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Re: Le Soldat Inconnu

Publié : sam. nov. 10, 2007 6:56 pm
par larris
Bonsoir à tous

demain le 11 Novembre

un petit hommage


Histoire du Soldat Inconnu
Dès 1916, lors de son discours du 6 novembre 1916 au cimetière de l'est à Rennes, le président du Souvenir français de Rennes, François Simon, a l'idée de placer un soldat inconnu au Panthéon. Il propose ainsi de choisir le corps d'un soldat français tombé au champ d'honneur et non identifié.
Le 12 juillet 1918, le député, Maurice Maunoury, soumet l'idée d'élever un tombeau à un soldat anonyme. Cette même année, il est proposé à Clemenceau le transfert symbolique au Panthéon du corps d'un combattant. Cette idée est adoptée par les députés réunis à l'Assemblée nationale le 12 novembre 1919.
Mais une campagne de presse propose l'inhumation d'un soldat inconnu sous l'arc de triomphe.
Finalement le 2 novembre 1920, un projet de loi est déposé par le gouvernement et voté à l'unanimité par le Parlement.... Il comporte deux courts articles :

Article 1er : Les honneurs du Panthéon seront rendus aux restes d'un des soldats non identifiés morts au champ d'honneur au cours de la guerre 1914-1918. La translation des restes de ce soldat sera faite solennellement le 11 novembre 1920.

Article 2 : Le même jour, les restes du Soldat inconnu seront inhumés sous l'Arc de Triomphe."

La décision
Le 8 novembre, les députés réunis en session extraordinaire adoptaient la loi concernant « la translation et l'inhumation des restes d'un soldat français non identifié ». Encore fallait-il placer dans un lieu symbolique et d'accès facile le corps de ce combattant qui représenterait tous les soldats morts au combat non identifiés.
Le choix du Soldat Inconnu en France
Chaque commandant des huit secteurs tenus pendant la guerre, Artois, Somme, Île-de-France, Chemin des Dames, Champagne, Lorraine,Verdun et les Flandres, reçut comme instruction de « faire exhumer dans un endroit qui restera secret le corps d'un militaire dont l'identité comme française est certaine mais dont l'identité personnelle n'a pu être établie ». Mission pour le moins compliquée, si difficile qu'il fut impossible dans un des secteurs de désigner un corps avec certitude qu'il soit bien français.

Le 10 novembre 1920, en fin de matinée, ce sont huit cercueils, recouverts d'un drapeau tricolore, qui sont alignés dans une galerie souterraine de la citadelle de Verdun transformée en chapelle ardente.

Le deuxième classe Auguste Thin du 132éme R.I, alors âgé de vingt et un ans, est chargé de désigner, le 8 novembre 1920, le soldat inconnu qui reposera sous l'Arc de Triomphe.
Le 9 novembre 1920, les huit cercueils de chêne sont transférés à la citadelle de Verdun, dans une casemate, ils sont plusieurs fois changés de place pour préserver l'anonymat de la provenance de chacun d'entre eux.
Le 10 novembre, les cercueils sont placés sur deux colonnes de quatre dans une chapelle ardente dont la garde d'honneur est confiée à une compagnie du 132ème R.I. André MAGINOT, ministre des Pensions, s'avance vers un des jeunes soldats qui assure la garde d'honneur, Auguste THIN, engagé volontaire de la classe 1919, fils d'un combattant disparu pendant la guerre, pupille de la Nation.
Suivant un cérémonial bien établi, le soldat Auguste Thin, du 132e RI, vêtu d'un uniforme neuf, se trouve devant deux rangées de quatre cercueils en présence du ministre des Pensions André Maginot, qui lui demande, en lui présentant un bouquet de fleurs, de le déposer sur un des huit cercueils qui sont ici.
Il lui tend un bouquet d'oeillets blancs et rouges, et lui expose le principe de la désignation : le cercueil sur lequel ce jeune soldat ira déposer ce bouquet sera transféré à Paris et inhumé sous l'Arc de Triomphe.
La suite est narrée par un journaliste de l'époque.
« Un silence écrase les poitrines. Anxieuse attente, le soldat blême, la démarche raide, fait le tour des huit cercueils. tourne une première fois très vite, sans s'arrêter, puis au second tour, brusquement ; dépose son bouquet sur le troisième cercueil de la rangée de gauche. Un murmure s'élève, soulageant les cœurs : "C'est fini, il a choisi". » Le soldat Auguste Thin, a effectué son choix en additionnant les 3 chiffres composant le numéro de son régiment : 132. C'est ainsi qu'il dépose son bouquet sur le sixième cercueil

Témoignage d'Auguste THIN

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Il me vint une pensée simple. J'appartiens au 6ème corps. En additionnant les chiffres de mon régiment, le 132, c'est également le chiffre 6 que je retiens. Ma décision est prise : ce sera le 6ème cercueil que je rencontrerai.

Partant par la droite, Auguste THIN fait un tour, puis longe les quatre cercueils de droite, tourne à gauche, passe devant le 5ème et s'arrête devant le 6ème cercueil sur lequel il dépose son bouquet rouge et blanc et se fige au garde-à-vous. La Marseillaise retentit.
Le Soldat inconnu est Hissé sur de solides épaules est emporté sur un brancard et quitte la citadelle. Recouvert d'un drapeau sur lequel le maire épingle la croix des soldats de Verdun, et est ensuite transporté à la gare sur l'affut d'un canon de 75, tiré par un attelage, puis il est chargé à bord d'un train en direction de Paris. Il quitte les terres de lutte pour accomplir sa dernière étape de gloire.
Dans la nuit du 10, au 11 novembre 1920, le corps du Soldat inconnu arrive à Paris, il est déposé place Denfert-Rochereau dans une chapelle ardente. Avant de gagner l'Arc de Triomphe, il est porté au Panthéon où le président de la République Raymond Poincaré prononçe une allocution. En suite le soldat inconnu est placé sur un canon de 155, il est acheminé vers sa dernière demeure où il est béni par l'archevêque de Paris puis déposé dans une chapelle ardente en attendant que le tombeau soit prêt, sous la voûte centrale de l'Arc de Triomphe, au milieu d'une foule immense, qui voit passer un des siens
Le 28 janvier 1921, il y a quatre-vingts ans, eut lieu l'émouvante cérémonie de la mise au tombeau.
M. Barthou, ministre de la Guerre, plaça sur la bière enveloppée du drapeau tricolore, un coussin où étaient épinglées la Légion d'honneur, la Médaille militaire et la Croix de guerre.
I1 prononça alors les paroles suivantes:" Au nom de la France pieusement reconnaissante et unanime, je salue le Soldat inconnu qui est mort pour elle " Cette Légion d'honneur, cette Médaille militaire, cette Croix de guerre, que j'ai déposées sur son cercueil, sont plus et mieux qu'un symbole. Elles sont l'hommage suprême de la Patrie aux morts obscurs et anonymes qui sont tombés pour Elle.
" Les morts, surtout les morts, commandent aux vivants, obéissons à leurs voix pour faire la paix qu'ils ont conquise, une France unie et laborieuse, constante et forte. "
Puis tandis que retentissait La Marseillaise, le corps fut descendu dans le caveau et la Dalle sacrée fut scellée sur lui. Le Soldat inconnu commençait sa garde éternelle.
Désormais le souvenir de la 1ère guerre mondiale associant patriotisme, héroïsation des combats militaires, exaltation de la victoire et deuil collectif sera associé à la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.En 1923, la flamme du souvenir est allumée. Elle est ravivée tous les soirs à 18 h 30


L'hommage poétique

Le monde entier disait : la France est en danger ;
Les barbares demain, camperont dans ses plaines.
Alors, cet homme que nous nommions « l'étranger »
Issu des monts latins ou des rives hellènes

Ou des bords d'outre-mer, s'étant pris à songer
Au sort qui menaçait les libertés humaines,
Vint à nous, et, s'offrant d'un cœur libre et léger,
Dans nos rangs s'élança sur les hordes germaines.

Quatre ans, il a peiné, saigné, souffert.
Et puis un soir, il est tombé dans cet enfer...
Qui sait si l'inconnu qui dort sous l'arche immense,
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé
N'est pas cet étranger devenu fils de France
Non par le sang reçu mais par le sang versé ?

Pascal Bonetti, 1920
Extraits de « Légion notre mère, anthologie de la poésie légionnaire 1885-2000 », Éditions Italiques, ministère de la Défense.

Auguste Thin

Fils d'un soldat mort pour la France, Auguste Thin est commis épicier, il s'engage le 3 janvier 1918 à Lisieux , à l'âge de 19 ans. Il participe dans les rangs du 243e R.I à la contre-attaque en Champagne où il est gazé. Quelques mois après, il se retrouve à l'Hartmannswillerkopf, puis à l'Armistice, à Guebwiller. En novembre 1920, il est Soldat du 132e RI à Verdun à la caserne Niel.Auguste Thin faillit ne jamais rentrer dans l'histoire, il aurait pu rester un jeune engagé de 19 ans, à qui le 10 novembre 1920 il ne restait que trois mois de service à accomplir. Mais le soldat pressenti, « un ancien poilu de deuxième classe, le plus méritant possible » qui devait désigner l'un des cercueils exposés dans une galerie de la citadelle de Verdun pour être inhumé, le lendemain, tombant malade à quelque heures de la cérémonie, il est impératif de trouver un autre deuxième classe ayant fait la guerre. C'est alors que le soldat Auguste Thin est désigné.


Sources: Journal Officiel, l'Illustration, Site personnel du Sénateur du Var, Piere-Yves Collombat : www.crdp-reims.fr, Général COMBETTE, Président du comité de la flamme

Cordialement

J.Fouré

http://www.premiumwanadoo.com/memorial- ... france-80/

Re: Le Soldat Inconnu

Publié : mar. nov. 13, 2007 3:16 pm
par stcypre
Bonjour,

Trois précisions:
- le soldat désigné à l'origine était un homme "de couleur" comme le disait le général chargé de la désignation (en fait c'était un martiniquais).
- Avant de partir vers la gare le cercueil fut dirigé vers la mairie de Verdun, où le maire agrafa la médaille de Verdun sur le drapeau tricolore.
- En signe d'honneur, le 132ème RI est actuellement la 132ème compagnie cynophile à Suippes Mourmelon.
Cordialement. J.Claude

Re: Le Soldat Inconnu

Publié : mer. nov. 14, 2007 1:01 pm
par Jean27
Bonjour,
je vous mets ce document prouvant que Gambetta a été associé à l'hommage rendu au soldat inconnu. Gambetta qui avait organisé la défense nationale pêndant la guerre de 1870 se trouve donc dans la même situation. La GG est bien la revanche !
CordialementImage


Re: Le Soldat Inconnu

Publié : mer. nov. 14, 2007 2:58 pm
par armand
Bonjour

Chaque régiment se rattache aux corps ayant porté le même numéro. C'est ainsi que le 132e Bataillon Cynophile de l’Armée de Terre (132e BCAT) est actuellement l'héritier des traditions. Il en a la garde du Drapeau. Unité d’infanterie spécialisée, le 132e Bataillon cynophile de l’armée de terre (132e BCAT) s’honore d’une double filiation : descendant de la 132e Demi – brigade d’infanterie crée en 1794 , il est également le dépositaire des savoir-faire des unités cynotechniques développés au sein des groupements vétérinaires.

Auguste Thin faillit ne jamais renter dans l'histoire. Il aurait pu rester un jeune engagé de 19 ans, à qui, au 10 novembre 1920, il ne restait que trois mois de service à accomplir. Mais le lendemain, le soldat pressenti, « un ancien poilu de deuxième classe, le plus méritant possible » qui devait désigner l'un des cercueils exposés dans une galerie de la citadelle de Verdun pour être inhumé, tombe malade, a quelque heures de la cérémonie. Il est impératif de trouver un autre deuxième classe ayant fait la guerre pour accomplir cette tâche. Ce fut le soldat Auguste Thin.

Fils d'un soldat mort pour la France, Auguste Thin est commis épicier, il s'est engagé à Lisieux le 3 janvier 1918, à l'âge de 19 ans. Il participe dans les rangs du 243e régiment d'infanterie à la contre-attaque en Champagne où il est gazé. Quelques mois après, il se retrouve à l'Hartmannswillerkopf, puis à l'Armistice, à Guebwiller. En novembre 1920, il est à Verdun à la caserne Niel.

Cdt
Armand