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Re: Donnez des aéroplanes à la France (1912-1913)

Publié : mar. déc. 04, 2012 11:25 am
par CTP
Bonjour à tous
Le numéro 2 des Cahiers des As Oubliés de 14-18 est paru.

Donnez des aéroplanes à la France (1912-1913)


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L’organisation de l’aviation militaire en ces années d’avant-guerre est l’objet de décisions fondatrices, mais aussi de différents conflits d’intérêt et de polémiques. La création des escadrilles par la loi de mars 1912 lui donne une structure pérenne.

Mais la rivalité entre le génie et l’artillerie se lit jusque dans les budgets et s’entend dans les discours des ministres comme elle se lit dans la presse. "Monsieur Lebureau" n’en finit pas d’être mis en accusation. Le montant de la souscription nationale lancée par la presse (plus de 6 millions de francs sur 2 ans) vient s’intégrer aux budgets annuels et fournit environ 200 avions à l’armée dont l’adversaire allemand est désigné plus qu’à demi-mot.

Les escadrilles sont-elles toutes opérationnelles ? Et quels avions acheter pour 1914 ? Joseph Noulens, ministre de la guerre, s’en explique devant le sénat en janvier 1914.

Sommaire :
- L’année 1912 se prépare en 1911
- Lois des 29 et 30 mars 1912
- Les premières escadrilles
- Rapport du Colonel Hirschauer
- L’esprit de bouton
- L’organisation des escadrilles de réserve
- Un mort de plus est un mort de trop
- Le retour de la Souscription nationale
- Bilan de la souscription en 1912
- La polémique
- La réponse du ministre M. Noulens
- Les avions de la souscription achetés en 1913
- Organisation de l’Aéronautique militaire en décembre 1912
- Les avions blindés
- La milice des aviateurs

70 pages, 21 x 29,7 cm

4 pages consultables sur
http://www.asoublies1418.fr

Bien cordialement
Claude Thollon-Pommerol

Annonce publiée avec l'accord de Joel Huret.

Re: Donnez des aéroplanes à la France (1912-1913)

Publié : mar. déc. 04, 2012 10:59 pm
par Jean-Claude Poncet
Bonsoir,
Toujours de la polémique au début de l'année 1914 :

Le Démocrate Savoisien n° 787 du Samedi 31 janvier 1914.
Les Débats parlementaires. — L’aéronautique militaire
SENAT. — L’aéronautique militaire. — L’interpellation de M. Reymond
Dans sa séance du vendredi 23 janvier la semaine dernière, le Sénat avait abordé le débat sur la situation de notre aéronautique militaire et il avait entendu la première partie d’un important discours de M. Reymond, qui avait formulé de très vives critiques à l’adresse de l’administration de la guerre.
C’est à la séance de mardi cette semaine que M. Reymond a continué et terminé son discours. Il a réclamé en particulier la création d’une école supérieure d’aviation, qui serait la pépinière de tous nos grands chefs en aéronautique ; il a développé également les considérations sur l’avancement des officiers aviateurs et sur les laboratoires d’aviation militaire. Il s’est plaint d’autre part de l’organisation défectueuse de l’aviation au Maroc et a indiqué les remèdes qu’il convenait d’appliquer pour améliorer notre service aéronautique.
D’autres orateurs, MM. Cazeneuve, Maxime Lecomte, Poulle, Herriot, Alexandre Bérard sont intervenus également dans la discussion dont la suite a été renvoyée à une séance ultérieure.
Jeudi, le Sénat s’est réuni dans ses bureaux pour la nomination des grandes commissions annuelles.

Le Démocrate Savoisien n° 790 du Samedi 21 février 1914.
CHAMBRE. — LES DIFFICULTÉS DU RECRUTEMENT
L’opinion publique a pu s’émouvoir en apprenant, par l’éloquent et si utile discours qu’a prononcé au Sénat M. Reymond, que le nombre des officiers demandant à entrer dans l’aviation, primitivement considérable, tendait à diminuer chaque jour. Le fait est exact, mais cette diminution ne va pas jusqu’à la pénurie. Toutes nos escadrilles d’éclaireurs ont leurs pilotes, officiers ou sous-officiers, et, à ce propos, disons que si le rôle d’observateur doit être généralement confié à un officier, celui de pilote peut être rationnellement dévolu a un sous-officier ou à un simple homme de troupe. J’aimerais mieux être piloté par le « pitou » Pégoud ou Brindejonc des Moulinais, celui-ci actuellement simple soldat aviateur, que par l’officier le plus brillamment sorti de l’Ecole de guerre. Ce qu’il nous faut, c’est un nombre suffisant d’officiers pilotes pour le commandement des escadrilles, et il nous faudra aussi, dans chaque régiment d’artillerie et de cavalerie, un certain nombre de lieutenants, d’ailleurs non distraits de leur corps mais pouvant monter, au moment du besoin, les monoplans affectés à leurs armes.
Cette seconde catégorie d’officiers aviateurs, nous en aurons aisément un nombre suffisant, parce que ce seront des officiers continuant à servir dans leur arme et se distinguant seulement de leurs camarades par la possession d’un brevet qui ne pourra que leur assurer de meilleures chances de carrière ; tels, dans la marine, les officiers brevetés de diverses spécialités et qui servent au titre ordinaire dans les escadres.
Mais est-il vrai que des officiers aient été en quelque sorte empêchés par leurs grands chefs d’entrer dans l’aviation ?
Le fait est en partie exact, du moins pour certaine arme. L’aviation ayant besoin d’officiers techniques, l’on fit tout naturellement appel à l’artillerie ; mais cette arme souffre cruellement aujourd’hui de la diminution constatée du nombre des entrées à l’Ecole Polytechnique. On cite un régiment d’artillerie ne possédant plus qu’un seul lieutenant de cette origine. Comment s’étonner dans ces conditions, que le général directeur de l’artillerie au Ministère de la Guerre — car c’est lui que j’ai entendu accuser de ce parti pris — s’efforce de retenir son personnel ?
Si les régiments d’artillerie souffrent de ces difficultés de recrutement, la situation des établissements d’artillerie, c’est-à-dire des ateliers de construction et de fabrication, de l’école de pyrotechnie, des cartoucheries, est encore plus inquiétante, car les brevets techniques ne peuvent guère être ambitionnés que par les officiers sortis de l’Ecole Polytechnique. Depuis la création du cours supérieur technique, en effet, deux élèves de l’Ecole de Versailles, trois ou maximum, ont répondu a l’appel qui avait été adressé à tout le corps.
C’est donc une question plus large qui se pose ici, c’est toute la question du recrutement des officiers techniques.
Mais à supposer que quelques officiers se seraient laissé aller à un peu de découragement en constatant que leur situation n’est plus celle faite aux premiers aviateurs, ne serait-ce pas une conséquence en quelque sorte forcée de la marche naturelle des choses ? Oui, en 1910. en 1911, l’officier aviateur qui atterrissait dans un village était reçu par la fanfare, les jeunes filles apportaient des fleurs, et, très légitimement, ces jeunes héros recevaient, dans des conditions exceptionnelles la croix ou des galons.
Cela pouvait-il durer longtemps ainsi ? Le public s’est accoutumé à voir passer l’homme-oiseau, et, d’autre part, malgré que le nombre des croix réservées à l’aviation ait été notablement augmenté, le nombre plus élevé des pilotes fait que la proportion des décorés est moindre. Pour l’avancement, enfin, il fallait se garder contre un péril, celui d’avoir, dans quelques années, comme officiers généraux, un nombre excessif d’anciens officiers aviateurs n’ayant pas fourni la preuve de la possession des qualités générales nécessaires à la conduite des armées.
Voilà quelques remises au point. Bien d’autres seraient possibles, et je veux conclure de ces courtes observations qu’il faut se garder, en aéronautique comme en toutes choses, des jugements précipités.
Oui, beaucoup de désordre a été fortement constaté, et des fautes ont été commises, qui étaient à la fois le résultat des circonstances et d’une organisation défectueuse. L’aviation dans l’armée est aujourd’hui logiquement constituée, elle est devenue un corps militaire, où l’on cueillera peut-être moins de fleurs qu’il y a deux ou trois ans, mais où chacun sera à sa place, où tout le monde travaillera, et où tous trouveront la juste récompense de leurs efforts.
Emile CHAUTEMPS, Sénateur de la Haute-Savoie, Ancien ministre.