Forum PAGES 14-18

Bonjour,

Un célèbre site de vente en ligne propose un album photographique qui semble provenir d'un officier de la 29e batterie du 175e Régiment d'artillerie de tranchée.
Il contient des clichés du front et du personnel de cette unité, dont le vendeur présente quelques échantillons. Il y apparaît un officier de la batterie d'origine antillaise ou africaine portant apparemment des galons de sous-lieutenant, photographié seul avec son chien de berger, et plus loin avec ses camarades officiers. Un tel profil devait donc être relativement peu courant, et impliquait la citoyenneté française puisque l'intéressé sert dans les troupes de métropole. Peut-être s'agit d'un Polytechnicien ? Il pourrait avoir été surnommé "le vicomte" d'après les légendes inscrites par le propriétaire de l'album.

https://www.ebay.fr/itm/114882011472

J'ai tenté une remontée filiative de cette unité via les JMO.
La 29e batterie du 175e RAT a été constituée en avril 1918 par simple réimmatriculation de la 102e batterie du 46e RAC. Elle même existait depuis octobre 1917. Son JMO lui donne pour avatar précédent la 103e batterie du 9e RAC, cependant le JMO de cette dernière indique qu'en fait elle subsiste jusqu'en avril 1918, date de sa transformation en 22e (et non 29e) batterie du 175e RAT. Quelqu'un serait-il en mesure d'élucider cette dissonance ?

Le seul officier mentionné dans les pages du JMO de la 29/175 est le lieutenant Neige, qui était apparemment le commandant de la batterie.

https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... cf664ce3f4

Peut-on identifier les trois autres officiers de cette batterie ?

Une autre photo représente quatre membres du personnel de l'unité, dont un dont la mort est consignée dans le JMO.

Merci pour votre retour d'expertise, cordialement,

Willelmus

Bonsoir,

A noté que l'avant dernière photo présente des hommes de la batterie, notamment Cluzel (Trompette) qui est tué le 5 octobre 1917 (page 4) du JMO. Les 2 documents peuvent donc être associés.

Bonne soirée, Fabrice

Rebonsoir,

En effet, c'est bien à ce Cluzel que je faisais allusion en évoquant l'homme dont la mort est consignée au JMO. Il se prénommait Charles :

https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... 2bcfa50e99

Re,

Sa FM montre la même évolution d'appelation 9e RAC - 46e d'artillerie

https://archives.ardeche.fr/ark:/39673/ ... daogrp/0/1

A suivre...

Bonsoir,

Concernant les batteries de tranchée, il est très difficile de s'y retrouver car, à des créneaux de dates différentes, certaines batteries ont pu porter des appellations identiques alors qu'elles n'ont rien de commun!
J'ai reconstitué l'organisation de l'artillerie de tranchée mais la synthèse fait plusieurs dizaines de pages!
Grossièrement, pour simplifier, il y a trois grandes réorganisations de l'AT qui bouleversent totalement les appellations (je laisse de côté les dédoublements de batteries dont la plupart datent de 1916):

-De 1915 ou 1916 jusqu'au 30 septembre 1917: numérotation très anarchique obéissant à plusieurs critères.

-du 1er octobre 1917 au 30 mars 1918: réorganisation des batteries dans des groupes mais la logique est très compliquée à suivre.

-du 1er avril 1918 à la fin de la guerre: création des Régiments d'Artillerie de Tranchée, la logique devient claire.

Ainsi, pour répondre à la question de Willelmus, il faut distinguer 2 batteries sans lien entre elles:

-103/9e RAC créée le 1/6/1915.
-devient 102/46e RAC le 1/10/1917.
-devient 29/175e RAT le 1/4/1918.

et:

-138/49e RAC créée le 15/4/1916.
-devient 103/9e RAC le 1/10/1917.
-devient 22/175e RAT le 1/4/1918.

Conclusion: la 103/9e RAC de 1915 jusqu'au 30/9/1917 n'a rien à voir avec la 103/9e RAC du 1/10/1917 au 30/3/1918.
Pas facile à découvrir, attention aux confusions de JMO, etc...
Cordialement,
Guy François.

Merci infiniment pour ces informations éclairantes.

Cela semble résoudre mon énigme initiale. On trouve dans le JMO de la 1ère 103/9e les nom de trois sous-lieutenants arrivés à la batterie en 1916 : Augustine, Burette et Pineau.

https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... a74f17ec83

Le premier des trois a toutes les chances de correspondre au dossier suivant répertorié au SHD :

GR 8YE 18388 AUGUSTINE, Armand Marcel
lieutenant artillerie RDC 11/07/1942

Or Armand Marcel AUGUSTINE est né le 27 avril 1892 à Fort-de-France, enfant naturel d'une "faiseuse de bouts". On retrouve sa trace dans le recensement de 1926 à Paris. Domicilié rue Condorcet, il y exerce la profession d'ingénieur, ce qui confirme le profil (en revanche, ce n'est pas un Polytechnicien). Il meurt à Six-Fours-la-Plage (Var) le 15 juin 1970.

Il y a donc tout lieu de croire que le sous-lieutenant Augustine est bien l'officier photographié dans cet album.

Confirmation définitive de l'identification du SLT Augustine par sa fiche matricule, qui établit son passage du 46e RA au 175e RAT :

https://www.patrimoines-martinique.org/ ... 6baee343ed

C'est donc bien ce jeune officier qui figure sur les photographies de l'album mis en vente.