Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous,
Ceci est mon tout premier message, assorti de quelques questions dont je n'ai pas trouvé la réponse sur internet, ni sur ce forum...
Passionné d'histoire, je suis d'un p'tit coin du Nord-Isère, et je me suis récemment pris d'intérêt pour trois de mes lointains aïeux, aux destins très différents si ce n'est qu'ils ne sont jamais revenus chez eux, ni vivant, ni mort...Je ressens maintenant le besoin de les connaître un peu mieux, de situer leur périple, afin qu'un jour je puisse aller là-bas, du coté de l'Aisne ou des Vosges, afin de leur rendre un modeste hommage, et à leurs compagnons d'infortune aussi...
Du coté maternel, je suis le parcours de 2 frères. Pour le plus jeune, le parcours fut bref mais tragique, puisque fusillé en 1914. L'Armée ayant (presque) tout mis en ligne, j'ai pu lire son procès et je sais à peu près où se trouve sa dernière sépulture.
Son grand frère a été incorporé quelques jours plus tard, et a changé 4 fois de régiments (22/137/158/65). Blessé à Souchez, il a "tenu" jusqu'en 1917 avant de tomber au Chemin des Dames en avril. Décoré à titre posthume. J'ai retrouvé sa trace dans une nécropole nationale, dans l'Aisne.
Du coté paternel, c'est pas moins triste puisque je suis la trace d'un pt'it gars de la classe 1917, tombé à même pas 20 ans lors de la victoire(sic) de La Malmaison en octobre 17. Il a rejoint la cohorte des "disparus"...
Introuvable dans les nécropoles, et pas de tombe dans son village natal...

J'ai beaucoup appris de sites comme Le Chtimiste / https://parcours-combattant14-18.fr/parcours-pas-a-pas/ mémoiredeshommes/ et dans les JMO, les FM, etc...Mais j'ai encore des trous dans leur emploi du temps !

Alors voilà, par exemple, quand il est marqué sur la FM: "mobilisation général, arrivé au corps le: 11 août 1914", était-ce à la caserne (Bourgoin)? au dépôt ? au front?
Et aussi les fameux "dépôts", était-ce les casernes "ordinaires" ? des bâtiments militaires-ou civils- plus proche du front ?
Enfin sur la FM du gamin, il est inscrit:" Incorporé au 22e RI...à compter du 07 août 1916...arrivé au corps ledit jour...passé au 99e...aux armées le 22 février 1917....
Cela signifie-t-il qu'il est arrivé à la caserne (Bourgoin ou Lyon) le 07/08/1916 ? , puis où ? avant de rejoindre le front en 02/1917 ? J'ai du lire quelque part que certains étaient même appelés en janvier 1916. Mais il devait y a voir un "apprentissage" quelque part avant d'être au feu...
Merci de votre aide. A bientôt.

Bonjour Arno du 38,

Soyez le bienvenu sur le forum. Merci pour cette longue présentation des personnes sur lesquelles vous vous penchez.
Pour vous aider, il va falloir passer par la case "partage de la fiche matricule" afin que nous puissions préciser encore nos réponses.

- mobilisation général, arrivé au corps le: 11 août 1914", était-ce à la caserne (Bourgoin)? au dépôt ? au front?
C'est cela, arrive à la caserne. Il est alors enregistré au corps, c'est à dire "incorporé". Ensuite, il a pu rester sur place, donc au dépôt, ou être envoyé dans une unité combattante.

- les fameux "dépôts", était-ce les casernes "ordinaires" ? des bâtiments militaires-ou civils- plus proche du front ?
Les deux. Les hommes affectés au dépôt pouvaient être un temps en caserne et à l'arrivée d'une nouvelle classe bouger vers des espaces assez grands pour les accueillir, écoles, granges, fermes, salles diverses… Cela dépend vraiment de chaque régiment.
Théoriquement, les dépôts ont été évacués avant l'arrivée allemande des zones envahies. Ils sont donc généralement à l'arrière, loin du front. Ou dans les villes de garnison d'avant-guerre pour la majorité.

- " Incorporé au 22e RI...à compter du 07 août 1916...arrivé au corps ledit jour...passé au 99e...aux armées le 22 février 1917....

C'est là que la fiche matricule aiderait à être plus affirmatif.
Donc, il commence par un temps au dépôt du 22e RI où il apprend les bases. Il est ensuite envoyé en perfectionnement dans un Centre d'instruction dans la région militaire du dépôt. Il est dans la zone de l'intérieur.
Une fois que l'instruction est jugée comme suffisante, soit environ 6 mois ici, il est envoyé dans la zone des armées. Mais après les erreurs faites avec les classes 1914 et 1915 (envoi trop rapide en renfort en unité combattante avec une instruction insuffisante), l'envoi ne se fit pas dans une unité combattante mais dans une unité destinée à perfectionner l'instruction dans le 9e bataillon du 99e RI dans la zone des armées : on est proche du front, mais pas au combat. Le 9e bataillon du 99e Ri accueillait une partie des jeunes recrues de la 14e Région militaire. Le 22e RI n'avait pas de 9e bataillon d'où le changement d'affectation.
Après un temps plus ou moins long (quelques mois); les jeunes recrues étaient envoyées progressivement en unités combattantes, parfois après un passage en dépôt divisionnaire en attendant de compenser des pertes.

Bien cordialement,

Arnaud

NB : super si vous avez pu trouver des pistes sur le site parcours du combattant 14-18

Hé bien Super Merci pour ces précisions !
Je n'avais pas pensé au 9e bataillon...mais cela expliquerait pourquoi plusieurs jeunes de la classe 17, affectés tout comme mon aïeul au 22e par proximité géographique ont basculé au 99e -également de la région- à leur arrivée "aux armées"...Je joins sa (maigre) FM pour info (Jacques-Édouard H.)
Celle de mon autre aïeul (Francisque M.) me laisse perplexe quant à ses (nombreux?) changements de RI...il ne semblait pas être une "forte tête" qu'on aurait déplacé à dessein...était-ce courant ? ...il est passé des régiments rhonalpins (13e BCP/22e RI/158e RI) aux régiments vendéens et nantais (137e et 65e RI)...
Bonsoir

Bonjour,

Merci pour les fiches matricules.
Pour Francisque, comme tout ce qui arrive aux mobilisés, tout a une explication.

Réserviste au 13e BCP, il y fait sa première période d'exercices en 1910. Mais il est ensuite affecté dans un RI, au 22e. C'est avec lui qu'il finit par partir en renfort… ou avec le régiment de réserve.
C'est dans ce corps qu'il est blessé le 28 janvier 1915. Hospitalisation, convalescence, retour au dépôt du 22e RI.
Souvent, le dépôt fournit des renforts à d'autres corps. C'est pour cela qu'il est ensuite affecté au 158e RI.

Rebelote : blessé le 26 septembre 1915. Hospitalisation, convalescence, retour au dépôt du 158e RI.
Vous connaissez la musique. Il passe au 137e RI mais probablement au dépôt divisionnaire ce qui explique son changement rapide et définitif pour le 65e RI où il est blessé une dernière fois.

La situation est donc courante, même s'il arrivait aussi que des hommes restent dans leur régiment après une blessure. Les deux cas se retrouvent fréquemment.

Bien cordialement,
Arnaud

Merci beaucoup Arnaud.
Tout s'éclaircit ! Allier la sagacité de passionnés comme vous aux mines d'or que constituent ces fiches matricules, c'est pouvoir retracer un bon bout du chemin (de croix !!!) de nos aïeux !
...Je resterai toujours abasourdi à l'idée que mon fils de 25 ans cette année aurait été -statistiquement c'est sûr- l'un de ces gars, au front. Je viens de lire à ce titre une petite étude (30 pages) intitulée:
Le temps de survie des soldats « morts pour La France » durant La Grande Guerre, d' Olivier Guillot * et Antoine Parent ., trouvé sur le net ..Très instructif.
Salutations.

Bonjour et bienvenue

Arno-du-38 a écrit : ↑lun. avr. 21, 2025 7:22 pmlors de la victoire(sic) de La Malmaison en octobre 17

je ne comprends pas le (sic),
merci de vos explications

Salut ! Et merci pour la bienvenue.
J'ai appris pas mal de choses sur ce forum, mais il me reste encore quelques questions, dont 2 posées en fin de ce post.
Le (sic) dans mon 1er post est pour ce qui c’est passé du côté de « La Malmaison » en octobre 1917, qui est parfois présenté dans certains textes comme une « victoire ». En fait, pour moi elle a un goût amère, car un AGP de la classe '17 y est resté.
Comme un autre AGP aussi, quelques mois plus tôt, pas très loin de là (offensive « Nivelle » d’avril 17 au Chemin des Dames).
4000 morts en deux jours…Certes, il y en eu le double en face, avec moult prisonniers, et la ligne de front a bougé un peu, et puis les chars ont montrés qu’ils allaient être décisifs à moyen terme, ce qui a redonné du moral aux troupes, mais quand on voir qu’à peine 6 mois plus tard les allemands avaient regagné le terrain perdu en quelques heures ! ( cf: https://www.chemindesdames.fr/fr/le-che ... nde-guerre ) ; il y a eu tant de « victoires » d’un jour qui se sont transformées en « défaites » du lendemain dans cette histoire…
Mais à ce propos, le JMO de l’année 1917 du 99e RI sur le site memoiresdeshommes cite page 37 : " Les opérations des 23 et 25 octobre (à La Malmaison) font l’objet d’un récit détaillé annexé au présent journal de marche
Mais ils n'y est pas ! savez-vous si on peut le trouver ailleurs ? ...est-ce un oubli du site ? ou bien s'ils va être numérisé un jour ?
Et enfin, pour revenir sur les jeunes de la classe '17, dans l'examen de plusieurs FM, certains dans un 1er temps été "ajourné pour faiblesse" (classe 5 "ajourné") puis incorporés en août 1916 ; d'autres ont été incorporés dès janvier 1916 (classe 1 "bon service armée").
Sait-on s'il y avait dans ce choix une certaine clémence à l'égard de ces dernières classes, pour ne pas envoyer la totalité de ces jeunes "au corps" dès janvier ? ou bien seuls les critères d'aptitude physique étaient retenus ?
A vous lire...