Groupe d'artilleurs cassant la croute devant un canon endommagé

[Yann LE FLOC'H]

Bonjour,

Je partage avec vous cette minuscule photo chinée isolément au fond d'une boîte, sur un vide grenier, visiblement arrachée d'un album.

J'ai du mal à identifier le contexte de cette prise de vue.

Les artilleurs , certains vêtu d'un bourgeron, boivent un coup de rouge devant une pièce d'artillerie qui semble endommagée (notamment son bouclier) dans un terrain qui semble bouleversé. La culasse mobile semble posée devant la chambre (j'espère que mon vocabulaire est adapté).

Sommes-nous sur le champ de bataille après un bombardement ? Dans un terrain militaire ? On a l'impression qu'il y a une ville en arrière-plan.

Tout commentaire sera le bienvenu.

merci d'avance.

Cordialement

Yann LE FLOC'H

artilleurs canon endommagé reduit.jpg (190.91 Kio) Consulté 681 fois

[ALVF]

Bonjour,

Essai d'interprétation de cette intéressante photographie:

-1: constatations:
...il s'agit d'un canon de campagne de 75 modèle 1897. Ces artilleurs ont procédé au démontage de la culasse qui semble intacte.
...il n'y a aucun élément plaidant pour une explosion prématurée d'un projectile dans l'âme de la pièce.
...la roue gauche de l'affût semble absente ce qui explique le déséquilibre de l'affût.
...la roue droite semble servir d'appui à l'un des artilleurs à droite.

-2: interprétation:
...la pièce est en batterie dans une alvéole assez profonde mais on ne distingue aucune plateforme même sommaire pour stabiliser son tir.
...le rondin visible à gauche devrait servir de levier pour soulever l'affût, peut-être pour y fixer une nouvelle roue gauche avant départ vers le parc.
...ces artilleurs peuvent appartenir à une équipe de réparation chargée de ramener en arrière un canon avarié.
...en tout cas, il ne semble pas y avoir de danger immédiat d'arrivée rapide de l'ennemi ou de risque de bombardement.
...démonter la culasse se justifie surtout dans trois cas:
........en cas d'abandon rapide de la pièce (si on est vraiment pressé on enlève seulement une petite pièce la "clavette"). Cette hypothèse n'est pas à retenir pour cette scène!
.......pour l'entretien courant, ce qui ne semble pas non plus d'actualité pour cette pièce.
.......pour économiser un maximum de poids avant une manœuvre de force.

-3: localisation:
L'arrière-plan urbain peut faire penser à Reims où de nombreuses batteries sont implantées dans les ruines de la ville, surtout dans sa partie nord. Les batteries de Reims sont toutefois souvent casematées ou mieux enterrées.

En conclusion, il est difficile de conclure, je pense toutefois à une équipe de réparation qui va procéder au retrait du canon hors de sa position pour le mener au Parc pour remise en état.
Cordialement,
Guy François.

[alain51]

Bonjour,

J'ai beau chercher et ecarquiller les yeux, je ne vois ni ville ni environnement urbain en arrière plan.

Et que serait la sorte d'étiquette rectangulaire blanche du 3e homme en partant de la droite ?

Alain

[Yann LE FLOC'H]

Bonjour,

Merci beaucoup pour vos réponses bien utiles.

Merci AVLF pour vos différentes hypothèses, je penche maintenant effectivement pour une équipe de réparation d'un canon de 75 qui a pris cher sur le champ de bataille. J'avais lu vos diverses interventions sur les explosions de canons en raison de munitions défectueuses et je suis maintenant certain que nous ne sommes pas dans ce cas de figure....
Concernant ces équipes de réparation, sait-on comment elles étaient organisées ? Au niveau de chaque régiment d'artillerie ? D'un corps d'armée ? D'un parc d'Artillerie ?
On remarque que l'équipe est composée de très jeunes artilleurs et d'hommes un peu plus âgés ?

Merci alain51 pour votre remarque judicieuse, je croyais distinguer dans le lointain et depuis une position dominante, des pignons de maisons , des arbres et une cheminée d'usine mais c'est peut-être tout simplement une tôle ondulée recouverte de terre et de sacs de sable.... Mea culpa pour cette erreur...
Je vais devoir changer de lunettes.

Bien cordialement

Yann LE FLOC'H

GP artilleurs canon endommagé.jpg (44.18 Kio) Consulté 522 fois

[air339]

Bonjour Yann,

Merci pour le partage de cette belle photo.
J'y vois comme vous un canon démoli par un obus, la roue gauche détruite, le bouclier gauche absent, le bouclier droit violemment crevé en direction des servants.
3 hommes du groupe tiennent leur quart à la main, dont le jeune (malgache ?) qui tient la bouteille. Aucun n'a de masque à gaz. L'ensemble laisse penser qu'après le duel d'artillerie le front s'est suffisamment porté en avant, de plusieurs kilomètres, pour qu'il n'y ait plus à craindre de tir. Le sol est sec. Cela m'évoque l'été 1918...

Cordialement,

Régis R.

[Yv']

Bonjour à tous,

Peut-on envisager un cliché pris au printemps-été 1919 ? Il y avait encore beaucoup de travail sur les anciens champs de bataille, je pense.

Yves

[ALVF]

Bonsoir,

Le port du casque rend improbable une réparation ou récupération de matériel du temps de paix.
Ici, l'ennemi est calme ou bien, comme dit plus haut, il s'est replié.
On trouve des équipes mobiles de réparation en 1914 au niveau du Parc d'Artillerie de Corps d'Armée dont l'état-major coiffe les Sections de munitions d'infanterie et d'artillerie et l'équipe mobile de réparation qui intervient sur le terrain. On trouve aussi des Sections de réparation au sein du Grand Parc d'Artillerie (G.P.A) qui est un organisme d'Armée. A partir de 1916, il y a désormais des Parcs d'Artillerie Divisionnaires(P.A.D).
Cordialement,
Guy François.

[Yann LE FLOC'H]

Bonjour,

Merci à tous pour vos contributions très instructives.

J'apprends beaucoup de choses grâce à vous.

Cordialement

Yann LE FLOC'H