Re: nouvelle devinette....( vite trouvée)
Publié : lun. déc. 21, 2009 8:03 pm
Bonsoir,
Bon, je m'y recolle:
Qui selon vous a écrit ce morceau de bravoure? ça doit être trouvable avec les moteurs actuels mais quid de la première parution de ce texte?
Il mérite le détour et montre, à mon avis, ce que la mobilisation des esprits peut faire dire, même au plus délicat.
Non. Ce n'est pas Céline.....! Mais ce n'est pas difficile..c'est étonnant!
[...] Alors, on nous glisse à l'oreille: « C'est eux qui sont là » .
Oh ! nous les avions devinés, ayant déjà connu en tant d'autres lieux ces atroces voisinages au silence trompeur-, qui sont une des caractéristiques de la guerre ultra- moderne. Oui, eux qui sont là, encore là, enfouis bien à l'abri dans notre terre française, laquelle ne s'éboule même pas pour les étouffer! Fils de la race abominable qui a le mensonge dans le sang, ils ont enseigné à toutes les armées du monde à faire mentir même les choses, même les aspects des choses; leurs tranchées prennent des airs d'innocents sillons sous de la verdure, les maisons où s'abritent leurs états-majors prennent des airs de ruines abandonnées. Eux, on ne les voit jamais, ils avancent et envahissent à la façon des termites ou des vers rongeurs. Et puis, à la minute la plus imprévue, de jour ou de nuit, précédés de toutes les variétés de choses infernales imaginées par eux, liquides qui brûlent, gaz qui aveuglent ou gaz qui asphyxient, ils jaillissent du sol, comme des bêtes de ménagerie à qui l'on aurait ouvert les cages. Quelle dérision! après de prodigieux efforts de mécanique et de chimie, en être ramené à des mœurs de l'époque des Cavernes, après s'être battu plus d'un an avec des appareils si diaboliquement perfectionnés pour tuerie à grande distance, se retrouver ainsi, presque les uns sur les autres, pendant des jours, pendant des mois, les nerfs tendus, l'organisme aux aguets, mais, tous, bien cachés et ne bougeant pas! ...
Horreur! ... Je crois vraiment qu'on a chuchoté dans ces trous d'en, face!... Comme nous, ils parlent bas, mais on reconnaît tout de même leurs intonations allemandes. Ils causent, invisibles- dans l'infini silence des entours, leurs chuchotements assourdis nous viennent comme d'en dessous, des entrailles de la terre. Ensuite une interjection brève de quelque chef sans doute, les rappelle à l'ordre, et brusquement ils se taisent., Mais on les a entendus, entendus de tout près, et cette espèce de murmure d'animaux fouisseurs a été plus lugubre à nos oreilles que n'importe quel fracas de bataille.
[...]Mais, on ne le sait que trop, si leurs voix sont humaines, et peut-être aussi, leurs visages, leurs âmes ne le sont pas; il y manque les sentiments essentiels, celui de la loyauté, de l'honneur, celui du remords, et surtout celui qui est le plus noble peut-être en même temps que le plus élémentaire, et que même les animaux possèdent parfois, le sentiment de la pitié. Je me souviens d'une phrase de Victor Hugo, qui jadis m'avait paru outrée et obscure- il avait dit- « la nuit qu'une bête fauve a pour âme ». Cette image, les âmes allemandes aujourd'hui me la font comprendre.
[...]
Bonne chasse
CC
Bon, je m'y recolle:
Qui selon vous a écrit ce morceau de bravoure? ça doit être trouvable avec les moteurs actuels mais quid de la première parution de ce texte?
Il mérite le détour et montre, à mon avis, ce que la mobilisation des esprits peut faire dire, même au plus délicat.
Non. Ce n'est pas Céline.....! Mais ce n'est pas difficile..c'est étonnant!
[...] Alors, on nous glisse à l'oreille: « C'est eux qui sont là » .
Oh ! nous les avions devinés, ayant déjà connu en tant d'autres lieux ces atroces voisinages au silence trompeur-, qui sont une des caractéristiques de la guerre ultra- moderne. Oui, eux qui sont là, encore là, enfouis bien à l'abri dans notre terre française, laquelle ne s'éboule même pas pour les étouffer! Fils de la race abominable qui a le mensonge dans le sang, ils ont enseigné à toutes les armées du monde à faire mentir même les choses, même les aspects des choses; leurs tranchées prennent des airs d'innocents sillons sous de la verdure, les maisons où s'abritent leurs états-majors prennent des airs de ruines abandonnées. Eux, on ne les voit jamais, ils avancent et envahissent à la façon des termites ou des vers rongeurs. Et puis, à la minute la plus imprévue, de jour ou de nuit, précédés de toutes les variétés de choses infernales imaginées par eux, liquides qui brûlent, gaz qui aveuglent ou gaz qui asphyxient, ils jaillissent du sol, comme des bêtes de ménagerie à qui l'on aurait ouvert les cages. Quelle dérision! après de prodigieux efforts de mécanique et de chimie, en être ramené à des mœurs de l'époque des Cavernes, après s'être battu plus d'un an avec des appareils si diaboliquement perfectionnés pour tuerie à grande distance, se retrouver ainsi, presque les uns sur les autres, pendant des jours, pendant des mois, les nerfs tendus, l'organisme aux aguets, mais, tous, bien cachés et ne bougeant pas! ...
Horreur! ... Je crois vraiment qu'on a chuchoté dans ces trous d'en, face!... Comme nous, ils parlent bas, mais on reconnaît tout de même leurs intonations allemandes. Ils causent, invisibles- dans l'infini silence des entours, leurs chuchotements assourdis nous viennent comme d'en dessous, des entrailles de la terre. Ensuite une interjection brève de quelque chef sans doute, les rappelle à l'ordre, et brusquement ils se taisent., Mais on les a entendus, entendus de tout près, et cette espèce de murmure d'animaux fouisseurs a été plus lugubre à nos oreilles que n'importe quel fracas de bataille.
[...]Mais, on ne le sait que trop, si leurs voix sont humaines, et peut-être aussi, leurs visages, leurs âmes ne le sont pas; il y manque les sentiments essentiels, celui de la loyauté, de l'honneur, celui du remords, et surtout celui qui est le plus noble peut-être en même temps que le plus élémentaire, et que même les animaux possèdent parfois, le sentiment de la pitié. Je me souviens d'une phrase de Victor Hugo, qui jadis m'avait paru outrée et obscure- il avait dit- « la nuit qu'une bête fauve a pour âme ». Cette image, les âmes allemandes aujourd'hui me la font comprendre.
[...]
Bonne chasse
CC