Re: LA GUERRE BÊTE(S), un poème de l'Argonne...
Publié : mer. mai 13, 2009 10:05 pm
Bonsoir,
J'ai cru apercevoir que certains d'entre nous n'étaient pas complètement allergique à la poésie.
Je leur communique donc la petite pièce suivante,
avec mes excuses de ne pouvoir en donner références ni auteur,
mais vous, vous pouvez en donner vos impressions et commentaires...
Bien à vous,
Achache
LA GUERRE BÊTE(S)
Elégie à ma Dilée
Si je mourais de mort violente
- En est-il une à ne pas l'être ? -
A la Gruerie ou à Bolante,
Corps éclaté parmi les hêtres,
Dans le ruisseau des Meurissons,
Enseveli dans ce haut tertre
Où tant déjà de morts y sont,
A mon créneau - triste fenêtre ! -
Ou plus avant dans la tourmente,
Tout tailladé à La Taillette,
Hors de moi-même, fou, peut-être,
Couvert de boue et d'épouvante,
Dis-toi ...
Dis toi que les oiseaux
Pépiaient parmi les bombes...
- Ce matin j'ai vu, tôt,
Un rossignol juché
Sur nos fils à picots ! -
Les chiens étaient fidèles
Jusque dans la tranchée,
Et les chevaux mouraient
- Comme nous !-
Avec un bon courage
De tendresse effarée...
Combien de paix-colombes
Dans ce brûlant hiver,
Ont vu broyer leurs ailes
Près de La Placardelle...
- Tant de Vivants, divers,
Pour la même hécatombe !
"Les bêtes", comme on dit...
La bête humaine est seule
A mériter ce nom...
Et bien plus que de rire
La guerre n'est jamais
Que le propre de l'Homme.
- Seigneur ! L'étrange espèce !
Ces lieux d'enfer, ces lieux maudits,
Leurs noms de paix chantaient aussi,
Pourtant.
Ô combien doux :
Fontaine aux Charmes
- L'essence forestière
Ou le philtre enchanteur ?
Les deux ont connivence... -
Four de Paris, Crochet,
Petite Courte Chausse,
La Pierre Croisée:
- Quelle pierre ? Quelle croix ? -
Cavaliers sans monture,
Chevaliers de quoi donc ?
Privés de toute adoube,
Vers quel destin de larmes,
Ou de gloire ou d'oubli,
La Haute Chevauchée
Nous aura-t-elle induits ?
Et dans les Merliers
Siffle quel oiseau noir ?
Ô, dérision, sinistre,
Ce Chant du Monde écrit
En tous points de la carte !
Tout ce vert de l'Argonne,
Si intense, est si tendre !...
Pauvre Brocéliande
De l'Est, Merlin aussi
Se porte disparu !
L'Argonne entière
Est Fille morte !
Si je mourais de male mort
-La "bonne mort" existe-t-elle ?-
Devers Vauquois ou Bagatelle,
Près St Hubert - Ô, son du cor...
Dis toi, aux heures
de remembrance,
que je suis mort
de mort fidèle
et tout pareil
que j'ai vécu:
sans plus attendre
un temps meilleur
un temps plus pur
dans la nuit d'encre
de la folie
comment peut-on
oser encore
la dire humaine,
- Si inhumaine.
La verrons-nous jamais
Poindre la belle Aurore
Des Hommes enfin Hommes,
Aux yeux de rosée claire,
Dans le clairon du Rire
Pour tout coq Chantecler
Saluant le lever
Du Soleil de la Paix ?
Quoi qu'il arrive, ma Dilée,
Garde-moi tel en ta mémoire
Que tu me sus de mon vivant:
Si seul - j'ai froid ! - parmi tant d'hommes,
- Où donc es-tu, et nos enfants ? -
Parmi les bêtes et les arbres,
Par la grenade ou la tendresse,
Par l'amour fou ou le gros noir,
Le Cœur ouvert.
J'ai cru apercevoir que certains d'entre nous n'étaient pas complètement allergique à la poésie.
Je leur communique donc la petite pièce suivante,
avec mes excuses de ne pouvoir en donner références ni auteur,
mais vous, vous pouvez en donner vos impressions et commentaires...
Bien à vous,
Achache
LA GUERRE BÊTE(S)
Elégie à ma Dilée
Si je mourais de mort violente
- En est-il une à ne pas l'être ? -
A la Gruerie ou à Bolante,
Corps éclaté parmi les hêtres,
Dans le ruisseau des Meurissons,
Enseveli dans ce haut tertre
Où tant déjà de morts y sont,
A mon créneau - triste fenêtre ! -
Ou plus avant dans la tourmente,
Tout tailladé à La Taillette,
Hors de moi-même, fou, peut-être,
Couvert de boue et d'épouvante,
Dis-toi ...
Dis toi que les oiseaux
Pépiaient parmi les bombes...
- Ce matin j'ai vu, tôt,
Un rossignol juché
Sur nos fils à picots ! -
Les chiens étaient fidèles
Jusque dans la tranchée,
Et les chevaux mouraient
- Comme nous !-
Avec un bon courage
De tendresse effarée...
Combien de paix-colombes
Dans ce brûlant hiver,
Ont vu broyer leurs ailes
Près de La Placardelle...
- Tant de Vivants, divers,
Pour la même hécatombe !
"Les bêtes", comme on dit...
La bête humaine est seule
A mériter ce nom...
Et bien plus que de rire
La guerre n'est jamais
Que le propre de l'Homme.
- Seigneur ! L'étrange espèce !
Ces lieux d'enfer, ces lieux maudits,
Leurs noms de paix chantaient aussi,
Pourtant.
Ô combien doux :
Fontaine aux Charmes
- L'essence forestière
Ou le philtre enchanteur ?
Les deux ont connivence... -
Four de Paris, Crochet,
Petite Courte Chausse,
La Pierre Croisée:
- Quelle pierre ? Quelle croix ? -
Cavaliers sans monture,
Chevaliers de quoi donc ?
Privés de toute adoube,
Vers quel destin de larmes,
Ou de gloire ou d'oubli,
La Haute Chevauchée
Nous aura-t-elle induits ?
Et dans les Merliers
Siffle quel oiseau noir ?
Ô, dérision, sinistre,
Ce Chant du Monde écrit
En tous points de la carte !
Tout ce vert de l'Argonne,
Si intense, est si tendre !...
Pauvre Brocéliande
De l'Est, Merlin aussi
Se porte disparu !
L'Argonne entière
Est Fille morte !
Si je mourais de male mort
-La "bonne mort" existe-t-elle ?-
Devers Vauquois ou Bagatelle,
Près St Hubert - Ô, son du cor...
Dis toi, aux heures
de remembrance,
que je suis mort
de mort fidèle
et tout pareil
que j'ai vécu:
sans plus attendre
un temps meilleur
un temps plus pur
dans la nuit d'encre
de la folie
comment peut-on
oser encore
la dire humaine,
- Si inhumaine.
La verrons-nous jamais
Poindre la belle Aurore
Des Hommes enfin Hommes,
Aux yeux de rosée claire,
Dans le clairon du Rire
Pour tout coq Chantecler
Saluant le lever
Du Soleil de la Paix ?
Quoi qu'il arrive, ma Dilée,
Garde-moi tel en ta mémoire
Que tu me sus de mon vivant:
Si seul - j'ai froid ! - parmi tant d'hommes,
- Où donc es-tu, et nos enfants ? -
Parmi les bêtes et les arbres,
Par la grenade ou la tendresse,
Par l'amour fou ou le gros noir,
Le Cœur ouvert.