Forum PAGES 14-18

Bonsoir,

Pour occuper les nuits de canicule, je vous propose un petit "quiz", pas trop difficile.

Nous sommes à l'été 1918 sur un polygone de tir, nous voyons un classique canon de 75 modèle 1897 équipé d'un curieux appendice.

Les questions:

-1: à quoi sert cet accessoire?

-2: nom exact de cette invention qui fera l'objet d'améliorations et de longues expérimentations (je dirai même "et pour cause!")?

-3; nom de l'inventeur?

Cordialement,
Guy François.

Bonjour

Je n'y connais rien en matériel d'artillerie, mais ce qu'il y a sur les roues, est-ce des patins sur lesquels repose le canon en position de tir ? Dans ce cas, pourquoi sont-ils si imposants ?

Bonjour,

Vu leur forme ces accessoires semblent avoir un effet de "came". Pour augmenter le réglage en site?

Bonsoir,

Ces deux réponses, notamment celle d'Yvonnick, cernent bien le problème et la réponse à la première question est trouvée...même si une explication du contexte aurait été souhaitable.
Reste donc à approfondir l'identification en apportant la réponse aux deux dernières questions.
Cordialement,
Guy François.

Bonjour,

Visait-on à transformer par cet accessoire le canon de 75 en obusier, sans porter à ses performances balistiques les dégradations engendrées par la plaquette Malandrin ?...
Cordialement
Bernard

Bonsoir,

Non, Bernard, la transformation ne vise pas à transformer le "75" en obusier, le but recherché est différent.
Cordialement,
Guy François.

bonjour
est ce pour augmenter l angle de tir pour un tir en ogive
sur site il est fréquent que l on fasse une fosse pour faire descendre la flèche
fred

Bonsoir,

Oui, comme l'a bien indiqué ci-dessus Yvonnick, le but principal est d'augmenter le pointage vertical du canon et donc, par conséquence d'augmenter la portée plus facilement qu'en creusant une fosse pour enterrer la flèche dans des conditions médiocres, ce qui est parfois même impossible en fonction de la nature du terrain.
Cordialement,
Guy François.

Bonjour,
Peut être ai je tout faux, mais j'aurai une solution: dans les mémoires du général Buat celui ci parle d'un voyage à Bourges pour aller voir une experimentaion sur une pièce de 75 il s'agissait de sabots patins "lefevre" destinés à surélever la pièce pour améliorer sa portee en augmentant l'angle de tir vertical
Cordialement
Pierre

Bonjour,

Bravo à Pierre qui apporte la bonne réponse au quiz de l'été!

Quelques explications complémentaires:

-notre canon de 75 est sans nul doute sans rival de 1897 à 1905 environ à une époque où le 7,7cm FK.96 a/A (altes/art) n'est qu'un canon à tir accéléré pouvant donner 4 coups par minute en tenant compte des dépointages tandis que notre 75 peut tirer facilement à 12 coups/minute (les 20 coups/minute n'étant réalisés qu'en polygone)

-de 1905 à 1917, le 75 et le 7,7 cm FK.96 n/A (neuer Art) font à peu près jeu égal, le canon allemand complètement transformé avec un nouveau frein étant un peu plus léger mais le 75 étant plus puissant.

-mais en 1917, l'Allemagne met en service un nouveau canon de 7,7 cm FK.16 qui s'avère supérieur à notre 75, notamment par ses possibilités de tir à longue portée. Il faut réagir!

Un ingénieur civil et parlementaire, André Lefèvre, mobilisé comme ingénieur auxiliaire des poudres et employé à Bourges, met au point, outre les fusées instantanées qui portent son nom (A.L), des obus à longue portée pour le 75 mais qui ne permettent pas encore d'atteindre la portée des projectiles allemands.
André Lefèvre cherche à améliorer le pointage vertical du 75 en inventant le dispositif (à sabots exhausseurs) qui permet de tirer sous l'angle de 33°.
Le premier dispositif André Lefèvre (appelé ensuite dispositif A.L n° 1) est essayé à Bourges en juillet-août 1918 (photo ci-dessus) mais le matériel est instable de l'avant. L'inventeur le modifie avec l'emploi de vérins (dispositif A.L n° 2) et le dispositif est désormais au point mais l'armistice vient d'être signé.
Toutefois, en janvier 1920 André Lefèvre est nommé Ministre de la Guerre, il convient donc d'éviter les susceptibilités du Ministre ce qui explique que le général Buat, alors chef d'état-major général de l'Armée fasse, le 24 avril 1920, le déplacement à Bourges pour juger de l'efficacité du procédé! André Lefèvre reste ministre jusqu'en décembre 1920 car son intransigeance vis à vis de l'Allemagne le fait écarter des affaires.
Ce dispositif n'est qu'une solution de fortune permettant le tir du 75 jusqu'à 40° en utilisant le dispositif A.L et en ajoutant une poutre sous les exhausseurs!
La question de l'amélioration du 75 implique un nouvel affût, affaire qui durera jusqu'en...1940 avec la courte parenthèse du 75 modèle 1933 employant un nouvel affût bi-flèche à pointage vertical amélioré mais jugé trop lourd et donc construit à peu d'exemplaires.
Tel quel, le 75 sur dispositif A.L sera tout de même employé au Maroc lors de la guerre du Rif pour "allonger" la portée du 75 employé dans la défense de certains postes. Il sera remplacé ensuite par d'autres dispositifs.
Pour en terminer avec le dispositif A.L, deux photographies:
-dispositif A.L n° 2 permettant le tir à 33° avec la bêche enfoncée de 30 cm dans le sol: -dispositif A.L n° 2 permettant le tir à 39°30' avec emploi d'une poutre: Merci à tous les participants!
Cordialement,
Guy François.

P.S: vu la qualité des intervenants, je prépare un nouveau Quiz plus difficile!

-dispositif A.L n° 2 permettant le tir à 40° avec ajout d'un madrier: