Bonsoir à toutes et à tous,
source Journal officiel de la République française du 4 décembre 1920 sur Gallica
source Le Radical du 1er octobre 1921 sur Gallica
<< 29. — Création d'un institut musulman.
M. Ambroise Rendu, au nom des 1ère, 4e et 5e Commissions.
— Messieurs, j'appelle votre attention sur une intéressante question. Il s'agit, Messieurs, de la création a Paris d'un institut musulman sur les terrains de l'ancien hôpital de la Pitié. Je vous demande la permission de donner à mon exposé une préface que j'emprunterai au récent discours que M. le Président du Conseil a prononcé à la Chambre :
« La France, a-t-il dit, est une puissance musulmane. Pendant la guerre, nos ressortissants , musulmans ne sont-ils pas venus donner le magnifique exemple de leur courage uni à celui de nos soldats ? »
A cet hommage rendu aux combattants musulmans, la Ville de Paris voudra ajouter le sien et voici l'occasion qui se présente pour elle.
Dans votre séance du 26 mars 1921, vous avez donné un avis favorable à la création à Paris d'un Institut musulman, et décidé de contribuer a cette création par la donation d'un terrain dont l'emplacement doit être désigné au cours de la présente session.
Après de longues recherches, il a paru, tant aux fondateurs de l'institut qu'à l'Administration, que le meilleur choix serait celui d'un terrain provenant de la démolition de l'ancien hôpital de la Pitié. Ce terrain, d'une superficie de 7,424 mètres environ, est situé en face du Jardin des plantes, entre les rues Geoffroy-Saint-Hilaire, Daubenton et de Quatrefages.
M. le Directeur de l'Administration générale de l'Assistance publique a fait connaître , que son Administration serait disposée à vendre ce terrain au prix de 250 francs le mètre, étant entendu qu'elle céderait gratuitement une bande de 944 mètres environ, représentant la surface de la voie publique qui devait, d'après le plan primitif du lotissement, être ouverte entre la place du Puits-de-l'Ermite et la rue Geoffroy-Saint-Hilaire.
La valeur du terrain ressortirait ainsi à 1,620,000 francs.
D'après les renseignements qui nous ont été fournis par Son Excellence Si Kaddour Ben Gliabrit, consul général honoraire, président de la société des Habous des lieux saints de l'Islam, cette Société a été constituée à la date du 13 février 1917 par un acte passé devant le cadi d'Alger, selon les règles du droit musulman, en vue d'acquérir deux immeubles situés l'un à La Mecque et l'autre à Médine, pour en faire des hôtelleries au profit des pélerins sans ressources des pays de l'Afrique du nord soumis à la souveraineté ou au protectorat de la France.
On peut se demander si la société des Habous des lieux saints- de l'Islam était qualifiée pour recevoir de la Ville de Paris la donation d'un terrain.
Il résulte de la consultation donnée par les éminents conseils de la Ville, que cette Société doit se conformer aux règles du droit français. Elle devrait, en conséquence, prendre la qualité d'Association déclarée, c'est-à-dire effectuer les formalités prescrites par l'art. 5 de la loi du 1er juillet 1901, déclaration et dépôt des actes à la préfecture d'Alger.
Elle devrait en outre compléter les statuts par la mention expresse qu'elle se propose la fondation, sur le territoire de la métropole ou des colonies, d'établissements du genre de
l'Institut musulman.
L'Administration vous propose, et la 5e Commission appuie cette proposition, de favoriser la création de l'Institut musulman, qui devra être, dans un laps de temps assez court, un centre d'études et de rayonnement.
Je n'ai pas besoin de rappeler que la littérature arabe est une des plus anciennes et des plus belles que le monde ait connues. Il serait très heureux pour la Ville de Paris de constituer un centre d'enseignement de cette belle littérature qui n'avait jusqu'ici d'écho qu'à l'école des langues orientales ou à Louis-le-Grand. A ce point de vue, nous ne pouvons qu'applaudir au projet du Gouvernement.
Il s'agit donc, Messieurs, d'établir cet Institut et d'y adjoindre une mosquée. Ce sera la première mosquée à Paris et c'est le Conseil municipal qui en sera le parrain. >>
source Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris du 19 juillet 1921 sur Gallica
Cordialement
Étienne