Le 366e R.I. dans la Somme en 1916
Publié : mar. mai 27, 2025 6:50 pm
Le 366e Régiment d'infanterie dans la Somme en 1916
La bataille de la Somme
A. — VERMANDOVILLERS
Sources : http://tableaudhonneur.free.fr/366eRI.pdf
CITATIONS
Journal officiel du 7 août 1920 pages 11430 et 11431
Journal officiel du 9 octobre 1920 pages 15184 et 15185
Journal officiel du 15 octobre 1920 pages 15646 et 15647
Journal officiel du 26 novembre 1920 pages 19229 et 19230
Journal officiel du 5 décembre 1920 pages 19881 à 19883
Journal officiel du 29 décembre 1920 page 21679 et 21680
Journal officiel du 9 novembre 1921 page 2929
Journal officiel du 4 janvier 1923 pages 205 et 206
Journal officiel du 3 janvier 1924 page 251
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366e régiment d'infanterie : J.M.O. cote 26 N 763/5
J.M.O.10 août 1916-14 mai 1917 (page 63/166)
RAPPORT DU COLONEL ORDIANI
COMMANDANT LE 366e RÉGIMENT D'INFANTERIE
SUR LES CONDITIONS DANS LESQUELLES
ONT DISPARU LES MILITAIRES DU RÉGIMENT
PENDANT LES COMBATS DE VERMANDOVILLERS
DU 4 AU 9 SEPTEMBRE 1916 INCLUS
Si, dans l'état des pertes subies par le 366e devant VERMANDOVILLERS du 4 au 9 septembre inclus, on cherche à faire un rapprochement entre les chiffres des tués, blessés et disparus, on est amené à constater la disproportion qu'il existe entre les nombre de tués et des blessés et celui des disparus.
C'est ainsi que, pour 16 officiers tués et blessés il y a en plus 12 disparus.
Pour 326 hommes de troupe tués et blessés, il y a 526 disparus.
Ce chiffre peut sembler exagérer, mais il faut bien entendre par disparus, tous les militaires tués qui n'ont pu être inhumés et tous les blessés qui n'ont pu être ramassés par le Régiment.
La bataille de la Somme
A. — VERMANDOVILLERS
Embarqué le 29 juin à Ligny-en-Barrois, le 366e débarque le 30 juin à Breteuil-embranchement et gagne de là les cantonnements de Plainville et de Broyes. Quelques manœuvres et exercices sont exécutés aux environs des cantonnements.
Le pays, très découvert, permet d’embrasser de vastes horizons. De toutes parts des parcs, des bivouacs, des dépôts de toute nature s’accrochent aux falaises, se dissimulent dans les boqueteaux et souvent même s’étalent en plein champ. D’énormes dépôts et de nombreuses voies ferrées annoncent des préparatifs minutieusement faits. L’on sait aussi que la bataille est méthodiquement conduite, que la préparation d’artillerie sera puissante.
Le Régiment ne fait que passer à Ignaucourt et Cayeux et la 264e Brigade est désignée pour occuper le secteur de Lihons. Le 5e Bataillon va aux carrières Parison, tandis que les deux autres Bataillons sont momentanément maintenus à Rosières et Santerre.
Sous les bombardements violents, le Régiment, du 19 juillet au 18 août, procède à des relèves dans les sous-secteurs de Lihu et du Bois Crepey. Diverses hypothèses d’attaque sont étudiées et mises au point, puis ajournées.
Les rafales de gros obus que l’on subit et qui nous occasionnent des pertes montrent que l’ennemi dispose d’une puissante artillerie et que la bataille sera dure, malgré les gros moyens qui nous appuient.
Le Commandant ROUZADE prend à la date du 9 août, le commandement du 6e Bataillon en remplacement du Commandant BÉNARD, tué sous Verdun.
Après quelques jours de repos et d’instruction à Mailly-Raineval (19 – 27 août) le Régiment relève le 166e R. I. dans le secteur du Bois Étoilé. Cette fois c’est l’attaque et la Brigade a pour mission :
1° De s’emparer de la partie Nord du village de Vermandovillers.
2° De venir s’établir par bonds successifs jusqu’au mamelon situé à l’Ouest de Pressoir.
Le 366e doit attaquer avec les 4e et 5e Bataillons, le 6e Bataillon étant en réserve de D. I.
Du 27 août au 6 septembre, les préparatifs d’attaque se poursuivent fébrilement, malgré le pilonnage que l’ennemi fait subir à nos positions.
Le 4 septembre, dès la première heure, les Bataillons du 366e sont disposés dans le secteur du Bois Étoilé conformément au plan d’attaque de la D. I. : à droite le 5e Bataillon (Commandant NICOLLAU, à gauche le 4e Bataillon (Commandant DELESSE), 6e Bataillon (Commandant ROUZADE) en réserve.
Le mouvement de départ s’exécute à H – 5, c’est-à-dire à 13 h.55, au coup de sifflet et provoque l’enthousiasme de tous ceux qui étaient encore en arrière.
En raison de la rapidité avec laquelle progresse l’attaque, les Allemands surpris n’ont pas même le temps de déclencher un tir de barrage. La première tranchée est enlevée en dix minutes et cinq minutes après la 19e Compagnie entrait dans la tranchée d’Uranus.
Tout semblait donc marcher à souhait, lorsque, vers 14 h.30, des faits nouveaux se produisent :
Les destructions opérées par l’artillerie n’ont pas été complètes ; des mitrailleuses sous blockhaus se révèlent intactes. A notre droite, la 108e Brigade, contre-attaquée, recule et des mitrailleuses prennent nos propres éléments à revers. Enfin une contre-attaque allemande, débouchant entre les boyaux Moertz et Chevalier, empêche notre centre de progresse et brise sur notre gauche l’élan de la deuxième vague. Cependant la première vague, vigoureusement entraînée par le Commandant DELESSE, dont rien ne réussit à ébranler la ferme volonté, pénètre dans Vermandovillers, son objectif, et s’y cramponne.
L’avance de la contre-attaque allemande a malheureusement refermé la porte derrière ce groupe de braves. Avec une admirable énergie, le Commandant DELESSE, aidé des Officiers qui l’entourent et des vaillants qui les ont suivis, organisent la défense de son groupe, confiant dans les efforts que l’on va faire pour venir à son aide. Il arrive, grâce aux véritables tours de force qu’exécutent ses agents de liaison, à signaler sa situation.
Le 5 septembre au matin, il rend compte qu’il tient toujours, demande l’envoi d’urgence de munitions, de mitrailleuses et avertit qu’il a toujours en sa possession une quarantaine de prisonniers du 10e Régiment de la Garde saxonne.
Les efforts tentés pour venir à son aide restent malheureusement impuissants. Les groupes ne passent plus là où les isolés ne passent qu’au prix de mille difficultés et nous aurons la douleur de laisser aux mains de l’ennemi ceux que leur allant endiablé avait entraînés le plus loin et qui ne tombèrent en son pouvoir qu’après avoir épuisé tous les moyens de défense. La défense ennemie dispose maintenant de moyens puissants et nos pertes ont été sévères. Le 6e Bataillon, qui a relevé dans la nuit le 4e Bataillon, trop éprouvé, malgré un bombardement d’une violence inouïe. Le 5e Bataillon, dont le Capitaine BARD a pris le commandement, le Commandant NICOLLAU ayant été blessé, reste en ligne, mais la puissance offensive du Régiment a été sérieusement entamée et ce n’est que le 6 à 16 heures qu’une attaque préparée le 5 se déclenche.
Le 6e Bataillon (Commandant ROUZADE) la conduit, flanqué par le Bataillon BENEDITTINI, du 330e R. I. et par le 1er B. C. P. Cette attaque ne réussit qu’à gagner quelques éléments de tranchées sans pouvoir pousser bien profondément.
La journée du 7 se passait à s’installer sur la position, mais les reconnaissances lancées le 8 et vigoureusement soutenues par les 21e et 23e Compagnies et par d’héroïques mitrailleurs de la C. M. 6 entraînés par le Caporal BONIN qui, devant les barrages rencontrés, n’hésitent pas à se transformer en grenadiers, permettent d’atteindre l’église de Vermandovillers et de tendre la main aux chasseurs du 1er B. C. P. Ceux-ci, isolés depuis deux jours du côté de l’église, accueillent les nôtres avec des transports de joie.
Le Régiment était relevé le 12 septembre par le 86e R. I. et se rendait au repos en camions à Villers-Tournelle et Le Plessier pour se réorganiser et combler ses vides.
Du 4 au 9 septembre, le Régiment avait perdu :
21 Officiers tués et disparus ;
8 Officiers blessés ;
852 hommes tués, blessés et disparus.
Les 4e et 5e Bataillons avaient été particulièrement éprouvés. Sur 15 Officiers, le 5e Bataillon en avait perdu 11.
C’était le premier abordage auquel se livrait le Régiment depuis les combats du début de la campagne et cela dans la formidable bataille de la Somme.
Les succès bien qu’incomplets remportés à Vermandovillers rendaient néanmoins le Régiment fier de lui. Le fait d’avoir fait des prisonniers, d’avoir forcé l’ennemi à reculer lui faisait espérer qu’une autre fois il serait plus heureux et qu’il obtiendrait le succès complet qui lui avait en partie échappé.
Le 366e restait du 12 au 26 septembre dans ses cantonnements de repos.
Le Commandant de FROISSARD-BROISSIA prenait le commandement du 4e Bataillon.
Le pays, très découvert, permet d’embrasser de vastes horizons. De toutes parts des parcs, des bivouacs, des dépôts de toute nature s’accrochent aux falaises, se dissimulent dans les boqueteaux et souvent même s’étalent en plein champ. D’énormes dépôts et de nombreuses voies ferrées annoncent des préparatifs minutieusement faits. L’on sait aussi que la bataille est méthodiquement conduite, que la préparation d’artillerie sera puissante.
Le Régiment ne fait que passer à Ignaucourt et Cayeux et la 264e Brigade est désignée pour occuper le secteur de Lihons. Le 5e Bataillon va aux carrières Parison, tandis que les deux autres Bataillons sont momentanément maintenus à Rosières et Santerre.
Sous les bombardements violents, le Régiment, du 19 juillet au 18 août, procède à des relèves dans les sous-secteurs de Lihu et du Bois Crepey. Diverses hypothèses d’attaque sont étudiées et mises au point, puis ajournées.
Les rafales de gros obus que l’on subit et qui nous occasionnent des pertes montrent que l’ennemi dispose d’une puissante artillerie et que la bataille sera dure, malgré les gros moyens qui nous appuient.
Le Commandant ROUZADE prend à la date du 9 août, le commandement du 6e Bataillon en remplacement du Commandant BÉNARD, tué sous Verdun.
Après quelques jours de repos et d’instruction à Mailly-Raineval (19 – 27 août) le Régiment relève le 166e R. I. dans le secteur du Bois Étoilé. Cette fois c’est l’attaque et la Brigade a pour mission :
1° De s’emparer de la partie Nord du village de Vermandovillers.
2° De venir s’établir par bonds successifs jusqu’au mamelon situé à l’Ouest de Pressoir.
Le 366e doit attaquer avec les 4e et 5e Bataillons, le 6e Bataillon étant en réserve de D. I.
Du 27 août au 6 septembre, les préparatifs d’attaque se poursuivent fébrilement, malgré le pilonnage que l’ennemi fait subir à nos positions.
Le 4 septembre, dès la première heure, les Bataillons du 366e sont disposés dans le secteur du Bois Étoilé conformément au plan d’attaque de la D. I. : à droite le 5e Bataillon (Commandant NICOLLAU, à gauche le 4e Bataillon (Commandant DELESSE), 6e Bataillon (Commandant ROUZADE) en réserve.
Le mouvement de départ s’exécute à H – 5, c’est-à-dire à 13 h.55, au coup de sifflet et provoque l’enthousiasme de tous ceux qui étaient encore en arrière.
En raison de la rapidité avec laquelle progresse l’attaque, les Allemands surpris n’ont pas même le temps de déclencher un tir de barrage. La première tranchée est enlevée en dix minutes et cinq minutes après la 19e Compagnie entrait dans la tranchée d’Uranus.
Tout semblait donc marcher à souhait, lorsque, vers 14 h.30, des faits nouveaux se produisent :
Les destructions opérées par l’artillerie n’ont pas été complètes ; des mitrailleuses sous blockhaus se révèlent intactes. A notre droite, la 108e Brigade, contre-attaquée, recule et des mitrailleuses prennent nos propres éléments à revers. Enfin une contre-attaque allemande, débouchant entre les boyaux Moertz et Chevalier, empêche notre centre de progresse et brise sur notre gauche l’élan de la deuxième vague. Cependant la première vague, vigoureusement entraînée par le Commandant DELESSE, dont rien ne réussit à ébranler la ferme volonté, pénètre dans Vermandovillers, son objectif, et s’y cramponne.
L’avance de la contre-attaque allemande a malheureusement refermé la porte derrière ce groupe de braves. Avec une admirable énergie, le Commandant DELESSE, aidé des Officiers qui l’entourent et des vaillants qui les ont suivis, organisent la défense de son groupe, confiant dans les efforts que l’on va faire pour venir à son aide. Il arrive, grâce aux véritables tours de force qu’exécutent ses agents de liaison, à signaler sa situation.
Le 5 septembre au matin, il rend compte qu’il tient toujours, demande l’envoi d’urgence de munitions, de mitrailleuses et avertit qu’il a toujours en sa possession une quarantaine de prisonniers du 10e Régiment de la Garde saxonne.
Les efforts tentés pour venir à son aide restent malheureusement impuissants. Les groupes ne passent plus là où les isolés ne passent qu’au prix de mille difficultés et nous aurons la douleur de laisser aux mains de l’ennemi ceux que leur allant endiablé avait entraînés le plus loin et qui ne tombèrent en son pouvoir qu’après avoir épuisé tous les moyens de défense. La défense ennemie dispose maintenant de moyens puissants et nos pertes ont été sévères. Le 6e Bataillon, qui a relevé dans la nuit le 4e Bataillon, trop éprouvé, malgré un bombardement d’une violence inouïe. Le 5e Bataillon, dont le Capitaine BARD a pris le commandement, le Commandant NICOLLAU ayant été blessé, reste en ligne, mais la puissance offensive du Régiment a été sérieusement entamée et ce n’est que le 6 à 16 heures qu’une attaque préparée le 5 se déclenche.
Le 6e Bataillon (Commandant ROUZADE) la conduit, flanqué par le Bataillon BENEDITTINI, du 330e R. I. et par le 1er B. C. P. Cette attaque ne réussit qu’à gagner quelques éléments de tranchées sans pouvoir pousser bien profondément.
La journée du 7 se passait à s’installer sur la position, mais les reconnaissances lancées le 8 et vigoureusement soutenues par les 21e et 23e Compagnies et par d’héroïques mitrailleurs de la C. M. 6 entraînés par le Caporal BONIN qui, devant les barrages rencontrés, n’hésitent pas à se transformer en grenadiers, permettent d’atteindre l’église de Vermandovillers et de tendre la main aux chasseurs du 1er B. C. P. Ceux-ci, isolés depuis deux jours du côté de l’église, accueillent les nôtres avec des transports de joie.
Le Régiment était relevé le 12 septembre par le 86e R. I. et se rendait au repos en camions à Villers-Tournelle et Le Plessier pour se réorganiser et combler ses vides.
Du 4 au 9 septembre, le Régiment avait perdu :
21 Officiers tués et disparus ;
8 Officiers blessés ;
852 hommes tués, blessés et disparus.
Les 4e et 5e Bataillons avaient été particulièrement éprouvés. Sur 15 Officiers, le 5e Bataillon en avait perdu 11.
C’était le premier abordage auquel se livrait le Régiment depuis les combats du début de la campagne et cela dans la formidable bataille de la Somme.
Les succès bien qu’incomplets remportés à Vermandovillers rendaient néanmoins le Régiment fier de lui. Le fait d’avoir fait des prisonniers, d’avoir forcé l’ennemi à reculer lui faisait espérer qu’une autre fois il serait plus heureux et qu’il obtiendrait le succès complet qui lui avait en partie échappé.
Le 366e restait du 12 au 26 septembre dans ses cantonnements de repos.
Le Commandant de FROISSARD-BROISSIA prenait le commandement du 4e Bataillon.
Sources : http://tableaudhonneur.free.fr/366eRI.pdf
CITATIONS
Journal officiel du 7 août 1920 pages 11430 et 11431
Journal officiel du 9 octobre 1920 pages 15184 et 15185
Journal officiel du 15 octobre 1920 pages 15646 et 15647
Journal officiel du 26 novembre 1920 pages 19229 et 19230
Journal officiel du 5 décembre 1920 pages 19881 à 19883
Journal officiel du 29 décembre 1920 page 21679 et 21680
Journal officiel du 9 novembre 1921 page 2929
Journal officiel du 4 janvier 1923 pages 205 et 206
Journal officiel du 3 janvier 1924 page 251
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366e régiment d'infanterie : J.M.O. cote 26 N 763/5
J.M.O.10 août 1916-14 mai 1917 (page 63/166)
RAPPORT DU COLONEL ORDIANI
COMMANDANT LE 366e RÉGIMENT D'INFANTERIE
SUR LES CONDITIONS DANS LESQUELLES
ONT DISPARU LES MILITAIRES DU RÉGIMENT
PENDANT LES COMBATS DE VERMANDOVILLERS
DU 4 AU 9 SEPTEMBRE 1916 INCLUS
Si, dans l'état des pertes subies par le 366e devant VERMANDOVILLERS du 4 au 9 septembre inclus, on cherche à faire un rapprochement entre les chiffres des tués, blessés et disparus, on est amené à constater la disproportion qu'il existe entre les nombre de tués et des blessés et celui des disparus.
C'est ainsi que, pour 16 officiers tués et blessés il y a en plus 12 disparus.
Pour 326 hommes de troupe tués et blessés, il y a 526 disparus.
Ce chiffre peut sembler exagérer, mais il faut bien entendre par disparus, tous les militaires tués qui n'ont pu être inhumés et tous les blessés qui n'ont pu être ramassés par le Régiment.