Forum PAGES 14-18

Bonjour,

Je suis en train de lire le recueil de poèmes laissé par un AGP de ma femme, Daniel HARANGER, combattant de la PGM, mort en Indochine en 1933. Daniel Haranger était meilleur soldat (de multiples fois décoré) que poète, ce n'est pas de la très grande littérature, mais un bon nombre ont été écrits pendant la guerre et sont à ce titre des témoignages émouvants et précieux de l'état d'esprit d'un acteur de cette époque. (D'autant plus émouvants que nous avons aussi le manuscrit).

L'un de ces poèmes décrit un fait assez ahurissant sur lequel je voudrais votre avis... Le "narrateur" se déplaçant à cheval dans une vallée d'où l'ennemi vient d'être chassé voit de loin un crucifix à un carrefour, s'approche, et découvre que le Christ a été arraché et jeté à terre et que sur la croix, on a suspendu un homme, "un homme ensanglanté pendait par les deux mains ! Atrocité sans nom ! Crime qui peint la race !" etc. Je ne vous retape pas tout le texte, il est long, mais c'est très clair, ce n'est pas une allégorie. Il est décrit la découverte par un homme de cette mise en scène macabre. Le poème est suivi, comme tous, d'une indication de date et de lieu, ici "Remiremont, septembre 1915". Il n'y a pas forcément de lien entre la date de rédaction et les faits décrits (un poème consacré à Charleroi date de 1915).

Or, dans un récent film sur la bataille des Flandres dont j'ai vu un extrait en anglais, on voit une scène du même genre. En plein champ de bataille, un officier anglais découvre un de ces hommes suspendu mort à un crucifix qui se dresse encore entre les tranchées. Vu la diffusion du livre de Daniel Haranger, il est exclu qu'il ait pu inspirer le réalisateur.

Avez-vous connaissance de ce genre de fait ? Le poète a-t-il inventé l'épisode ou bien a-t-on d'autres témoignages plus précis de ce genre de mise en scène "édifiante" ?

Cdlt
Cyrille

Edit : AGP, pas AGO, et 1933, pas 1932, oups !

Bonjour,

Une chose est sûre : les seuls Allemands entrés à Remiremont en 1914-1918 n'étaient plus des combattants, mais des prisonniers.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Bonjour,

Certes, mais s'il est manifeste que le poème décrit une vallée des Vosges, secteur où l'auteur a combattu, beaucoup de poèmes ou de subdivisions du livre sont sous-titrés "Remiremont, 1915", y compris le chapitre qui contient le texte sur Charleroi. Le lieu indiqué n'est rien de plus que le lieu de cantonnement de l'auteur à la date de la rédaction. Il ne nous dira, j'en ai peur, rien de plus.

Cdlt
Cyrille

Bonsoir,

Est-il possible d'en savoir un peu plus sur les secteurs vosgiens évoqués, à quelle date et / ou par rapport à quelle(s) unité(s) ? Peut-être dans ce cas y aurait-il moyen d'essayer d'approfondir le sujet.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Bonjour
C'est en tous cas un thème classique et très utilisé par la propagande et la (petite?) histoire :


http://en.wikipedia.org/wiki/The_Crucified_Soldier
http://video.google.com/videoplay?docid ... 9109040932#
Cordialement
Alain

Bonjour,

Nous n'avons pas encore sa fiche matricule; mais d'autres poèmes sont localisés au Herrenfluh (Alsace). Vu qu'il évoque la retraite allemande, les faits décrits, s'il s'agit d'une vraie description, se seraient produits à l'automne 1914.

Voyant dans le message d'Alain que cette histoire de soldat crucifié est un lieu commun de propagande, je me demande si on pourra vraiment le relier à un fait réel.

Je vois si je peux trouver davantage de précisions.

Cdlt
Cyrille

Bonjour,

Avec Herrenfluh comme nouvel indice, voilà qui va permettre de "cibler" beaucoup moins d'unités potentiellement concernées, c'est déjà une avancée conséquente. Merci.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Bonjour,

Un acte d'une pareille horreur constaté par des troupes françaises devrait logiquement se trouver décrit dans les recueils édités par le Ministère des Affaires Etrangères français sous le titre"Les violations des lois de la guerre par l'Allemagne".
Je n'ai que le tome 1 de ces recueils, tome paru en 1915, et je ne trouve pas le fait mentionné.Par contre, les constatations, procès-verbaux et documents saisis sur des prisonniers allemands constituent un beau recueil des abominations commises par l'Armée allemande de 1914 dont certains comportements individuels et collectifs annoncent et préfigurent les massacres des années 1940 (massacres de civils, de prisonniers, viols, etc...).
La seule différence notable est que le gouvernement allemand n'a jamais livré ses criminels de guerre après 1918 malgré les stipulations du traité de Versailles (articles 228 à 230).
Cordialement,
Guy François.

Bonjour,

Merci pour ces informations.
Dès que possible, je préciserai le parcours militaire de l'auteur.
Mais la piste d'une invention "littéraire" se précise.
Dans ce cas, cela signifierait que ce topos est déjà répandu dans les armées alliées en 1915...

Cordialement
Cyrille