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Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : mar. sept. 04, 2012 2:13 pm
par RobertBFR
Bonjour à Tous,

Mes recherches m'ont conduit à lire un article de la revue ‘Lecture Pour Tous’, 15 février, 1916
'Carnet d'un Prisonnier en Allemagne' par Hubert de Larmandie

Sur cet article, il n'est pas évoqué le Régiment, n'y le lieu exacte, juste quelques infos en passant, mais étant sur le sujet 113e Ri et 131e Ri, j'ai fait un rapprochement et je situe ce lieu comme étant la Bataille des Frontières à Signeux du 22 août 1914, la maison de la Douane, le ruisseau, la ligne de chemin de fer...
J'ai donc fait une recherche sur l'auteur et comme il était Sous-Lieutenant j'ai regardé le journal de marches et Opérations du 131e Ri, l'Etat Major du 113e je l'avais déjà analysé lors de ma précédente recherche.
Effectivement Hubert de Larmandie était bien du 131e Ri, donc son témoignage est pour moi d'une grande valeur, car ceux-ci sont rares sur Signeulx le 22 août 1914.

Je vous livre donc la partie du texte analysé ainsi que le lien internet pour le 'Carnet d'un Prisonnier en Allemagne' par Hubert de Larmandie.

Lien : http://www.greatwardifferent.com/Great_ ... ier_01.htm

Extrait du texte sur Signeulx :

J'ai passé la nuit du 22 août 1914 à la belle étoile. Des étoiles, à la vérité, il y en avait fort peu. Ma section était en petit poste à l'est du village de Ville-Houdlemond (près Longwy) dont nous couvrions le flanc droit. Le 21 août, à 17 heures, l'avant-garde de la division avait rencontré les Allemands. Le 1er bataillon de mon régiment avait donné: c'était la première affaire. Pour gagner l'emplacement que nous occupions, vers dix-huit heures, nous avions croisé une charrette de blessés: il s'y trouvait précisément un de mes camarades atteint de trois balles. C'étaient les premiers blessés que nous voyions: nous les regardions avec une sorte de curiosité émue. « Eh bien, comment ça va, mon vieux? dis-je à mon camarade. — Pas trop mal, me répondit-il d'une voix faible: j'ai une balle dans la poitrine, une dans la jambe gauche, une autre dans le bras droit.... »
Je n'oublierai jamais les impressions de cette nuit-là. L'engagement avait cessé avec le jour, et l'obscurité était tombée, nous apportant de loin les notes vibrantes de la charge, mêlées aux cris de nos camarades qui s'étaient hardiment lancés à la baïonnette contre les retranchements allemands. Ajoutez à cela le bruit ininterrompu de la canonnade.... A notre droite, nous apercevions un arc de cercle lumineux, comme un immense brasier sans cesse avivé par les obus incendiaires de l'artillerie ennemie: déjà Longwy flambait sous nos yeux....
Nous étions sur une crête, dominant toute la vallée au bas de laquelle nos camarades se trouvaient à quelques centaines de mètres des Allemands.
La frontière était entre nous et les Allemands.
Parfois on entendait une voix se détachant dans le silence de la vallée, qui criait « Halte-là... halte-là...» Puis un ou deux coups de fusil, dix, vingt, trente, et le silence se rétablissait.... Soudain, dix minutes après, une autre voix, celle-là plus rapprochée, criait encore: « Halte-là... halte-là, ou je fais feu... puis pan... pan... pan.... »
Et l'immense brasier flambait toujours.
Vers 3 heures du matin, un homme de la compagnie vint nous chercher mous devions rejoindre le bataillon qui partait lui-même pour prendre son emplacement de combat.
Il est 4 heures: le jour se lève à peine; il fait un brouillard à couper au couteau: on n'y voit goutte. Nous occupons une tranchée faite hier par le génie. Nous sommes en réserve; les troupes de première ligne occupent la vallée et les pentes du versant qui est en face de nous.
Vers 5 heures, un crépitement se fait entendre, comme si on abattait des arbres à 300 mètres en face de nous, à 600 mètres peut-être. Le brouillard est intense et nous cache même les objectifs que les ordres nous indiquent. Vers 6 heures et demie, un sifflement bien caractéristique nous signale les premières balles égarées qui passent au-dessus de nos têtes. « Cette fois, je crois que la guerre est déclarée, » dit un loustic.
Vers 9 heures seulement, le brouillard se dissipe. A 300 mètres de nous, la petite rivière; plus haut, un talus de chemin de fer: plus haut encore, une route bordée d'arbres, et enfin la crête que je repère à la jumelle: 700 mètres. J'aperçois les éléments du 1er bataillon déployés en tirailleurs qui occupent la crête.
En face de nous, à 800 mètres, des petits points gris à peine visibles se déplacent dans les avoines.
Un coup d'oeil à la jumelle: ce sont les Allemands. Le capitaine donne l'ordre d'ouvrir le feu: « Feu à volonté, à 700 mètres; point de repère: la maison de douane, un travers de main à gauche, dans les avoines.... Commencez le feu. »
Le crépitement de la fusillade se fait entendre et là-bas, de temps à autre, un petit point noir disparaît.
Une demi-heure se passe, puis le capitaine me crie: « Protégez la retraite des camarades. » Diable! cela ne veut pas dire de s'en aller tout de suite.
Depuis un moment, les événements se précipitent: les Allemands occupent la crête. Sur notre droite, sur une crête située à 1 800 mètres, j'aperçois des masses d'Allemands qui avancent. Ce sont.les renforts qui leur arrivent. Il semble en surgir de partout. Les objectifs ne manquent pas, on fait de la bonne besogne: une colonne par quatre s'est présentée à nous, de flanc, sur la route. Nous l'avons laissée se dérouler, puis nous l'avons fauchée: elle a vivement disparu.
Voici bientôt une heure que nous sommes seuls, il va falloir songer à nous retirer nous- aussi.
Je fais battre en retraite ma section par petits paquets. Je reste seul enfin avec le.-six derniers hommes. « Mon lieutenant, plus de munitions. » Ça, c'est radical, il faut partir. Je donne les indications sur l'itinéraire à suivre, et nous bondissons hors de la tranchée.
Du Champ de Bataille à l'Ambulance
Les balles pleuvent de tous côtés, nous sommes pris sous le feu de trois mitrailleuses.
Au premier bond, trois hommes par terre. Au deuxième, une balle dans mon sac: elle a l'heureuse inspiration d'y rester. J'arrive près d'un petit champ vert: le traverserai-je en rampant ou en courant? Il faut être prudent; je commence à ramper. J'ai à peine fait deux mètres, je sens une vive commotion dans le dos, des fourmillements dans les jambes; dix secondes, vingt secondes, la douleur cesse, mais je veux remuer les jambes: impossible, je suis paralysé.
Un de mes hommes tente de me saisir: il reçoit une balle dans le bras. Je leur donne l'ordre de filer et je les vois s'éloigner.
Sapristi! les Allemands sont-ils loin? Je tourne la tête, je ne vois rien. On nous tire dessus de tous côtés, impossible de rien distinguer.
Mais un de mes hommes, voyant ses camarades s'en aller, revient vers moi: il ne veut pas laisser son lieutenant aux mains des Allemands. Il se couche derrière une haie, à l'abri de laquelle il me tend son fusil comme une gaffe à un noyé. Je saisis cette planche de salut, et en trois temps il me hisse jusqu'à lui. Il se couche à côté de moi, je grimpe sur son dos et nous voilà partis vers le village qui est à 300 mètres, lui rampant et moi équilibrant tant bien que mal mon pauvre corps tout insensibilisé. A un moment, nous nous arrêtons, je n'en peux plus, et puis ça tombe trop fort.-sûrement, si nous continuons, nous allons trinquer. Nous faisons le mort; pendant ce temps, comme il ne faut pas perdre le nord, je tends à mon sauveur mon bidon de vin et je vide une petite gourde d'eau-de-vie.
« Courage, mon lieutenant, me dit ce brave garçon.
— Eh! lui dis-je, comme on donnerait cher pour être derrière cette petite grille! »
Elle était à cinq mètres.
Enfin nous repartons et nous réussissons à gagner le village. Mon homme me pose dans une grange vide et va chercher les brancardiers.

Votre avis sur ma conclusion sera le bienvenu.
Robert

Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : mar. sept. 04, 2012 10:58 pm
par Popol
Bonsoir à Toutes & Tous,
Bonsoir Robert,

- Vous avez dit 131e RI: la tranchée belge réagit !

- En effet, les témoignages sur l'action du 131e RI, lors de la bataille de Baranzy - Cussigny - Gorcy, le 22 août 1914, sont rares et donc toujours les bienvenus. Merci d'avance!

- A propos du témoignage du sous-lieutenant Hubert de Larmandie, la conclusion est bonne: il commandait en effet une section de la 12e compagnie du 3e bataillon (commandant M. Parcot) du 131e RI;

- Un autre témoignage existe aux archives du Musée Baillet-Latour à Latour (B), il a été publié par Jean-Claude DELHEZ dans son recueil "La Bataille des Frontières racontée par les combattants" (p. 199 - 2007):

"E. SUINOT - Un anonyme qui, si l'on en croit sa signature, semble répondre au nom de E. Suinot, a laissé dans un carnet manuscrit un témoignage de sa campagne entre le 3 août et le 31 décembre 1914, qu'il a baptisé "Souvenir de mes cinq premiers mois de campagne". Ce jeune soldat mobilisé à l'été 1914 habite alors Paris. Il est appelé dans les rangs du 131e RI qui est en garnison à Orléans. L'homme semble originaire de cette ville, où il fait son service militaire précédemment et où réside sa famille. A la 4e section de la 7e compagnie de son régiment, il participe à la bataille des Frontières dans la campagne de Baranzy, où il est blessé le 22 août. Il est à nouveau blessé lors de l'attaque du 21 décembre contre Boureuilles en Argonne. Evacué sur l'hôpital de Vidauban (Var), il y transcrit ses souvenirs le 27 février 1915" ;

- Un bonne soirée (agréable et bien douce ...) de Bruxelles !

Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : jeu. sept. 06, 2012 5:48 pm
par FAB1
Bonjour à tous
Conséquences à ces terribles combats, la nécropole de Gorcy contient 2000 tombes de soldats des 113e et 131e RI tous morts le 22 août 14 de Signeulx à Gorcy.
Cordialement
FABRICE

Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : jeu. sept. 06, 2012 7:21 pm
par Popol
Bonsoir à Toutes & Tous,
Bonsoir Fabrice, Robert,

- Fabrice, un bataillon du 46e RI a également participé au combat de Gorcy sans véritable liaison avec le 131e RI. Selon Jean-Claude DELHEZ (Le jour de deuil de l'armée française, p. 260), le bilan peut s'établir comme suit: "Les pertes allemandes accusent approximativement 1250 hommes hors de combat parmi lesquels de l'ordre de 340 tués; elles touchent surtout les régimments 119 et 127. Bien plus lourdes, les pertes françaises font état d'environ 4450 hommes hors de combat, dont 1800 tués et 2000 prisonniers. Total général: 5700 soldats, dont 2140 tués. (...) Les trois régiments d'infanterie, 4e, 113e et 131e RI, ont chacun perdu autour de 1300 hommes. Une grande partie des officiers est demeurée sur le terrain, dont le chef de corps du 113e RI. (...)" ;

- Voici un extrait du carnet du soldat E. SUINOT du 131e RI:

(...)

21 août 1914 :

« Après une bonne nuit, on nous réveille en hâte à 4h30, et vingt minutes après nous sommes équipés. On a juste le temps de faire tiédir le jus qui était fait de la veille. Comme cela arrive souvent après s’être bien dépêchés, il nous faut attendre jusqu’à 7 heures avant de partir. L’artillerie nous précède ainsi que le 113e de ligne. Nous traversons le petit village de X… où se remarquent les traces de balles sur les maisons. Puis nous passons par Longuyon : ce pays qui avait eu les Allemands pendant plus de huit jours en était tout de même débarrassé depuis une semaine. La population plaça sur notre passage des seaux d’eau, de vin, de grenadine, de café, et de même d’absinthe. Ce fut une joie générale et je fus de ceux qui purent, même en marchant, remplir leurs bidons. La joie était grande aussi parmi cette population qui voyait enfin défiler nos régiments, et avec quelle gaîté ! Nous devions marcher sur Longwy mais, nous disent les officiers, Longwy est assiégé et nous obliquons à l’ouest. Nous ne faisons pas de grande halte et nous déjeunons en marchant. Quand nous arrivons enfin à Saint-Pancré pour cantonner, il est 5h30 (17h30) et nous sommes suffisamment fatigués. Pour me remettre, je prends l’apéritif (un pernod !) et je trouvé à acheter un litre de kirsch, d’eau de vie, et un pot de fromage à la crème. Nous touchons de plus une poule et la brave femme qui nous loge nous donne du lait. C’en était de trop, sans doute, car une heure après notre arrivée il y a alerte ! On emporte tout, naturellement, et je grimpe une formidable côte par un petit chemin caillouteux, moitié sous bois, avec mon pot de fromage d’une main. Mais jugeant que c’était une arme plutôt embarrassante, mais précieuse, s’il fallait charger à la baïonnette, nous le dégustons tout de suite tout en marchant. Nous sommes restés ensuite plus de deux heures à attendre en haut de la crête pendant qu’un duel d’artillerie, dont nous apercevions les éclairs, se passait près de nous. Quelques coups de fusil aussi sont tirés pas très loin de nous, mais nous rentrons à Saint-Pancré pour 11 heures (23h). Nous dînons à minuit de poulet et pommes de terre avec un peu de salade que nous donna la fermière, et nous nous hâtons de nous reposer un peu sur le foin d’une grange. » (...)

- Une bonne soirée (ensoleillée et bien agréable...) de Bruxelles!


Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : dim. sept. 09, 2012 11:41 pm
par Popol
Bonsoir à Toutes & Tous,

- Voici la suite du témoignage du soldat E. SUINOT de la 7e/131 RI, nous sommes le 22 août 1914:

(...)

22 août 1914 :

« Après un repas de 3 heures, il nous faut s’équiper, et nous partons à 3h30 après avoir bu quelques quarts de lait que la fermière nous offre, froid et chaud. On repart par la fameuse montée et bientôt nous arrivons en Belgique. Je vois un civil donner du tabac à un camarade au passage. Il est 5 heures et nous faisons la pose dans un champ où il nous est distribué 48 cartouches ; cela nous en fait 136. La canonnade et les coups de fusil se font entendre. Nous marchons dans la direction de l’ouest à l’est, face à Longwy maintenant. L’ennemi étant signalé, nous prenons la formation de colonnes de section par quatre à 50 mètres d’intervalle. Nous approchons, et on demande un caporal et quatre hommes pour partir, en éclaireurs, garder la gauche de la section. Je me propose, ainsi que Monteil, Gaillaux, Fleurier (Ndlr: le caporal du 131e RI Fleurier Ovide Charles est tué le 21/11/1914 dans la Forêt de Hesse …), avec le caporal Duteil. Nous traversons un champ d’avoine qui nous trempe complètement les jambes. Déjà les balles sifflent au-dessus de nous. J’arrive au haut de la crête dans un champ de foin coupé et mis petits tas ; je me couche derrière un de ces tas de foin, car à ce moment les balles me sifflent aux oreilles, et je me vois seul. C’est bien là je crois ma première impression du danger, qui cependant ne me donne pas peur. J’attends là derrière mon petit tas de foin qui, s’il me cache de la vue de l’ennemi, ne me protégerait pas des balles. Et je me demande pendant ce temps si je ne suis pas trop éloigné de ma section, que je n’aperçois plus. Je n’aperçois pas davantage l’ennemi, ceci en raison du brouillard. Et mes camarades ? Ils ne sont pas encore passés ! Lorsque je vois passer à ma droite une section de la 6e compagnie qui se couche en tirailleurs à 20 mètres devant moi. Je les rejoins et j’y retrouve mes camarades ainsi que Leroy. Je cause un quart d’heure avec lui en blaguant pendant que les balles nous sifflent toujours aux oreilles. Par prudence, nous mettons notre sac devant notre tête et attendons en fumant une cigarette. Quand soudain, j’entends notre sous-lieutenant nous appeler. Nous regagnons notre section en courant et courbons le dos, mais déjà je m’habitue aux balles qui, du reste, passent au-dessus de nous puisque personne n’est touché. Nous sommes un peu engagés sur la descente d’une crête que nous venons de dépasser, mais par le brouillard, nous ne voyons toujours rien, et ne pouvons pas tirer. Pendant ce temps, nous voyons à nos côtés des sections se replier, tandis que le feu ennemi se rapproche. Il est environ 8 heures et nous nous replions nous aussi de 50 mètres, pour nous aplatir à un endroit où se trouvait (est-ce un hasard ou est-ce le génie qui l’avait prévu ?) des abris en terre de 40 à 50 centimètres de haut. Hélas, toujours dans l’impossibilité de tirer ! Et nous apercevons, passant devant notre champ de tir, des soldats du 113 qui se replient, venant de la gauche et ayant encore baïonnette au canon. Alors la canonnade qui durait depuis ce matin se trouve dirigée vers nous. Je me retourne pour regarder les obus qui éclatent à 100 mètres derrière nous. Beaucoup éclatent trop haut, et forment une fumée blanche dans l’air, mais ces premiers obus ne m’effraient pas du tout. Je suis à côté de mon camarade Souchet, derrière le même abri, et nous sommes inséparables depuis le début de la guerre; tous les obus qui nous rasent d’un peu près au passage nous font baisser la tête, mais c’est en rigolant que nous la relevons."

(... à suivre ?)

- Une bonne soirée (bien agréable et douce...) de Bruxelles!

Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : lun. oct. 01, 2012 10:46 pm
par Popol
Bonsoir à Toutes & Tous,

- Voici la suite du témoignage du soldat E. SUINOT de la 7e/131e RI, nous sommes toujours le 22/08/1914:

(...)

"Enfin, après une grande demi-heure de cette attente, nous commençons à tirer ; je dois dire, un peu au hasard, car il nous est impossible d’entendre les commandements. Un capitaine (paraît-il) qui se trouvait en arrière de notre section, crie à notre sous-lieutenant de tirer sur des troupes pouvant se trouver à 800 mètres et qui venaient vers nous. Je ne peux, du reste, rien distinguer, mais notre sous-lieutenant prétend que ce sont des troupes françaises qui se replient. Je ne tire pas malgré que certains copains ouvrent déjà le feu. Le capitaine crie de tirer et jure. J’essaye de distinguer ce qu’il annonce être des troupes ennemies, et je tire dans cette direction avec calme, et en visant l’endroit indiqué. Bientôt, sur la crête opposée à la nôtre, donc séparée par un ravin, des ennemis descendent, et cette fois, il n’y a pas de doute. Mais comme nous sommes environ à 1000 mètres, je ne distingue nullement la découpure de casques à pointes. Avec cette brume et le soleil qui vient d’en face de nous, on distingue simplement des soldats qui font des bonds en tirailleurs. Enfin, le moment de faire un vrai tir intéressant est arrivé ! Pendant qu’ils étaient couchés ou abrités derrière un buisson, car ils utilisaient le terrain, j’approvisionnais mon fusil pour tirer à répétition pendant chaque bond qu’ils faisaient. Malgré cela, leur feu crépitait, s’avançait ; les troupes et les mitrailleuses surtout qui nous canardaient devaient être retranchées face à nous, mais d’une façon invisible. Bientôt le tir venait de la gauche, qui nous était cachée par un petit vallonnement ; puis comme le 113e a reculé, ce tir se rapprochait. Des mitrailleuses venaient de prendre position à 300 mètres devant nous, mais toujours nous ne voyions rien. Et les balles nous sifflaient de plus en plus, quoique aucun de notre section, qui était bien abritée, ne fut encore touché ; et je peux dire que mon ami Souchet et moi n’avons jamais hésité à nous découvrir pour voir devant nous et aussi pour tirer, ce qui mettait le haut de notre tête au-dessus de l’abri, tandis que quelques-uns à nos côtés tiraient un peu au hasard pour ne pas trop risquer la tête. Il est vrai que la fusillade et la canonnade faisaient rage ; les obus continuaient à nous faire toujours baisser la tête, car presque tous tombaient toujours en arrière. Il y en a un pourtant qui est venu tomber devant notre abri et nous a couverts de terre, mais d’après le bruit sourd qu’il fit il n’a pas dû éclater, sans quoi ?... Une mitrailleuse aussi est venue soulever la terre sur une ligne courbe à 10 mètres à peine devant nous. Aussitôt ce feu passé, cela nous permit de tirer dans sa direction, car elle nous était aussi invisible. Malgré la vue de nos soldats qui se repliaient en longeant une route placée à notre droite et perpendiculaire à notre ligne de tirailleurs, nous ne pensions pas à la retraite, sauf certains peut-être, mais je pensais toujours que nous allions faire un bond à la baïonnette, car nous venions d’apercevoir une ligne de tirailleurs ennemis (une dizaine environ) qui se coucha à 50 mètres devant nous. Ceux-là, j’ai bien vu leurs casques à pointes, mais j’ai eu juste le temps de leur envoyer deux pruneaux, car immédiatement comme à des pantins à qui on tirerait la ficelle, ils se couchèrent, et le terrain nous empêchait de les voir. Voilà un simple trait qui montre leur discipline devant le feu. J’ai tiré encore quelques coups dans leur direction, puis peu de temps après le sous-lieutenant fit couper par un homme courageux, Renaud, les fils de fer bordant un champ qui se trouvait juste derrière nous, afin de faciliter la retraite. Ce fut ce qui arriva ; j’avais tiré environ 80 cartouches et j’avais mal à l’épaule car le tir dans la position couchée avec le sac sur le dos (pour se protéger des obus) était très fatiguant. Je m’aperçus que la retraite avait dû être ordonnée lorsque je vis toute la section dont j’étais à l’extrême gauche fuir vers la route. C’était la débandade, et comme je me trouvais bien en arrière d’eux, je ne pus voir personne de la section que Souchet. Je le suivis, et je ne sais si c’était l’émotion, mais j’avais du mal à le suivre. Je peux dire que c’est à partir de ce moment que le plus terrible de la bataille se présenta à mes yeux : dans ce champ d’avoine que nous traversions, il y avait de grands trous noirs faits par les obus, par endroits des hommes étaient étendus, à un autre endroit ils étaient un tas de rassemblés. Etait-ce des blessés ? Sans doute, mais comment s’y arrêter au milieu de cette fusillade qui nous poursuivait, et qui avait redoublé dès que nous nous étions levés ? Nous traversions de plus cette zone si battue par l’artillerie et je dois avouer que l’affolement général me gagna. Je reçus un premier choc à la cuisse. Je crus que c’était un éclat d’obus, puis il me vint à l’idée que ce pouvait être une balle, car il m’avait été dit que les balles faisaient peu de mal sur le moment. Un peu plus loin, un coup très vif à l’épaule gauche, coïncidant avec un gros obus qui venait d’éclater à ma gauche, me fit faire un petit saut à droite, mais je continuais ma course, ne voulant pas perdre de vue Souchet qui me précédait. Et pourtant, cette haute avoine me brisait les jambes et j’eus un instant l’idée de m’arrêter car mes forces me manquaient, mais la vue de mon camarade qui continuait toujours me décidait et m’entraînait à le suivre. Alors, j’arrivais après un effort à la route. Je m’aperçus que ma capote était déchirée et je sentais le sang me couler sur le bras. Je pris le fossé de la route, mais les balles sifflaient davantage. Nous nous suivions tous en file indienne, ceux qui couraient dépassaient ceux qui ne pouvaient plus que marcher, qui eux-mêmes dépassaient aussi les pauvres malheureux qui se traînaient à genoux. Comment penser à secourir ses camarades : nous étions écrasés par le nombre, et aussi par la mitraille ; un énorme obus vint tomber à 10 mètres de moi de l’autre côté de la route, sur une maison en bordure, et il fît un bruit de tonnerre. Je dépassai dans le fossé de la route notre commandant Brière (Ndlr : chef du 2e bataillon / 131e RI) : il était là, à la place qu’il avait toujours dû occuper pendant le combat, et regardait son bataillon fuir devant une telle mitraille. Il paraissait, tout en souriant, ébahi mais impuissant, et pourtant il bravait encore les balles, ayant mis un sac de soldat sur son dos. Plus loin, je dépassai aussi notre capitaine Marlin (Ndlr : chef de la 7e compagnie du 131e RI) qui nous dit : « Dépêchez-vous », croyant qu’après avoir dépassé cette zone de la mort, il allait nous reformer, quand soudain je le vis se plier sur lui-même et rouler dans le fossé." (à suivre ...?)

- Une bonne soirée (bien douce...) de Bruxelles!

Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : sam. oct. 20, 2012 10:17 pm
par Popol
Bonsoir à Toutes & Tous,

- La journée du 22 août 1914 s'achève pour le soldat E. SUINOT de la 7/131e RI, en retraite vers la France :

"(...) Nous laissons à notre droite le village de Signeulx, puis arrivons, après un passage en dessous, sous une voie de chemin de fer, où s’étaient massés imprudemment une trentaine d’hommes, au village de Saint-Remy. Je ne sais s’il y avait du monde dans ce pauvre village qui devait plus tard être incendié par les obus. Toutes les portes y étaient fermées, et je m’arrêtai sur une pierre avec Souchet afin de poser mon sac, car je ne pouvais plus le porter. Je retirai ce qui pouvait tenir dans ma musette : livret, chocolat, mouchoirs, serviette ; et nous nous orientons pour nous diriger vers l’ouest, vers la France. Nous nous pansons mutuellement en marchant : pour cela, on fait une ouverture, avec un couteau, dans les effets, à l’endroit de la blessure, pour pouvoir introduire le pansement sur la plaie, et on le maintient en enroulant une bande au-dessus de tout. Après le village, les obus deviennent plus rares et nous constatons que nos canons de 75 tirent maintenant sur l’ennemi. Nous escaladons une crête avec assez de mal, d’où nous dominons le champ de bataille que nous venons de quitter. Signeulx brûle. Nous descendons le versant opposé au champ de bataille, de la colline, lorsque nous apercevons une dizaine de cavaliers qui barrent le chemin en bas. Nous nous aplatissons et attendons, mais bientôt nous constatons que ce sont des Français ; heureusement pour eux car nous avions toujours nos fusils. Que de mal pour enjamber les fils de fer barbelés qui entourent les champs que nous traversons pour arriver, après avoir traversé un bois, dans un village où nous sommes reçus à bras ouverts dans une ferme où déjà sept ou huit soldats blessés ou non étaient attablés. La fermière nous donne de la soupe, des œufs à gober, du pain avec du jambon et du vin. Nous repartons aussitôt car nous tenons à être pansés. Après nous être arrêtés encore dans un café près de la douane belge, nous traversons un grand bois où l’on craignait à la sortie de tomber sur l’ennemi, quand enfin nous rejoignons la route de Longuyon. Ce n’est qu’un long ruban de convois divers, chargés de blessés, des hommes de divers régiments qui se sont échappés de la mitraille. Quel véritable spectacle d’une armée battue ! Je me hisse sur un caisson d’artillerie et nous arrivons à Longuyon vers 2 heures de l’après-midi. Un premier hôpital s’offre à nous et nous sommes tout de suite très bien pansés par une sœur. Je m’aperçois que ma blessure n’est qu’une balle qui me traversa le bras à hauteur de l’épaule. Nous montons nous coucher (dans un lit !) et je ne souffre pas trop maintenant que je suis pansé et que j’ai vu ma blessure, car je croyais que c’était un éclat d’obus qui m’avait brisé l’épaule. Quand au choc que j’avais ressenti à la cuisse, je m’aperçus en vidant ma musette, que c’était une balle qui était venue se briser sur mon dernier paquet de cartouches dont cinq sur huit furent tordues et aplaties ! (...)";

- Une bonne soirée de Bruxelles!



Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : dim. nov. 04, 2012 1:43 pm
par Popol
Bonjour à Toutes & Tous,

- Voici la journée du 23 août 1914 pour le soldat E. SUINOT de la 7/131e RI, en retraite vers la France:

(...)

23 août 1914 :

"Vers 7 heures du matin, un abbé infirmier vient demander à ceux qui peuvent marcher de s’habiller pour partir pour Azannes. Il ajoute que l’hôpital ou la ville peuvent être bombardés, mais quand même nous ne demandions qu’à partir, car nous étions impatients, et avant que le convoi ne parte, une sœur nous offre un bol de bouillon et du café. Les plus blessés sont installés dans les trois voitures, et ceux qui peuvent marcher suivent devant ou derrière. Nous traversons Longuyon, les habitants paraissent encore confiants, il est vrai que personne ne connaît déjà l’étendue de notre défaite, et ce qui les attend hélas ! Nous sommes gais et bien dispos ! Mais après 5 kilomètres de marche nous commençons à sentir la fatigue. Nous traversons le village de Pillon incendié par les Allemands lorsqu’ils l’ont quitté il y a douze jours. Il y a là 56 prisonniers qui, nous disent quelques soldats qui cantonnent là, mangent le pot au feu pendant qu’eux ont du « singe ». Nous faisons des poses assez souvent car nous ne restons pas collés au convoi ; nous chantons même, Souchet et moi, quand nous rencontrons des détachements qui retournent au feu, l’air à moitié confiants ; nous les réconfortons en leur disant : « Craignez rien les gars, c’est aujourd’hui qu’ils (les Boches) vont prendre la pile ». Nous arrivons à Mangiennes à 1h30 ; nous déjeunons à nos frais avec du pain et du beurre frais et du vin bouché. Une voiture de paysan nous emmène jusqu’à Azannes où nous embarquons pour Verdun."

(…)

- Vous réactions et ajouts sont toujours les bienvenus! Un bon dimanche (pluvieux ...) de Bruxelles!

Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : mer. mars 26, 2014 10:09 am
par leloupc
Bonsoir,
en effectuant des recherche sur le net je découvre votre forum sur cette bataille de Baranzy.
Mon grand-père Fernand LELOUP appartenait au 131eme RI d'Orléans et fût blessé durant cette bataille et fut ensuite fait prisonnier par les allemands.
Il nous a laissé une trace de toute cette période dans un carnet de mémoires.
Je vous livre ci-dessous dans sa version originale (avec les fautes) le récit de son engagement dans cette bataille et sa blessure.
Extrait :
"... Y prire part le 131eme et le 113eme et en entier 1 bataillon du 4eme Auxerre.
Vers 7h du matin le brouillard; parti ordre d'avancer. La section se trouve en première ligne pas bonne position étant toujours à mi-cote. Les boches en haut en masse d'infanterie et d'artillerie et nous un peu plus d'une demie brigade et eux peut être 2 corps d'armée bonne position et bien retranché.
Vers 7 heures ordre est donné à la section d'avancée voilà le moment critique bapteme du feu entend les balles sifflé a nos oreilles impossible de tiré n'y vois rien ordre est donné de ravancé dans un champ de betteraves l'ont fait vite le bond d'environ 20m et couché de suite gros comme un hareng les balles siffle d'avantage surtout pendant notre bond l'ont n'y vois pas d'avantage mais les pruneaux redouble pas fier tire environ 8 balle (mon tir était fini)
Ordre du lieutenant de ravancer d'environ 30m pour occuper une petite cabane en planche celle du déversoir a peu près les balles redouble il faut pourtant partir il y a déjà des touché ou morts. L'on part je ne sais combien de l'escouade mais avant d'arriver à la cabane peut être 4 ou 5 m je vois mon caporal tombé mort frappé d'une balle dans la tempe d’où la cervelle s'écoulait. Les balles pleuvait dru je regarde en haut et je vois les boches à 10m en grand nombre je regarde derrière moi pas un camarade vite je fais demi-tour et retourne en arrière les balles redouble c'est miracle de ne pas être touché quoique à un moment je sent une secousse dans le dos peut être une balle qui traversa mon bouteillon je n'ais pas regardé et je m'allonge à nouveau dans le champ de betterave en vitesse et toujours tout petit les feuilles vole vu les balles, y reste un peu de temps attendant les renforts mais rien ne vient si ce n'est les boches qui avancent toujours. Plus de chef les soldats clairsemé et pourtant il faut encore se retiré malgré la pluie de balles si l'on ne veut pas être pris. En me retirant je me trouve dans la tranché des officiers commandants, capitaine et hommes de communication mais plus de place les boches avance toujours et pas de renfort. Le commandant envoi le capitaine s'informer et ordonne de se retiré un a un cela devenait triste pour tous officiers et soldat il fallait pourtant partir. Je vois le commandant se retiré et je l'imite la tête face à l'ennemi couché à plat ventre sac au dos fusil à la main ne voyant ni camarade ni blessé ni mort si tellement l'ont se fait petit car les balles tombe toujours. Après avoir fait 5 ou 6 m dans cette position je sens tout d'un coup une douleur dans l'épaule droite et je dis "touché" aussitôt je remue mon bras et je me dis pas cassé, je me dis assez loin attends la mort la ou la délivrance, je met mon sac sur la tête et j'attends.
Combien de camarades était comme moi ou sauf ou morts je n'en sais rien, ce n'était pas le moment de regardé en amateur le paysage car les balles pleuvaient toujours et le canon grondait en même temps ainsi que les mitrailleuses..
Le temps que je suis resté dans cette position je m'en souviendrais toujours la face contre terre par une très forte chaleur suant à grosses gouttes vu le temps et les tourments (que de choses m'ont passé dans la tête femme, parents toute la famille)que je ne reverrais peut être jamais car étant plus près de la mort que de se sauvé. Le temps que je fus dans cette position je ne le saurait jamais mais il m'a semblé bien long, ma blessure ne me faisait pas trop souffrir vu que je ne bougait pas mais j'entendait de chaque coté de moi des camarades hurlé de douleur.
Enfin la fusillade pris fin j'entendis les boches poussé la charge passant et repassant a coté de moi retenant même mon souffle de peur d'être fini d'un instant à l'autre. Peu après les boches commencèrent a ramassé les prisonniers blessé et non blessé, j'hésitait a me lever craignant d'être fusillé comme on nous l'avais dit bien des fois, enfin n'y tenant plus engourdi je prend mon courage a deux mains et je me lève (n'ayant plus d'espoir de retour des français car nous étions battu) aussitôt 2 boches arrivent et me relève doucement je leur dit que j'était blessé au bras ou plutôt leur fait comprendre ils coupe tous mon arnachement et me mette debout avec précaution et m'emmene au poste de prisonnier situé a environ 1 kilometre le premier patelin belge de la frontière dont il ne reste que plus que la maison du poste de police toute les autres ayant été brulé ou bombardé ainsi que beaucoup de civils hommes femmes ou enfants tués vu a ce qu'ils ont dis que des civils avait tiré sur leurs blessés.
En rentrant au poste il me font retourné les poches mais ne môte que mont couteau laisse porte monnaie carnet et mon flacon d'eau de vie que je n'avais pas encore beaucoup touché.
Nous sommes tous placée dans le jardin de cette maison (du poste) des camarades y était déjà mais rien pour se coucher que la terre et rien pour le ventre qu'un quart de flotte et un morceau de jambon distribué par les gardiens. Arrivé aussi des soldats français beaucoup de civils hommes femmes enfants de tout age de 1 an à 80 même que j'ai vu une pauvre vielle amené en brouette par son homme.
Quelle nuit triste nous avons passé couché sur cette terre dur rien dans le ventre et très froid en songeant a ce que l'ont allait devenir car le soir nous avons vu trois belges fusillé sous nos yeux et défense express de se levé sous peine de mort tant pis s'y ont gèle vers 4h du matin les boches allument des feux vite l'ont se lève et l'ont va se chauffé jamais je n'ai eu si froid de ma vie, beaucoup de camarades grands blessé ne se reveille pas, entre mon sergent major de ma compagnie.
Enfin vers midi distribution de plusieurs quart de bouillon et cela nôte pas la faim du tout.
Enfin vers 4h du soir l'ont demande les moins blessés pour partir en autobus faire un voyage de plusieurs heures ou plus (30h il ne se sont guère trompé)...

Re: Témoignage 131e Ri Bataille des Frontières à SIGNEULX, du 22 août 1914

Publié : mer. mars 26, 2014 12:01 pm
par RobertBFR
Bonjour Christian,

Bienvenue sur le forum.

Merci pour votre 1ere intervention, beau témoignage sur les faits.

C'est grâce à ces témoignages que l'on comprend mieux cette bataille sur Signeulx, Baranzy, Gorcy .....

Merci du partage.
Cordialement
Robert