Les morts du CEP et le travail inachevé de la CPSG .
Publié : lun. juin 03, 2019 11:57 am
Il y a 80 ans, était dissoute la Commission Portugaise des Sépultures de Guerre. Arrivée en France plusieurs mois après l’Armistice de 1918, le travail de cette commission est comme resté en suspens à l’aube de la 2nde GM et semble ne pas avoir repris de nos jours.
En effet, malgré l’idée souvent répandue que le Portugal a été neutre durant le 1er conflit mondial, cela n’a pas toujours été le cas. Pour plusieurs raisons, le gouvernement portugais de l’époque souhaitait apporter sa contribution auprès des Alliés. Les Britanniques, dont le Portugal est le partenaire historique, s’y opposait cependant que la France y était favorable.
La réquisition des navires allemands et austro-hongrois par le Portugal en 1916 fut l’occasion de la déclaration de guerre de l’Allemagne. L’ambition était de mobiliser environ 100 000 hommes sur le front français (en sachant que nombre de soldats ont également été envoyés sur le front africain, dans ce qui était alors des colonies portugaises : le Mozambique et l’Angola). A partir de février 1917, ce sont finalement 2 divisions comportant plus de 55 000 mobilisés qui sont arrivées par Brest jusqu’au secteur attribué aux Portugais sous le commandement britannique : au sud-ouest de Lille, la zone du front, d’une dizaine de kilomètres, s’étendait au sud le la rivière Lys, entre Armentières et Béthune (Fauquissart, Neuve-Chapelle, Ferme du Bois).
Du fait de l’instabilité des gouvernements successifs portugais, la 3ème division n’a jamais été envoyée vers la France et les deux premières ont été quasiment laissées à l’abandon. Le gouvernement succédant au président Machado en décembre 1917, contrairement à ce dernier, était favorable à l’Allemagne et partisan de la non-intervention.
A l’issue de ce conflit, le Corps Expéditionnaire Portugais aurait perdu deux à trois mille des siens en Europe. Afin de constituer les sépultures définitives, un groupe, composé notamment de combattants, est revenu et s’est installé à La Gorgue à l’été 1919.
Initialement, les dépouilles éparpillées ont été concentrées dans quelques cimetières de regroupement (essentiellement des cimetières britanniques gérés par l’IWGC , actuelle CWGC). Finalement, il a été décidé de toutes les rassembler dans un cimetière militaire unique, à Richebourg, route de la Bassée, lieu central pour les troupes portugaises, proche des anciennes tranchées.
Ces multiples exhumations et inhumations, ainsi que de nombreux autres motifs, que je ne listerai pas ici, ont abouti au résultat actuel et à une liste vieille de 1937 (ainsi que son reflet visible sur le site des archives historiques militaires ou « Arquivo Historico Militar »).
La version officielle indique que tous ceux qui avaient une sépulture connue ont été réunis : ce sont les 1 882 qui se trouvent dans trois sites connus en France et Belgique (1 831 à Richebourg, 44 à Boulogne-sur Mer et 7 à Anvers). Quelques rares cas ont été rapatriés. Deux membres de ma famille ont intégré le CEP pour se battre en France. Seul l’un d’eux est revenu. Le second, et son cadavre pour être plus précise, a été à l’origine du commencement de mes recherches début 2019.
Ces dernières m’ont conduite à un tout autre constat, bien loin de la version encore aujourd’hui diffusée : contrairement à ce que le Portugal écrit (y compris aux familles des concernés, comme ce fut mon cas une nouvelle fois il y a quelques jours), tous n’ont pas été ramenés vers les 3 lieux cités ci-dessus. L’objet de ma démarche ne consiste pas à en analyser les raisons ni même à expliquer pourquoi le Portugal maintient cette version à l’heure actuelle.
J’espère simplement pouvoir porter à la connaissance de ceux qui le souhaitent les lieux où l’on trouve des sépultures de soldats du CEP : que ce soit dans des cimetières allemands à quelques kilomètres de Richebourg comme en Province ou dans d’autres pays d’Europe (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Pologne…). Il s’agit bien évidemment de devoir de mémoire mais aussi de respect vis-à-vis des familles ce ces combattants ; à qui l’on écrit qu’aucune sépulture n’est connue malgré mes démarches. Certains d’entre eux ont été listés en 1937 comme ayant bien été transférés. Il n’existe malheureusement pas de liste plus récente.
D’autres cas, comme celui de mon aïeul et une cinquantaine d’autres peuvent paraître encore plus surprenants : après avoir eu une tombe avec un emplacement bien identifié dans un cimetière après la fin de la guerre, personne ne serait officiellement en mesure de nous dire où ils se trouvent aujourd’hui, alors qu’ils auraient été exhumés. C’est ce qui a motivé la création de mon site internet.
On peut donc dire que le travail de la CPSG, entre autres, reste à achever… Si je n’ai pas cette ambition, j’espère au moins pouvoir éclairer quelques familles laissées dans l’impasse alors que les sépultures existent, aussi lointaines du Portugal soient-elles.
L’occasion se présente ici une nouvelle fois de remercier ceux qui m’ont aidé dans mon parcours par quelque moyen que ce soit. Je pense aussi à Leuques qui m’a suggéré cette publication, qui n’est qu’une première ébauche certainement perfectible.
Des photos suivront prochainement pour l’illustrer.
En effet, malgré l’idée souvent répandue que le Portugal a été neutre durant le 1er conflit mondial, cela n’a pas toujours été le cas. Pour plusieurs raisons, le gouvernement portugais de l’époque souhaitait apporter sa contribution auprès des Alliés. Les Britanniques, dont le Portugal est le partenaire historique, s’y opposait cependant que la France y était favorable.
La réquisition des navires allemands et austro-hongrois par le Portugal en 1916 fut l’occasion de la déclaration de guerre de l’Allemagne. L’ambition était de mobiliser environ 100 000 hommes sur le front français (en sachant que nombre de soldats ont également été envoyés sur le front africain, dans ce qui était alors des colonies portugaises : le Mozambique et l’Angola). A partir de février 1917, ce sont finalement 2 divisions comportant plus de 55 000 mobilisés qui sont arrivées par Brest jusqu’au secteur attribué aux Portugais sous le commandement britannique : au sud-ouest de Lille, la zone du front, d’une dizaine de kilomètres, s’étendait au sud le la rivière Lys, entre Armentières et Béthune (Fauquissart, Neuve-Chapelle, Ferme du Bois).
Du fait de l’instabilité des gouvernements successifs portugais, la 3ème division n’a jamais été envoyée vers la France et les deux premières ont été quasiment laissées à l’abandon. Le gouvernement succédant au président Machado en décembre 1917, contrairement à ce dernier, était favorable à l’Allemagne et partisan de la non-intervention.
A l’issue de ce conflit, le Corps Expéditionnaire Portugais aurait perdu deux à trois mille des siens en Europe. Afin de constituer les sépultures définitives, un groupe, composé notamment de combattants, est revenu et s’est installé à La Gorgue à l’été 1919.
Initialement, les dépouilles éparpillées ont été concentrées dans quelques cimetières de regroupement (essentiellement des cimetières britanniques gérés par l’IWGC , actuelle CWGC). Finalement, il a été décidé de toutes les rassembler dans un cimetière militaire unique, à Richebourg, route de la Bassée, lieu central pour les troupes portugaises, proche des anciennes tranchées.
Ces multiples exhumations et inhumations, ainsi que de nombreux autres motifs, que je ne listerai pas ici, ont abouti au résultat actuel et à une liste vieille de 1937 (ainsi que son reflet visible sur le site des archives historiques militaires ou « Arquivo Historico Militar »).
La version officielle indique que tous ceux qui avaient une sépulture connue ont été réunis : ce sont les 1 882 qui se trouvent dans trois sites connus en France et Belgique (1 831 à Richebourg, 44 à Boulogne-sur Mer et 7 à Anvers). Quelques rares cas ont été rapatriés. Deux membres de ma famille ont intégré le CEP pour se battre en France. Seul l’un d’eux est revenu. Le second, et son cadavre pour être plus précise, a été à l’origine du commencement de mes recherches début 2019.
Ces dernières m’ont conduite à un tout autre constat, bien loin de la version encore aujourd’hui diffusée : contrairement à ce que le Portugal écrit (y compris aux familles des concernés, comme ce fut mon cas une nouvelle fois il y a quelques jours), tous n’ont pas été ramenés vers les 3 lieux cités ci-dessus. L’objet de ma démarche ne consiste pas à en analyser les raisons ni même à expliquer pourquoi le Portugal maintient cette version à l’heure actuelle.
J’espère simplement pouvoir porter à la connaissance de ceux qui le souhaitent les lieux où l’on trouve des sépultures de soldats du CEP : que ce soit dans des cimetières allemands à quelques kilomètres de Richebourg comme en Province ou dans d’autres pays d’Europe (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Pologne…). Il s’agit bien évidemment de devoir de mémoire mais aussi de respect vis-à-vis des familles ce ces combattants ; à qui l’on écrit qu’aucune sépulture n’est connue malgré mes démarches. Certains d’entre eux ont été listés en 1937 comme ayant bien été transférés. Il n’existe malheureusement pas de liste plus récente.
D’autres cas, comme celui de mon aïeul et une cinquantaine d’autres peuvent paraître encore plus surprenants : après avoir eu une tombe avec un emplacement bien identifié dans un cimetière après la fin de la guerre, personne ne serait officiellement en mesure de nous dire où ils se trouvent aujourd’hui, alors qu’ils auraient été exhumés. C’est ce qui a motivé la création de mon site internet.
On peut donc dire que le travail de la CPSG, entre autres, reste à achever… Si je n’ai pas cette ambition, j’espère au moins pouvoir éclairer quelques familles laissées dans l’impasse alors que les sépultures existent, aussi lointaines du Portugal soient-elles.
L’occasion se présente ici une nouvelle fois de remercier ceux qui m’ont aidé dans mon parcours par quelque moyen que ce soit. Je pense aussi à Leuques qui m’a suggéré cette publication, qui n’est qu’une première ébauche certainement perfectible.
Des photos suivront prochainement pour l’illustrer.