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La décision de créer le Camp AS de Marly-le-Roi est prise le 11 Juillet 1916, par le Gouverneur Militaire de Paris, après entente avec le Ministre de l'agriculture, propriétaire des terrains.
Ce terrain, en partie occupé par le Fort du Trou d'Enfer (construit de 1878 à 1881) et par la ferme du Trou d'enfer, comprenait aussi des bois et les tirés de la chasse présidentielle, chasse héritée du Grand parc de Versailles de Louis XIV


Après les essais au polygone de Vincennes(février à Juin 1916), du chassis prototype, construit par la Section Technique Automobile, un lieu plus propice à la conservation du secret fut recherché et, avec son périmétre ceint de murs, l'ancienne chasse de Louis XIV, de la forêt de Marly, qui se prétait mieux aux souhaits du Service Automobile du Général Mourret.

Voir, pour la genèse de cette chasse :
"Le Grand-Parc de Versailles et son Domaine de Chasse au XVIIème Siècle, son mur d'enceinte et ses Portes Royales"
http://laurentour78.canalblog.com

Les deux photos qui se suivent, du Schneider M1 n° 61001, montrent bien qu'il progressait ici, dans les tirés non boisés, d'accès autorisé aux chars. C'est d'alleurs aussi ce que montrent 1° film tourné par la SPCA sur ce
premier char SchneiderCA1.


Voir aussi :
viewtopic.php?f=34&t=76500

Au delà de la mise au point des chars, le Service Automobile, souhaitait faire de ce lieu :
- le centre de concentration des personnels affectés dans les chars,
- Une école de formation de base (conduite des chars, mécaniques . . . . )

Si le choix était judicieux pour un centre de développement secret, l'infra n'était pas du tout adoptée au regroupement et au logement de plusieurs milliers d'hommes.
Au 15 Février 1917, le centre comprenait 310 Officiers, 423 Sous-Officiers et 2137 Hommes du Rang et, à cette date, 236 Officiers, 310 Sous-Officiers et 1219 Hommes du Rang étaient déjà passés au Trou d'Enfer, puis à Cercottes (pour un bon nombre) et enfin à Champlieu.
Certains, non retenus par l'AS, étaient renvoyés dans leurs unités et bon nombre des mécaniciens et techniciens des futurs SRR, étaient envoyés en stage dans les usines produisants le Schneider et le Saint Chamond.

Le 25 Juillet 1916, le Gouverneur militaire de Paris rendait-compte des capacités de logement des Fortd du Trou d'Enfer (672); de Noisy-le-Roi (264) et des Arches (128), capacités qui sont, comme le montre la note qui suit, bien loin des besoins des effectifs qui vont transiter à Marly jusqu'en Octobre 1917.



Le site du Trou d'Enfer n'était pas du tout adapté, et les infras du Fort du Trou d'Enfer, de la Batterie des Arches (dans Marly) et de la Batterie de Noisy, ne permettaient pas de loger tout le monde.
Une partie des officiers étaient logés à Versailles; d'autres (Officiers et sous-officiers) se débrouillaient pour loger chez l'habitant, voir à Paris, pour ceux qui en étaient originaires . . . . .
Avec un début des activités d'instruction à 7 heures du matin, les horaires de trains pour Bailly n'étaient, pour le moins, pas adaptés !
Les effets de paquetage, spécifiques au chars et l'obligation pour les officiers de prendre leur déjeuner au Fort du Trou d'enfer, font aussi partie des points qui n'avaient pas été, administrativement, pris en compte.



Dès le mois de février 1917, la suppression de Marly et de son transfert à Cercottes est envisagée et l'action du Général Mourret retardera de 10 mois cette suppression.
Du fait de la double casquette du service Automobile :
- Développement du char avec les industriels
- Formation automobile pour tous les personnels de l'armée)
les zones de frictions avec le Général Estienne seront nombreuses jusqu'à ce que les responsablités de chacun soient bien établies entre le GQG et le Ministre de l'Arrmement..
De part son expérience d'avant guerre, avec la création de l'aviation militaire à Vincennes, le Général Estienne entendait bien avoir une connaissance précise des actions à mener sur ces programmes chars.

La série de notes qui suivent, touchent à la mission de Marly, ses rapports avec Cercottes et Champlieu et à la mise en cause, dès Janvier 1917,de son existence.

A Marly, est donc créée la 80° Batterie Dépôt du 81° RALT qui se charge de recevoir, enregistrer, loger tous les nouveaux venus et, de commencer l'instruction individuelle.des personnels.
Rapidement, la partie instruction sera regroupée dans une 82° Batterie, pendant qu'à Cercottes était créée la 81° Batterie, pour les unités d'AS en cours de formation et sur le point d'obtenir leur totale autonomie, juste avant de rejoindre la Zone des Armées.

La réalisation des effectifs nécessaires à la constitution d'une unité de chars étaient donc le moteur de l'activité de Marly.
Dès que les 148 hommes (pour une unité de Schneider) ou les 178 (pour une unité de Saint Chamond) étaient réunis et dotés d'un commandant de Groupe, la nouvelle unité était envoyée à Cercottes, par le train, avec simplement son paquetage, libérant ainsi de la place pour les unités suivantes.

Comme le montre la note qui suit, l'efficacité réelle de la formation dispensée, n'était semble-t-il pas la priorité.
La faiblesse du nombre d'heure de pilotage de ses Sous-lieutenant (et Sous-officiers) qui allaient être le pilote principal de leur char est parlante. Qu'en était-il des brigadiers et mécaniciens de bord de cette unité, qui devaient aussi suivre cette formation ?



Dans une lettre adressée, le 28 Mars 1917, au Ministre de la guerre, le Député Pugliesi-Conti, après une visite officielle au Camp de Marly, s'interrogeait sur plusieurs problèmes liés aux logements des officiers, aux horaires de travail, aux nombre d'heures de cours (en particulier de conduite) effectivement réalisées.

Dans la réponse, adressée à "Monsieur le Député et Cher Collègue", réponse faite probablement pas Jules Louis Breton (député et alors Secrétaire d'Etat aux inventions ) ou par Joseph de Gouyon de Coipel (aussi député et Lieutenant à l'Artillerie Spéciale, en charge à Marly de l'instruction conduite)

" Il y avait au centre, au milieu de Mars 17, 111 Officiers, 254 Sous-Officiers, . . . . / . . . . . soit au total 365 élèves conducteurs pour une moyenne de 8 à 10 chars d'instruction disponibles. (Schneider auto-école, Schneider M1, Saint Chamond M1 et aussi probablement Baby Holt 45 cv) Je reconnais bien volontiers que ce nombre d'outils d'instruction est tout à fait insuffisant, mais il n'était imputable qu'aux retards de construction . .

C'est avant tout, les délais non tenus dans la mise au point et la livraison des différents types de chars, les problèmes de pannes et de manque de pièces de rechange qui sont la cause de tous ces retards.
Dès Septembre 1916, alors qu'aucun des deux premiers types de char n'avaient encore été livrés, le Général Estienne avait bien compris que la formation serait le point clef de la réussite de ce projet.


Le Groupe AS 39 qui quittera le Trou d'Enfer pour Cercottes le 17 Juillet 1917 founit un bon exemple, sur les retards qui accompagneront tous ces blocages.
Le Mdl Jérémie Tronel-Peyroz, chef de char à la 1e Batterie, est affecté le 16 Septembre 1916, soit 10 mois de présence au Trou d'Enfer
Le Cne Jacques Coppinger, Cdt du Groupe AS 39, est affecté le 5 Février 1917, soit 5 mois et demi de présence au Trou d'Enfer
Lt S:/Lt Louis Radius, chef de char à la 3e Batterie, est affecté le 26 Avril 1917, soit 3 mois et demi de présence au Trou d'Enfer
Le Lt Fernand Le Bailly, Cdt de la 1e Batterie, est affecté le1 Juillet 1917, soit 15 jours de présence au Trou d'Enfer

Pour ce Groupe de char Saint Chamond, le séjour à Cercottes sera aussi conséquent (6 mois), car ce n'est que le 12 Janvier 1918 qu'il arrivera à Champlieu.

Quand le Groupe AS 39 arrive Champlieu, en Juillet 1917, les 17 Groupes Schneider sont en place depuis la mi-Avril et 10 de ces Groupes ont été engagés au combat.
A contrario, si 9 des 12 Groupes Saint Chamond sont arrivés à Champlieu, un seul, composé de deux Batteries de l'AS 31 et deux Batteries de l'AS 32 aura été engagé au Combat. Le groupe AS 31 était arrivé à Champlieu, le 23 Février 1917, avec seulement 8 chars . . . . .

Bon nombre des cadres et soldat affectés, fin 1916 / début 1917, avaient souvent derrière eux de nombreux mois de guerre et, cette parenthèse dans la guerre non planifiée, étant probablement bien vue . . . .


Si, pour certains, les heures passées à piloter les chars n'étaient pas optimum, les photos prisent de ces chars (qu'il s'agisse de photos militaires ou privées) sont, pour une grande majorité, prises sur le terrain d'exercice et, un arbre repère y est souvent photographié.

Les infras techniques, installées près du Fort pour l'Artillerie Spéciale sont, le plus souvent identifiées grâce à d'autres photos de chars.
C'est le cas des baraques en bois, montées pour les salles de cours, les ateliers et hangars à chars, ainsi que pour le hangar d'avion en toile de type Bessonneau.