Bonne soirée,
la présence d'éléments des grades d'officier et de sous-officier indique qu'il avait probablement atteint le grade d'« Offiziers-Stellvertreter ». C'était une particularité des armées prussienne et bavaroise. Bien qu'« officiellement » n'importe qui puisse devenir officier, de nombreuses restrictions existaient. Tout d'abord, en Prusse, il fallait avoir terminé la 10e année (en Bavière, le bac !). Cela se comprenait dans une certaine mesure, mais les critères d'exclusion, motivés par des considérations économiques, visaient surtout à empêcher les classes populaires et moyennes d'accéder à une carrière d'officier. En tant que lieutenant, il fallait financer soi-même son équipement (y compris un cheval). La solde d'un lieutenant était insuffisante pour cela. Seule la solde d'un capitaine permettait de vivre décemment, voire pas du tout.
Contrairement à la Bavière, les Juifs de Prusse n'étaient pas autorisés à suivre la formation d'officier. Il est de notoriété publique que les Prussiens excluaient généralement aussi les Polonais, les Alsaciens et les Lorraine de cette formation.
Je ne qualifierais pas le départ de Stanislas Markiewicz pour Dortmund en 1916 de « fuite ». En 1916, la « Kriegswirtschaft » [ économie de guerre ] fut instaurée par la loi dans le Reich allemand. Jusque-là, la guerre s'était déroulée dans des conditions quasi pacifiques. (Ce qui est logique, puisque l'objectif était de mettre fin à la guerre pour Noël 1914 ; les officiers bavarois souhaitaient même se retrouver à Munich pour l'Oktoberfest de 1914.

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L'instauration de l'économie de guerre a entraîné le travail obligatoire et d'autres réglementations strictes concernant la vie quotidienne. Les entreprises industrielles, notamment les mines de charbon de la Ruhr (Dortmund et Gelsenkirchen), étaient en concurrence directe avec les administrations militaires pour recruter de la main-d'œuvre. Il est possible que votre arrière-grand-père possédât une qualification technique qui aurait été très recherchée par une compagnie minière. De plus, je suppose qu'il avait compris qu'il ne pouvait plus progresser dans sa carrière militaire. Avec son salaire, il pouvait certainement subvenir bien mieux aux besoins de sa famille qu'avec sa solde militaire. Bien sûr, il lui fallait un certificat de démobilisation. Sans cela, il n'aurait pas pu être muté. Il n'était certainement pas seul à Dortmund, car c'était probablement l'une des plus grandes villes polonaises hors de Pologne à cette époque.
Cordialement
Joseph