L'armement individuel au sein de l'A.S

[ALVF]

Bonsoir,

L'armement individuel des personnels de l'A.S a fait couler beaucoup d'encre.
Au vu d'un article de revue spécialisée, paru il y a près de 50 ans, on continue de lire que les équipages des chars français ont été armés dès l'origine du pistolet automatique Colt 45 modèle 1911.
Peut-être certains équipages ont-ils reçu tardivement cette arme vers la fin de la guerre mais ces pistolets automatiques Colt, livrés à la France à partir de 1915, ont été prioritairement affectés aux équipages de l'aviation.
Les "Tankers" des années 1916 et 1917 ont dû se contenter du pistolet automatique de construction espagnole "genre Ruby" en 7,65 mm court. Les quelques armes longues attribuées sont des mousquetons modèle 1892.
Voici quelques textes pour étayer ces affirmations.
Il faut rappeler que les premiers personnels affectés dans les unités de chars à partir d'août 1916 sont gérés et administrés par la 80e Batterie de Dépôt du 81e Régiment d'Artillerie Lourde à Tracteurs (R.A.L.T) et affectés à Marly-le-Roi, Fort du Trou d'Enfer.
Concernant l'armement de ces personnels, voici quatre textes qui résument la situation:

-1: le 22 septembre 1916, 1.620 pistolets automatiques sont envoyés sur ordre ministériel par le Parc d'Artillerie annexe de Bayonne au Parc d'Artillerie de Versailles (en abrégé "Ve") pour affectation au 81e RALT. Une telle quantité ne peut être délivrée que pour les besoins de l'A.S et la provenance de Bayonne prouve qu'il s'agit d'armes de construction espagnole réceptionnées au P.A.A de Bayonne (les armes américaines transitent exclusivement par le P.A.A de Bordeaux).

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-2: le 16 février 1917, le Centre d'Instruction de Marly demande 2.380 pistolets de 7,65 mm car il n'a reçu que 1.620 pistolets (ceux mentionnés dans le document n° 1) et ceux-ci ont été distribués aux Groupes envoyés aux Armées alors qu'il en fallait 4.000. Un envoi de 1.500 est nécessaire pour le moment. La demande est soumise à la décision du Ministre de la Guerre.

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-3: le 20 mars 1917, le "81e lourd", donc le Centre d'Instruction de Marly, demande 2.500 pistolets et des cartouches ainsi que 2.000 couteaux-poignards pour les unités de chars (appelés ici "groupes d'assaut"). Il est temps car nous sommes à trois semaines du déclenchement des offensives d'avril au Chemin des Dames et en Champagne...

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-4: le ministre a enfin tranché, par D.M du 1er avril 1917, 2.000 poignards n° 2 de Lyon (couteau-poignard type Coutrot) vont être remis aux Groupes de chars par le Parc d'Artillerie de Vincennes ("Vis") et 2.500 pistolets automatiques et 75.000 cartouches par le Parc d'Artillerie de Versailles ("Ve").

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Les chars sont prêts pour les prochaines offensives, l'armement individuel du "Tanker" est bien un pistolet automatique genre Ruby en 7,65 mm et un couteau-poignard.
Cordialement,
Guy François.
(à suivre pour quelques illustrations)

[ALVF]

Bonsoir,

En complément du sujet précédent, je joins quelques illustrations de l'armement des équipages de chars:

-1: un "Tanker" du char "Patte de Velours" de l'A.S 7 en 1917, on distingue l'étui du pistolet automatique:

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-2: le pistolet automatique espagnol Ruby en 7,65 Court:

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-3: un "Tanker" à Makri-Keui en Turquie en 1920, il porte un P.A genre Ruby et un couteau-poignard modèle 1916 (souvent appelé "Le Vengeur de 1870" du nom de l'inscription figurant sur l'un des modèles construit):

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-4: le mousqueton figure aussi dans l'équipement des équipages de chars. Ici, en Bulgarie en 1919 à Bankia (aujourd'hui Bankya), ces deux "Tankers" posent avec des mousquetons modèle 1892 M 16, chambrés en 8 mm "Lebel", version à chargeur de 5 coups (au lieu de 3 coups pour le modèle 1892 non-modifié):

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Cordialement,
Guy François.

[80 batterie]

Bonjour,

Merci pour les informations sur Marly
Didier

[Tanker]

Bonjour Guy,

Le 20 Mars 1917, la demande de pistolets, mentionnée plus haut, ne concernait déjà plus le besoin en armes des Groupes de chars opérationnels car, à cette date un Groupement de marche, composé des Groupes AS 1, AS 3, AS 4 et du 17° BCP, avait été déployé, sous le commandement du Cdt Chaubès, au profit du 1°CAC, dans le secteur de Beuvraignes.

Grpt Chaubès à Beuvraignes (01a).jpg (945.06 Kio) Consulté 363 fois

Terrain que devait conquérir la 154°DI et les 3° et 2°DIC, avec l'appui des chars.

Cet engagement, si les Allemands n'avaient pas choisi ce moment pour se replier sur la ligne Hindenburg, aurait alors été le premier engagement au combat de l'Artillerie Spéciale. Un mois donc, avant l'engagement du 16 Avril 1917.

Le Groupement Chaubès avait quitté Champlieu par train le 16 Mars 1917, pour y revenir le 20.
Les officiers des Groupes avaient eu juste le temps de reconnaître leurs itinéraires de départ, avant de recevoir l'ordre de rembarquer pour Champlieu le 19.
Cet engagement annulé n'avait finalement été qu'un test opérationnel grandeur nature.
Il est intéressant de noter que les Groupements I, II et III, qui seront définitivement établis à l'été 17, avaient chacun fourni un de leur Groupe de chars.

Concernant les armes de poing, les tableaux d'effectif des Groupes ne rentrent malheureusement pas dans le détail d'affectation des armements individuels, il est donc difficile de dire si cet armement concernait tous les personnels de l'AS, quelque soit leur fonction.
Pour les mousquetons, ce qui est certain pour la période guerre, c'est que les 2 bataillons du 262° RI, utilisés comme Infanterie d'élite de l'AS en étaient équipés.

A propos du poignard, le Capitaine Lefebvre (Commandant du Grpt Lefebvre à Laffaux, puis le Groupement Schneider n°III), proposait, dans son rapport après les combats de Laffaux de Mai 1917, de le retirer du paquetage car il ne servait à rien et donnait un impression agressive inutile. Il ne semble pas exister de rapports de combats mentionnant son emploi (alors que l'usage du pistolet et du revolver est régulièrement mentionné par les équipages).

" Couteau de tranchée - à supprimer, n'ont servi à rien et prêtent à la troupe un aspect facheux"
Voir page 12 du rapport du Cne Lefbvre, relatif aux opérations du 1° Mai au 14 Mai 1917 (SHD Carton 16N2164)

Lorsqu'un équipage, ou une partie d'équipage était capturée, les personnels étaient souvent blessés ou choqués et donc absolument pas en mesure de continuer le combat avec cette arme. L'équipage d'un char en panne ou endommagé commençait par saboter le char et mettait à terre une mitrailleuse pour participer au combat de l'infanterie ou défendre son char.(Les Schneider et Saint Chamond emportaient un trépied)

Il ne faut pas oublier que chaque char était aussi accompagné de 2 ou 3 fantassins d'élite (équipés de mousquetons) qui étaient bien plus utiles à l'équipage pour son autodéfense que les fameux poignards.

Le Général Estienne conserva le poignard dans la tenue car, pour lui, il participait (avec le béret et la veste de cuir), au développement de l'esprit de corps. Sa note AS n° 3753 du 15 Avril 1918 est très claire sur le sujet.

Bonne fin d'après-midi - Michel