L'entraînement à la guerre de l'artillerie avant 1914
Publié : sam. mars 01, 2025 6:56 pm
Bonsoir,
Pour faire la guerre, il ne suffit pas de posséder un bon matériel, il faut aussi savoir s'en servir.
Avant 1914, la France possède sans conteste un excellent canon de campagne, le 75 modèle 1897.
Comment l'instruction de nos artilleurs a-t-elle été réalisée?
Pour répondre à cette question, il faudrait recenser les allocations de munitions accordées chaque année aux batteries d'artillerie de campagne.
Quelques données permettent toutefois de se faire une idée de la question.
On sait que sous le ministère du général André, l'homme de l'affaire des fiches, ministre de mai 1900 à novembre 1904 (un record de longévité pour l'époque!), le nombre de projectiles alloués aux tirs d'instruction était tombé à un chiffre très bas de même que le stock des munitions de guerre. Il est vrai qu'il était alors plus important de compter et d'identifier les officiers "allant à la messe" ou professant un faible intérêt pour la République que de s'instruire face aux périls.
Il est aussi connu que les crises marocaines ont amené un réveil brutal des préoccupations de nos gouvernants pour la préparation à la guerre, jugée dès lors inévitable à court terme.
Un fascicule de 1910 permet de donner l'échelle de l'instruction des artilleurs.
Il est certain qu'un très gros effort est fourni à partir de 1910 pour renforcer non seulement les effectifs de l'artillerie de campagne (dont le nombre des régiment augmente de 50%, avec une augmentation d'environ 20% du nombre des matériels).
Je joins quelques données tirées du "Programme général des exercices de tir à exécuter en 1910" en me limitant à l'artillerie de campagne:
-pour chaque batterie active: allocation de 375 obus ordinaires (en fonte, bien moins cher que les obus en acier) et 125 obus à balles.
-pour chaque batterie de renforcement à créer à la mobilisation: 85 obus ordinaires et 65 obus à balles.
-pour l'instruction de chaque élève-officier de réserve: 30 obus ordinaires et 20 obus à balles.
-pour chaque officier de l'Ecole de Guerre (de toutes armes): 12 obus ordinaires et 36 obus à balles.
-pour les batteries de place de 75: 40 obus ordinaires et 10 obus à balles.
-pour les 6 cours régionaux de l'artillerie de campagne: 15.000 obus ordinaires, 4.500 obus à balles et 1.000 obus explosifs.
-pour le cours pratique d'artillerie de campagne: allocation non fixée exactement.
Je vous propose un petit exercice pratique, connaissant le nombre de batteries actives et de renforcement de l'artillerie de campagne en 1910 (même nombre en 1914), quelles sont les quantités d'obus de 75 allouées pour les tirs d'instruction en 1910?
Question annexe, sachant qu'un tube de 75 a une vie de 6.000 coups, combien de tubes neufs sont nécessaires en moyenne par an?
Ces chiffres permettent de mieux comprendre le haut degré de préparation à la guerre de notre artillerie de campagne en 1914. En effet, à cette époque, bien des puissances secondaires se contentaient d'un stock de guerre de 400 coups par pièce et les tirs d'instruction y étaient limités à 10 ou 20 coups par batterie.
Cordialement,
Guy François.
Pour faire la guerre, il ne suffit pas de posséder un bon matériel, il faut aussi savoir s'en servir.
Avant 1914, la France possède sans conteste un excellent canon de campagne, le 75 modèle 1897.
Comment l'instruction de nos artilleurs a-t-elle été réalisée?
Pour répondre à cette question, il faudrait recenser les allocations de munitions accordées chaque année aux batteries d'artillerie de campagne.
Quelques données permettent toutefois de se faire une idée de la question.
On sait que sous le ministère du général André, l'homme de l'affaire des fiches, ministre de mai 1900 à novembre 1904 (un record de longévité pour l'époque!), le nombre de projectiles alloués aux tirs d'instruction était tombé à un chiffre très bas de même que le stock des munitions de guerre. Il est vrai qu'il était alors plus important de compter et d'identifier les officiers "allant à la messe" ou professant un faible intérêt pour la République que de s'instruire face aux périls.
Il est aussi connu que les crises marocaines ont amené un réveil brutal des préoccupations de nos gouvernants pour la préparation à la guerre, jugée dès lors inévitable à court terme.
Un fascicule de 1910 permet de donner l'échelle de l'instruction des artilleurs.
Il est certain qu'un très gros effort est fourni à partir de 1910 pour renforcer non seulement les effectifs de l'artillerie de campagne (dont le nombre des régiment augmente de 50%, avec une augmentation d'environ 20% du nombre des matériels).
Je joins quelques données tirées du "Programme général des exercices de tir à exécuter en 1910" en me limitant à l'artillerie de campagne:
-pour chaque batterie active: allocation de 375 obus ordinaires (en fonte, bien moins cher que les obus en acier) et 125 obus à balles.
-pour chaque batterie de renforcement à créer à la mobilisation: 85 obus ordinaires et 65 obus à balles.
-pour l'instruction de chaque élève-officier de réserve: 30 obus ordinaires et 20 obus à balles.
-pour chaque officier de l'Ecole de Guerre (de toutes armes): 12 obus ordinaires et 36 obus à balles.
-pour les batteries de place de 75: 40 obus ordinaires et 10 obus à balles.
-pour les 6 cours régionaux de l'artillerie de campagne: 15.000 obus ordinaires, 4.500 obus à balles et 1.000 obus explosifs.
-pour le cours pratique d'artillerie de campagne: allocation non fixée exactement.
Je vous propose un petit exercice pratique, connaissant le nombre de batteries actives et de renforcement de l'artillerie de campagne en 1910 (même nombre en 1914), quelles sont les quantités d'obus de 75 allouées pour les tirs d'instruction en 1910?
Question annexe, sachant qu'un tube de 75 a une vie de 6.000 coups, combien de tubes neufs sont nécessaires en moyenne par an?
Ces chiffres permettent de mieux comprendre le haut degré de préparation à la guerre de notre artillerie de campagne en 1914. En effet, à cette époque, bien des puissances secondaires se contentaient d'un stock de guerre de 400 coups par pièce et les tirs d'instruction y étaient limités à 10 ou 20 coups par batterie.
Cordialement,
Guy François.