Bonjour,
Le nom du colonel André Leroy est bien connu de tous les chercheurs de l'histoire de l'artillerie car son long service à l'Ecole d'Artillerie de Fontainebleau a eu pour conséquence la rédaction de plusieurs "Cours", bien documentés, connus et recherchés.
De mon côté, j'ai entendu souvent son nom prononcé, à l'époque déjà lointaine, où j'ai commencé à m'intéresser à l'histoire de l'ALVF. En effet, j'ai souvent rencontré au début des années 1980 des "anciens de l'ALVF", responsables de l'Amicale des Anciens de l'ALVF et beaucoup se souvenaient de son rôle aux jours tragiques de juin 1940. En effet, dans la confusion générale, le colonel Leroy, commandant du 370e RALVF (le régiment des Services de l'ALVF), s'est efforcé de sauver un maximum de personnels et de matériels et surtout de convaincre les plus jeunes qu'il convenait de ne jamais écouter les allemands, porteurs de bonnes paroles tendant à convaincre les jeunes soldats démotivés de mettre bas les armes. Comme tous les anciens de la Grande Guerre, l'officier connaissait la fourberie de l'ennemi ne cherchant qu'à faire un maximum de prisonniers dans les derniers jours de la guerre. Le colonel a réuni des artilleurs venus d'un peu partout dans un "Groupement du Sud-Ouest" organisé au nord de Toulouse afin de faire échapper à la capture des centaines d'artilleurs dispersés.
Pour en revenir à sa carrière active, il faut bien entendu consulter son dossier au SHD et les JMO en ligne quand ils existent.
Je vais rechercher dans mes nombreuses photographies si je peux illustrer son parcours, tant en qualité de sous-officier avant-guerre dans l'artillerie à pied que son parcours d'officier, y compris son séjour à l'Ecole Militaire de l'Artillerie de Versailles où étaient formés les sous-officiers accédant à l'épaulette.
Affecté au 60e RAC, régiment d'artillerie organique du 20e Corps d'Armée, depuis 1910, le lieutenant Leroy sert à la 6e batterie (capitaine Gauvin) du 2e Groupe du régiment. Les JMO de ce régiment manquent pour 1914 car le rôle peu glorieux du général Foch en août 1914, notamment dans son emploi de l'artillerie, aurait pu ternir quelque peu la gloire du Maréchal... Le JMO conservé du régiment est des plus succincts pour cette période.
Après sa blessure, le lieutenant Leroy est affecté en mars 1915 à la 9e Section automobile de 75 du 22e RAC (de Versailles) qui est en cours de formation. Il s'agit d'une Section de 2 auto-canons de 75 de DCA équipée du canon de 75 modèle 1897 adapté au châssis automobile De Dion-Bouton (modèle 1913).
Les quatre Sections créées le 1er avril 1915 (9e à 12e Sections) utilisent des matériels sortant d'usine et sont rattachées au 22e RAC. Ces 4 Sections sont d'abord laissées dans le Camp Retranché de Paris afin de défendre la ville face aux premières attaques aériennes meurtrières des Zeppelins. La 9e Section était affectée autour de Sartrouville. Je joins en bas une photo d'un auto-canon de cette 9e Section automobile qui doit être postérieure à l'affectation du lieutenant Leroy car l'auto-canon est déjà revêtu d'une peinture de camouflage. Malheureusement, les JMO manquent pour cette 9e Section.
Le lieutenant Leroy est affecté à l'Ecole d'Artillerie de Fontainebleau qui réouvre à cette époque pour former de nouveaux officiers d'artillerie car cette arme connaît une grande expansion (l'école avait fermé ses portes en août 1914). Il s'agit désormais de former des promotions de centaines d'officiers d'artillerie.
En 1918, après un passage à la 105e batterie de dépôt du 70e RALGP (régiment des Services de l'ALVF), le capitaine Leroy est affecté à la tête de la 24e batterie du 73e RALGP, batterie équipée du mortier de 370 Filloux. L'histoire de cette batterie est admirablement détaillée de 1915 à 1919 dans 4 JMO très bien tenus et rédigés (65e Batterie du 3e RAP devenue en août 1917 24e batterie du 73e RALGP). Malheureusement, en 1918, le rôle du 370 Filloux, qui a été majeur de 1915 à 1917 grâce à sa puissance exceptionnelle, est devenu mineur car de très puissants obusiers de 370 et de 400 de l'ALVF portant beaucoup plus loin sont entrés en service. Le capitaine prend le commandement de cette batterie à l'époque où de nombreux canons lourds de 220, 270, 280, 293, 370 sont concentrés au nord-est de Paris pour constituer une puissante ligne de défense organisée car Paris et sa région, depuis l'offensive allemande du 27 mai 1918, sont devenues très vulnérables. Malheureusement, cette batterie ne participera pas aux dernières offencives des alliés.
Je joins une photo de mortier de 370 pour montrer à quoi ressemble un 370 Filloux qui nécessite de nombreux travaux pour sa mise en batterie (construction de voies étroites, etc...).
Je reviendrai ultérieurement sur le 70e RALGP et le 372e RALVF.
Recherchez aussi les Cours de l'Ecole de Fontainebleau rédigés par le capitaine Leroy qui ont connu plusieurs éditions dans les années 1920, on les trouve souvent sur des sites de vente en ligne, je cite quelques uns de ces cours en ma possession:
-Armes portatives, mitrailleuses et engins divers.
-Organisation des matériels, matériels modernes.
-Historique de l'artillerie des origines à 1914.
Les photos:
-9e Section automobile de 75 du 22e RAC:

- Auto-canon 9e Section 22e RAC.jpg (284.44 Kio) Consulté 1123 fois
-un 370 Filloux du 3e RAP en 1916:

- 370 Filloux Saint-Chamond 3e RAP.jpg (514.26 Kio) Consulté 1123 fois
Cordialement,
Guy François.