Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous ,
je viens de la mairie de Surzur(56) où j'ai trouvé dans les archives un télégramme spécifiant qu'il fallait détruire les affiches publicitaires des " bouillons KUB " se trouvant le long des voies ferrées .Quelqu'un aurait il l'explication de ces directives , ou aurait une photo de cette dite publicité ( ou réclame , à l'époque )?
merci par avance
cordialement
Jean-François Binon

Bonjour

Les bouillons KUB étaient fabriqués, me semble t il par la maison MAGGI, qui au début du conflit a été accusée d'être un repère d'espions allemands.
On a ainsi accusé MAGGI de mettre du poison dans le lait pour tuer les nourissons français et de cacher des objets interdit derrière leur plaques émaillées.
Pour les affiches KUB, je ne connaissais pas ce bobard mais on peut supposer que cela servait à surveiller les voies de communications.

Les laiteries Maggi-Kub firent l'objet d'attaque par l'Action Française dès 1911 (Affaire d'Agadir) par l'intermédiaire de Léon Daudet. Ce dernier lançant des appels au boycottage.

Sur le sujet voir "Froc et Epee" chapitre IV:
---Saint-Jacut : Sur mes tablettes de guerre j'ai lu tant d'autres noms, écrits en traits de feu! celui-ci est resté gravé. Il nous fit rire aux larmes en provoquant des gauloiseries sans nombre. Elles étaient, je l'avoue, d'un goût fort douteux---mais pour porter l'épée et l'uniforme on n'est pas forcément académicien.

Je me rappelle surtout qu'à partir de Saint-Jacut, le convoyeur du train, en nous contant certain fait d'espionnage, excita vivement nos instincts belliqueux. Nous longions alors les grandes poudrières dont personne, disait-il, ne connaît l'entrée. Or, la veille, on avait arrêté près d'elle un homme vêtu d'une soutane qui lisait trop distraitement son bréviaire : c'était un officier prussien.

---Au moins l'avait-on écharpé!---On a mieux fait d'attendre, assurait notre narrateur, car il a mis entre les mains de la police tous les fils d'un épouvantable complot. Vous êtes ici au cœur de l'espionnage. On ne sait plus à qui se fier. Des espions! Ils foisonnent à Brest, vous en verrez sûrement.

On ne demandait pas mieux. J'avais bien vu, en traversant Paris, les boutiques éventrées des Maggi et des Kub, mais un espion en chair et en os, ce devait être curieux. Je ne savais pas alors, qu'un jour dans ma tranchée, je trinquerais en personne avec un espion bavarois. J'avais lu tout Daudet, et l'« Avant-guerre » m'effrayait un peu. La défiance n'est pas française; elle répugne au Vendéen. On naît espion sans doute, comme on naît difforme; or sur le sol des Francs, ce champignon ne pousse pas. Se battre à découvert, face à face, un contre dix : soit; mais se cacher, soupçonner l'ombre, suspecter un sourire, même devant un ami fermer à double tour sa pensée et son coeur, allons donc!

En regard de la malice des hommes on goûtait mieux la mélancolie reposante d'un beau soir d'été. Elle est si pittoresque, la côte bretonne, repaire sinueux d'une mer sauvage. La bête, ce soir-là, était déchaînée. Elle hurlait, elle écumait, elle bondissait contre les remparts de granit des falaises comme un tigre captif contre les barreaux de sa cage; secouant sans répit la crinière échevelée de ses vagues qui se teintaient au couchant de reflets d'or fauve. Dans la lande, au contraire, sur les mamelons violacés les bruyères ondulaient très douces comme sous le zéphyr la toison des brebis!....

Sources: http://www.lib.byu.edu/~rdh/wwi/memoir/ ... /froc1.htm

Cordialement
Jérôme Charraud

Bonsoir,
Extrait de "La Lorraine dans la guerre de 14-18" de Gérard Canini (Presses Univesitaires de Nancy, 1984) :

"L'espionnite surgit, inéluctable conséquence d'excès de zèle amplifiés par la presse. A Nancy, on est persuadé que les panneaux-réclame vantant les mérites du Bouillon Kub signalent en fait les points stratégiques et notamment les ponts..."

Bien cordialement
Eric Mansuy

Bonsoir,

J'ai en effet, constaté aussi, lors de la lecture d'un journal local ayant été édité tout le long de cette guerre, que les bouillons KUB avaient été proscrits et que les plaques publicitaires avaient été enlevées.
Cordialement, Hervé.

Bonsoir

parmi tant d'autres ...
Alain ( élevé au bouillon KUB ....)

je retrouve par hasard ce sujet qui date de...2005, sujet qui fait écho dans ma mémoire à l'instant. je suis en train de lire "Carnet de route d'un artilleur" Virton La Marne auteur R Deville Ce sont les notes jour par jour d'un artilleur jusqu'à sa blessure en septembre 1914.
Il note à la date du 7 aout 1914: " arrivé à Stenay, on nous indique notre nouveau cantonnement Baalon. Le commissaire de gare m'indique que les espions fourmillent.On a donné l'ordre de détruire les affiches "Bouillon Kub" ".
l'auteur ne donne aucune explication à cet ordre...

Laurent

Bonsoir a tous,
Drole d'histoire ! il me semble qu'un 2eme acte a été donné en 1940 comme quoi les histoires stupides sont sans fin.
belle soirée, Jean-Louis.

Bonjour à tous,

Effectivement ces plaques étaient accusées d'avoir été placées pour diriger les troupes allemandes lors de leur progression.
Affabulation ou pas ? la question est posée... car plusieurs livres font état de nombreux allemands employés en france qui avaient un activisme probant...
Il suffit de lire certains ouvrages sur l'espionnage...
Salutations. J.Claude

Bonsoir.

En complément des ouvrages cités, j'ajoute un extrait de : "Les jours de guerre – la vie des Français au jour le jour 1914 1918" (page 52 et 53) par Yves Pourcher aux éditions Pluriel.

Veiller sur la circulation et vérifier les identités ne suffit pas, il faut encore déjouer tout ce que l'on pense être la grille secrète de l'espionnage allemand. Sur ordre de la Sûreté Générale et dans tous les départements, on arrache les panneaux publicitaires des Bouillons Kub en donnant, de leur écriture et de leur place, les plus fantaisistes lectures. En Vendée, après avoir fait déchirer les affiches, le Préfet rapporte : "je crois devoir vous faire connaître que suivant les renseignements qui viennent de m'être fournis, les représentants de cette marque auraient, à leur passage en Vendée, dressé des plans du département avec indication des distances kilométriques du chef lieu aux principales localités et de ces localités entre elles ainsi que l'importance des villes et des bourgs"

Dans l'Ain, tous les placards placés le long des voies ferrées sont détruits et l'on croit avoir trouvé le chiffre de la maison Kub : "mais nous avons pu rendre compte que les affiches posées à Bourg même, dans la ville, fournissent, par leur disposition, leur couleur différente, les mains qui les désignent, des indications caractéristiques. C'est ainsi que trois de ces plaques émaillées, visées dans le mur, conduisent aux deux minoteries les plus importantes de la ville". A Péronne, l'affiche enlevée se trouvait dangereusement placée "sur la poudrière et sur le dépôt de mitrailleuses". Quant au commandant d'armes de l'île d'Oléron, il n'hésite pas à faire arrêter la femme Judrin, habitante de Châtelaillon qui, depuis un an, vendait des bouillons Kub et dont le mari était voyageur de commerce.

L'ardeur destructrice gagne et l'on s'en prend aux réclames de Maggi, Liebig de pneus Continental et même du Touring Club.

Bien cordialement

Jean-Louis

---L'ardeur destructrice gagne et l'on s'en prend aux réclames de Maggi, Liebig, de pneus Continental et même du Touring Club.---

Bonjour à tous, bonjour Jean-Louis.

Alors là, ça m'interpelle, comme on dit !.. Non pas à propos du bouillon KUB etc. dont on parle depuis longtemps, mais à propos du "Touring-Club de France".

En effet, nos poilus (dont mon grand-père) utilisaient, pour leur correspondance, 1° - des cartes dites "destinées à la Correspondance des Armées de la République" , et 2°- (comble de l'humour de mauvais goût) des cartes offertes aux soldats par le "Touring-Club de France" !... (Simples touristes, nos poilus ? Quelle dérision, et quelle offense !..)

Maintenant, vous ajoutez que les publicités (ou réclames) de ce Touring-Club ont fait aussi l'objet d'une ardeur destructrice. Etait-ce suite à des ordres de la Sûreté Générale ?.. Est-ce à dire que le dit "Touring-Club de France" a aussi été soupçonné, comme les autres, de collaborer à l'espionnage allemand ?..

Donc, pour y voir plus clair, je pose la question : Quelqu'un a-t-il retrouvé les libellés exacts de ces ordres officiels (ou consignes ?) dans des archives, et dans lesquelles ?.. J'aimerais bien les voir.

Amicalement.
Mounette.