Bonjour Jean-Claude,
Bonjour Annie,
Bonjour à tous,
Avant de commencer :
Le 42e régiment d'infanterie (=42e RI), avec le 23e et le 128e RI appartiennent à la 41e division d'infanterie (= 41e DI). La 41e DI passe sous le commandement du 16e Corps d'Armée (= 16e CA) le 15 mai 1918 associée avec la 129e DI dans mes souvenirs.
Je me permets ces précisions, car je vais utiliser des abréviations à foison et je ne sais pas si vous les connaissez toutes. Ce sera ainsi plus clair... j'espère.
Après quelques recherches, voici quelques pistes qui vous aideront à y voir plus clair. Je me suis basé uniquement sur les JMO des unités citées.
- Parcours du lieutenant Thouvenot avant mai 1918 :
Mai 1917 : un état des officiers du 42e RI est dressé dans le JMO. Pas de Thouvenot.
Pas d'autre ordre de bataille du régiment dressé avant décembre 1917, c'est écrit noir sur blanc dans celui de décembre 1917.
16 décembre 1917 : sous-lieutenant Thouvenot à la 6e compagnie du 42e RI.
29 décembre 1917 : le sous-lieutenant Thouvenot, commandant le Section de discipline est affecté au CID [Centre d'Instruction Divisionnaire] à la 8e compagnie, mais est noté ensuite à la Section Disciplinaire 41.
Il est donc affecté au 9e bataillon du 42e RI, à la 8e compagnie. Il dirige la section disciplinaire (qui semble être la section disciplinaire de la 41e DI à laquelle appartient le 42e RI, j'espère que vous suivez

).
16 février 1918 : nommé lieutenant à titre définitif (il n'est plus sous-lieutenant ; il n'est pas non plus lieutenant à Titre Temporaire comme d'autres).
20 avril 1918 : "Réserve de commandement : En vue de constituer une réserve de commandement, les officiers ci-après passent au CID [Centre d'Instruction Divisionnaire] à la date du 22 avril : lieutenant Viennot, Delize, Delespine, Thomé, Purcey, Bedel". Pas de Thouvenot dans cette liste. Il n'est logiquement pas cité puisque déjà à la CID.
Mai 1918 : La division se rend en Belgique.
Les combats sont marqués par une utilisation intensive des obus asphyxiants à la fois sur le front mais aussi sur les arrières.
Le JMO du Détachement d'Armée Nord (ou DAN) donne une indication intéressante sur le sujet (mais il suffit de lire les JMO des régiments, de la division pour constater l'ampleur des pertes à cause des gaz) :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
"
Dans une autre notre aux 14e et 16e CA, le général commandant le DAN prescrit d'agir avec la dernière rigueur contre ceux - officiers ou troupe - qui n'observent pas les ordres donnés contre les gaz. Les pertes de la 41e DI (149 intoxiqués) et de la 14e DI (49 intoxiqués) proviennent de la négligence ou de défaut de surveillance. Elles engagent gravement la responsabilité du commandement".
- Les circonstances de son intoxication :
Le 20 mai, le 42e RI participe à une attaque qui remporte un certain succès. Cependant, les bombardements allemands restent intensifs sur le front comme sur l'arrière, toujours avec de nombreux obus à gaz. Sur les circonstances, il sera difficile d'en dire plus que sa citation :
Commandant la section de discipline de la D.I. [division d'infanterie, ici la 41e] chargé du ravitaillement en munitions dans un secteur est à [atteint qu' ?] en Belgique, a donné le plus bel exemple en prenant lui-même dans la nuit du 20 aux 21 mai 1918 le commandement de la corvée la plus exposée qu'il a conduite en première ligne malgré le bombardement. Est rentré intoxiqué par les gaz et est morts de ses blessures. A été cité "
Tout colle. Sauf Zuidschoote comme k'a fait remarquer Annie. Car ce n'est vraiment pas là qu'il a pu être blessé, le 42e RI, et plus généralement la 41e DI ne s'y trouvant pas.
Carte du secteur de la 41e DI (vers le 16 mai 1918) page 132.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html

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Pour finir, car ce n'est pas fini,
- La question du lieu de son décès et des circonstances :
Pour les circonstances (suite d'une intoxication par gaz) et pour le lieu, je vous renvoi vers la partie "Santé" du forum où vous aurez plus de chance de trouver des informations fiables. Cependant, je vais débroussailler le terrain. Son décès à Zuydcoote en France n'est pas une erreur ; elle tient à l'organisation du système d'évacuation des blessés et intoxiqués. Pour faire simple et sans garantie (les pro du sujet pourront me corriger, faut pas hésiter !), au niveau du front, on trouve des postes de secours qui dirigent vers des zones de tri qui évacuent vers les hôpitaux. Certains vont aller vers des hôpitaux de l'arrière car leur guérison va nécessité du temps. D'autres; moins touchés en apparence, iront dans un hôpital de la zone des armées d'où ils retourneront directement au front, sans passage par la case convalescence.
J'ai trouvé un autre document dans le JMO de la 41e DI. Je résume :
28 mai 1918, lieutenant Thouvenot, 42e RI, blessé, indisponibilité : 1 mois. Intoxiqué, la mention blessé sous-entend qu'il était aussi touché. Il fut probablement évacué vers l'ambulance de
Terdeghem (en France).
Terdeghem est une piste sérieuse (mais pas de certitude sur le fait que la personne sur qui vous faites des recherches soit passée par là ; par contre, pour demander le dossier médical, ce peut-être une précision utile).
JMO de la Direction du service de santé du 16e CA : l'objectif est de trouver des pistes sur le parcours des blessés et intoxiqués du 16e Corps d'Amée auquel appartient la 41e DI. Page 24 :
"
13 mai 1918 : Par suite du peu de disponibilité des HOE d'Arueke et de Bourbourg, le feu des évacuations pour le CA est modifié de la façon suivante : tous les malades et blessés des 31e et 129e DI sont amenés à l'ambulance de Terdeghem qui assure le triage, le traitement des intransportables et des récupérables à très court terme des deux DI et le traitement des gazés des 36e et 16e CA."
Sachant que la 41e DI intègre le 16e CA le 15 mai 1918.
Vu son état, il fut décidé de l'envoyer vers l'hôpital temporaire 34 bis de Zuydcoote. Où il est décédé. Annie vous a dit le reste.
- Pourquoi est-il toujours noté dans l'ordre de bataille du 42e RI le 1er juin alors qu'il est déjà décédé ?
Je pense qu'il ne faut pas voir autre chose que l'absence de l'information de son décès. Son cas ne devait pas présenter de gravité apparente. Mais les nouveaux gaz de la fin de la guerre avaient des effets autrement plus dévastateurs que ceux de 1915 (cf le forum, rubrique "Santé"). De ce fait, étant évacué sur un hôpital de la zone des Armée, il était considéré comme devant revenir prochainement (1 mois est noté dans le JMO de la 41e DI). Il ne fut donc pas rayé de la liste des officier appartenant au 42e RI, bien qu'à l'hôpital. D'où la mention "maintenu dans le corps", corps indiquant en fait l'unité.
Il n'apparait pas dans les pertes du 49e RI car il appartenait à une unité dépendant de la division, tout en restant affecté au régiment. Surtout, tout 9e bataillon aurait dû avoir son JMO. Il n'y en a pas hélas pour celui du 42e RI.
Voilà Jean-Claude. Il y a encore du travail. Vous devez éplucher le JMO du 42e RI après mai 1917 pour trouver à quel moment le lieutenant Thouvenot a intégré le régiment et d'où il venait. Et puis j'ai pu rater des informations car j'ai lu en diagonale. Par chance, le JMO du 42e RI est très bien construit, avec des catégories qui disent où lire (affectation, mutation...).
Bonnes recherches,
Bien cordialement,
Arnaud