Re: Transcription des notes de Cpl L. A. POFFIDAL, Cie 6/1
Publié : sam. nov. 22, 2008 1:18 pm
Bonjour à tous,
Que soient remerciés ici M. Rhein qui est en possession du carnet et M. Eric Mansuy qui s'emploie à assurer sa diffusion.
Bonne lecture :
Les notes de bas de page renseignent sur les actions conjointes de la 12e DI et de la compagnie 6/1 par recoupement de son historique et des JMO disponibles.
Les éditions ne portent que sur la mise en page.
Transcription des notes personnelles du Caporal Louis Auguste POFFIDAL, 9ème Régiment du Génie 1ère Compagnie du 6ème Bataillon.
20 novembre 1914 !!
Date mémorable. Un détachement part sur le front renforcer la compagnie 6/1. Je suis du nombre. Nous sommes 24.
Je pars joyeux car je suis en compagnie de mon meilleur ami d'enfance "un pays", avec lequel j'ai fait mes études. Son nom : Jean BOUPART.
4 heures du soir ! Notre petit détachement s'ébranle vers la gare d'Angers(1) pour une destination inconnue.
… Verdun ! Arrêt de quelques minutes. Nous débarquons à Ancemont à quelques kilomètres de Verdun. Après nous avoir reposé quelque peu nous nous restaurons. On entend la voix forte du canon dans le lointain.
Nous repartons et sur le soir nous arrivons à Mouilly, cantonnement de la compagnie. J'éprouve un réel plaisir en arrivant car je revois encore deux "pays" arrivés là il y a un mois déjà.
Quelques effusions! … Quelques renseignements …
Le surlendemain, nous partons pour les tranchées pour douze heures de travail. Mes impressions ? Bonnes, mon caractère gai l'emporte sur la vie monotone des tranchées. Mes premiers obus … ? Que te dire …"l'habitude est une seconde nature". On s'y fait vite. Les jours passent… Quelques morts et blessés parmi nous. Le premier effroi te passe vite. En somme pas trop de mal, mais quelle fatigue à travailler dans cette boue.
Décembre court, la tranchée de Calonne est toujours la même. Aucun changement à signaler.
26 décembre 1914
La 12ème Division doit attaquer(2). Le 67e RI étant aux tranchées depuis 4 jours, doit garder ses positions, et l'attaque doit être menée par le 54e (dans mon secteur).
7 heures du matin. La compagnie 6/1 est en réserve à 500 des tranchées, abritée par une crête, au bas de laquelle passe la route de Mouilly à St-Pierre et qui rencontre la tranchée de Calonne à 200m de nous.
… Un coup de 75 ! Signal d'attaque. Aussitôt canonnade intense, 75, 90, 120 … tout s'y mêle. C'est un fracas épouvantable qui dure pendant 9h. Mais les Boches répondent bien et leur infanterie doit sans doute se tenir prête dans leurs tranchées. En effet. Un coup de clairon retentit. Le 54e monte à l'assaut. Mais les Boches bien installés à leurs créneaux font une fusillade intense et tirent bien. Pauvre régiment ! Chaque homme qui monte sur le parapet, chaque tête qui dépasse reçoit une balle meurtrière. Quelques uns ont réussi à franchir le parapet mais sont obligés de rester terrés dans quelque trou d'obus tant la mort plane partout. L'attaque a échoué. Nous n'arrivons même pas aux réseaux de fil de fer Boches (Mauvaise manœuvre. A mon avis la canonnade du matin n'avait pas été assez efficace. Il lui aurait fallu durer beaucoup plus longtemps.)
Seul résultat : un régiment Boche qui arrivait en renfort a été anéanti par notre 75 avant que d'entrer dans les tranchées.
Pour moi grande tristesse, perte cruelle, mon ami, Jean désigné par le sort pour la destruction des réseaux Boches fût tué d'une balle en plein front. L'attaque ayant échoué, la compagnie 6/1 était restée inactive toute la journée, en réserve. Cependant sur la gauche de Calonne nous avions pu nous maintenir, dont un (certain ?) illisible secteur, à (150 ?) illisible mètres de nos positions.
Nous travaillâmes toute la nuit afin de faire communiquer cette tranchée, aménagée par l'infanterie, avec nos anciennes positions. Une fusée Boche nous découvre ; nous nous "planquons". Heureusement car une fusillade nourrie crépite autour de nous. De toute la compagnie, aucune victime.
Le 54e avait laissé ce jour là plus de 400 hommes sur le terrain (Ô ! France ! Que la liberté est chère).
Le calme est revenu. Même travaille qu'auparavant : aménagement des tranchées. Janvier passe, février arrive, aucun changement. Pour me distraire, pendant ce mauvais temps, le compose pour ma sœur, en février, ce petit poème :
Février 1915 – Tranchée de Calonne –
A Ma sœur. 25 juillet 1914
Quatre mois s'étaient écoulés, ma sœur chérie,
Mes études terminées, j'allais te revoir,
Toi à qui j'écris ma modeste poésie,
Toi à qui incombe un si noble devoir,
J'allais apprécier ton rôle de femme et mère,
Me faire connaître ma petite nièce,
Parler de tout, travailler avec mon cher frère,
Refaire ma vie au foyer de toute pièce.
Etre, pendant deux mois entiers dans ma famille,
Auprès de ma mère, de toi et de ta fille,
Avant d'aller, pour 3 ans, servir la patrie,
J'allais enfin rentrer dans la maison chérie.
31 juillet 1914
Ces temps, mes chères pensées, hélas sont oubliées,
Car l'Allemagne, cette rude nation
Avec Guillaume, aigle aux moustaches relevées,
A montré férocement son lugubre fanion.
1er août 1914
Partout, villes ou villages, ce n'est plus qu'un mot
"Croyez-vous à la guerre" !!
Riches, citadins ou paysans en sabots
Se mêlant à de très longues discussions amères.
5 Heures du soir
Tiens ! Le tocsin sonne. C'est lugubre nouvelle.
Hommes, femmes et enfants, tout le monde aux aguets
Se précipite auprès de l'affiche cruelle
"La mobilisation" ! On en reste muet.
Les femmes pleurent, les hommes sont très nerveux
Mais le Français a repris vite le dessus.
Les départs s'effectuent, on se quitte, larmes aux yeux
Mais vaillant, car de l'Allemagne, il n'en faut plus.
20 septembre 1914
Et mon tour est venu, il m'a fallu partir
Rejoindre mes frères d'armes qui se battaient déjà
Car le froid et la neige contre ce vampire
Voilà février et j'en reste toujours là.
Et maintenant que six longs mois se sont écoulés
Quand pourrai-je te revoir, ma sœur chérie
Embrasse maman, et à toi mille baisers
Et n'oublie pas surtout mon Odette chérie.
… Travail fatiguant. Que de boue !!
17 février 1915
Rassemblement de la compagnie. Départ pour les Eparges. Nous partons pour consolider les positions allemandes conquises par le 67, le 106 et le 132. Mauvais chemin : de la boue jusqu'au ventre. Nous arrivons dans le ravin boisé des Eparges, en face de Trésauveaux, ravin pris d'enfilade par l'artillerie boche, et battu complètement par une mitrailleuse boche située dans un petit bois de sapins. Une partie de la crête est entre nos mains depuis l'attaque. Nous restons là pendant 48 heures. La nuit, quelques coups de fusil, un rien. Mais le jour, bombardement intense. Par miracle, la compagnie est sauve. J'ai remarqué sur ce champ de bataille beaucoup de morts parmi les Français mais beaucoup illisible illisible illisible chez les boches. Dans certains abris souterrains ils étaient entassés par 15 et 20, illisible illisible illisible de notre 75.
Joli travail du 75, contre les tranchées retournées sans dessus dessous, fil de fer arraché ; le petit bois de sapin si meurtrier pour le 132 ; haché entièrement à 50 cms du sol : tel était l'état des défenses allemandes lorsque notre infanterie est arrivée. Jolie attaque donc, mais si les renforts et l'artillerie avaient donné en temps propice le 57 qui était parvenu dans Combres aurait pu s'y maintenir car les Boches ne s'attendaient pas à cette attaque.
Et depuis nous avons su que nous on ? coûté les différentes tentatives pour posséder le piton derrière lequel se trouve le village de Combes. Les Boches avaient deviné nos intentions et amené des forces dans les Eparges.
Nous devons y revenir plus tard, fin mars et commencement avril car à partir du 17 février les attaques et contre-attaques ne devaient plus cesser. Entre temps, travail ordinaire à la tranchée de Calonne et installation d'une pièce de marine de 180 m/m dans le bois derrière le plateau de Mouilly. Installation tout à fait intéressante qui dura plus d'un mois. Véritable fort. Meilleur moment que j'ai passé sur le front.
Fin mars 1915.
Retour aux Eparges. Fortification des tranchées prises à l'ennemi. Nous avançons vers la crête juste en face du village des Eparges.
Que de mal ! Que de boue ! Que de cadavres boches dans les tranchées ! Nous avons l'espoir d'enlever toute la crête. Quelques blessés parmi nous.
Commencement avril 15
Nos attaques font rage(3). Les boches ripostent incessamment par des contre-attaques. Bonne nouvelle ! La crête des Eparges est totalement à nous. Il faut la garder à tout prix car cette crête domine toute la Woëvre. Nous partons consolider des positions acquises. 7 compagnies du génie sont au travail, réparties par secteur. Nous avons le secteur Ouest. Nous restons 3 jours et 3 nuits. Que de maux devons nous endurer ! Il fallait monter par un long boyau pour arriver enfin à la crête. Mais que de boue ! Dans ce boyau, les hommes chargés de pioches, pelles, sacs à terre, réseaux de fil de fer s'enfoncent dans la boue jusqu'à la ceinture. Cette boue forme un liquide gluant qui coule sur les flancs de la crête et rend notre tâche beaucoup plus difficile. Les obus font rage, les boches arrosent complètement le boyau. 'Dénommé "boyau de la mort" par un officier d'infanterie qui nous dépasse) ! Nous sommes couverts de boue. A certains moments il faut ramper dans ce cloaque tant les boches nous surveillent par leurs fusées. Nous arrivons en première ligne. On passe les fantassins, il faut faire une tranchée en avant. On s'installe à l'emplacement. Mais nous dans un fer à cheval encadré par les boches. Au 1er coup de pioche la fusillade et le canon révolver font rage. Nos hommes tombent comme des mouches. Impossible d'exécuter le travail. Nous reculons dans la 1ère ligne car les boches rampaient à 15 m de nous, baïonnette au canon. Toutefois nous les repoussons par une vive fusillade. Total : 3 morts, plus de 25 blessés sur deux sections. Nous devions être également reçus les deux nuits suivantes. Eprouvés, harassés de fatigue durant ces 72 heures de travail, notre cœur se soulage quand ce fut fini. Nous revîmes à Mouilly au repos. Mais quelles impressions sur ce triste tableau … Heureusement la victoire était complète et les boches avaient eu des pertes formidables. Nous avions trouvé certaines parties des tranchées entièrement comblées de cadavres Boches. Nous nous en servions pour refaire un parapet.
Un peu plus tard, nous revîmes encore aux Eparges pour 48 heures. Notre séjour y fut un peu plus gai car le vent et le soleil avaient séché en partie cette boue, cause de tout notre mal. Mais la compagnie fut encore bien éprouvée et dut recevoir après ces attaques 3 renforts successifs du Dépôt.
Repos de quelques jours à Mouilly. Mais voilà que les boches commencent un bombardement intense sur la tranchée de Calonne, bombardement qui devait durer 4 jours et 4 nuits. Au bout de 3 jours et 3 nuits, notre section est envoyée à Calonne pour la réfection des boyaux et tranchées bouleversés.
C'était le 23 avril.
Nous arrivons au carrefour de Calonne, mais impossible d'avancer plus loin tant le barrage d'artillerie ennemi est intense. Ils veulent empêcher toute avance de renforts. Nous attendons la nuit. Nous gagnons enfin la première ligne. Tous les travaux sont bouleversés. Nous nous mettons au travail malgré la vive canonnade. Arrive le matin, puis vers 7 Heures, on se remet au travail dans les abris cavernes, car (ou est ?) en plein jour il est impossible de travailler dans les tranchées en boyaux. La canonnade est revenue plus intense avec le jour, les grenades, bombes et torpilles tombent de tous côtés. Notre artillerie ne peut presque pas répondre, faute de repérage, tant les obus affluent de partout. L'artillerie ennemie avait dû être renforcée sur ce point certainement. Nous avions empêché 3 attaque boches durant la nuit.
Ce 24 à 8 H. le bombardement cesse tout à coup, on croit à une attaque, l'infanterie se précipite aux créneaux. Mais rien, fausse alerte. On respire un peu de ne plus entendre cette monotone chanson.
9 Heures. Le sergent de section m'envoie avec 4 hommes au secours de fantassins enterrés en première ligne. A cet endroit plus de tranchées, plus de défenses possibles, nous avançons en rampant à travers les rondins de sapin, les chevaux de frise … dans les débris en somme qui comblent la tranchée. Je n'aperçois que deux fantassins en sentinelle. L'une est sauve, l'autre est sourde. Voilà ce qui reste d'une compagnie. Je leur recommande de veiller. Ce pendant, mes hommes s'étaient mis au travail. Dans les décombres des cris s'élevaient. Il fallait à tout prix sauver ces pauvres hommes. Nous constatons que 3 d'entre eux vivent seulement, tous trois blessés. Deux sont déjà dégagés et reposent dans un Illisible, la tête sur un sac ; du 3ème il ne restait plus qu'a dégagé le pied droit quand tout à coup les boches recommencent à nous bombarder avec une intensité inouïe. Les obus tombent autour de nous, visant dans la première ligne. Impossible de rester plus longtemps nous sommes lourds, nous allons infailliblement être fauchés tous les cinq. Il faut partir et laisser ces malheureux. Nous nous précipitons tête baissée jusqu'à l'abri du génie. Nous sommes là rassemblés à une vingtaine, furieux, la rage au cœur de ne pouvoir rien faire contre cette mitraille, contre ce fer qui fauche autour de nous. L'abri n'est pas atteint.
Tout d'un coup, après une 1/2 heure de ce bombardement on constate que les boches ont rallongé leur tir. Nous nous méfions. Nous voulons sortir pour constater et nous entendons alors une vive fusillade : "Aux armes", c'est une attaque. Les boches arrivent en foule, ils attaquent avec un régiment de front sur un km et derrière aux ailes et au milieu 3 régiments en colonne par 4. Le 67 non encore renforcé se trouve attaqué par une division. On se défend bien. Les boches arrivant dans nos réseaux s'y empêtrent et nous faisons une boucherie, mais un tel flot nous envahit et il va falloir reculer quand un shrapnell vient m'atteindre au mollet. Je me sens blessé, ça me brûle au mollet, le sang coule, il faut me sauver si je ne veux pas rester prisonnier car les boches arrivent faisant tournant et apparaissent de tous côtés. D'un bond malgré la douleur je me précipite sur le parapet et m'élance vers l'arrière où est le salut. Les balles sifflent tout autour de moi, les obus éclatent à mes côtés, je n'y prend garde et redouble de vitesse. La providence est grande : je ne suis pas touché. J'arrive enfin au poste de secours du 67 à 1500 m de la 1ère ligne. Je suis à bout de souffle, l'écume aux lèvres je tombe à moitié évanoui. Mon pansement est fait. Une voiture est là. Elle nous transporte les autres blessés et moi, vers Mouilly à travers la rafle. Nous arrivons à Rupt en Woëvre et je suis évacué sur Villers et Neufchateau ou le shrapnell est extrait.
J'ai su que les boches étaient arrivés jusqu'au poste de secours et que là une vigoureuse contre-attaque nous les avions repoussés, les renforts étant arrivés à temps. Leur attaque avait donc échoué et en fin de compte nous avions même gagné 1 km sur leurs anciennes positions.
Nous avons eu certes beaucoup de prisonniers parmi le 67e, la section du génie et le 173 qui était à notre droite et des blessés parmi les renforts restant, mais les boches ont beaucoup plus souffert que nous. Notre 75, notre "joujou" les fauchait en tas, de-ci de là il y avait des tas de cadavres boches qui dépassaient 1m50 de hauteur. Ce fut une bataille acharnée qui dura plusieurs jours et le résultat fut à notre avantage.
Un fait à remarquer est que les Boches étaient tous saouls (comme des Polonais). Ils chantaient et hurlaient comme des bêtes fauves lorsqu'ils arrivèrent à l'assaut, mais les n^tres leur ont montré ce qu'était "Rosalie" et ils les enfourchaient sans mal car ces Boches étant ivres ne leur opposaient que bien peu de résistance.
De Neufchateau je suis envoyé à la Loubière et arrivé là depuis le 1er mai.
Les Dames de la Croix Rouge sont toute à leurs blessés. Elles nous soignent comme leurs enfants. De ce dévouement, de cette grandeur d'âme dont elles font preuve la Patrie doit être fière.
J'en garderai toujours un pieux souvenir.
La Loubière ce 9 mai 1915,
Signé : A ROFFIDAL
34, rue de Belombre
Melun (Seine et Marne).
(1) Gare d'Angers Maître Ecole. Initialement en garnison à Verdun, le Dépôt du 9e RG est transféré à Angers dans les premières semaines du conflit.
(2) Du 20 septembre 1914 au 5 avril 1915, la 12e DI est retirée du front fait mouvement par Moranville, vers Mouilly et Rupt-en-Woëvre. Elle est engagée à Saint-Rémy et les Eparges. Le front se stabilise, la DI occupe lun secteur vers le bois Loclont et Trésauvaux. Le 26 décembre, attaques françaises vers la tranchée de Calonne. Du 17 au 21 février 1915, violents combats aux Eparges. Les 18, 19 et 27 mars, nouveaux combats aux Eparges.
Cie 6/1 – Le 21/09, la 12e DI tient le front dans la région de Braquis, face à Étain, lorsqu’elle est appelée, d’urgence sur la tranchée de Calonne, pour arrêter l’offensive ennemi, en marche sur Saint-Mihiel et les Hauts de Meuse. Le 22/09, la 12e DI arrive à Rupt en Woêvre. La Cie prend part avec la 23e brigade aux attaques de Mouilly, de la tranchée de Calonne, de Saint Rémy, et organise les positions conquises. Le front se stabilise et la Cie travaille sur la tranchée de Calonne avec la 23e brigade, puis sur la position des Eparges avec la 24e brigade. De nuit comme de jour, sans aucun repos, malgré les difficultés continuelles et sans nombres, les sapeurs organisent les réseaux, les tranchées, les boyaux. Le 7 et le 11/11/1914, la Cie se signale tout particulièrement en continuant l’organisation du terrain autour de Saint Rémy malgré de très violents bombardements ennemis et des rafales nourries de mitrailleuses. Le 26 décembre 1914, la Cie prend part à l’attaque menée par la 24e brigade, en avant de la tranchée de Calonne. Les sapeurs partent avant des vagues d’infanterie pour achever la destruction des réseaux, mais les violentes rafales ennemies clouent l’infanterie au sol et l’empêchent de progresser. Les sapeurs arrivés jusqu’aux barbelés ennemis sont obligés de se replier. A plusieurs reprises dans la journée l’attaque est renouvelée, mais toujours sans résultats. La Cie, très éprouvée par le feu ennemi, a cependant fait preuve d’un superbe élan offensif. Elle est ensuite employée à faire la guerre de mines sur la position des Eparges. Guerre lente, souterraine, rude, et cependant meurtrière. Aux Eparges depuis la fin décembre 1914, la Cie, les 8 et le 11 mars, met en œuvre un entonnoir de mine qui est âprement disputé et finalement, restera entre nos mains.
(3) Du 5 avril au 4 août 1915, la 12e DI est engagée sur place dans la 1ère bataille de la Woëvre. Le 9/04, enlèvement de la crête des Eparges, puis stabilisation. Du 24 au 28/04, violentes attaques allemandes vers la tranchée de Calonne et les Eparges, contre-attaques françaises. A partir du 28/04, secteur déplacé à droite, vers la tranchée de Calonne et Vaux-lès-Palameix. Le 5 /05, nouvelles attaques allemandes vers la tranchée de Calonne. Du 3 au 15/06, front étendu à droite, jusque vers Vaux-lès-Palameix. Du 20 au 26/06, attaques françaises vers la tranchée de Calonne.
Cie 6/1 – Le 23 avril, en prévision d’une attaque ennemie, la Cie est ramenée toute entière sur la tranchée de Calonne avec la 23e brigade. L’attaque a lieu, brutale et précédée d’un bombardement extrêmement violent. Deux sections de la Cie luttent jusqu’au bout quoique entourées de tous côtés par l’ennemi. Le 26 avril, nouvelle attaque ennemie au carrefour des Eparges. La Cie aide puissamment l’infanterie à repousser l’ennemi et le terrain est intégralement maintenu.
Le 5 mai, nouvelle et violente attaque ennemie. La première ligne est momentanément abandonnée. Une contre-attaque heureuse nous rend le terrain volontairement abandonné. Au mois de juillet 1915, la Cie est mise au repos avec la 12e DI dans la région de Rosnes, Pierrefitte et Vavincourt.
Que soient remerciés ici M. Rhein qui est en possession du carnet et M. Eric Mansuy qui s'emploie à assurer sa diffusion.
Bonne lecture :
Les notes de bas de page renseignent sur les actions conjointes de la 12e DI et de la compagnie 6/1 par recoupement de son historique et des JMO disponibles.
Les éditions ne portent que sur la mise en page.
Transcription des notes personnelles du Caporal Louis Auguste POFFIDAL, 9ème Régiment du Génie 1ère Compagnie du 6ème Bataillon.
20 novembre 1914 !!
Date mémorable. Un détachement part sur le front renforcer la compagnie 6/1. Je suis du nombre. Nous sommes 24.
Je pars joyeux car je suis en compagnie de mon meilleur ami d'enfance "un pays", avec lequel j'ai fait mes études. Son nom : Jean BOUPART.
4 heures du soir ! Notre petit détachement s'ébranle vers la gare d'Angers(1) pour une destination inconnue.
… Verdun ! Arrêt de quelques minutes. Nous débarquons à Ancemont à quelques kilomètres de Verdun. Après nous avoir reposé quelque peu nous nous restaurons. On entend la voix forte du canon dans le lointain.
Nous repartons et sur le soir nous arrivons à Mouilly, cantonnement de la compagnie. J'éprouve un réel plaisir en arrivant car je revois encore deux "pays" arrivés là il y a un mois déjà.
Quelques effusions! … Quelques renseignements …
Le surlendemain, nous partons pour les tranchées pour douze heures de travail. Mes impressions ? Bonnes, mon caractère gai l'emporte sur la vie monotone des tranchées. Mes premiers obus … ? Que te dire …"l'habitude est une seconde nature". On s'y fait vite. Les jours passent… Quelques morts et blessés parmi nous. Le premier effroi te passe vite. En somme pas trop de mal, mais quelle fatigue à travailler dans cette boue.
Décembre court, la tranchée de Calonne est toujours la même. Aucun changement à signaler.
26 décembre 1914
La 12ème Division doit attaquer(2). Le 67e RI étant aux tranchées depuis 4 jours, doit garder ses positions, et l'attaque doit être menée par le 54e (dans mon secteur).
7 heures du matin. La compagnie 6/1 est en réserve à 500 des tranchées, abritée par une crête, au bas de laquelle passe la route de Mouilly à St-Pierre et qui rencontre la tranchée de Calonne à 200m de nous.
… Un coup de 75 ! Signal d'attaque. Aussitôt canonnade intense, 75, 90, 120 … tout s'y mêle. C'est un fracas épouvantable qui dure pendant 9h. Mais les Boches répondent bien et leur infanterie doit sans doute se tenir prête dans leurs tranchées. En effet. Un coup de clairon retentit. Le 54e monte à l'assaut. Mais les Boches bien installés à leurs créneaux font une fusillade intense et tirent bien. Pauvre régiment ! Chaque homme qui monte sur le parapet, chaque tête qui dépasse reçoit une balle meurtrière. Quelques uns ont réussi à franchir le parapet mais sont obligés de rester terrés dans quelque trou d'obus tant la mort plane partout. L'attaque a échoué. Nous n'arrivons même pas aux réseaux de fil de fer Boches (Mauvaise manœuvre. A mon avis la canonnade du matin n'avait pas été assez efficace. Il lui aurait fallu durer beaucoup plus longtemps.)
Seul résultat : un régiment Boche qui arrivait en renfort a été anéanti par notre 75 avant que d'entrer dans les tranchées.
Pour moi grande tristesse, perte cruelle, mon ami, Jean désigné par le sort pour la destruction des réseaux Boches fût tué d'une balle en plein front. L'attaque ayant échoué, la compagnie 6/1 était restée inactive toute la journée, en réserve. Cependant sur la gauche de Calonne nous avions pu nous maintenir, dont un (certain ?) illisible secteur, à (150 ?) illisible mètres de nos positions.
Nous travaillâmes toute la nuit afin de faire communiquer cette tranchée, aménagée par l'infanterie, avec nos anciennes positions. Une fusée Boche nous découvre ; nous nous "planquons". Heureusement car une fusillade nourrie crépite autour de nous. De toute la compagnie, aucune victime.
Le 54e avait laissé ce jour là plus de 400 hommes sur le terrain (Ô ! France ! Que la liberté est chère).
Le calme est revenu. Même travaille qu'auparavant : aménagement des tranchées. Janvier passe, février arrive, aucun changement. Pour me distraire, pendant ce mauvais temps, le compose pour ma sœur, en février, ce petit poème :
Février 1915 – Tranchée de Calonne –
A Ma sœur. 25 juillet 1914
Quatre mois s'étaient écoulés, ma sœur chérie,
Mes études terminées, j'allais te revoir,
Toi à qui j'écris ma modeste poésie,
Toi à qui incombe un si noble devoir,
J'allais apprécier ton rôle de femme et mère,
Me faire connaître ma petite nièce,
Parler de tout, travailler avec mon cher frère,
Refaire ma vie au foyer de toute pièce.
Etre, pendant deux mois entiers dans ma famille,
Auprès de ma mère, de toi et de ta fille,
Avant d'aller, pour 3 ans, servir la patrie,
J'allais enfin rentrer dans la maison chérie.
31 juillet 1914
Ces temps, mes chères pensées, hélas sont oubliées,
Car l'Allemagne, cette rude nation
Avec Guillaume, aigle aux moustaches relevées,
A montré férocement son lugubre fanion.
1er août 1914
Partout, villes ou villages, ce n'est plus qu'un mot
"Croyez-vous à la guerre" !!
Riches, citadins ou paysans en sabots
Se mêlant à de très longues discussions amères.
5 Heures du soir
Tiens ! Le tocsin sonne. C'est lugubre nouvelle.
Hommes, femmes et enfants, tout le monde aux aguets
Se précipite auprès de l'affiche cruelle
"La mobilisation" ! On en reste muet.
Les femmes pleurent, les hommes sont très nerveux
Mais le Français a repris vite le dessus.
Les départs s'effectuent, on se quitte, larmes aux yeux
Mais vaillant, car de l'Allemagne, il n'en faut plus.
20 septembre 1914
Et mon tour est venu, il m'a fallu partir
Rejoindre mes frères d'armes qui se battaient déjà
Car le froid et la neige contre ce vampire
Voilà février et j'en reste toujours là.
Et maintenant que six longs mois se sont écoulés
Quand pourrai-je te revoir, ma sœur chérie
Embrasse maman, et à toi mille baisers
Et n'oublie pas surtout mon Odette chérie.
… Travail fatiguant. Que de boue !!
17 février 1915
Rassemblement de la compagnie. Départ pour les Eparges. Nous partons pour consolider les positions allemandes conquises par le 67, le 106 et le 132. Mauvais chemin : de la boue jusqu'au ventre. Nous arrivons dans le ravin boisé des Eparges, en face de Trésauveaux, ravin pris d'enfilade par l'artillerie boche, et battu complètement par une mitrailleuse boche située dans un petit bois de sapins. Une partie de la crête est entre nos mains depuis l'attaque. Nous restons là pendant 48 heures. La nuit, quelques coups de fusil, un rien. Mais le jour, bombardement intense. Par miracle, la compagnie est sauve. J'ai remarqué sur ce champ de bataille beaucoup de morts parmi les Français mais beaucoup illisible illisible illisible chez les boches. Dans certains abris souterrains ils étaient entassés par 15 et 20, illisible illisible illisible de notre 75.
Joli travail du 75, contre les tranchées retournées sans dessus dessous, fil de fer arraché ; le petit bois de sapin si meurtrier pour le 132 ; haché entièrement à 50 cms du sol : tel était l'état des défenses allemandes lorsque notre infanterie est arrivée. Jolie attaque donc, mais si les renforts et l'artillerie avaient donné en temps propice le 57 qui était parvenu dans Combres aurait pu s'y maintenir car les Boches ne s'attendaient pas à cette attaque.
Et depuis nous avons su que nous on ? coûté les différentes tentatives pour posséder le piton derrière lequel se trouve le village de Combes. Les Boches avaient deviné nos intentions et amené des forces dans les Eparges.
Nous devons y revenir plus tard, fin mars et commencement avril car à partir du 17 février les attaques et contre-attaques ne devaient plus cesser. Entre temps, travail ordinaire à la tranchée de Calonne et installation d'une pièce de marine de 180 m/m dans le bois derrière le plateau de Mouilly. Installation tout à fait intéressante qui dura plus d'un mois. Véritable fort. Meilleur moment que j'ai passé sur le front.
Fin mars 1915.
Retour aux Eparges. Fortification des tranchées prises à l'ennemi. Nous avançons vers la crête juste en face du village des Eparges.
Que de mal ! Que de boue ! Que de cadavres boches dans les tranchées ! Nous avons l'espoir d'enlever toute la crête. Quelques blessés parmi nous.
Commencement avril 15
Nos attaques font rage(3). Les boches ripostent incessamment par des contre-attaques. Bonne nouvelle ! La crête des Eparges est totalement à nous. Il faut la garder à tout prix car cette crête domine toute la Woëvre. Nous partons consolider des positions acquises. 7 compagnies du génie sont au travail, réparties par secteur. Nous avons le secteur Ouest. Nous restons 3 jours et 3 nuits. Que de maux devons nous endurer ! Il fallait monter par un long boyau pour arriver enfin à la crête. Mais que de boue ! Dans ce boyau, les hommes chargés de pioches, pelles, sacs à terre, réseaux de fil de fer s'enfoncent dans la boue jusqu'à la ceinture. Cette boue forme un liquide gluant qui coule sur les flancs de la crête et rend notre tâche beaucoup plus difficile. Les obus font rage, les boches arrosent complètement le boyau. 'Dénommé "boyau de la mort" par un officier d'infanterie qui nous dépasse) ! Nous sommes couverts de boue. A certains moments il faut ramper dans ce cloaque tant les boches nous surveillent par leurs fusées. Nous arrivons en première ligne. On passe les fantassins, il faut faire une tranchée en avant. On s'installe à l'emplacement. Mais nous dans un fer à cheval encadré par les boches. Au 1er coup de pioche la fusillade et le canon révolver font rage. Nos hommes tombent comme des mouches. Impossible d'exécuter le travail. Nous reculons dans la 1ère ligne car les boches rampaient à 15 m de nous, baïonnette au canon. Toutefois nous les repoussons par une vive fusillade. Total : 3 morts, plus de 25 blessés sur deux sections. Nous devions être également reçus les deux nuits suivantes. Eprouvés, harassés de fatigue durant ces 72 heures de travail, notre cœur se soulage quand ce fut fini. Nous revîmes à Mouilly au repos. Mais quelles impressions sur ce triste tableau … Heureusement la victoire était complète et les boches avaient eu des pertes formidables. Nous avions trouvé certaines parties des tranchées entièrement comblées de cadavres Boches. Nous nous en servions pour refaire un parapet.
Un peu plus tard, nous revîmes encore aux Eparges pour 48 heures. Notre séjour y fut un peu plus gai car le vent et le soleil avaient séché en partie cette boue, cause de tout notre mal. Mais la compagnie fut encore bien éprouvée et dut recevoir après ces attaques 3 renforts successifs du Dépôt.
Repos de quelques jours à Mouilly. Mais voilà que les boches commencent un bombardement intense sur la tranchée de Calonne, bombardement qui devait durer 4 jours et 4 nuits. Au bout de 3 jours et 3 nuits, notre section est envoyée à Calonne pour la réfection des boyaux et tranchées bouleversés.
C'était le 23 avril.
Nous arrivons au carrefour de Calonne, mais impossible d'avancer plus loin tant le barrage d'artillerie ennemi est intense. Ils veulent empêcher toute avance de renforts. Nous attendons la nuit. Nous gagnons enfin la première ligne. Tous les travaux sont bouleversés. Nous nous mettons au travail malgré la vive canonnade. Arrive le matin, puis vers 7 Heures, on se remet au travail dans les abris cavernes, car (ou est ?) en plein jour il est impossible de travailler dans les tranchées en boyaux. La canonnade est revenue plus intense avec le jour, les grenades, bombes et torpilles tombent de tous côtés. Notre artillerie ne peut presque pas répondre, faute de repérage, tant les obus affluent de partout. L'artillerie ennemie avait dû être renforcée sur ce point certainement. Nous avions empêché 3 attaque boches durant la nuit.
Ce 24 à 8 H. le bombardement cesse tout à coup, on croit à une attaque, l'infanterie se précipite aux créneaux. Mais rien, fausse alerte. On respire un peu de ne plus entendre cette monotone chanson.
9 Heures. Le sergent de section m'envoie avec 4 hommes au secours de fantassins enterrés en première ligne. A cet endroit plus de tranchées, plus de défenses possibles, nous avançons en rampant à travers les rondins de sapin, les chevaux de frise … dans les débris en somme qui comblent la tranchée. Je n'aperçois que deux fantassins en sentinelle. L'une est sauve, l'autre est sourde. Voilà ce qui reste d'une compagnie. Je leur recommande de veiller. Ce pendant, mes hommes s'étaient mis au travail. Dans les décombres des cris s'élevaient. Il fallait à tout prix sauver ces pauvres hommes. Nous constatons que 3 d'entre eux vivent seulement, tous trois blessés. Deux sont déjà dégagés et reposent dans un Illisible, la tête sur un sac ; du 3ème il ne restait plus qu'a dégagé le pied droit quand tout à coup les boches recommencent à nous bombarder avec une intensité inouïe. Les obus tombent autour de nous, visant dans la première ligne. Impossible de rester plus longtemps nous sommes lourds, nous allons infailliblement être fauchés tous les cinq. Il faut partir et laisser ces malheureux. Nous nous précipitons tête baissée jusqu'à l'abri du génie. Nous sommes là rassemblés à une vingtaine, furieux, la rage au cœur de ne pouvoir rien faire contre cette mitraille, contre ce fer qui fauche autour de nous. L'abri n'est pas atteint.
Tout d'un coup, après une 1/2 heure de ce bombardement on constate que les boches ont rallongé leur tir. Nous nous méfions. Nous voulons sortir pour constater et nous entendons alors une vive fusillade : "Aux armes", c'est une attaque. Les boches arrivent en foule, ils attaquent avec un régiment de front sur un km et derrière aux ailes et au milieu 3 régiments en colonne par 4. Le 67 non encore renforcé se trouve attaqué par une division. On se défend bien. Les boches arrivant dans nos réseaux s'y empêtrent et nous faisons une boucherie, mais un tel flot nous envahit et il va falloir reculer quand un shrapnell vient m'atteindre au mollet. Je me sens blessé, ça me brûle au mollet, le sang coule, il faut me sauver si je ne veux pas rester prisonnier car les boches arrivent faisant tournant et apparaissent de tous côtés. D'un bond malgré la douleur je me précipite sur le parapet et m'élance vers l'arrière où est le salut. Les balles sifflent tout autour de moi, les obus éclatent à mes côtés, je n'y prend garde et redouble de vitesse. La providence est grande : je ne suis pas touché. J'arrive enfin au poste de secours du 67 à 1500 m de la 1ère ligne. Je suis à bout de souffle, l'écume aux lèvres je tombe à moitié évanoui. Mon pansement est fait. Une voiture est là. Elle nous transporte les autres blessés et moi, vers Mouilly à travers la rafle. Nous arrivons à Rupt en Woëvre et je suis évacué sur Villers et Neufchateau ou le shrapnell est extrait.
J'ai su que les boches étaient arrivés jusqu'au poste de secours et que là une vigoureuse contre-attaque nous les avions repoussés, les renforts étant arrivés à temps. Leur attaque avait donc échoué et en fin de compte nous avions même gagné 1 km sur leurs anciennes positions.
Nous avons eu certes beaucoup de prisonniers parmi le 67e, la section du génie et le 173 qui était à notre droite et des blessés parmi les renforts restant, mais les boches ont beaucoup plus souffert que nous. Notre 75, notre "joujou" les fauchait en tas, de-ci de là il y avait des tas de cadavres boches qui dépassaient 1m50 de hauteur. Ce fut une bataille acharnée qui dura plusieurs jours et le résultat fut à notre avantage.
Un fait à remarquer est que les Boches étaient tous saouls (comme des Polonais). Ils chantaient et hurlaient comme des bêtes fauves lorsqu'ils arrivèrent à l'assaut, mais les n^tres leur ont montré ce qu'était "Rosalie" et ils les enfourchaient sans mal car ces Boches étant ivres ne leur opposaient que bien peu de résistance.
De Neufchateau je suis envoyé à la Loubière et arrivé là depuis le 1er mai.
Les Dames de la Croix Rouge sont toute à leurs blessés. Elles nous soignent comme leurs enfants. De ce dévouement, de cette grandeur d'âme dont elles font preuve la Patrie doit être fière.
J'en garderai toujours un pieux souvenir.
La Loubière ce 9 mai 1915,
Signé : A ROFFIDAL
34, rue de Belombre
Melun (Seine et Marne).
(1) Gare d'Angers Maître Ecole. Initialement en garnison à Verdun, le Dépôt du 9e RG est transféré à Angers dans les premières semaines du conflit.
(2) Du 20 septembre 1914 au 5 avril 1915, la 12e DI est retirée du front fait mouvement par Moranville, vers Mouilly et Rupt-en-Woëvre. Elle est engagée à Saint-Rémy et les Eparges. Le front se stabilise, la DI occupe lun secteur vers le bois Loclont et Trésauvaux. Le 26 décembre, attaques françaises vers la tranchée de Calonne. Du 17 au 21 février 1915, violents combats aux Eparges. Les 18, 19 et 27 mars, nouveaux combats aux Eparges.
Cie 6/1 – Le 21/09, la 12e DI tient le front dans la région de Braquis, face à Étain, lorsqu’elle est appelée, d’urgence sur la tranchée de Calonne, pour arrêter l’offensive ennemi, en marche sur Saint-Mihiel et les Hauts de Meuse. Le 22/09, la 12e DI arrive à Rupt en Woêvre. La Cie prend part avec la 23e brigade aux attaques de Mouilly, de la tranchée de Calonne, de Saint Rémy, et organise les positions conquises. Le front se stabilise et la Cie travaille sur la tranchée de Calonne avec la 23e brigade, puis sur la position des Eparges avec la 24e brigade. De nuit comme de jour, sans aucun repos, malgré les difficultés continuelles et sans nombres, les sapeurs organisent les réseaux, les tranchées, les boyaux. Le 7 et le 11/11/1914, la Cie se signale tout particulièrement en continuant l’organisation du terrain autour de Saint Rémy malgré de très violents bombardements ennemis et des rafales nourries de mitrailleuses. Le 26 décembre 1914, la Cie prend part à l’attaque menée par la 24e brigade, en avant de la tranchée de Calonne. Les sapeurs partent avant des vagues d’infanterie pour achever la destruction des réseaux, mais les violentes rafales ennemies clouent l’infanterie au sol et l’empêchent de progresser. Les sapeurs arrivés jusqu’aux barbelés ennemis sont obligés de se replier. A plusieurs reprises dans la journée l’attaque est renouvelée, mais toujours sans résultats. La Cie, très éprouvée par le feu ennemi, a cependant fait preuve d’un superbe élan offensif. Elle est ensuite employée à faire la guerre de mines sur la position des Eparges. Guerre lente, souterraine, rude, et cependant meurtrière. Aux Eparges depuis la fin décembre 1914, la Cie, les 8 et le 11 mars, met en œuvre un entonnoir de mine qui est âprement disputé et finalement, restera entre nos mains.
(3) Du 5 avril au 4 août 1915, la 12e DI est engagée sur place dans la 1ère bataille de la Woëvre. Le 9/04, enlèvement de la crête des Eparges, puis stabilisation. Du 24 au 28/04, violentes attaques allemandes vers la tranchée de Calonne et les Eparges, contre-attaques françaises. A partir du 28/04, secteur déplacé à droite, vers la tranchée de Calonne et Vaux-lès-Palameix. Le 5 /05, nouvelles attaques allemandes vers la tranchée de Calonne. Du 3 au 15/06, front étendu à droite, jusque vers Vaux-lès-Palameix. Du 20 au 26/06, attaques françaises vers la tranchée de Calonne.
Cie 6/1 – Le 23 avril, en prévision d’une attaque ennemie, la Cie est ramenée toute entière sur la tranchée de Calonne avec la 23e brigade. L’attaque a lieu, brutale et précédée d’un bombardement extrêmement violent. Deux sections de la Cie luttent jusqu’au bout quoique entourées de tous côtés par l’ennemi. Le 26 avril, nouvelle attaque ennemie au carrefour des Eparges. La Cie aide puissamment l’infanterie à repousser l’ennemi et le terrain est intégralement maintenu.
Le 5 mai, nouvelle et violente attaque ennemie. La première ligne est momentanément abandonnée. Une contre-attaque heureuse nous rend le terrain volontairement abandonné. Au mois de juillet 1915, la Cie est mise au repos avec la 12e DI dans la région de Rosnes, Pierrefitte et Vavincourt.