Capitaine Jamin au 294e R.I.
Publié : mar. janv. 11, 2022 5:48 pm
- Quelqu'un aurait-il des informations sur le Capitaine Jamin, du 294e R.I.?
Je vous indique ci-dessous ce que j'ai déjà trouvé.
Sur l’organigramme du J.M.O. du 294e R.I., au 9 août 1914, l’officier Jamin est sous-lieutenant dans la 22e Compagnie, au 6e Bataillon. Il apparaît comme « J.A.A. Jamin (R) » dans un message d’armand qui reprend cet organigramme en le complétant. Jamin aurait donc été réserviste. Est-ce qu'armand pourrait m'indiquer où il a trouvé ce renseignement ?
Au J.M.O. du 5 octobre 1914, il est noté que le Lieutenant Jamin a été blessé à Beuvraignes, le même jour où disparaît le Capitaine Georges Salembier. Leurs deux noms sont inscrits dans la marge…
Le jeune Laby, médecin auxiliaire au 6e Bataillon, fait plusieurs fois mention du capitaine Jamin dans ses Carnets :
Vendredi 8 octobre 1915 (près de Souain, Marne)
Le lieutenant Chavel quitte le capitaine Jamin avec une blessure insignifiante. Tout à coup, il tombe et fait un signe de la main ; on croit que c’est un signe amical d’adieu. Mais quand on repasse, il est mort, la carotide tranchée par un éclat.
Pertes énormes. Nous faisons des pansements sans arrêt, de 16 heures à 1 heure du matin, sous un bombardement terrible. On est absolument fous. On perd huit cents hommes environ et tous les officiers des compagnies sauf quatre (capitaine Anirépock, Jamin, mes amis les lieutenants Fenaux et Faivre). Il n’y en a plus un seul au 5e bataillon.
Lundi 15 novembre 1915 (repos à Sarry, Marne)
Froid intense. Baraquements en planches dans les bois, au kilomètre 3 ½. Popote avec le capitaine Jamin et le lieutenant Noir (arrivé de l’artillerie, sur sa demande, il y a cinq jours. Il est prêtre).
Vendredi 19 mai 1916 (à 900 m de Douaumont)
L’imbécile de capitaine Jamin veut renvoyer deux brancardiers chercher un macchabée, sous les balles qui pleuvent. Comme je rouspète, disant que ça ne vaut pas la peine de faire tuer deux hommes, il me dit : « Ce poilu n’a pas hésité à se faire tuer pour nous ; il a droit à ce que nous en faisions autant pour lui. » Je réponds à ce raisonnement de femme saoule en disant que puisqu’il en est ainsi c’est moi qui irai avec un brancardier. Le commandant intervient et empêche cette expédition inutile.
Après cet épisode, Laby ne porte plus le capitaine Jamin dans son cœur !
Mardi 23 mai 1916
Vers minuit, on vient me chercher pour voir le commandant de Nervo qui vient de devenir fou, brusquement. Pour le mettre sur un brancard et l’évacuer, c’est toute une affaire ; il ne me reconnaît pas ; Jamin est parti en liaison à côté et le commandant me demande qui je suis. Il cherche son revolver. Je le prends avant lui et suis presque obligé de me battre avec lui. Et c’est un rude gaillard ! Les brancardiers me viennent en aide et on le lie sur son brancard : le capitaine Jamin ne rate pas l’occasion d’une petite scène grotesque dont il a le secret : il l’embrasse en lui disant que c’est « pour la France, pour la Patrie, pour Dieu ».
Vendredi 28 septembre 1916 (Marne)
25 kilomètres à pattes : Nanteuil-la-Fosse —Fleury-la-Rivière. Il y a des traînards : le capitaine Jamin fait l’imbécile, comme d’habitude. Nous le laissons glisser en douce, Touille et moi. Arrive à 9 heures à Villers-sous-Châtillon.
Vendredi 25 mai 1917 (Chemin des Dames)
Une compagnie entière, la 21e, serait prisonnière — et deux du 4e bataillon — sans compter toutes les sections des autres compagnies. Le capitaine Jamin, l’adjudant Colas et mon infirmier, Le Bec, seraient prisonniers.
[…] 16h… Les blessés affluent. Il paraît que la 21e compagnie est tout entière prisonnière (avec les lieutenants Roger, Louis, Pernod), la moitié de la 22e, une section de la 23e, le capitaine Lemeilleur et un peloton de la CM6 avec le capitaine Richez et les mitrailleuses. On a été surpris et tournés [contournés]. Au 4e bataillon, il ne resterait en tout qu’une quarantaine d’hommes. Tous nos brancardiers sont prisonniers.
Si seulement on était relevés !
Vendredi 28 septembre 1917 (Vosges)
Je monte à mon petit poste avancé, à 1 kilomètre de là, à la Rotonde. Je descendrai tous les jours déjeuner chez le commandant Thiébault et le capitaine adjoint de Laffont, qui remplace le Jamin pendant son voyage à Baden-Baden — et est autrement chic que lui. Le soir, on m’apportera ma gamelle ici.
Note : Le voyage à Baden-Baden désigne de façon humoristique le séjour des prisonniers en Allemagne.