-Py, des pentes ouest du Blanc-Mont, puis de l'importante tête de pont de Saint-Etienne-à-Arnes que l'ennemi, malgré ses contre-attaques répétées, n'a pu lui arracher. A, au cours de cette nouvelle période de cinq jours de lutte sans répit, réalisé une progression de 7 kilomètres, capturé 225 prisonniers, pris plus de 40 mitrailleuses, 7 canons, un parc du génie et un abondant matériel. signé: GOURAUD."
Cordialement et bonnes recherches pour la suite
Robert
Re: 62eme RI, journees des 7 et 8 octobre 1918
Publié : ven. janv. 29, 2010 9:25 am
par madjo
Merci a tous pour ces liens que je vais etudier.
Concernant les decorations, et les courriers je tacherais de chercher a mon prochain passage en france mais ce n'est pas gagne...
Je risque peut etre de choquer les specialistes que vous etes par ma reference mais j'ai une question concernant les d'etats des effectifs. Dans le film "un long dimanche de fiancailles", les personnages sont dans une grande salle d'archives ou un officier sors une compte rendu au niveau de la compagnie avec un etat des pertes. Est-ce une invention? Je me pose la question mon experience personelle de mon service militaire (3eme Regiment de Hussards) m'a apprit que les militaires adorent faire des listes, des rapports, etc... n'etait ce pas deja le cas en 14-18? Autre chose, comment compter les morts/blesses/disparus (et donc obtenir des renforts) au niveau du regiment? Un appel de 1500 personnes? N'y a t'il vraiment pas de comptes rendus au niveau des compagnies, envoyes ensuite au bataillon puis au regiment?