Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous,

Dans le cadre de mes recherches sur les Poilus MPLF de mon village, je viens d'entrer en possession d'une correspondance écrite entre d'un soldat et sa femme. Ce sont toutes les lettres que le soldat a écrit à sa femme. Il y en a des centaines, toutes parfaitement lisibles et en parfait état. La correspondance démarre début 14 et s'achève fin 17 avec sa blessure et son retour au pays. Les lettres sont très bien écrites tant au niveau scriptural qu'au niveau sémantique. Le soldat décrit avec beaucoup de finesse et de lucidité la cruauté du front, mais aussi les petits détails de la vie quotidienne, parfois avec un brin d'humour. Il décrit aussi la vie à l'arrière ; commente le conflit sur le plan international ; échange avec son épouse sur sa famille, le sort des soldats de la région ; mais aussi la vie rurale de son village, rythmée par les saisons...
Que faire de ces lettres ? Elles ont été consciensieusement photocopiées et classées chronologiquement dans trois gros classeurs par sa petite-fille.
J'aimerai avoir vos avis ; je voudrai savoir si cela est courant et normal que ces documents demeurent ainsi sans être exploités car il y en a des dizaines de milliers ; ou si à l'inverse ces documents sont plutôt rares, et qu'il convienne d'en faire un usage quelconque.
Merci de vos conseils.
Bien à vous tous,
Christophe

Christophe

Pour répondre à ta question, si ces lettres sont en ta possession et que lpetite fille de ce "poilus" te les a confié ou que tu les ai récupéré de quelques façon que ce soit...

Je pense qu'il t'appartient d'en décidé sur le sort de cette correspondance et sensiblement, elle ne sont pas tombées entre tes mains par un hasard le plus total...

Je pense qu'au fond elle t'étaient destinées donc dorénavant, il t-appartient de décider de leur sort :

Tu peux les ranger bien au chaud dans un tiroir (ce qui serait du gâchi !)

Tu peux porter à la connaissance des fans de témoignanges, cette correspondance sur le forum (je pense à Stéphan AGOSTO qui en ai friand !)

Si tu as l'accord de sa petite fille...
Toi seul pourra choisir ! Et j'espère que tu sauras faire le bon choix !

Amitiés
Sylvain

Re-bonjour à tous,
Salut Sylvain,
En fait ces courriers me sont prêtés le temps d'une lecture pour l'instant. Je ne sais quoi faire...
A demain aux archives Sylvain,
Bien à vous tous,
Christophe

Bonjour à tous
Bonjour Christophe,
J'ai été confronté à ce dilemne il y a quelques temps en découvrant la correspondance de mon grand-père.
Dans un premier temps j'ai l'ai restranscrite pour une lecture familiale, puis après soumis le manuscrit à un ami du forum - Stéphan pour ne pas le citer - ce dernier m'a vivement conseillé de le faire éditer, j'ai rencontré un éditeur et historien (Eric Labayle) qui s'est dit fort intéressé par ce témoignage du vécu d'un soldat et qui l'a édité dans la collection "Histoire intime" - Editions ANOVI.
Aujourd'hui, il est devenu indispensable de mettre ces témoignages à la lumière, on pourra lire tous les livres que l'on veut sur ce conflit, rien jamais rien ne remplacera ce qu'ils ont vécu et qu'ils portent à notre connaissance dans leur correspondance.
Je ne puis que vous encourager à les publier sous la forme que vous choisirez.
Bien amicalement
Alain

Bonsoir à tous,
Bonsoir Alain,

Merci pour vos encouragements. Puisque vous êtes spécialiste de la question, pourrai-je me permettre de vous contacter en message privé dans quelques temps afin de vous soumettre un échantillon de quelques lettres pour que vous puissiez me dire ce que vous en pensez, où pourriez-vous m'indiquer quelqu'un susceptible d'estimer la qualité de cette correspondance ? J'ai passé la journée à lire environ 200 lettres, et je suis complètement subjugué... Je pense détenir un trésor (comme tout un chacun je suppose lorsqu'il tombe sur une correspondance) !! Je manque totalement d'objectivité, aussi des avis me seraient précieux !! Je dois peut-être mûrement réfléchir avant de me lancer dans une retranscription de plusieurs centaines de lettres si celles-ci sont d'un intérêt tout relatif...
Bien amicalement,
Christophe

Christophe

Je veux bien en lire quelques unes des 200 lettres et t'aider à les trasncrire !

Je suis curieux d'une part et je serai ravi de partager ton trésor

Je te laisse l'honneur de la trouvaille !

Amicalement
Sylvain

Bonsoir à tous,
Bonsoir Christophe,

Si tant est que mon humble avis puisse vous servir en quoi que ce soit, le voici : je me suis trouvé dans la même situation qu'Alain, chez le même éditeur ; je n'ai, pour ma part, connu aucun dilemme car le carnet de mon arrière-grand-père, dans mon esprit, devait être publié et devait profiter au plus grand nombre de lecteurs possible. Cependant, puisque 7 ans ont passé et que j'ai eu la chance et l'opportunité de publier ou de mettre en ligne toute une série de témoignages de combattants et de non-combattants depuis 2001, je nuancerai quelque peu mon enthousiasme de l'époque. J'entends par là que j'ai découvert que les témoignages, s'ils doivent être mis à la disposition de tous, ne présenteront plus à présent (le 90e anniversaire de l'Armistice étant derrière nous...) un même intérêt pour les éditeurs. Les écrits d'un sapeur, d'un aviateur, d'un médecin ou d'une infirmière, d'un officier général, etc. seront sans doute plus "alléchants" que ceux d'un fantassin ou d'un artilleur.
Mais ne vous méprenez pas : pour moi, un témoignage vaut la peine d'être publié, quel qu'il soit. Mais c'est le passionné qui parle, et non un professionnel de l'édition.

A titre indicatif, quelle était l'unité du poilu concerné ?

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Bonsoir à tous, bonsoir Eric,

"Mon soldat" a pour l'instant servi dans quatre régiments : 298ème RI de août 14 à juin 1915, puis jusqu'en septembre 1915 au 86ème RI, puis jusqu'en décembre au 139ème RI, puis jusqu'en mars 16 au 38ème RI. J'en suis là pour l'instant, ayant lu la moitié de la correspondance qui s'achève apparemment fin 17, date de sa blessure.
Réserviste, il a commencé à combattre à partir de décembre 1915.
Ce que je trouve de remarquable, en tant que doctorant en sociologie en fin de thèse usant de l'observation participante comme méthode de recherche, c'est la qualité de ses descriptions. C'est d'une grande valeur ethnographique car il conte formidablement bien son quotidien, tant sur le plan matériel que sur le plan existentiel. Il est convaincu que la guerre va durer quelques semaines, puis quelques mois, puis il ne sait plus... Au début de ses écrits, il use de toutes les ficelles possibles pour éviter de combattre, puis s'y résigne finalement, après une longue espérance de paix. Car dès les premiers jours d'août 14, il a conscience de l'atrocité de la guerre : deux soldats de son régiement se suicident. Infirmier, il voit ensuite ceux qu'il a cotoyé revenir du front atrocement mutilé. Cultivateur, il continue de gérer sa ferme à distance. Epoux et père, il consigne sur le papier l'amour qu'il a pour ses proches se souci. Homme bien intégré dans son village, il croise les destins tragiques de ses congénères et prend toujours des nouvelles des uns et des autres.

Fausse manip, je continue...
Piètre historien et modeste amateur de la PG, je ne suis pas en mesure d'évaluer l'intérêt historique de ce témoignage.
Je vous remercie donc beaucoup pour votre éclairage Eric.
Bien Cordialement,
Christophe

Christophe

Bin dis donc !

Finalement, ce bon soldat à tout pour lui décidément !
Bon soldat, écrivain, intelligent, courageux, intégre, prévenant, manuel, époux attentionné et père de famille modèle... J'imagine qu'il est bon copain...

Là, c'est le description d'un homme proprement dit "idéal" dans toute sa splendeur ! Autrement dit "la perle rare"

En parallèle, il a l'esprit de famille et le sens de l'amitié...

Que devait il manquer à ce brave homme ! (je voudrais connaître juste un défaut ! )

Amitiés
Sylvain