Les mystérieux cimetières du Sillacker
Publié : jeu. nov. 02, 2023 11:38 am
Bonjour à tous,
En travaillant sur les pertes du 133e RI au cours de l’offensive de Metzeral (de la mi-juin 1915), j’ai été confronté à bien des zones d’ombre concernant « le » cimetière du Sillackerkopf.
Je place ce singulier entre guillemets, car le Recueil Officiel des sépultures, en 1929, révèle l’existence de 3 cimetières dans ce secteur : le Cimetière A dit du Sillackerkopf, le Cimetière B dit de la prairie du Sillackerkopf, le Cimetière C dit du Sillackerwasen. Les corps enterrés dans ces trois sites, selon le contenu dudit Recueil, ont été regroupés à la Nécropole Nationale de Metzeral, au Chêne Millet. C’est là que les choses se compliquent.
1. Le registre primitif du Chêne Millet ne porte nulle trace, dans les colonnes « lieu de décès » et « lieu de l’inhumation », du Sillackerkopf ou du Sillackerwasen. Par exemple, Jean Sauvignet et Jean Marie Sicaud, du 133e RI, originellement inhumés au Sillackerkopf, sont, selon ce registres, morts à « Metzeral », et ont été inhumés au « Chêne Millet » (qui est le lieu de leur seconde inhumation, mais non de la première). Ce n’est donc pas sous ces appellations que la réponse pourra y être trouvée.
2. Le 30 mai 1935, dans L’Alsace Française, Claude Schuhl écrivait : « Dans la forêt du Sillacker que l’on traverse pour rejoindre Metzeral est le plus petit, le plus calme, le plus beau aussi des cimetières militaires. Quelques tombes seulement sous quelques sapins. » Voilà qui nous permet d’apprendre que l’un des trois cimetières précités contenait encore des tombes bien après les regroupements des années 1920-1924.
Il est probable qu’il s’agisse de celui des trois sites qui contenait jadis la tombe du capitaine Mounier, du 23e BCA, à présent inhumé à Colmar. Un article du 11 novembre 2009 fait état du regroupement des tombes de ce cimetière « dans les années 50 » : http://sitemap.dna.fr/articles/200911/1 ... 005569.php
Cette tombe et l’exhumation du corps du capitaine Mounier sont évoquées dans le « Livre De La Famille Mounier De Vérot », aux pages 18 à 22 : https://www.calameo.com/read/000103129e8c3ace67441
3. Jean Pouzoulet, du 23e BCA, a relaté ce qui suit dans son carnet (https://archives-pierresvives.herault.f ... 9c5a607ae2) à la date du 14 juin 1915 :
« Notre compagnie, la 4e, partit en corvée en direction des lignes, les uns portant une pelle, les autres une pioche ; en arrivant dans un pré, on nous aligna sur plusieurs rangs, pioches et pelles accouplées, pour creuser les tombes des futurs morts du lendemain. Cette corvée s’accomplit sans bruit, la tristesse était sur tous les visages car chacun se disait en lui-même : « Est-ce pour moi que je creuse cette fosse ? » ; un cimetière était ainsi constitué à recevoir les morts de l’attaque. »
La mention de ce « pré » fait plutôt penser à la localisation du Cimetière B, celui de la « prairie du Sillackerkopf ». C’est là qu’apparaît un autre questionnement : un « Cimetière H » a été établi à « Eichwaldle – prairie à l’Ouest », selon ce qui figure dans le Recueil des Sépultures. Etait-ce ce fameux pré ?
4. L’acte de décès d’Ernest Jean Camille Puissant, du 52e BCA, est ainsi rédigé : « Décède au bois de la Côte 830, près de Metzeral […] Tué à l’ennemi. Tombé au bas [sic] de la Côte 830. Cimetière supérieur dit B, près de l’Usine de Steinabrück, 23e de gauche à droite […] ».
Le problème est maintenant le suivant : les cimetières proches de Steinabrück étaient le « Cimetière L (Steinabrück) », le « Cimetière M (Steinabrück – Sud-est de la scierie) », le « Cimetière N (Steinabrück – Nord-ouest de l’usine) », et le « Cimetière O (Steinabrück – Nord de l’usine) ». Moralité, point de « Cimetière B » à proximité de Steinabrück. Etait-ce une erreur de retranscription ? Etait-ce le cimetière de la prairie du Sillackerkopf ?
Au final, j’aimerais connaître l’identité d’au moins un mort de ce secteur dont l’acte de décès mentionnerait le « cimetière du Sillackerkopf » ou du cimetière du « Sillackerwasen » comme lieu d’inhumation. Cela a été fait pour deux hommes précités, Jean Sauvignet et Jean Marie Sicaud, mais toutes les unités n’ont pas apporté aux actes de décès les précisions qui y ont été données par le 133e RI. Et la gageure est la suivante : bien des unités ont subi des pertes en ces lieux, à savoir les 297e RI, 357e RI, 359e RI, 23e BCA, 24e BCA, 11e RG… Les passer en revue est une tâche sans fin.
En l’occurrence, un seul mort, inhumé à Metzeral, pourrait me permettre de procéder à une recherche via les numéros de CR d’exhumation et date d’exhumation, et de commencer à constituer une liste des tombes de ce cimetière avant son démantèlement.
Merci à l’avance pour toute aide ou toute piste !
Bien cordialement,
Eric Mansuy
En travaillant sur les pertes du 133e RI au cours de l’offensive de Metzeral (de la mi-juin 1915), j’ai été confronté à bien des zones d’ombre concernant « le » cimetière du Sillackerkopf.
Je place ce singulier entre guillemets, car le Recueil Officiel des sépultures, en 1929, révèle l’existence de 3 cimetières dans ce secteur : le Cimetière A dit du Sillackerkopf, le Cimetière B dit de la prairie du Sillackerkopf, le Cimetière C dit du Sillackerwasen. Les corps enterrés dans ces trois sites, selon le contenu dudit Recueil, ont été regroupés à la Nécropole Nationale de Metzeral, au Chêne Millet. C’est là que les choses se compliquent.
1. Le registre primitif du Chêne Millet ne porte nulle trace, dans les colonnes « lieu de décès » et « lieu de l’inhumation », du Sillackerkopf ou du Sillackerwasen. Par exemple, Jean Sauvignet et Jean Marie Sicaud, du 133e RI, originellement inhumés au Sillackerkopf, sont, selon ce registres, morts à « Metzeral », et ont été inhumés au « Chêne Millet » (qui est le lieu de leur seconde inhumation, mais non de la première). Ce n’est donc pas sous ces appellations que la réponse pourra y être trouvée.
2. Le 30 mai 1935, dans L’Alsace Française, Claude Schuhl écrivait : « Dans la forêt du Sillacker que l’on traverse pour rejoindre Metzeral est le plus petit, le plus calme, le plus beau aussi des cimetières militaires. Quelques tombes seulement sous quelques sapins. » Voilà qui nous permet d’apprendre que l’un des trois cimetières précités contenait encore des tombes bien après les regroupements des années 1920-1924.
Il est probable qu’il s’agisse de celui des trois sites qui contenait jadis la tombe du capitaine Mounier, du 23e BCA, à présent inhumé à Colmar. Un article du 11 novembre 2009 fait état du regroupement des tombes de ce cimetière « dans les années 50 » : http://sitemap.dna.fr/articles/200911/1 ... 005569.php
Cette tombe et l’exhumation du corps du capitaine Mounier sont évoquées dans le « Livre De La Famille Mounier De Vérot », aux pages 18 à 22 : https://www.calameo.com/read/000103129e8c3ace67441
3. Jean Pouzoulet, du 23e BCA, a relaté ce qui suit dans son carnet (https://archives-pierresvives.herault.f ... 9c5a607ae2) à la date du 14 juin 1915 :
« Notre compagnie, la 4e, partit en corvée en direction des lignes, les uns portant une pelle, les autres une pioche ; en arrivant dans un pré, on nous aligna sur plusieurs rangs, pioches et pelles accouplées, pour creuser les tombes des futurs morts du lendemain. Cette corvée s’accomplit sans bruit, la tristesse était sur tous les visages car chacun se disait en lui-même : « Est-ce pour moi que je creuse cette fosse ? » ; un cimetière était ainsi constitué à recevoir les morts de l’attaque. »
La mention de ce « pré » fait plutôt penser à la localisation du Cimetière B, celui de la « prairie du Sillackerkopf ». C’est là qu’apparaît un autre questionnement : un « Cimetière H » a été établi à « Eichwaldle – prairie à l’Ouest », selon ce qui figure dans le Recueil des Sépultures. Etait-ce ce fameux pré ?
4. L’acte de décès d’Ernest Jean Camille Puissant, du 52e BCA, est ainsi rédigé : « Décède au bois de la Côte 830, près de Metzeral […] Tué à l’ennemi. Tombé au bas [sic] de la Côte 830. Cimetière supérieur dit B, près de l’Usine de Steinabrück, 23e de gauche à droite […] ».
Le problème est maintenant le suivant : les cimetières proches de Steinabrück étaient le « Cimetière L (Steinabrück) », le « Cimetière M (Steinabrück – Sud-est de la scierie) », le « Cimetière N (Steinabrück – Nord-ouest de l’usine) », et le « Cimetière O (Steinabrück – Nord de l’usine) ». Moralité, point de « Cimetière B » à proximité de Steinabrück. Etait-ce une erreur de retranscription ? Etait-ce le cimetière de la prairie du Sillackerkopf ?
Au final, j’aimerais connaître l’identité d’au moins un mort de ce secteur dont l’acte de décès mentionnerait le « cimetière du Sillackerkopf » ou du cimetière du « Sillackerwasen » comme lieu d’inhumation. Cela a été fait pour deux hommes précités, Jean Sauvignet et Jean Marie Sicaud, mais toutes les unités n’ont pas apporté aux actes de décès les précisions qui y ont été données par le 133e RI. Et la gageure est la suivante : bien des unités ont subi des pertes en ces lieux, à savoir les 297e RI, 357e RI, 359e RI, 23e BCA, 24e BCA, 11e RG… Les passer en revue est une tâche sans fin.
En l’occurrence, un seul mort, inhumé à Metzeral, pourrait me permettre de procéder à une recherche via les numéros de CR d’exhumation et date d’exhumation, et de commencer à constituer une liste des tombes de ce cimetière avant son démantèlement.
Merci à l’avance pour toute aide ou toute piste !
Bien cordialement,
Eric Mansuy