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Pax et labor 51
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Message par Pax et labor 51 »

Nous avons pu nous procurer son acte de décès aux archives départementales d'Angoulême :
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Octave Acte de décès 1.jpg
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Pax et labor 51
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Message par Pax et labor 51 »

Sur MemorialGenWeb vous pouvez consulter la fiche d'Octave Noir de Chazournes à la page du monument aux morts de Champagne-Mouton (Charente). Les informations ont été puisées dans les sources suivantes : SGA-MdH - 23/10/2009 Daniel GHEERAERT - 12/04/2013 Jean-luc GAUTHIER -14/05/2019 Elisabeth DE MONTMARIN, Base Leonore - Geneanet - État civil d'Angoulême (N 1882, acte n°333) - Fiche matricule - Annuaire des châteaux - JO 20/03/1915, 27/04/1916, 20/07/1917 - Les séminaristes de Saint-Sulpice morts au champ d’honneur - page 491

Le capitaine s'appelait-il Noir ou Noir de Chazournes ? La réponse est compliquée. Voici ce qu'en dit un généalogiste de la famille, qui s'est aidé des recherches effectuées par son beau-père, Xavier Noir de Chazournes, le frère jumeau d'Octave :

Source : Jean ALLAIN, Restons toujours unis, mes frères…, Contribution à l’histoire de la famille NOIR DE CHAZOURNES, Champagne-Mouton, 18 novembre 1989[


BOISSON ET NOIR DE CHAZOURNES


En 1879, le R.P. Régis ARCIS DE CHAZOURNES restait le seul porteur masculin du nom : en outre, ses beaux-frères étaient, eux aussi, décédés de sorte que le nom ne pourrait éventuellement être relevé que par un de ses neveux. A posteriori, on peut se demander si cette éventualité avait déjà été envisagée ou non. Si on voulait éviter des démarches complexes et aux résultats aléatoires (La 3è République en ses débuts était hostile au maintien des noms à particule) il était indispensable que le titulaire du nom le transmette en quelque sorte comme un héritage. C’est ce que crut faire le père jésuite.

En premier lieu à quel neveu ? Le droit ancien devenu simple tradition, et même une certaine logique voulait qu’on réserve ce genre d’avantage à l’aîné des héritiers donc à un BOISSON. Mais « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » et c’est Octave NOIR que retint le donateur. Un membre de la famille, presque contemporain de l’événement soutient que NOIR paraissait bien court en face de DUMAS DE CHAMPVALLIER. En réalité, je pense comme mon beau-père qu’Octave NOIR était le préféré de la famille.
Comment opéra le R. P. DE CHAZOURNES ? Lors du mariage de son neveu favori, le 2 octobre 1879 en l’église des Carmes à Clermont-Ferrand, le R.P. DE CHAZOURNES déclara :
« Vous êtes, mon bien cher enfant, le rejeton d’une de ces souches antiques. Des siècles d’honneur – on me permettra bien, à moi le dernier de ma race, de lui rendre ce suprême hommage – des siècles ont éprouvé son invariable fidélité à tout ce qui est vrai, juste et loyal. Elle a maintenu intacte, tantôt dans la magistrature et tantôt dans l’armée, cette vieille devise où se résume toute son histoire « DEUS ET UNA DECUS » « Dieu et l’honneur tout ensemble ». Ah, qu’il jouirait, celui qui le dernier fut le chef vénéré de votre famille, s’il pouvait être le témoin de l’estime qui entoure son petit-fils et des espérances qu’il fait concevoir. Il nous approuverait de vous donner son nom à faire revivre et de vous avoir choisi pour, comme dit le poète, « de David éteint rallumer le flambeau ». Il jouirait comme jouit votre pieuse mère1, si modeste dans la prospérité, si héroïque dans les mauvais jours, qui n’a jamais ambitionné de ses peines et de ses travaux d’autre prix ici-bas que de vous voir devenu ce que vous êtes. Il jouirait, comme jouit cette autre mère 2 dont Dieu jusqu’à cette heure a prolongé les années, afin sans doute qu’elle goûtât cette consolation en retour de toutes celles que nous lui devons. Tendre et vigilante gardienne de notre enfance, vraiment mère pour chacun de nous, elle le fut aussi pour vous et sa présence ici est un gage de plus des bénédictions qui vous attendent. »
Le Père de CHAZOURNES crut avoir ainsi accompli sa mission. Pour lui, comme pour sa sœur Julie-Aimée, comme aussi pour la veuve d’Hector DE CHAZOURNES, il appartenait à Octave NOIR et à lui seul de relever le nom ARCIS DE CHAZOURNES. Mais Sophie de CHAZOURNES Vve BOISSON (c’est ainsi qu’elle signe) aidée et (dit-on) excitée par sa sœur Théodosie fut très vexée et partit aussitôt en guerre. Il en existe plusieurs traces : lettre au « Progrès » de Lyon pour exiger une rectification du compte-rendu de mariage, exploit d’huissier à Octave NOIR en 1894 pour avoir laissé inscrire ses enfants en pension sous le nom de NOIR DE CHAZOURNES etc. Il est certain que le discours ci-dessus ne pouvait constituer une base légale suffisante pour réaliser le changement de nom envisagé. Par contre, il suffisait pour empêcher les BOISSON de se l’approprier. Aussi les choses restèrent-elles en l’état pendant quarante ans…
Il faut cependant noter que, des enfants d’Octave NOIR, deux furent déclarés à l’État-civil sous le nom de NOIR, tandis que les deux jumeaux le furent sous le nom de NOIR DE CHAZOURNES, peut-être parce qu’ils naquirent chez leur grand-père maternel, lequel en l’absence du père fit la déclaration réglementaire. Les intéressés s’aperçurent de l’anomalie en 1903, lors de leur inscription aux concours des grandes Écoles : ils firent alors rectifier leur nom de façon à ne plus s’appeler que NOIR. Ajoutons que les NOIR militaient alors au « Sillon » mouvement et journal démocrates-chrétiens tant soit peu anti-aristocratiques.
Survint la guerre 1914-1918 au cours de laquelle de nombreuses familles perdirent tous leurs représentants masculins. Le Gouvernement prit alors des dispositions assurant la relève des noms menacés de disparition. Les NOIR, comme les BOISSON avaient été cruellement éprouvés : les premiers avaient perdu deux fils Léon, polytechnicien et capitaine d’active, et Octave polytechnicien et prêtre ; quant aux BOISSON, plus nombreux, ils avaient perdu quatre enfants, Jean prêtre et sous-lieutenant, Joseph sous-lieutenant, Marcel et René. Les BOISSON, les premiers, firent usage des nouvelles possibilités et devinrent les BOISSON DE CHAZOURNES sans que les NOIR s’y opposent (Décret en Conseil d’État du 29 septembre 1921). Octave NOIR, s’appuyant sur la mort au Champ d’Honneur de deux de ses fils et sur l’engagement volontaire du troisième, présenta une demande analogue en 1922. Les BOISSON cette fois ne firent pas d’objection et un décret en Conseil d’État de 1924 entérina le nom NOIR DE CHAZOURNES. En 1926, un jugement du Tribunal d’Angoulême ordonna la rectification des actes de naissance de Xavier (qui retrouva ainsi sa forme initiale) et de ses enfants ainsi que de ceux des enfants de Léon (Jacques et Jean).
Une dernière question : pourquoi NOIR DE CHAZOURNES plutôt qu’ARCIS DE CHAZOURNES qu’il s’agissait de relever ? Peut-être pour suivre une tradition… Peut-être aussi pour ne pas renier son propre nom… Déjà au XVIIIe siècle, DU FEVRE DE CHAZOURNES était devenu ARCIS DE CHAZOURNES. Le faire-part de mariage d’Octave NOIR porte : Madame DE CHAZOURNES pour désigner Adélaïde Guérin, Madame NOIR DE CHAZOURNES pour désigner Julie-Aimée ARCIS de CHAZOURNES, mère du marié. L’intitulé du discours de mariage cité plus haut porte M. Octave NOIR DE CHAZOURNES, lieutenant d’Artillerie. Enfin, les actes de naissance enregistrés à Angoulême étaient eux aussi établis sous le nom NOIR DE CHAZOURNES. Notre famille était donc connue sous son nom actuel bien avant le discours du R.P. Régis DE CHAZOURNES.

Notes
1- votre pieuse mère : Julie-Aimée (1826-1885), épouse de Jean-Jacques NOIR (1809-1873) et sœur du R.P. Régis ARCIS DE CHAZOURNES (1832-1883)

2- cette autre mère : Elisa-Adélaïde Guérin, qu’Hector ARCIS DE CHAZOURNES a épousée en secondes noces après la mort de sa première femme, Sophie DE PLACE (morte en 1832). Adélaïde a servi de mère aux onze enfants du premier lit, donc à Julie-Aimée et Régis.
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Pax et labor 51
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Message par Pax et labor 51 »

Photo d'Octave Noir en 1913.
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Message par Pax et labor 51 »

Photo d'Octave Noir en uniforme du 46ème R.A. prise fin octobre 1915 à Chepy , près de Châlons-sur-Marne (aujourd'hui Châlons-en-Champagne).
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Octave Chepy.jpeg
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girodacle
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Message par girodacle »

Bonjour,
je reviens sur une recherche qui a lieu il y a 14 ans par une équipe de passionnés de la Grande Guerre, doublés d'adeptes de l'informatique.
L'Inconnu de Saulcy a été identifié à l'issue de 6 ans de recherches et ce fut une aventure passionnante.
A partir de bien peu...
Voici le lien pour se remémorer cette histoire. Comme quoi, tout (ou presque) est possible.

http://lc-ed.org/

Cordialement
Alain
Alain
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Pax et labor 51
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Message par Pax et labor 51 »

Cette enquête sur Edmond Durand est passionnante et pleine de rebondissements ! C'est très émouvant.

Elle n'a pu aboutir que grâce à la contribution de plusieurs chercheurs, de même que nous n'avons pu retrouver les restes d'Octave Noir que grâce à la synergie de nombreux passionnés et à leur travail minutieux et patient. L'internet est formidable quand il permet de telles collaborations, il s'avère une véritable boîte à trésors...

C'est aussi notre mémoire collective. Rendre un nom et parfois un visage à tous ces disparus, c'est les faire vivre encore dans notre souvenir, et leur rendre hommage à notre humble manière.

Merci à tous !
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Pax et labor 51
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Message par Pax et labor 51 »

La tombe 1927 à Maurepas

Rappelons que M-a-c a déterminé que seuls deux capitaines du 294e R.I. pouvaient être enterrés sous la croix n°1927 de la nécropole militaire de Maurepas : Georges Salembier, tombé à Beuvraignes le 5 octobre 1914, ou Octave Noir, tombé à Morval le 7 octobre 1916. Le retour du Service des Sépultures a révélé que leur bas registre faisait état d'une première inhumation du capitaine inconnu à Beuvraignes. La conclusion logique est donc que c'est Georges Salembier qui repose à Maurepas, où l'on a rassemblé après la guerre les corps d'une quarantaine d'inconnus venus de différents cimetières, d'autant qu'Octave Noir n'avait pu être inhumé lorsque l'on retrouva son corps, 17 jours après sa mort, à cause de la violence des tirs d'artillerie. Son cadavre fut donc laissé sur le terrain et jamais retrouvé. Le procès-verbal de constatation de décès le confirme, ainsi que différents courriers de l'Officier des Détails du 125e R.I. , régiment qui avait occupé le terrain après le 294e.

Nous avons donc poursuivi notre enquête sur le capitaine Georges Salembier, en nous appuyant sur divers documents, en particulier son acte de décès, obtenu auprès de la mairie de Châlons-en-Champagne (ville appelée Châlons-sur-Marne en 1914). Voici un résumé de son parcours.

Georges Louis Henri Salembier naquit le 30 janvier 1870 à Melun, l’aîné de trois frères. Leur père était capitaine, mais Georges fut le seul à choisir la voie militaire, ses frères devenant l’un bijoutier, l’autre agent d’assurances. Georges s’engagea dans l’armée dès 1888, où il grimpa rapidement les échelons jusqu’à devenir lui aussi capitaine. Le 10 janvier 1896, il épousa Léonide Colombé à Châlons-sur-Marne. Née à Nancy, Léonide avait cinq ans de moins que lui. C’était la fille d’un agent comptable des chemins de fer.

D’après sa fiche militaire, Georges avait les cheveux et les yeux bruns, le front découvert, le visage rond et le nez moyen. Il mesurait 1,70 m.

En août 1914, il entra en campagne au 294e R.I., sous les ordres du Lieutenant-colonel Duperrier. Sur l’organigramme en date du 9 août, il est noté comme capitaine de la 18e Compagnie au 5e Bataillon, mais prend le commandement du 6e Bataillon dès le 24 septembre.

Au mois d’octobre, après la Meuse, après Senlis, après la bataille de la Marne et les combats sur l’Aisne, le 294e fut envoyé dans la Somme, à Beuvraignes. Ayant subi plusieurs escarmouches et le bombardement de l’église et du moulin, la plupart des habitants avaient évacué le village, dont les Allemands s’étaient emparés dès le 3 octobre. Ils avaient incendié les maisons et exécuté des villageois qui étaient restés en se cachant dans les caves.

Le J.M.O. du 294e permet de suivre les péripéties des derniers jours du Capitaine Salembier.

Le 3 octobre 1914, le régiment « part en entier pour renforcer le 355e à Beuvraignes. Il prend position dans les tranchées en avant et à l’ouest du village. » Le 4 octobre « dès le matin ordre est donné au 294e d’attaquer les fermes au nord de Beuvraignes, mais le mouvement n’a lieu que vers 9 heures, 6e Bataillon de front, 5e de flanc par l’Ouest. A peine le 5e s’est-il déployé qu’il reçoit un feu des plus violents d’artillerie et de mousqueterie et les compagnies sont forcées de s’arrêter en subissant des pertes assez sérieuses.

L’attaque est reprise dans l’après-midi et l’on s’empare des fermes vers 16 heures, nos tirailleurs progressent ensuite vers le nord mais se heurtent à des tranchées occupées par des Allemands qui malgré une tentative du 5e Bataillon pour les tourner par l’ouest, nous arrêtent et nous infligent de nombreuses pertes. A 20 heures le 354e vient relever le 355e et le 294e reste dans les tranchées.
»

Le 5 octobre, « dans la journée les bataillons se reconstituent difficilement, et tâchent de se fortifier sur leurs positions malgré un bombardement très violent. A la tombée de la nuit une attaque très violente de la part des Allemands chasse le 354e et le 294e de la lisière nord de Beuvraignes qui est en feu. Après avoir arrêté l’attaque ennemie, le 294e est relevé par le 66e Bataillon de Chasseurs et se retire par le petit bois allongé, mais en laissant quelques fractions en première ligne notamment à l’ouest de le Cessier, quelques fractions du 6e Bataillon, et à l’est, à la Chapelle la 18e Compagnie commandée par le sous-lieutenant Couturier qui s’est maintenue pendant 4 jours dans ses tranchées en repoussant toutes les attaques des Allemands auxquels elle inflige de nombreuses pertes dont 29 prisonniers. Le Capitaine Salembier, le Lieutenant Cornet et le Sous-Lieutenant Béline disparaissent. »

Après ces terribles combats, le régiment est envoyé en réserve « au petit bois allongé où les bataillons recollent leurs unités » et se reconstitue ensuite avec les renforts arrivés du dépôt sous la conduite du Lieutenant Lang.

Après une nouvelle attaque sur Beuvraignes, le 294e est relevé. Le 14 octobre, le Capitaine Babonneau arrivé du 361e prend le commandement du 6e Bataillon, place laissée vacante après la disparition de Georges Salembier.

Sur sa fiche de Mémoire des hommes, le Capitaine Salembier est cependant considéré comme « Tué à l’ennemi » le 5 octobre 1914. Cette fiche a sans doute été rédigée après le jugement qui établit le décès, transcrit le 2 août 1918 à Châlons-sur-Marne, comme elle l'indique.

Ce jugement déclaratif de décès avait été rendu le 29 juillet 1918. Il précise que « le capitaine Salembier Georges Louis, du 294ième R.I., a disparu le 5 octobre 1914 au combat de Beuvraignes (Somme) ainsi que le constate l’acte dressé par l’officier des détails de ce régiment et indiquant que le capitaine est présumé avoir été fait prisonnier ; que d’autre part un militaire de son régiment, prisonnier de guerre, atteste l’avoir vu tomber mort à ses côtés dans un assaut à la baïonnette ; qu’un autre militaire du même régiment certifie avoir vu le capitaine Salembier étendu inerte sur la place de Beuvraignes (1) au moment où ce village était en feu ; que le nom de cet officier ne figure sur aucune des listes des prisonniers de guerre communiquées jusqu’à ce jour par la voie diplomatique en exécution de la convention de la Haye ; que le service des successions militaires a reçu divers objets ayant appartenu au capitaine Salembier, les a fait remettre à la famille qui n’a élevé aucune objection de nature à faire naître quelque doute sur l’identité de leur détenteur… »

(1) Comment interpréter cette expression ? Il ne semble pas y avoir de « place » à Beuvraignes, au sens d’espace découvert entouré de constructions, de lieu public, car Beuvraignes est un village qui s’étire le long de quelques rues. Faut-il entendre « place » au sens militaire de « position » ?

Si l’on a remis les possessions de Georges Salembier à sa famille, on a cependant omis de leur rendre son alliance, comme le montre le document dactylographié du Ministère des Pensions conservé dans les Archives départementales du Morbihan, sous la cote 3 R 193. En voici l’en-tête :

REPUBLIQUE FRANCAISE

Ministère des pensions

2° Liste d’objets recueillis sur les corps de militaires qui n’ont pu être identifiés jusqu’ici.

(dressée par le Ministère des pensions avec la collaboration de l’œuvre « Les Nouvelles du Soldat » 53 rue de Varenne, PARIS)

Les objets sont déposés au siège des secteurs indiqués.


Au Secteur départemental de la Somme, dont le siège est indiqué à Amiens, on trouve quatre items. Voici le deuxième :

2°/ ̶ Sur le corps d’un officier, trouvé à BEUVRAIGNE, à 300 m. de la gare, à 50 m. au Nord de la route de BEUVRAIGNE à TILLOLOY, réinhumé au cimetière national de MAUREPAS, tombe 1.927. :
écussons du 294e R.I. ; galons de capitaine ;
alliance or avec initiales G.L. 15.3.11


Cet officier est sans nul doute le Capitaine Georges Salembier.

Tout d’abord, les initiales G. L. pourraient être celles de ses deux premiers prénoms, Georges Louis, ou celles de son prénom Georges et de celui de sa femme Léonide. Ils se sont mariés le 10 janvier 1896, mais la date sur l'alliance, celle du 15 mars 1911, pourrait être la date d'un événement spécial pour eux, comme celle d'un anniversaire (celui de leur première rencontre, de leurs fiançailles ?) voire de la naissance de leur premier enfant...

Surtout, l’endroit où on a trouvé le corps correspond aux circonstances relatées dans le J.M.O. du 294e R.I. Le cadavre se trouvait à 300 m de la gare, et à 50 m au nord de la route de Beuvraignes à Tilloloy : le capitaine serait donc tombé lorsque le 5 octobre 1914, « une attaque très violente de la part des Allemands » a chassé le 294e des positions qu’il occupait à la lisière nord de Beuvraignes, qui était en feu.

Que s’est-il donc passé pour qu’on ne l’ait pas inhumé sous son nom et que son corps soit resté disparu ?
Notre hypothèse est que dans le feu de l'action ses camarades ont pu prendre ses papiers et ses affaires, mais n'ont pu l'enterrer, sous la pression de l'ennemi, alors qu'un incendie ravageait le village et que l'on se battait au corps à corps dans les rues. Les Allemands sont restés maîtres de la place et l'ont occupée jusqu'au 15 mars 1917. Beuvraignes a ensuite été repris par les Français, puis a nouveau perdu, jusqu'à sa libération définitive en août 1918.

De 1914 à 1917, les Allemands ont eu le temps de nettoyer le champ de bataille et de jeter les cadavres français dans une fosse commune. Par la suite, les Français ont sans doute ouvert cette fosse pour enterrer leurs morts de façon individuelle dans le cimetière de Beuvraignes : il s'agit de la première inhumation, signalée par le le bas registre du Service des Sépultures. Entre 1921 et 1936, le capitaine inconnu aurait ensuite migré dans la nécropole de Maurepas où se faisait le regroupement des corps de soldats exhumés des cimetières provisoires du secteur d'Albert, et s'y trouve toujours.

Sources

http://jburavand.free.fr/historiques%20 ... _Histo.pdf Historique succinct du 294e RI – Document dactylographié sans référence – Numérisé par Jean-Luc DRON
Wikipedia, article "Beuvraignes"
https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... 278cb1817f
https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... 8cb18480d4
JMO du 294ième RI.
1914, transcrit du 2 08 1918. Cette fiche tient compte du jugement du 29 07 1918
https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... 2c108ce9f8
https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... a5db79b2f6
viewtopic.php?f=86&t=75758&hilit=salembier

Documents : Fiche militaire et Acte de décès
Pièces jointes
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Message par Pax et labor 51 »

Considérant que notre enquête sur le Capitaine inconnu du 294e R.I. de la tombe 1927 à Maurepas est suffisamment étayée, nous sommes en train de monter le dossier pour demander au Service des sépultures de changer la plaque sur la croix, pour y mettre le nom du Capitaine Georges Salembier.

Nous vous tiendrons au courant des résultats de notre requête, bien sûr, car sans ce forum et ses passionnés, rien n'aurait été possible !

Nous cherchons par ailleurs à joindre la famille Salembier, mais nous n'avons pas de retour pour l'instant...
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Message par Pax et labor 51 »

Bonjour à tous

Le petit-neveu du Capitaine Georges Salembier m'a procuré les deux photos suivantes :

1910_Salembier_Georges.jpg
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Salembier_Bar_le_Duc_recto.jpg
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Voici le texte qui se trouve au verso de cette deuxième carte postale :
Salembier_Bar_le_Duc_verso.jpg
Salembier_Bar_le_Duc_verso.jpg (147.59 Kio) Consulté 641 fois
CARTE POSTALE

Ma chère Tante, Georges est enfin décoré. La croix lui a été remise par un froid de – 10°aussi la cérémonie a été brève. J’espérais vous envoyer une meilleure photographie que celle-ci mais nos photographes barrisisens ne sont pas des artistes et je n’ai rien trouvé de mieux. Peut-être vous rendrez-vous compte quand même de ce qui s’est passé. L’instantané a été pris au moment du défilé des troupes (que l’on ne voit pas) devant les nouveaux décorés. Le lendemain qui était un dimanche Georges a assisté à la messe portant fièrement à sa boutonnière un des petits ronds rouges de notre cher Papa Salembier, heureux et ému de rendre ainsi hommage à notre regretté Père.
Nous vous espérons en bonne santé, ma chère Tante et nous vous envoyons [illisible] nos plus affectueux [illisible]

TOUJOURS PARTOUT : Portrait et cartes de Mr POINCARÉ chez OBERLAENDER – Bar-le-Duc

Sachant que Georges Salembier était capitaine au 94e R.I.de Bar-le-Duc depuis 1908, sauriez-vous me dire quel soldat sur ce cliché aurait le plus de chance d'être Salembier ? Pour la datation, au vu des uniformes et du lieu, il s'agit sans doute d'une photo prise entre 1908 et 1914. Pour la décoration, la fiche militaire de Salembier ne la mentionne pas. J'ai le projet d'aller consulter son dossier à Vincennes, mais jusque-là le temps m'a manqué...

Cordialement

P & L 51
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yvo35
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Message par yvo35 »

Bonjour,
Pax et labor 51 a écrit : jeu. mars 31, 2022 8:25 pm Pour la datation, au vu des uniformes et du lieu, il s'agit sans doute d'une photo prise entre 1908 et 1914. Pour la décoration, la fiche militaire de Salembier ne la mentionne pas.
Son dossier dans la base Léonore nous apprend que la remise des insignes de chevalier de la LH a eu lieu le 17 janvier 1914.
Quant à l'identification, je pense que c'est celui qui est marqué juste au dessous.
Cordialement
Yvonnick
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