Re: MENUS PROPOS SUR POLEMOS, en guise de présentation
Publié : mar. juin 02, 2009 9:53 pm
Bonsoir,
Inscrit sur le Forum le 13.09.2008, voilà donc presque de 9 mois, le bébé me semble à peu près à terme... et je sacrifie au rite de la "présentation"....
A vrai dire, j'ai passé une grande partie de ma journée à rédiger le texte ci dessous, que je prévoyais d'insérer dans le sujet suivant
pages1418/forum-pages-histoire/Generali ... 9006_1.htm
sujet qui s'est trouvé être fermé losqu'enfin mon texte était prêt pour le transfert et publication sur ce Forum.
J'ai passé tant de temps à le rédiger, et le sujet me tient tellement à coeur que je n'ai pas envie de le réadapter encore, mais je tiens à le publier. Je l'insère donc tel qu'il aurait dû s'inscrire dans le sujet précité, auquel, avec mes excuses, je me permets de renvoyer pour toute "contextualisation" qui vous semblera nécessaire. Comme il contient beaucoup (trop!) d'éléments personnels, il a finalement bien sa place ici, en guise d'exposition de mes présentation et motivations.
Voici donc ces menus propos :
Bonsoir,
Ce Mardi 2 Juin, 9 h 13
Bonjour,
Puisque je suis précédemment déjà intervenu dans ce sujet, je me permets d'y mettre quelques mots -j'ai l'habitude de "suivre", autant qu'il m'est possible, les choses dont j'ai commencé de m'occuper.
Je rappelle qu'au départ il s'agissait d'une question qui a pour origine une vente de carte postale (= cp), et je vais donc d'abord traiter de cela.
Comme je l'ai dit déjà dans le cours du présent sujet, j'ai écrit au vendeur de cette cp le message dont j'ai rapporté aussi la teneur.
Dans la soirée, j'ai reçu en réponse un message Monsieur X Y posté le 1er Juin à 19 h 28.
Je l'ai consulté avant d'insérer ce message sur ce Forum: Il ne le souhaite pas, de crainte que ses propos à moi adressés privativement ne ravivent "la polémique".
A quoi j'ai répondu à 20 h 18:
Bonsoir Monsieur Y.
ou bonsoir X. (dès que je le peux, je ne fais pas dans l'anonyme ni le
pseudo),
Je vous remercie d'avoir pris la peine de me répondre.
Vous avez remarqué que sur le Forum, je ne faisais personnellement aucun
commentaire pour ainsi dire.
Je vous accorde qu'il s'agissait, au pire, d'une maladresse, source de
malentendu.
Votre titre a été rectifié, c'était tout de même préférable, me semble-t-il,
non ?.
Dont acte.
Je suis client sur Delcampe pour toute la production du photographe PATRAS
et pour le village de Villedommange, Marne,
si j'aperçois de ces choses qui m'intéressent dans votre boutique, je me
ferai un plaisir de les acheter chez vous.
Bien à vous
(sur ce message à lui envoyé, figurent ici: l'initiale de mon prénom, et mon nom patronymique) /Achache
Certains trouveront peut être quelque chose de "piquant" ou autre, au fait que sur ce Forum je continue dans le pseudo; mais c'est que, précisément, je ne crois pas "pourvoir" faire autrement, pour une ou des raison(s) que j'exposerai un jour, peut être, si l'occasion ou la nécessité s'en présente. Bref...
J'en viens au développement qu'à pris ce sujet, à l'itinéraire surprenant qu'a suivi cette cp... objet d'abord destiné à voyager, n'est-ce pas... Dans ma précédente intervention, je m'étais réservé tout commentaire. Et j'ai exprimé ailleurs dans les pages de ce Forum, dans le sujet de recherche du bois Rouez, mon refus de prendre part à toute polémique. Voudrez-vous bien excuser que cette fois, pourtant et exceptionnellement, je me permette quelques mots ?
Mon grand souhait serait de réconcilier tout le monde, tous ceux et celles qui sont jusqu'à présent intervenu(e)s dans cette "discussion"; et je risque à l'inverse d'irriter chacune et chacun. Tant pis, c'est mon métier de philosophe, d'apprenti philosophe, d'éternel apprenti philosophe (philo = aimer; sophe = sagesse; mais cette sagesse, pas plus que son amour, n'est jamais "acquise à l'homme", comme dit le Poète...), métier de philosophe, donc, que ce risque de la parole qui dérange... ce goût de la sagesse n'étant pas, semble-t-il, "la chose au monde la mieux partagée"; ce qui déjà nous introduit au plein cœur du sujet: la Guerre... Mais: ne nous précipitons pas...
Donc, parcourant ce voyage, me voici, comme si souvent, bien "partagé"... Avec tel ou tel, j'ai envie de sourire, sourire de TOUT, du prétexte initial autant que de son développement. Mon humour incorrigible et robuste, autant que mon recul "d'ironie philosophique" devant toutes choses, m'y invitent et y trouveraient leur compte, à défaut qu'en soit satisfaite ma modestie... Ce-pendant et tout ensemble, me voici pétrifié de déception, d'étonnement, d'un peu d'humeur, et de blessure...
Voilà donc, encore une fois sur ce Forum, qu'une question très précise, "dérive" vers des considérations plus ou moins "générales", et, hélas à mes yeux, plus ou moins "polémiques". Or Polémos, c'est la guerre ! Et nous voici au cœur du cœur de ce que je voudrais tenter de dire ici. C'est là le paradoxe douloureux, que j'aimerais tenter d'examiner devant, ou avec vous:
Comment se fait-il donc que sur ce Forum, où nous sommes, pour l'immense majorité, je pense, par in-amour, dés-amour, contre-amour de "la guerre" (la haine me fait tellement horreur que je ne parle même pas de haine de la guerre; je vomis tant la guerre que je ne reprends même pas la formule "guerre à la guerre"), comment se fait-il, donc, que nous en arrivions si souvent à la pratiquer en sa racine même: la Parole... le Verbe...: cette guerre en germe du non Respect, -non respect de la différence (ce fameux "respect des différences" dont il est si facile de se gargariser dans les discours ...), de l'ironie péjorative, de la simplification dévastatrice, du propos tranchant, qui tranche la parole, donc l'être même d'autrui: petit assassinat courant, matrice infime mais permanente de toute guerre de plus grande envergure ....
Je l'ai déjà écrit, mais c'était probablement en MP à l'un d'entre vous, je ne cesse de m'étonner -ce fameux "étonnement" par lequel commence, et se poursuit, et se perpétue la "philosophie"... Etonnement durable et blessé de voir que tant de gens, si "pacifistes", soient si peu "pacifiques", si peu pacifiants.... Comment oserions nous espérer ou prétendre "pacifier" le "monde" si d'abord nous ne nous efforçons pas de nous pacifier nous-mêmes, et donc aussi et peut-être d'abord, de pacifier notre ex-pression, c'est-à-dire cela qui sort de nous, cette part, toujours si infime, qui sort de nous, de notre nous....?
Je crois me souvenir que c'était à la même personne que j'écrivais aussi, à propos de Maurice Barrès, me semble-t-il, que le travail de l'historien requiert de tenter de se remettre dans le contexte, dans la "mentalité" de l'époque, et donc d'examiner tous les documents, d'où qu'ils viennent, quelles que soient nos réactions premières, affectives, passionnelles à leur égard. Tâche énorme, interminable... D'une chose aussi complexe que cette Guerre de 14 18, comme toute autre guerre, comment trancher en quelques mots ? Un "phénomène" aussi multiforme que la guerre, comment le réduire à quelques "opinions" ? Il demande des approches multi disciplinaires, comme on dirait dans le jargon actuel. Il ne saurait suffire de l'aborder par l'Histoire, les approches historiques étant déjà elles-mêmes multiples et à toutes examiner, d'abord. Encore faudrait-il l'aborder en allant voir ce qu'en disent les psychologues, les sociologues: à commencer, peut être, par Gaston Bouthoul, auteur de tant d'ouvrages sur "le phénomène guerre", inventeur de cette "science nouvelle" voici quelques décennies: la polémologie, science de Polémos, science de la guerre. Encore ce triptyque d'études Histoire/Psychologie/Sociologie s'avèrerait-il bien insuffisant, et pourtant le programme est déjà bien chargé, me semble-t-il... Et il faudrait donc de plus, aborder les sciences dites exactes avec en premier lieu les neurosciences, voir un peu ce que l'on connait du fonctionnement du cerveau humain, "en l'état actuel de nos connaissances" selon la formule consacrée; puis se coller encore à ce qu'en ont balbutié les philosophes, à commencer par Alain, peut-être, puisque nous sommes sur ce Forum. Alain, philosophe ancien combattant, donc bien placé, auteur de ce "Mars ou la guerre jugée" qu'il faudrait lire et relire au moins une fois par an, comme un religieux fait sa retraite annuelle, et dont je voudrais tout citer ici, mais je me contenterai de cela:
"Toi qui me lis, homme ou femme, jeune ou vieux, tu es une petite partie du roi: tu es pour ta part roi d'opinion et de suffrage; de toi dépend en quelque chose la paix et la guerre" (op. cit, NRF Gallimard, Coll. Idées 1969 p .281).
Les philosophes, et enfin... les poètes, y compris les grands textes "religieux". En sommes-nous enfin à l'exhaustivité des études nécessaires préalables, obligatoires avant de dire "je pense que" ?.. Puisque : "Il ne suffit pas de penser, encore faut-il étudier"... comme le disait si bien ce grand philosophe champenois, Gaston Bachelard, ce philosophe à l'itinéraire exemplaire, qui partit de l'épistémologie, philosophie des sciences, ou de la science, cette passionnante enquête interminable mais toujours si sectorielle et insuffisante, et qui finit, forcément, cherchant l'Essentiel, par se tourner vers l'examen des poètes ... puisque les poètes seuls, effleurent, parfois, à cet infime joyaux de Vérité caché dans l'infinie gangue de la Réalité...
Alors, que de bonnes et longues et studieuses études préalables je voudrais souhaiter à toutes, tous, chacune et chacun... Pour ma part, voilà plus de quarante cinq ans que je m'applique à cette étude "tous azimuts" ou presque, de "la guerre"; et tout ce que je puis en dire, c'est de reprendre la parole d'or de notre Patron à tous, nous autres apprentis philosophes: "La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien" !
Si je me suis inscrit sur ce Forum, c'est moins, comme la plupart, peut être, pour y chercher les traces de mes proches, victimes de cette Guerre, mon Grand Père Georges et mon Oncle Maurice, à qui j'ai consacré un petit article sur le site "Ils ont vécu Vauquois", que pour travailler à mes recherches d'histoire régionale, cette guerre ayant été bien présente dans mes parages, et que, surtout, pour y examiner encore et toujours de plus près et dans le plus possible de ses détails ce chancre monstrueux qui a rongé l'Europe pendant quatre, chaudron de sorcière effrayant qui a enfanté tout cet épouvantable XXe au cours duquel le suicide de l'humanité s'est tant accéléré sous des multiples formes, et pas seulement celles de la guerre, "la guerre, la guerre, toujours recommencée", pour reprendre Paul Valéry (encore un poète !...), en en changeant un mot, puisqu'il parlait, lui, de la mer, et non de la guerre, dans son Cimetière marin... Pour scruter encore et encore, avec l'œil du médecin effaré plus que de tout autre, cet abcès de purulence toujours accélérée qui me laisse toujours aussi stupéfait: que des hommes organisent ainsi toutes leurs sociétés à l'usage exclusif de se taper les uns sur les autres. Stupeur durable, étonnement irréversible et irréductible par lequel "commence la philosophie": que l'homme puisse ainsi s'octroyer le droit de vie et de mort sur son semblable... Ce cancer gigantesque aux multiples et toujours nouvelles métastases qu'est "la guerre", en soi, comment la réduire à une formule... Ce n'est pas si simple, rien n'est simple, dès qu'il s'agit de l'homme: une "compléxification croissante" disait Pierre Teilhard de Chardin, dans son jargon, bien encore plus de poète que de géologue et de paléontologue... à propos de l'Evolution. Et l'homme, au bout de cette évolution: la complexité des complexités... Alors, avant de trancher en quelques mots, si nous nous mettions à étudier, étudier, avec cette discipline qui convient à l'étude, cette rigueur, cette maîtrise des passions qui sont les germes mêmes de la guerre, cela, encore pour reprendre les esquisses du philosophe Alain...
Car il ne suffit pas d'être pacifiste. Encore faut-il être non-violent...
Encore la philosophie: les deux philosophes majeurs, en France, au XXe...: sans doute pas ce pauvre Sartre, mais bien Albert Schweitzer, inventeur de "l'éthique du respect de la vie", philosophe fondamental, réduit à quelques images d'Epinal, comme on veut réduire la guerre à quelques "causes"... Et Lanza del Vasto, philosophe, ou poète ? -c'est tout un, les vrais, les grands sont les deux à la fois, c'est même à cela qu'on les reconnait: réécoutez Platon... il ne jargonne pas dans ce vocabulaire "technique" avec lequel on confond trop souvent la "philo"... Lanza del Vasto, importateur en Europe, et cultivateur, de la non-violence gandhienne... Et je dis cultivateur, car c'est bien un travail que la non-violence, une culture plus rude encore que celle de la terre ne l'était pour nos prédécesseurs, avant l'invasion des machines dévastatrices (toujours et encore ce suicide organisé où l'Humanité se complet depuis les récents siècles...).
Est-il donc si difficile d'apprendre à s'exercer au Respect, au respect de tout et de tous vivants. "Aimer les vivants tant qu'ils vivent"... Si seulement l'Homme respectait l'Homme....; si seulement il respectait l'Arbre: s'il n'ethnocidait pas la forêt amazonienne, ni la plaine champenoise pour la vitrifier au béton, et au bitume de ces routes et ces routes encore, fussent-elles de fer, et réservées aux TGV... "Les routes ne sont pas la civilisation" disait cette autre et ardente philosophe, Simone Weil, crevée de faim à Londres en pleine guerre, la seconde parmi les dites "Mondiales" !... Si seulement il respectait...
La non-violence... pour ma part elle m'a été révélée par mon maître Monsieur Cesbron, par son roman Entre chien et loups, cette histoire d'un lieutenant qui, en pleine guerre d'Algérie découvre cette même non-violence... monsieur Cesbron ajoutait: "Entre chien et loup, il y l'homme. J'ai confiance en l'homme." Moi aussi, j'ai confiance en l'Homme, mais l'homme ne devient l'Homme qu'au prix d'un certain effort, continuel, d'une certaine culture, de lui-même, au prix du fer de la charrue en lui-même... -Ce livre m'est tombé dessus quand j'étais en classe de 3e, je crois, et enfant de troupe ! Dans une école militaire ! Et je m'y suis converti, à la non violence, j'ai commencé, voilà 45 ans, et ce n'est certes pas fini, loin d'être acquis.... J'ai commencé à être "objecteur de conscience", sous l'uniforme bleu marine, situation plutôt inconfortable... mais quand on prétend s'engager à contester la guerre, toute la guerre, toutes les guerres, il faut s'y engager à fond... s'investir à tous ses dépens, -car dès lors, j'avais signé mon adieu à la belle et brillante carrière qui, toute modestie gardée, m'était promise, sous l'uniforme...
Comment ? Je délire en plein hors sujet ? Que non ! Puisque cet homme, mal inspiré, sans doute, maladroit dans une courte annonce pour vendre une méchante carte postale, il a suffit de quelques mots polis, respectueux, "courtois", comme il dit, pour m'en faire "un ami"; puisque voici ce qu'il m'écrivait ce matin même, à 8:43, et que j'ai reçu un peu plus tard alors que je commençais à rédiger ce menu propos...:
> Cher Monsieur,
> J'aurais modifié mon annonce bien plus tôt si l'on s'était dès le
> début adressé à moi aussi courtoisement que vous, mais j'ai reçu
> plusieurs mails très agressifs,
(j'omets ici quelques lignes pour répondre au souhait de Mr X. Y. que je garde ses propos privés à moi seul adressés. Achache)
> Bien à vous,
> X Y.
Agressifs... L'agressivité, voilà encore un objet d'études que j'ai oublié de mentionner précédemment, encore quelques livres à lire, avant de trancher en quelques mots de la Grande Guerre, et les autres, les innombrables autres, "les guerres en chaine" comme disait encore Gaston Bouthoul...
Encore un mot, pour souligner, ou rappeler l'extrême complexité de la Guerre, encore une de ses données, incontestables, et qu'il faut prendre en compte, examiner autant qu'on le peut: cet énorme et scandaleux paradoxe de sa fécondité, pourtant, envers et contre tout: comment passer à la trappe toutes ces rencontres qu'elle a provoquées, tous ces "ménages d'après guerre" qu'elle a fondés, pour reprendre l'expression d'Henry Bordeaux, cet écrivain à qui il ne suffit pas, non plus, de coller au front l'étiquette AF (Action Française) pour l'y réduire et le botter en touche en évitant de le lire. Et même aujourd'hui, près de cent ans après, voici qu'elle provoque encore des Rencontres... je puis en témoigner ! Mais là, je me tairai, étant parvenu au bord de l'intime de mon intime... Je dirai simplement, et pour en revenir au fil du développement, que je m'arrête volontiers sur cette cp que JLK a simplement commentée par "parfois c'est d'actualité", en me disant "il ne pense pas si bien dire". Cette cp un peu mièvre à nos yeux, sans doute, j'aime à y voir sa légende: "Aimer, c'est s'élever au dessus de la guerre", et souligner au passage qu'aimer est en effet une élévation, qui demande quelque effort, contrairement aux apparences un peu "sucrées" de cette image...J'aime à voir dans cette grappe dorée au premier plan comme un symbole de ma Champagne, si meurtrie de guerres, et où pourtant les raisins sont plutôt noirs, autant que sont "noires comme le corbeau" "les boucles de ma bien-aimée", au dire du Cantique des Cantiques, et j'aime ces fleurs... Car, et pour répondre un peu à l'une des questions venues dans le déroulement de ce sujet: Y avait-il des fleurs (ou du houx) dans les tranchées... bien évidemment oui, et les combattants, pour certains d'entre eux au moins, ne négligeaient pas d'y être sensibles, relisez donc Etienne Tanty, dont l'éditeur si bien inspiré a donné pour titre à ses lettres de guerre: Les Violettes de Merfy, -Merfy, ce village champenois si proche du mien. L'éditeur ayant été beaucoup moins inspiré en commettant le sous-titre qui parle de poilu qui n'aimait pas la guerre ... -car lequel l'a aimée ?
Et à cette autre question de Sylvain:
"D'ailleurs quel soldat est mort en regardant un papillon se poser sur une fleur devant sa tranchée ?"
Je répondrais volontiers:
Mon Grand Père, peut être, ou à peu près, mutatis mutandis, puisque le sergent major Georges LAMBERT est tombé, d'une balle en plein front, un beau matin d'avril 1917, un très beau matin, étant donné que cette balle l'a cueilli alors qu'il exposait très probablement imprudemment sa face de si tendre grand père hors de sa tranchée, en s'exclamant à ses hommes: "Ah, il fait beau ce matin..."
Cela, selon la tradition orale qui m'est parvenue, le texte officiel de sa citation, à l'ordre de l'Armée, portant une version beaucoup plus "flatteuse", bien sûre, que cette imprudence de brave homme qui oublie un instant qu'il est dans la guerre, et qu'en face un tireur de tête s'amuse à faire un carton...
Regarder un papillon sur une fleur, ou saluer le soleil matinal, la différence est mince.
Mais que cela porte à mourir, c'est tout le symbole de la stupéfiante absurdité de la guerre...
Mais encore, dans le JMO du 361e RI, au 29 Avril 1915, vous ne trouverez que mention de la destruction du moulin proche: que la mort de mon grand père fasse partie de ce RIEN à signaler, ne vaille pas la peine d'être mentionnée, voilà le symbole même, à mes yeux, de la nécessité où il faut se mettre de surmonter notre propre subjectivité, notre émotivité si fine soit-elle, pour aborder l'étude, l'interminable étude du chancre monstrueux...
Toutes mes excuses d'avoir été un peu long, peut -être ?
Toutes mes excuses à qui que ce soit que tel de mes quelques propos pourrait avoir froissé, ou "assommé", ou que sais-je...
Toutes mes excuses, surtout, pour cet indécent étalage de mon moi, peut-être, ici et là. Voudrez-vous m'accorder qu'il me tient lieu de ces "présentation et motivation" que j'ai jusqu'à présent soigneusement évitées de produire dans la rubrique idoine. Je me suis laissé dire que j'étais d'une "très grande pudeur", et suis donc tout confus d'avoir laissé ainsi s'entrouvrir ma chemise...
Bonnes, longues et fructueuses études à toutes et tous...
Mon article sur mon oncle Maurice se terminait en citant Péguy: "Paix aux hommes de guerre".
J'ai bien plutôt envie de conclure ici par:
Paix aux vivants tant qu'ils vivent !...
Paix donc Respect. -Faut-il écrire res-Paix : la res de respublique étant la "chose" publique, le resPaix serait tout cela qui concerne la Paix ?....
Paix à vous, chacune et chacun; paix en tous rapports entre Humains; paix à toutes Créatures...
Et toujours:
Bien à vous,
Achache
Ce même 2 Juin, 15 h 42. Modifié selon ses souhaits, vers 19 h, après consultation de Monsieur X. Y.
Inscrit sur le Forum le 13.09.2008, voilà donc presque de 9 mois, le bébé me semble à peu près à terme... et je sacrifie au rite de la "présentation"....
A vrai dire, j'ai passé une grande partie de ma journée à rédiger le texte ci dessous, que je prévoyais d'insérer dans le sujet suivant
pages1418/forum-pages-histoire/Generali ... 9006_1.htm
sujet qui s'est trouvé être fermé losqu'enfin mon texte était prêt pour le transfert et publication sur ce Forum.
J'ai passé tant de temps à le rédiger, et le sujet me tient tellement à coeur que je n'ai pas envie de le réadapter encore, mais je tiens à le publier. Je l'insère donc tel qu'il aurait dû s'inscrire dans le sujet précité, auquel, avec mes excuses, je me permets de renvoyer pour toute "contextualisation" qui vous semblera nécessaire. Comme il contient beaucoup (trop!) d'éléments personnels, il a finalement bien sa place ici, en guise d'exposition de mes présentation et motivations.
Voici donc ces menus propos :
Bonsoir,
Ce Mardi 2 Juin, 9 h 13
Bonjour,
Puisque je suis précédemment déjà intervenu dans ce sujet, je me permets d'y mettre quelques mots -j'ai l'habitude de "suivre", autant qu'il m'est possible, les choses dont j'ai commencé de m'occuper.
Je rappelle qu'au départ il s'agissait d'une question qui a pour origine une vente de carte postale (= cp), et je vais donc d'abord traiter de cela.
Comme je l'ai dit déjà dans le cours du présent sujet, j'ai écrit au vendeur de cette cp le message dont j'ai rapporté aussi la teneur.
Dans la soirée, j'ai reçu en réponse un message Monsieur X Y posté le 1er Juin à 19 h 28.
Je l'ai consulté avant d'insérer ce message sur ce Forum: Il ne le souhaite pas, de crainte que ses propos à moi adressés privativement ne ravivent "la polémique".
A quoi j'ai répondu à 20 h 18:
Bonsoir Monsieur Y.
ou bonsoir X. (dès que je le peux, je ne fais pas dans l'anonyme ni le
pseudo),
Je vous remercie d'avoir pris la peine de me répondre.
Vous avez remarqué que sur le Forum, je ne faisais personnellement aucun
commentaire pour ainsi dire.
Je vous accorde qu'il s'agissait, au pire, d'une maladresse, source de
malentendu.
Votre titre a été rectifié, c'était tout de même préférable, me semble-t-il,
non ?.
Dont acte.
Je suis client sur Delcampe pour toute la production du photographe PATRAS
et pour le village de Villedommange, Marne,
si j'aperçois de ces choses qui m'intéressent dans votre boutique, je me
ferai un plaisir de les acheter chez vous.
Bien à vous
(sur ce message à lui envoyé, figurent ici: l'initiale de mon prénom, et mon nom patronymique) /Achache
Certains trouveront peut être quelque chose de "piquant" ou autre, au fait que sur ce Forum je continue dans le pseudo; mais c'est que, précisément, je ne crois pas "pourvoir" faire autrement, pour une ou des raison(s) que j'exposerai un jour, peut être, si l'occasion ou la nécessité s'en présente. Bref...
J'en viens au développement qu'à pris ce sujet, à l'itinéraire surprenant qu'a suivi cette cp... objet d'abord destiné à voyager, n'est-ce pas... Dans ma précédente intervention, je m'étais réservé tout commentaire. Et j'ai exprimé ailleurs dans les pages de ce Forum, dans le sujet de recherche du bois Rouez, mon refus de prendre part à toute polémique. Voudrez-vous bien excuser que cette fois, pourtant et exceptionnellement, je me permette quelques mots ?
Mon grand souhait serait de réconcilier tout le monde, tous ceux et celles qui sont jusqu'à présent intervenu(e)s dans cette "discussion"; et je risque à l'inverse d'irriter chacune et chacun. Tant pis, c'est mon métier de philosophe, d'apprenti philosophe, d'éternel apprenti philosophe (philo = aimer; sophe = sagesse; mais cette sagesse, pas plus que son amour, n'est jamais "acquise à l'homme", comme dit le Poète...), métier de philosophe, donc, que ce risque de la parole qui dérange... ce goût de la sagesse n'étant pas, semble-t-il, "la chose au monde la mieux partagée"; ce qui déjà nous introduit au plein cœur du sujet: la Guerre... Mais: ne nous précipitons pas...
Donc, parcourant ce voyage, me voici, comme si souvent, bien "partagé"... Avec tel ou tel, j'ai envie de sourire, sourire de TOUT, du prétexte initial autant que de son développement. Mon humour incorrigible et robuste, autant que mon recul "d'ironie philosophique" devant toutes choses, m'y invitent et y trouveraient leur compte, à défaut qu'en soit satisfaite ma modestie... Ce-pendant et tout ensemble, me voici pétrifié de déception, d'étonnement, d'un peu d'humeur, et de blessure...
Voilà donc, encore une fois sur ce Forum, qu'une question très précise, "dérive" vers des considérations plus ou moins "générales", et, hélas à mes yeux, plus ou moins "polémiques". Or Polémos, c'est la guerre ! Et nous voici au cœur du cœur de ce que je voudrais tenter de dire ici. C'est là le paradoxe douloureux, que j'aimerais tenter d'examiner devant, ou avec vous:
Comment se fait-il donc que sur ce Forum, où nous sommes, pour l'immense majorité, je pense, par in-amour, dés-amour, contre-amour de "la guerre" (la haine me fait tellement horreur que je ne parle même pas de haine de la guerre; je vomis tant la guerre que je ne reprends même pas la formule "guerre à la guerre"), comment se fait-il, donc, que nous en arrivions si souvent à la pratiquer en sa racine même: la Parole... le Verbe...: cette guerre en germe du non Respect, -non respect de la différence (ce fameux "respect des différences" dont il est si facile de se gargariser dans les discours ...), de l'ironie péjorative, de la simplification dévastatrice, du propos tranchant, qui tranche la parole, donc l'être même d'autrui: petit assassinat courant, matrice infime mais permanente de toute guerre de plus grande envergure ....
Je l'ai déjà écrit, mais c'était probablement en MP à l'un d'entre vous, je ne cesse de m'étonner -ce fameux "étonnement" par lequel commence, et se poursuit, et se perpétue la "philosophie"... Etonnement durable et blessé de voir que tant de gens, si "pacifistes", soient si peu "pacifiques", si peu pacifiants.... Comment oserions nous espérer ou prétendre "pacifier" le "monde" si d'abord nous ne nous efforçons pas de nous pacifier nous-mêmes, et donc aussi et peut-être d'abord, de pacifier notre ex-pression, c'est-à-dire cela qui sort de nous, cette part, toujours si infime, qui sort de nous, de notre nous....?
Je crois me souvenir que c'était à la même personne que j'écrivais aussi, à propos de Maurice Barrès, me semble-t-il, que le travail de l'historien requiert de tenter de se remettre dans le contexte, dans la "mentalité" de l'époque, et donc d'examiner tous les documents, d'où qu'ils viennent, quelles que soient nos réactions premières, affectives, passionnelles à leur égard. Tâche énorme, interminable... D'une chose aussi complexe que cette Guerre de 14 18, comme toute autre guerre, comment trancher en quelques mots ? Un "phénomène" aussi multiforme que la guerre, comment le réduire à quelques "opinions" ? Il demande des approches multi disciplinaires, comme on dirait dans le jargon actuel. Il ne saurait suffire de l'aborder par l'Histoire, les approches historiques étant déjà elles-mêmes multiples et à toutes examiner, d'abord. Encore faudrait-il l'aborder en allant voir ce qu'en disent les psychologues, les sociologues: à commencer, peut être, par Gaston Bouthoul, auteur de tant d'ouvrages sur "le phénomène guerre", inventeur de cette "science nouvelle" voici quelques décennies: la polémologie, science de Polémos, science de la guerre. Encore ce triptyque d'études Histoire/Psychologie/Sociologie s'avèrerait-il bien insuffisant, et pourtant le programme est déjà bien chargé, me semble-t-il... Et il faudrait donc de plus, aborder les sciences dites exactes avec en premier lieu les neurosciences, voir un peu ce que l'on connait du fonctionnement du cerveau humain, "en l'état actuel de nos connaissances" selon la formule consacrée; puis se coller encore à ce qu'en ont balbutié les philosophes, à commencer par Alain, peut-être, puisque nous sommes sur ce Forum. Alain, philosophe ancien combattant, donc bien placé, auteur de ce "Mars ou la guerre jugée" qu'il faudrait lire et relire au moins une fois par an, comme un religieux fait sa retraite annuelle, et dont je voudrais tout citer ici, mais je me contenterai de cela:
"Toi qui me lis, homme ou femme, jeune ou vieux, tu es une petite partie du roi: tu es pour ta part roi d'opinion et de suffrage; de toi dépend en quelque chose la paix et la guerre" (op. cit, NRF Gallimard, Coll. Idées 1969 p .281).
Les philosophes, et enfin... les poètes, y compris les grands textes "religieux". En sommes-nous enfin à l'exhaustivité des études nécessaires préalables, obligatoires avant de dire "je pense que" ?.. Puisque : "Il ne suffit pas de penser, encore faut-il étudier"... comme le disait si bien ce grand philosophe champenois, Gaston Bachelard, ce philosophe à l'itinéraire exemplaire, qui partit de l'épistémologie, philosophie des sciences, ou de la science, cette passionnante enquête interminable mais toujours si sectorielle et insuffisante, et qui finit, forcément, cherchant l'Essentiel, par se tourner vers l'examen des poètes ... puisque les poètes seuls, effleurent, parfois, à cet infime joyaux de Vérité caché dans l'infinie gangue de la Réalité...
Alors, que de bonnes et longues et studieuses études préalables je voudrais souhaiter à toutes, tous, chacune et chacun... Pour ma part, voilà plus de quarante cinq ans que je m'applique à cette étude "tous azimuts" ou presque, de "la guerre"; et tout ce que je puis en dire, c'est de reprendre la parole d'or de notre Patron à tous, nous autres apprentis philosophes: "La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien" !
Si je me suis inscrit sur ce Forum, c'est moins, comme la plupart, peut être, pour y chercher les traces de mes proches, victimes de cette Guerre, mon Grand Père Georges et mon Oncle Maurice, à qui j'ai consacré un petit article sur le site "Ils ont vécu Vauquois", que pour travailler à mes recherches d'histoire régionale, cette guerre ayant été bien présente dans mes parages, et que, surtout, pour y examiner encore et toujours de plus près et dans le plus possible de ses détails ce chancre monstrueux qui a rongé l'Europe pendant quatre, chaudron de sorcière effrayant qui a enfanté tout cet épouvantable XXe au cours duquel le suicide de l'humanité s'est tant accéléré sous des multiples formes, et pas seulement celles de la guerre, "la guerre, la guerre, toujours recommencée", pour reprendre Paul Valéry (encore un poète !...), en en changeant un mot, puisqu'il parlait, lui, de la mer, et non de la guerre, dans son Cimetière marin... Pour scruter encore et encore, avec l'œil du médecin effaré plus que de tout autre, cet abcès de purulence toujours accélérée qui me laisse toujours aussi stupéfait: que des hommes organisent ainsi toutes leurs sociétés à l'usage exclusif de se taper les uns sur les autres. Stupeur durable, étonnement irréversible et irréductible par lequel "commence la philosophie": que l'homme puisse ainsi s'octroyer le droit de vie et de mort sur son semblable... Ce cancer gigantesque aux multiples et toujours nouvelles métastases qu'est "la guerre", en soi, comment la réduire à une formule... Ce n'est pas si simple, rien n'est simple, dès qu'il s'agit de l'homme: une "compléxification croissante" disait Pierre Teilhard de Chardin, dans son jargon, bien encore plus de poète que de géologue et de paléontologue... à propos de l'Evolution. Et l'homme, au bout de cette évolution: la complexité des complexités... Alors, avant de trancher en quelques mots, si nous nous mettions à étudier, étudier, avec cette discipline qui convient à l'étude, cette rigueur, cette maîtrise des passions qui sont les germes mêmes de la guerre, cela, encore pour reprendre les esquisses du philosophe Alain...
Car il ne suffit pas d'être pacifiste. Encore faut-il être non-violent...
Encore la philosophie: les deux philosophes majeurs, en France, au XXe...: sans doute pas ce pauvre Sartre, mais bien Albert Schweitzer, inventeur de "l'éthique du respect de la vie", philosophe fondamental, réduit à quelques images d'Epinal, comme on veut réduire la guerre à quelques "causes"... Et Lanza del Vasto, philosophe, ou poète ? -c'est tout un, les vrais, les grands sont les deux à la fois, c'est même à cela qu'on les reconnait: réécoutez Platon... il ne jargonne pas dans ce vocabulaire "technique" avec lequel on confond trop souvent la "philo"... Lanza del Vasto, importateur en Europe, et cultivateur, de la non-violence gandhienne... Et je dis cultivateur, car c'est bien un travail que la non-violence, une culture plus rude encore que celle de la terre ne l'était pour nos prédécesseurs, avant l'invasion des machines dévastatrices (toujours et encore ce suicide organisé où l'Humanité se complet depuis les récents siècles...).
Est-il donc si difficile d'apprendre à s'exercer au Respect, au respect de tout et de tous vivants. "Aimer les vivants tant qu'ils vivent"... Si seulement l'Homme respectait l'Homme....; si seulement il respectait l'Arbre: s'il n'ethnocidait pas la forêt amazonienne, ni la plaine champenoise pour la vitrifier au béton, et au bitume de ces routes et ces routes encore, fussent-elles de fer, et réservées aux TGV... "Les routes ne sont pas la civilisation" disait cette autre et ardente philosophe, Simone Weil, crevée de faim à Londres en pleine guerre, la seconde parmi les dites "Mondiales" !... Si seulement il respectait...
La non-violence... pour ma part elle m'a été révélée par mon maître Monsieur Cesbron, par son roman Entre chien et loups, cette histoire d'un lieutenant qui, en pleine guerre d'Algérie découvre cette même non-violence... monsieur Cesbron ajoutait: "Entre chien et loup, il y l'homme. J'ai confiance en l'homme." Moi aussi, j'ai confiance en l'Homme, mais l'homme ne devient l'Homme qu'au prix d'un certain effort, continuel, d'une certaine culture, de lui-même, au prix du fer de la charrue en lui-même... -Ce livre m'est tombé dessus quand j'étais en classe de 3e, je crois, et enfant de troupe ! Dans une école militaire ! Et je m'y suis converti, à la non violence, j'ai commencé, voilà 45 ans, et ce n'est certes pas fini, loin d'être acquis.... J'ai commencé à être "objecteur de conscience", sous l'uniforme bleu marine, situation plutôt inconfortable... mais quand on prétend s'engager à contester la guerre, toute la guerre, toutes les guerres, il faut s'y engager à fond... s'investir à tous ses dépens, -car dès lors, j'avais signé mon adieu à la belle et brillante carrière qui, toute modestie gardée, m'était promise, sous l'uniforme...
Comment ? Je délire en plein hors sujet ? Que non ! Puisque cet homme, mal inspiré, sans doute, maladroit dans une courte annonce pour vendre une méchante carte postale, il a suffit de quelques mots polis, respectueux, "courtois", comme il dit, pour m'en faire "un ami"; puisque voici ce qu'il m'écrivait ce matin même, à 8:43, et que j'ai reçu un peu plus tard alors que je commençais à rédiger ce menu propos...:
> Cher Monsieur,
> J'aurais modifié mon annonce bien plus tôt si l'on s'était dès le
> début adressé à moi aussi courtoisement que vous, mais j'ai reçu
> plusieurs mails très agressifs,
(j'omets ici quelques lignes pour répondre au souhait de Mr X. Y. que je garde ses propos privés à moi seul adressés. Achache)
> Bien à vous,
> X Y.
Agressifs... L'agressivité, voilà encore un objet d'études que j'ai oublié de mentionner précédemment, encore quelques livres à lire, avant de trancher en quelques mots de la Grande Guerre, et les autres, les innombrables autres, "les guerres en chaine" comme disait encore Gaston Bouthoul...
Encore un mot, pour souligner, ou rappeler l'extrême complexité de la Guerre, encore une de ses données, incontestables, et qu'il faut prendre en compte, examiner autant qu'on le peut: cet énorme et scandaleux paradoxe de sa fécondité, pourtant, envers et contre tout: comment passer à la trappe toutes ces rencontres qu'elle a provoquées, tous ces "ménages d'après guerre" qu'elle a fondés, pour reprendre l'expression d'Henry Bordeaux, cet écrivain à qui il ne suffit pas, non plus, de coller au front l'étiquette AF (Action Française) pour l'y réduire et le botter en touche en évitant de le lire. Et même aujourd'hui, près de cent ans après, voici qu'elle provoque encore des Rencontres... je puis en témoigner ! Mais là, je me tairai, étant parvenu au bord de l'intime de mon intime... Je dirai simplement, et pour en revenir au fil du développement, que je m'arrête volontiers sur cette cp que JLK a simplement commentée par "parfois c'est d'actualité", en me disant "il ne pense pas si bien dire". Cette cp un peu mièvre à nos yeux, sans doute, j'aime à y voir sa légende: "Aimer, c'est s'élever au dessus de la guerre", et souligner au passage qu'aimer est en effet une élévation, qui demande quelque effort, contrairement aux apparences un peu "sucrées" de cette image...J'aime à voir dans cette grappe dorée au premier plan comme un symbole de ma Champagne, si meurtrie de guerres, et où pourtant les raisins sont plutôt noirs, autant que sont "noires comme le corbeau" "les boucles de ma bien-aimée", au dire du Cantique des Cantiques, et j'aime ces fleurs... Car, et pour répondre un peu à l'une des questions venues dans le déroulement de ce sujet: Y avait-il des fleurs (ou du houx) dans les tranchées... bien évidemment oui, et les combattants, pour certains d'entre eux au moins, ne négligeaient pas d'y être sensibles, relisez donc Etienne Tanty, dont l'éditeur si bien inspiré a donné pour titre à ses lettres de guerre: Les Violettes de Merfy, -Merfy, ce village champenois si proche du mien. L'éditeur ayant été beaucoup moins inspiré en commettant le sous-titre qui parle de poilu qui n'aimait pas la guerre ... -car lequel l'a aimée ?
Et à cette autre question de Sylvain:
"D'ailleurs quel soldat est mort en regardant un papillon se poser sur une fleur devant sa tranchée ?"
Je répondrais volontiers:
Mon Grand Père, peut être, ou à peu près, mutatis mutandis, puisque le sergent major Georges LAMBERT est tombé, d'une balle en plein front, un beau matin d'avril 1917, un très beau matin, étant donné que cette balle l'a cueilli alors qu'il exposait très probablement imprudemment sa face de si tendre grand père hors de sa tranchée, en s'exclamant à ses hommes: "Ah, il fait beau ce matin..."
Cela, selon la tradition orale qui m'est parvenue, le texte officiel de sa citation, à l'ordre de l'Armée, portant une version beaucoup plus "flatteuse", bien sûre, que cette imprudence de brave homme qui oublie un instant qu'il est dans la guerre, et qu'en face un tireur de tête s'amuse à faire un carton...
Regarder un papillon sur une fleur, ou saluer le soleil matinal, la différence est mince.
Mais que cela porte à mourir, c'est tout le symbole de la stupéfiante absurdité de la guerre...
Mais encore, dans le JMO du 361e RI, au 29 Avril 1915, vous ne trouverez que mention de la destruction du moulin proche: que la mort de mon grand père fasse partie de ce RIEN à signaler, ne vaille pas la peine d'être mentionnée, voilà le symbole même, à mes yeux, de la nécessité où il faut se mettre de surmonter notre propre subjectivité, notre émotivité si fine soit-elle, pour aborder l'étude, l'interminable étude du chancre monstrueux...
Toutes mes excuses d'avoir été un peu long, peut -être ?
Toutes mes excuses à qui que ce soit que tel de mes quelques propos pourrait avoir froissé, ou "assommé", ou que sais-je...
Toutes mes excuses, surtout, pour cet indécent étalage de mon moi, peut-être, ici et là. Voudrez-vous m'accorder qu'il me tient lieu de ces "présentation et motivation" que j'ai jusqu'à présent soigneusement évitées de produire dans la rubrique idoine. Je me suis laissé dire que j'étais d'une "très grande pudeur", et suis donc tout confus d'avoir laissé ainsi s'entrouvrir ma chemise...
Bonnes, longues et fructueuses études à toutes et tous...
Mon article sur mon oncle Maurice se terminait en citant Péguy: "Paix aux hommes de guerre".
J'ai bien plutôt envie de conclure ici par:
Paix aux vivants tant qu'ils vivent !...
Paix donc Respect. -Faut-il écrire res-Paix : la res de respublique étant la "chose" publique, le resPaix serait tout cela qui concerne la Paix ?....
Paix à vous, chacune et chacun; paix en tous rapports entre Humains; paix à toutes Créatures...
Et toujours:
Bien à vous,
Achache
Ce même 2 Juin, 15 h 42. Modifié selon ses souhaits, vers 19 h, après consultation de Monsieur X. Y.