La vie d'un canon sur le champ de bataille

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dmt4
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par dmt4 »

encore deux autres ,
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ALVF
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par ALVF »

Bonjour,

Merci pour ces précisions et ces nouvelles photographies.
Le deuxième canon semble porter le n° 135..A.BS....
Ce numéro dans la série 13500 indique une fabrication de l'année 1917 et ce canon doit porter sur le manchon la gravure 135.. A.BS 1917 si j'ai bien lu.
J'ai effectué un recensement des canons de 75 dont j'ai trouvé la trace par années de fabrication et je ferai connaître par années, entre 1896 et 1919, les créneaux de fabrication depuis le n° 6-1896 jusqu'au n° 26382-1919, il y a encore quelques approximations mais je crois que ce travail sera inédit!
Ce sera aussi l'occasion de faire le point sur le nombre exact des canons de 75 modèle 1897 en août 1914. J'en profiterai pour donner aussi des nombres exacts sur les quantités de matériels ayant fait l'objet d'explosions de tubes et sur les matériels capturés, encore un point où les chiffres les plus "farfelus" circulent.
Un sujet précédent, tournant vite au "dialogue de sourds," a fait l'objet d'un sujet ancien du Forum relatif aux matériels existant en août 1914 mais de nouveaux documents permettent de mieux cerner la (surprenante) réalité.
Cordialement,
Guy François.

PS: je répondrai aussi bientôt à la question de Mireille au sujet des batteries de tranchée et des interventions parlementaires.
ALVF
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par ALVF »

Bonsoir,

Concernant la question de Mireille relative au triste sort des batteries d'artillerie de tranchée d'Armée, je réponds brièvement:
-le 20 avril 1916, le député du Maine-et-Loire Gaston Dumesnil rédige un rapport accablant relatif aux batteries de tranchée d'Armée, "abandonnées, errantes", sans service technique ni service médical, placées sans suivi sérieux en secteur et devant tout demander au bon vouloir des unités qui les emploient.
Si certaines Divisions, notamment celles des chefs au caractère "offensif", suivent de près ces unités, les autres s'en désintéressent car le tir de l'artillerie de tranchée amène la riposte des Minenwerfer. Dans ces conditions, ces unités, déjà sous-encadrées, sont peu suivies et "on" a tendance à les oublier...
Les maux principaux de l'artillerie de tranchée tiennent surtout au désintérêt manifesté par beaucoup d'artilleurs à haut potentiel qui méprisent cette artillerie du pauvre. Dans ces conditions, les batteries sont souvent commandées par des sous-lieutenants et lieutenants de réserve qui choisissent cette arme pour assurer des responsabilités car les polytechniciens de l'active se réservent les bons postes en Artillerie de Campagne ou Lourde.
Le rapport Dumesnil aura des suites, 22 puis 40 Groupes d'artillerie de Tranchée d'Armée sont enfin créés avec services annexes (technique, santé) ce qui améliore grandement la situation, en attendant la création tardive de Régiments d'Artillerie de Tranchée le 1er avril 1918. Mais l'encadrement reste faible, le capitaine de la Chapelle commandera en 1918 un Groupement d'Artillerie de Tranchée de près de 4000 hommes avec le simple grade de capitaine de réserve!
-le député Dumesnil fait partie des parlementaires qui ont œuvré véritablement pour l'amélioration du matériel de l'Armée et la condition des combattants sans tomber dans la pitoyable démagogie de certains de ses collègues.
-il suffit de rappeler que le Député Dumesnil a été tué par un obus sur le front de l'Aisne en septembre 1918 en compagnie de son célèbre collègue des Vosges Abel Ferry dont les "Carnets" méritent d'être lus de même que ses rapports parlementaires.
Cordialement,
Guy François.
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dmt4
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par dmt4 »

merci pour ces éclaircissement .je vais essayer d'en savoir plus au sujet de ces canons , si je trouve quelque chose je viendrai compléter ce fil.

edit : ils viennent peut être du Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux ...à vérifier.
bernard berthion
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par bernard berthion »

Bonjour Mon Général,

En effet il serait intéressant de lister ces canons de 75 qui restent encore visibles et relever leur numéro afin d'essayer de connaitre leur parcours. Travail difficile par l'absence des carnets du suivi des bouches à feu....Quel dommage que tous ces documents furent détruits ou disparurent......

J'ai l'impression que l'on croise beaucoup plus de canons allemands que de canons français autour des Monuments aux Morts et/ou dans quelques musées.

Amitiés BB
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.
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mireille salvini
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par mireille salvini »

ALVF a écrit : mar. août 30, 2022 4:15 pm Bonsoir,

Concernant la question de Mireille relative au triste sort des batteries d'artillerie de tranchée d'Armée, je réponds brièvement:
-le 20 avril 1916, le député du Maine-et-Loire Gaston Dumesnil rédige un rapport accablant relatif aux batteries de tranchée d'Armée, "abandonnées, errantes", sans service technique ni service médical, placées sans suivi sérieux en secteur et devant tout demander au bon vouloir des unités qui les emploient.
Si certaines Divisions, notamment celles des chefs au caractère "offensif", suivent de près ces unités, les autres s'en désintéressent car le tir de l'artillerie de tranchée amène la riposte des Minenwerfer. Dans ces conditions, ces unités, déjà sous-encadrées, sont peu suivies et "on" a tendance à les oublier...
Les maux principaux de l'artillerie de tranchée tiennent surtout au désintérêt manifesté par beaucoup d'artilleurs à haut potentiel qui méprisent cette artillerie du pauvre. Dans ces conditions, les batteries sont souvent commandées par des sous-lieutenants et lieutenants de réserve qui choisissent cette arme pour assurer des responsabilités car les polytechniciens de l'active se réservent les bons postes en Artillerie de Campagne ou Lourde.
Le rapport Dumesnil aura des suites, 22 puis 40 Groupes d'artillerie de Tranchée d'Armée sont enfin créés avec services annexes (technique, santé) ce qui améliore grandement la situation, en attendant la création tardive de Régiments d'Artillerie de Tranchée le 1er avril 1918. Mais l'encadrement reste faible, le capitaine de la Chapelle commandera en 1918 un Groupement d'Artillerie de Tranchée de près de 4000 hommes avec le simple grade de capitaine de réserve!
-le député Dumesnil fait partie des parlementaires qui ont œuvré véritablement pour l'amélioration du matériel de l'Armée et la condition des combattants sans tomber dans la pitoyable démagogie de certains de ses collègues.
-il suffit de rappeler que le Député Dumesnil a été tué par un obus sur le front de l'Aisne en septembre 1918 en compagnie de son célèbre collègue des Vosges Abel Ferry dont les "Carnets" méritent d'être lus de même que ses rapports parlementaires.
Cordialement,
Guy François.
Bonsoir Guy,

Merci beaucoup pour ces explications éclairantes, ça donne vraiment envie d’en savoir plus sur ce sujet méconnu :jap:
Les mots " abandonnées, errantes " sont édifiants, dans quel état ces hommes devaient être, tant physiquement que moralement...

Je serai curieuse de lire ce rapport Dumesnil mais en attendant de le trouver peut-être, j’ai le livre des carnets d’Abel Ferry à lire : parce que je l’avais dans ma bibliothèque sans l’avoir jamais lu ! C'était sans doute un livre offert et le côté un peu "politique" a dû me rebuter à l’époque ( 2005..), mais maintenant je vais réparer ça ;)

20220831_210413.jpg
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Bien cordialement,
Mireille
Aucune justice n'est possible pour les morts… mais si nous ne pratiquons pas le devoir de mémoire, ils mourront une seconde fois.
(Elie Wiesel-prix Nobel de la Paix)
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Tanker
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par Tanker »

Bonsoir Mireille,

Aujourd'hui au Musée de Meaux, voilà un 75 qui s'est justement constitué un beau dépôt de douilles . . . .

220903 - Mémoire de Poilus à Meaux (26a).jpg
220903 - Mémoire de Poilus à Meaux (26a).jpg (431.32 Kio) Consulté 1190 fois

Bonne fin de Week-End - Michel
Email - [email protected]

Liens sur les sujets Artillerie Spéciale de "Pages 14-18" :
viewtopic.php?f=34&t=52768
bernard berthion
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par bernard berthion »

Bonsoir Guy,

marquages du 75 exposé au 1er RA:

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A Varennes, devant le musée 14-18, il y a aussi un 75 sur pneumatiques:

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Amitiés BB
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.
ALVF
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par ALVF »

Bonjour Bernard,

Merci pour ces deux photographies.
Le canon de 1917 est situé en plein dans la séquence de numéros de manchons attribués en 1917, celui de 1918 est manifestement du tout début 1918, peut-être même de janvier.
Je ferai une synthèse de toutes mes notes sur les numéros de manchons dès que possible.
Cette synthèse sera très précise pour les années 1915 à 1919 inclus pour lesquelles je dispose de plusieurs dizaines d'immatriculations, parfois pour un Corps d'Armée entier à 120 pièces! Pour les périodes précédentes, il y a des années où l'abondance des données permet des quasi certitudes, notamment 1897 et 1899.
Par contre, il y a aussi des années "creuses" où le faible nombre de données mais aussi le petit nombre de canons fabriqués rendent les statistiques moins fiables.
Nous en reparlerons.
Les seules véritables inscriptions fiables sont celles des manchons, fabriqués en grande majorité à l'A.BS de Bourges et en plus petit nombre à l'A.TS de Tarbes.En effet, les immatriculations des tubes et des affûts concernent de multiples fabricants tandis que celles des freins sont renouvelées chaque année à l'A.PX de Puteaux.
En résumé, l'étude est vaste puisque les numéros de manchons, tous millésimés, s'étendent, dans mes connaissances actuelles, du N° 6 à N° 26394 ! Les numéros des années 1920 sont supérieurs mais je les laisse de côté car il y a des matériels très variés utilisant le manchon du 75 de campagne mais dotés de tubes longs (DCA) ou courts (canons de tourelles de la ligne Maginot) et la question devient encore plus complexe.
J'ai déjà de quoi faire jusqu'en 1919 avec le 75 modèle 1897 sur affût de campagne, sur affût de casemate, sur affût de bord de la Marine, sur affût de DCA et à tube raccourci sur affût de tourelle!
Cordialement,
Guy François.
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chevalier
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par chevalier »

Bonjour mon Général, bonjour à tous,
comme beaucoup de membres de ce forum je suis avec énormément de plaisir vos interventions précises et très pédagogiques. Merci pour ce partage.
J'aimerai savoir l'utilité des deux petits rectangles, en cuivre semble-t-il, situés en dessous des inscriptions.
Je vous remercie par avance.
Cordialement.
Serge, recherche photos et documents sur 115 RI, 166 RI et 66 RI.
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