Re: 131 RI - Craonne - décembre 17 -janv 18
Publié : dim. mars 22, 2015 8:05 pm
Bonjour,
Je suis en train de relire un témoignage familial d'un poilu du 131ième de la classe 16. Ce récit a été écrit après guerre, mais souvent avec beaucoup de détails et d'anecdotes. J'essaie de retrouver les endroits cités et les JMO correspondants.
Je suis en particulier sur un chapitre, où il décrit son séjour dans le secteur de Craonne du 17/12 au 23/01. Le JMO en particulier de la 125 Di donne pas mal d'infos concordantes. Par contre, il décrit un tunnel , et je m'interroge pour savoir s'il s'agit de la caverne du dragon, mais qui ne me semble pas être dans le bon secteur, où d'un autre tunnel mais où dans ce cas ?
Le texte "
Or le temps s'écoulait toujours plus vite au repos qu’en tranchée. Le 15 décembre il fallut quitter Crugny pour venir à Ventelay au camp de repos, nous y avons passé la journée du 16 et à la nuit nous avons pris la route pour Craonne; il faisait un froid terrible la route était par endroits couvertes de verglas et nous marchions qu'à grand peine, il arrivait fréquemment aux descentes vers Craonnelle que nous glissions sur les fesses pendant quelques mètres avec tout notre chargement nous donnions 2 coups de pieds à l'homme qui était devant nous et qui tombait à son tour et c'est ainsi qu'il en tombait plusieurs et personne ne s’est fait grand mal.
Cette marche si pénible qu'elle fut dura 28 km, en place droite la route était meilleure et la marche plus facile.
Arrivé en position de première ligne le secteur était peu mouvementé depuis les attaques effectuées par l'armée française du mois d'octobre qui s'est poursuivi depuis le fort de la Malmaison et qui délivra Craonne et le plateau tant disputé de part et d'autre depuis bien longtemps ; nous prenions les postes de surveillance en face des marais de St-Gond, l'ennemi était de l'autre côté ce qui faisait paraît-il une distance de 1500 m, nous recevions parfois ses obus de gros calibre 105,155 et 210 mm. Le froid était toujours très rigoureux et nous n'avions comme abri que des trous individuels creusés dans le parapet de la tranchée et nous prenions la garde de 2 heures en 2 heures et quand nous étions couchés il fallait se lever plus souvent que toutes les heures pour danser dans la tranchée pour se réchauffer les pieds. Notre ravitaillement nous allions le chercher à l'arrière vers 3 heures du matin et pour manger notre pain nous le mettions dans la tranchée il nous le cassions à coups de crosse de fusil. La soupe le rata le café étaient dégelés à la flamme de l'alcool solidifié qui ressemblait à du camphre. Avec une boîte de conserve vide à l'aide d'une baïonnette nous percions quelques trous en côté pour donner de l'air et nous mettions la gamelle dessus et le ravitaillement pouvait être ainsi mangé et sans faire de fumée, donc invisible pour l'ennemi; telle était l'existence menée ainsi pendant une dizaine de jours et ensuite nous avons été en deuxième ligne où nous étions pas beaucoup mieux.
Or il y avait un tunnel fait par l'ennemi au travers le plateau de Craonne, ce tunnel était à la fois long et large (Long 7 km, large de au moins 4 mètres), l'ennemi pendant son occupation faisait son ravitaillement par un chemin de fer installé au milieu, un Decauville et éclairées par l'électricité placée en haut du tunnel et comme le plateau était très haut et très spacieux l’occupant pouvait voir 50 ou 60 km de chaque côté ce qui se passait car au milieu il y avait un observatoire qui pour y accéder il y avait un escalier. Cet observatoire était très dangereux. Pendant que nous l'occupions l'ennemi bombardait parfois les entrées ce qui était très dangereux c'est ainsi qu'un jour par une après-midi un mitrailleur de chez (nous) dont la mitrailleuse était en batterie dans la tranchée voulu s'assurer si elle pouvait fonctionner, si le mécanisme était pas gelé et comme il procédait à la vérification l'ennemi tira un coup de canon, il entendit l'obus arriver il eut le temps de s'écarter et l'obus a explosé sur la mitrailleuse en la réduisant en miettes. Il n'y eut personne de blessés, il arrive parfois que le hasard fait bien les choses ; mais par une nuit de janvier 1918 un poste de deux fusilier-mitrailleurs fut sonné par ces obus qui blessa les deux hommes et tua le caporal qui se trouvait à passer à faire sa ronde. Ces entrées du tunnel étaient très dangereuses.
La période du plateau de Craonne vint bientôt à changer d'aspect quand je suis parti en permission pour 10 jours la section monta en première ligne face à Chevreux, l'ennemi avait envie de faire un coup de main en employant la ruse, comme le secteur était presque calme il ne savait pas où se trouvait la poste de surveillance et comme il y avait beaucoup de neige de vie depuis plus de trois semaines l'ennemi employait un chien auquel il avait attaché une sonnette au coup qu'il faisait courir le long de la tranchée pour que les hommes qui étaient de garde tirent sur le chien à fin de reconnaître où, mais les hommes de chez nous n'ont jamais tiré ; mais à la quatrième nuit vers 10 heures ce n'était plus le chien qui venait, c'était ses patrons, il passait dans le petit bois déchiqueté de Chevreux qui séparait nos lignes en rampant sur la neige, ils étaient environ une vingtaine tout habillé en blanc et par conséquent presque invisible sur la neige mais leur projet ne réussit pas, tout en rampant ils se donnaient des petits coups de sifflet pour ne pas se perdre, les postes avancées comprirent bientôt cette manœuvre est aussitôt se mirent à tirer et à lancer quelques grenades et ensuite se replier en deuxième ligne. L'ennemi au lieu de fuir avança dans notre tranchée et ne trouvant plus qu'un soldat du 113e car nous étions en liaison avec ce régiment ils emportèrent son fusil-mitrailleur car l'homme était blessé et essayèrent de l'emmener mais ne pouvant y réussir ils le laissèrent entre les deux lignes ; en pareille circonstance la liaison était coupée entre nos deux régiments et il fallait la rétablir, les quelques soldats du 113e qui se trouvaient dans la tranchée en côté du coup de main effrayé par la surprise de l'ennemi aussitôt ils aperçurent la patrouille de nos hommes se mirent à tirer sur eux sans pouvoir leur faire entendre raison et nous avons été plus de 2 heures après cette scène tragique avant de pouvoir rentrer dans notre tranchée. Aussitôt rentré en position il fut ordonné d'effectuer quelques patrouilles entre les deux lignes, une patrouille du 113e entendit quelques gémissements sur la neige elle s'avança et reconnu les soldats fusil-mitrailleur du 113e blessé et emmené par la Boche à mi-chemin entre les deux lignes est abandonné. Ils le ramenèrent dans notre tranchée et il déclara que les Boches avant de le laisser l'avaient frappé terriblement sur le ventre à coups de talon de bottes, il fut évacué à l'ambulance il mourut le lendemain.
Les 23 du même mois nous étions revenus au tunnel est relevé par le premier régiment d'infanterie qui venait se reposer des attaques qu'il avait fait dans les Flandres et nous nous descendions dans quelques petits pays de l'Oise telle que Verberie : région de Compiègne ; Morue ainsi que Pont Sainte Maxence.
Y'aurait 'il un expert qui pourrais m'aider à repondre à mon interrogations ?
Bien cordialement,
Christian
Je suis en train de relire un témoignage familial d'un poilu du 131ième de la classe 16. Ce récit a été écrit après guerre, mais souvent avec beaucoup de détails et d'anecdotes. J'essaie de retrouver les endroits cités et les JMO correspondants.
Je suis en particulier sur un chapitre, où il décrit son séjour dans le secteur de Craonne du 17/12 au 23/01. Le JMO en particulier de la 125 Di donne pas mal d'infos concordantes. Par contre, il décrit un tunnel , et je m'interroge pour savoir s'il s'agit de la caverne du dragon, mais qui ne me semble pas être dans le bon secteur, où d'un autre tunnel mais où dans ce cas ?
Le texte "
Or le temps s'écoulait toujours plus vite au repos qu’en tranchée. Le 15 décembre il fallut quitter Crugny pour venir à Ventelay au camp de repos, nous y avons passé la journée du 16 et à la nuit nous avons pris la route pour Craonne; il faisait un froid terrible la route était par endroits couvertes de verglas et nous marchions qu'à grand peine, il arrivait fréquemment aux descentes vers Craonnelle que nous glissions sur les fesses pendant quelques mètres avec tout notre chargement nous donnions 2 coups de pieds à l'homme qui était devant nous et qui tombait à son tour et c'est ainsi qu'il en tombait plusieurs et personne ne s’est fait grand mal.
Cette marche si pénible qu'elle fut dura 28 km, en place droite la route était meilleure et la marche plus facile.
Arrivé en position de première ligne le secteur était peu mouvementé depuis les attaques effectuées par l'armée française du mois d'octobre qui s'est poursuivi depuis le fort de la Malmaison et qui délivra Craonne et le plateau tant disputé de part et d'autre depuis bien longtemps ; nous prenions les postes de surveillance en face des marais de St-Gond, l'ennemi était de l'autre côté ce qui faisait paraît-il une distance de 1500 m, nous recevions parfois ses obus de gros calibre 105,155 et 210 mm. Le froid était toujours très rigoureux et nous n'avions comme abri que des trous individuels creusés dans le parapet de la tranchée et nous prenions la garde de 2 heures en 2 heures et quand nous étions couchés il fallait se lever plus souvent que toutes les heures pour danser dans la tranchée pour se réchauffer les pieds. Notre ravitaillement nous allions le chercher à l'arrière vers 3 heures du matin et pour manger notre pain nous le mettions dans la tranchée il nous le cassions à coups de crosse de fusil. La soupe le rata le café étaient dégelés à la flamme de l'alcool solidifié qui ressemblait à du camphre. Avec une boîte de conserve vide à l'aide d'une baïonnette nous percions quelques trous en côté pour donner de l'air et nous mettions la gamelle dessus et le ravitaillement pouvait être ainsi mangé et sans faire de fumée, donc invisible pour l'ennemi; telle était l'existence menée ainsi pendant une dizaine de jours et ensuite nous avons été en deuxième ligne où nous étions pas beaucoup mieux.
Or il y avait un tunnel fait par l'ennemi au travers le plateau de Craonne, ce tunnel était à la fois long et large (Long 7 km, large de au moins 4 mètres), l'ennemi pendant son occupation faisait son ravitaillement par un chemin de fer installé au milieu, un Decauville et éclairées par l'électricité placée en haut du tunnel et comme le plateau était très haut et très spacieux l’occupant pouvait voir 50 ou 60 km de chaque côté ce qui se passait car au milieu il y avait un observatoire qui pour y accéder il y avait un escalier. Cet observatoire était très dangereux. Pendant que nous l'occupions l'ennemi bombardait parfois les entrées ce qui était très dangereux c'est ainsi qu'un jour par une après-midi un mitrailleur de chez (nous) dont la mitrailleuse était en batterie dans la tranchée voulu s'assurer si elle pouvait fonctionner, si le mécanisme était pas gelé et comme il procédait à la vérification l'ennemi tira un coup de canon, il entendit l'obus arriver il eut le temps de s'écarter et l'obus a explosé sur la mitrailleuse en la réduisant en miettes. Il n'y eut personne de blessés, il arrive parfois que le hasard fait bien les choses ; mais par une nuit de janvier 1918 un poste de deux fusilier-mitrailleurs fut sonné par ces obus qui blessa les deux hommes et tua le caporal qui se trouvait à passer à faire sa ronde. Ces entrées du tunnel étaient très dangereuses.
La période du plateau de Craonne vint bientôt à changer d'aspect quand je suis parti en permission pour 10 jours la section monta en première ligne face à Chevreux, l'ennemi avait envie de faire un coup de main en employant la ruse, comme le secteur était presque calme il ne savait pas où se trouvait la poste de surveillance et comme il y avait beaucoup de neige de vie depuis plus de trois semaines l'ennemi employait un chien auquel il avait attaché une sonnette au coup qu'il faisait courir le long de la tranchée pour que les hommes qui étaient de garde tirent sur le chien à fin de reconnaître où, mais les hommes de chez nous n'ont jamais tiré ; mais à la quatrième nuit vers 10 heures ce n'était plus le chien qui venait, c'était ses patrons, il passait dans le petit bois déchiqueté de Chevreux qui séparait nos lignes en rampant sur la neige, ils étaient environ une vingtaine tout habillé en blanc et par conséquent presque invisible sur la neige mais leur projet ne réussit pas, tout en rampant ils se donnaient des petits coups de sifflet pour ne pas se perdre, les postes avancées comprirent bientôt cette manœuvre est aussitôt se mirent à tirer et à lancer quelques grenades et ensuite se replier en deuxième ligne. L'ennemi au lieu de fuir avança dans notre tranchée et ne trouvant plus qu'un soldat du 113e car nous étions en liaison avec ce régiment ils emportèrent son fusil-mitrailleur car l'homme était blessé et essayèrent de l'emmener mais ne pouvant y réussir ils le laissèrent entre les deux lignes ; en pareille circonstance la liaison était coupée entre nos deux régiments et il fallait la rétablir, les quelques soldats du 113e qui se trouvaient dans la tranchée en côté du coup de main effrayé par la surprise de l'ennemi aussitôt ils aperçurent la patrouille de nos hommes se mirent à tirer sur eux sans pouvoir leur faire entendre raison et nous avons été plus de 2 heures après cette scène tragique avant de pouvoir rentrer dans notre tranchée. Aussitôt rentré en position il fut ordonné d'effectuer quelques patrouilles entre les deux lignes, une patrouille du 113e entendit quelques gémissements sur la neige elle s'avança et reconnu les soldats fusil-mitrailleur du 113e blessé et emmené par la Boche à mi-chemin entre les deux lignes est abandonné. Ils le ramenèrent dans notre tranchée et il déclara que les Boches avant de le laisser l'avaient frappé terriblement sur le ventre à coups de talon de bottes, il fut évacué à l'ambulance il mourut le lendemain.
Les 23 du même mois nous étions revenus au tunnel est relevé par le premier régiment d'infanterie qui venait se reposer des attaques qu'il avait fait dans les Flandres et nous nous descendions dans quelques petits pays de l'Oise telle que Verberie : région de Compiègne ; Morue ainsi que Pont Sainte Maxence.
Y'aurait 'il un expert qui pourrais m'aider à repondre à mon interrogations ?
Bien cordialement,
Christian