Re: 1er novembre 1914. Capitaine Rimbault : automne rouge, hiver de boue.
Publié : dim. nov. 01, 2009 9:38 am
Bonjour,
Le 1er novembre 1914, le capitaine Rimbault et son 95ème régiment d’infanterie continuent la guerre dans le secteur de la forêt d'Apremont. De sa tranchée de première ligne, aujourd’hui 1er novembre, il profite d’une accalmie pour consigner son ressenti dans son journal de campagne :
"Automne rouge, hiver de boue: en ce jour de premier novembre, me voici sur une crête élevée, dans un trou obscur. Tout à côté de moi, un petit bois entouré de fils de fer, de boyaux, de retranchements en sacs de terre… Les dernières feuilles tombent. Exceptionnellement, ce jour là, le ciel est superbe, limpide, rayonnant. Quand je sors la tête de mon abri, j’ai une vue splendide. Les cloches des villages les plus proches sont muettes, car elles n’ont plus de demeure…
Les lointaines tintent en l’honneur de cette Toussaint triste et glorieuse… Les bois qui m’entourent ne sont plus qu’un monde de moignons informes.
Autour de moi les obus tombent, et tombent aussi les camarades, les amis, ceux auxquels l’on obéit, ceux auxquels l’on commande. Par la pensée, j’énumère tous ceux qui depuis trois mois sont morts… un par un, tels les grains d’un rosaire à la fois douloureux et glorieux. Les dizaines en sont longues, interminables. Je ne les reverrai plus ; ils font partie désormais du domaine de l’au-delà, de celui qui donne de la nostalgie aux âmes. Je ne les reverrai plus : ils sont entrés dans le pays de l’Histoire, de la Légende et de l’Épopée… !"
BB
Le 1er novembre 1914, le capitaine Rimbault et son 95ème régiment d’infanterie continuent la guerre dans le secteur de la forêt d'Apremont. De sa tranchée de première ligne, aujourd’hui 1er novembre, il profite d’une accalmie pour consigner son ressenti dans son journal de campagne :
"Automne rouge, hiver de boue: en ce jour de premier novembre, me voici sur une crête élevée, dans un trou obscur. Tout à côté de moi, un petit bois entouré de fils de fer, de boyaux, de retranchements en sacs de terre… Les dernières feuilles tombent. Exceptionnellement, ce jour là, le ciel est superbe, limpide, rayonnant. Quand je sors la tête de mon abri, j’ai une vue splendide. Les cloches des villages les plus proches sont muettes, car elles n’ont plus de demeure…
Les lointaines tintent en l’honneur de cette Toussaint triste et glorieuse… Les bois qui m’entourent ne sont plus qu’un monde de moignons informes.
Autour de moi les obus tombent, et tombent aussi les camarades, les amis, ceux auxquels l’on obéit, ceux auxquels l’on commande. Par la pensée, j’énumère tous ceux qui depuis trois mois sont morts… un par un, tels les grains d’un rosaire à la fois douloureux et glorieux. Les dizaines en sont longues, interminables. Je ne les reverrai plus ; ils font partie désormais du domaine de l’au-delà, de celui qui donne de la nostalgie aux âmes. Je ne les reverrai plus : ils sont entrés dans le pays de l’Histoire, de la Légende et de l’Épopée… !"
BB