L'étrange famille Sagot

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,

Au cours de mes recherches sur les infirmières de la Ire puis VIIe Armée, j'ai depuis longtemps archivé un article de presse sur lequel je reviens, tant il contient d'énigmes concernant cette infirmière mais également les autres membres de sa famille. Voici en effet ce qui figurait dans le tirage du 28 octobre 1915 du Courrier de Saône-et-Loire :
« Chronique locale. Châlon.
Une infirmière meurt héroïquement.
Il y a quelque temps, Mme Caillot-Sagot, 30 ans, infirmière volontaire, avait été citée à l'ordre de l'Armée pour le courage déployé dans une ambulance à proximité du front.
Nous apprenons que l'héroïque jeune femme vient d'être frappée mortellement par un obus, alors qu'elle se trouvait au chevet de ses blessés, en Alsace reconquise.
Mme Caillot-Sagot est la sœur de M. Sagot, employé auxiliaire au P.L.M., demeurant 11, rue de la Banque.
Cette mort glorieuse porte à quatre le nombre de ceux qui, dans cette famille, ont payé de leur vie au cours de cette terrible guerre. Non seulement le mari de Mme Caillot-Sagot fut tué à l'ennemi, mais ses deux frères, l'un gendarme et l'autre sous-officier, sont également tombés au champ d'honneur.
Il ne reste donc plus à M. Sagot qu'un frère, qui fait encore vaillamment son devoir sur le front. »

Une nouvelle recherche, effectuée hier, vient maintenant compliquer les choses.
Un article du Courrier de Saône-et-Loire, le 19 juin 1916, est ainsi rédigé :
« Famille de braves.
M. François Sagot, 11 rue aux Fèvres, employé auxiliaire à la gare de Chalon, a été avisé que son frère, Henri Sagot, lieutenant au …e d’infanterie, venait d’être tué en Alsace, à la tête de ses hommes. Son dernier cri fut : « Vive la France ! Mort aux Boches ! »
Ce jeune brave était décoré de la Croix de guerre avec trois palmes, et de la Médaille militaire, et était proposé pour la Légion d’honneur. C’était un soldat valeureux et héroïque.
La famille Sagot a été terriblement éprouvée par la guerre. Elle a perdu quatre frères, un beau-frère et une sœur, cette dernière, infirmière, tuée glorieusement en Alsace et décorée de la Croix de guerre.
M. François Sagot a été lui-même cité à l’ordre de l’armée pour son attitude pour son attitude courageuse à Pont-à-Mousson lors des bombardements de cette cité frontière. »

Nouvel article le 27 juillet 1916, toujours dans les colonnes du Courrier de Saône-et-Loire :
« Distinction.
Le 19 juin dernier, nous annoncions que M. François Sagot, demeurant rue aux Fèvres, employé auxiliaire à la gare de Chalon, avait été cité à l’ordre de l’armée pour son attitude courageuse lors des bombardements de Pont-à-Mousson. Nous apprenons aujourd’hui que M. Sagot vient d’être proposé pour une médaille d’honneur de 1re classe en récompense de son dévouement. »

Le 3 août 1916 est publié « Famille éprouvée » :
« Mme Berthe Sagot, femme Cayot, a été tuée le 22 mars 1915, à Dannemarie, en soignant des blessés sur le champ de bataille ; son mari, Cayot Auguste, maréchal des logis de gendarmerie, avait été tué en septembre 1914 à Mulhouse. Nos condoléances à la famille. »

Le 25 octobre 1916 suit, dans la rubrique « Accidents du travail » :
« M. François Sagot, 50 ans, manœuvre, demeurant rue aux Fèvres, 11, a été blessé au bas-ventre en roulant un fût. »

Reprenons :
« Caillot-Sagot » ou « Cayot Sagot » ? Une infirmière nommée Sagot, prénommée Cécile Adèle, a bel et bien existé, citée à l’ordre de l’Armée le 10 septembre 1915. Voilà qui, peu ou prou, se tiendrait. Mais née en 1873, elle n’avait donc pas « 30 ans » en octobre 1915. Elle était, qui plus est, célibataire. Enfin, elle est morte en 1962.

Un François Henri Sagot, né le 18 mai 1867 à Bessoncourt, aurait été âgé d’environ 50 ans en octobre 1916 et, fait intéressant, il était le fils de François Sagot et d’Augustine Cayot : les patronymes Sagot et Cayot sont courants à Bessoncourt, mais une Berthe Sagot, née dans la commune, a épousé un homme ne se nommant pas Cayot. Fausse piste, donc.

En ce qui concerne les proches de cette infirmière, nul Auguste Cayot qui soit gendarme n’a de fiche sur Mémoire des Hommes - sauf erreur de ma part. Une autre piste de moins.

D’où vient donc cette histoire d’infirmière tuée au front ? Autant d’erreurs auraient-elles pu être accumulées dans un seul article, repris à l’identique dans plusieurs titres de presse ? Cette infirmière, « tuée à Dannemarie », serait donc passée sous tous les radars et serait absente de tant d’archives ? Etrange, et étonnant.

Toute idée est la bienvenue, car je vois mal comment orienter cette recherche. Merci d’avance !

Bien cordialement,
Eric Mansuy

[Fdanes]

Bonsoir,

Journal_officiel_de_la_République_[...]_bpt6k63776144_7.jpg (134.05 Kio) Consulté 587 fois

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63776144/f7

Ca tourne un peu autour de François, un affabulateur ayant trouvé l'oreille d'un journaliste ?

François Sagot absent des recensements 1911 et 1921 au 11 rue aux Fevres de Chalon sur Saône

A suivre...

[markab]

Bonjour,

François Sagot - Chalon - Courrier de Saone et Loire 27 juillet 1916.jpg (72.99 Kio) Consulté 566 fois

L'article de journal sur François Sagot (employé de chemin de fer)

A bientôt.

[markab]

Bonsoir,

Journal_officiel_de_la_République_[...]_bpt6k63776144_7.jpg

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63776144/f7

Ca tourne un peu autour de François, un affabulateur ayant trouvé l'oreille d'un journaliste ?

François Sagot absent des recensements 1911 et 1921 au 11 rue aux Fevres de Chalon sur Saône

A suivre...

Bonjour

On retrouve Cécile SAGOT dans de nombreuses publications comme infirmière puis infirmière major :

25 mai 1912 - L'Echo d'Alger - récompense pour épidémies
6 aout 1934 - Le Journal - Légion d'honneur
....

c'est probablement l'origine de l'article.

A bientôt.

[markab]

Bonjour,

En complément du précédent message :

Bulletin_de_la_Société_de_[...]Société_de_bpt6k9686851d_1 (1).jpeg (362.98 Kio) Consulté 558 fois

Cécile SAGOT.jpg (203.58 Kio) Consulté 558 fois

A bientôt.

[markab]

Bonjour,

Toutes les informations "disparates" semblent venir d'un journal (Le Courrier de Saône et Loire) et d'une personne : François SAGOT.

François Sagot - Chalon - Courrier de Saone et Loire 19 juin 1916.jpg (119.5 Kio) Consulté 549 fois

A bientôt.

[markab]

Bonjour,

Un autre article du même journal sur François SAGOT en 1925 (et toujours à Chalon) :

François Sagot - Chalon - Courrier de Saone et Loire 18 juillet 1925.jpg (67.23 Kio) Consulté 546 fois

A bientôt.

[markab]

Bonjour,

Si je reprends l'hypothèse que François SAGOT est né à Bessoncourt, son épouse née COCASSE est décédée à Chalon le 10 février 1954 à Chalon.

A bientôt.

[Fdanes]

Bonsoir,

Au recensement de 1921 Marie Schenenberger est au 25 rue des prêtres et n'y est plus en 1926. Pas de trace de Sagot.

A suivre...

[thibval]

Bonjour,

François SAGOT né en 1867, avait bien une soeur, Berthe Catherine, née à Bessoncourt.

Elle épouse Jean Nicolas Joseph en 1898, possiblement en Suisse puisque les époux sont domiciliés à Porrentruy.
https://archives.territoiredebelfort.fr ... 8b44f01e3e

La trace se perd, Berthe aurait largement eu le temps de se remarier à un Chaillot/Chayot entre 1898 et 1914. Mais née en 1880, l'âge ne colle pas...

Il y a bien également une Berthe SAGOT décédée entre les mains d'une docteur CALLOT (CALLOT/CAILLOT/CAYOT on tourne autour) en 1902 mais sans lien établi non plus.
https://archives.territoiredebelfort.fr ... 8b44f01e3e

Si on y ajoute les morts au champ d'honneur introuvables, les décorations qui ne mènent à rien (qu'est ce que c'est qu'une "médaille d'honneur de 1ère classe?), je suis resté à l'idée que faute d'éléments suffisants prouvant l’existence de cette Berthe SAGOT, je ne l'incluais pas dans ma base des infirmières qui approche gentiment les 1000 noms maintenant. Mais je serais ravi de l'inclure si cette dame a vraiment existé!

Par ailleurs, j'ai bien une Mme née SAGOT dans ma base, mais elle ne semble coller en rien :
Louisa Léontine PATINEC, née SAGOT le 13/08/1891 à Challans (85), infirmière SSBM à l'HM de St Omer, décédée le 16/08/1917 à Chateau-Thébaud (44). Pas de mention MPF, décorée de la MHE bronze en 1916.
Sources : geneanet+ Revue des Etablissements de Bienfaisance de 01/16 + JO 24/3/16

Bien à vous,

Thibaut