Bonjour,
Un article extrait du Réveil de Sedan et ses environs (collection Société historique et archéologique du Sedanais) paru en mars 1921.
Merci

à son Secrétaire général.
Cordialement,
Christophe
Le dernier hommage aux morts de la guerre
Une série de cérémonies funèbres d'un caractère très imposant auront lieu prochainement en l'honneur des morts de la guerre, à l'occasion du transport collectif des corps de nos héros vers leur dernière demeure.
Jusqu'ici, on n'a pu effectuer que des transferts individuels à titre onéreux, c'est-à-dire aux frais des familles. Bientôt, commenceront les transports d'ensemble, qui doivent être effectués aux frais de l'État.
C'est une opération considérable, puisqu'elle concerne plus d'un million de morts dispersés depuis la Mer du Nord jusqu'au-delà des Vosges.
Pour organiser cette entreprise avec l'ordre qui convient et les garanties nécessaires, on a divisé l'ancienne ligne de front en 8 zones comprenant au total 68 secteurs. On procédera successivement dans chacune de ces zones à mesure de l'avancement des identifications.
Depuis le 31 janvier, les services spéciaux de la restitution pratiquent les exhumations dans la
première zone qui comprend les 9 secteurs de Conty, Aiily sur Noye, Nesles, Maignelay, Ressous sur Matz, Noyon, Chauny, Senlis et Pierrefonds.
Après l'exhumation faite en présence de la famille, chaque corps est dirigé vers la gare régulatrice de Creil. Là se trouve un grand dépositoire où les cercueils, soigneusement plombés et munis de plaques d'identité, sont rangés par région et par département. A des dates déterminées, seront formés, en gare de Creil, 12 trains spéciaux destinés à transporter les corps dans les différentes régions. Chacun de ces trains comprendra environ un millier de cercueils répartis par groupe de 40, dans des wagons plombés portant l'inscription du département destinataire.
Le funèbre cortège
Dans chaque région, il y aura aussi une gare régulatrice. Dès que le train spécial arrivera à la gare régulatrice, les wagons seront aiguillés vers leurs départements respectifs.
A la limite du département, les wagons seront reçus par le Préfet, accompagné des délégués des communes qui doivent escorter les corps. Les wagons seront ouverts et les cercueils transférés dans des wagons spéciaux préparés pour les conduire vers les localités où auront lieu les inhumations définitives. Dans les localités dépourvues de voies ferrées on mobilisera des véhicules ; parfois même, dans les pays de montagne couvert de neige, les cercueils seront convoyés à dos de mulet.
Les horaires de départ de Creil à l'inhumation seront fixés d'avance, de sorte que toutes les opérations se succéderont avec une régularité mathématique.
La suite et la durée des transferts
Il faut à peu près compter 3 mois pour chaque zone, car outre le délai accordé aux familles à partir de l'identification, le travail est difficile, délicat et ne peut être fait que par des spécialistes sous l'étroite surveillance des agents de l'État.
Quand les transferts seront terminés dans la première zone, c'est-à-dire au mois de mai, on entreprendra une autre zone. Nous pouvons déjà indiquer, sous réserve que le service des sépultures à proposé
8 secteurs situés sur le territoire de la bataille de la Marne et comprenant : Meauxy Sézanne, Châlons sur Marne, Vitry le François, Revigny, Bar le Duc, Commercy, Château Thierry ; mais nous ne donnons encore une fois, cette indication que sous réserve, car rien ne sera définitif avant l'approbation du ministre compétent, en l'espèce le ministre des pensions.
On estime, dans ces conditions, qu'il faudra 2 années pour terminer les transferts des corps inhumés sur l'ancienne ligne de front. Dans certains secteurs, tels que ceux de Verdun et du Chemin des Dames, où les exhumations sont particulièrement difficiles, les transports ne pourront commencer que vers la fin de l'année prochaine [1922]. A ce propos dans le seul secteur de Verdun, il n'y a pas moins de 200.000 morts inconnus sur près de 500.000 Français tombés dans cette bataille gigantesque et dont les corps souvent broyés et déchiquetés par la mitraille, seront pieusement réunis en de vastes ossuaires élevés à la mémoire de nos héros !
Quand les opérations entreprises dans l'ancien front seront terminées et alors seulement, on commencera le transfert des corps des militaires décédés dans les ambulances de l'intérieur.
Enfin, le transfert des corps des prisonniers de guerre, sera effectué plus tard également aux frais de l'État ; et rien n'est encore décidé, car cela exige une entente internationale.