Re: Des semaines sous terre et sous la neige...
Publié : dim. janv. 13, 2008 3:14 pm
Bonjour au forum,
Avec l'actualité de la neige fraîchement retombée..., je vous laisse un article du Dauphiné du 25/04/1915.
Il s'agit d'un président d'une société alpine, au front depuis 7 mois dans un bataillon de chasseurs alpins, à date du lundi de Pâques.
"Nous avons été très bousculés par des changements de position, ce qui occasionne toujours un surcroît de travail aux fourriers. Jusqu'au 21 mars nous étions dans les forêts de l'Hartmannsweilerkopf. Pendant plus d'un mois et demi, nous avons vécu là sous la terre, à une centaine de m, des boches. Nous y étions retranchés d'une façon telle que nous n'avons jamais été attaqués. Nous avons donc coulé dans la forêt des jours tranquilité et de repos à l'abri des balles et des obus. Nos pertes n'ont été en effet que de quelques blessés et un tué, un (censure militaire) et nous ne demandions qu'à garder le plus longtemps possible cette position.
Mais le 21, après la prise de l'Hartmannsweilerkopf, nous avons été relevés et ramenés à l'arrière, dans une petite localité où nous sommes restés une semaine en repos.
Nous nous trouvons maintenant sur une hauteur que nous avons dû enlever aux boches en quelques coups de baïonnettes, et nous y avons élu domicile pour je ne sais combien de temps. Nous regrettons notre forêt.
D'abord l'ennemi n'est qu'à une cinquantaine de mètres de nous, et ensuite nous ne sommes plus sous terre, mais sous la neige. La hauteur de neige est là de 2 m 50 à 3 m.
On y a creusé comme des rues de 2 m de profondeur, et on ne trouve pas encore la terre. De chaque côté de ces rues, nous avons creusé des espèces de grottes où nous couchons par groupe de 5 à 6. On y entre en rampant, et à l'intérieur c'est presque vaste, on peut se tenir à genoux. Nous avons de la paille et nous vivons là-dedans, complètement dans la neige. C'est très drôle. Quoique le froid soit très vif, nous le supportons assez bien. Le nombre de malades est peu élevé. Pour ma part, je suis en très bonne santé." L.B.
Comme signale le journaliste, il n'est pas douteux qu'il n'aurait jamais pensé devoir trouver "drôle" à un moment de sa vie, de passer des semaines entières sous la terre et sous la neige !
Cordialement,
Carole
Avec l'actualité de la neige fraîchement retombée..., je vous laisse un article du Dauphiné du 25/04/1915.
Il s'agit d'un président d'une société alpine, au front depuis 7 mois dans un bataillon de chasseurs alpins, à date du lundi de Pâques.
"Nous avons été très bousculés par des changements de position, ce qui occasionne toujours un surcroît de travail aux fourriers. Jusqu'au 21 mars nous étions dans les forêts de l'Hartmannsweilerkopf. Pendant plus d'un mois et demi, nous avons vécu là sous la terre, à une centaine de m, des boches. Nous y étions retranchés d'une façon telle que nous n'avons jamais été attaqués. Nous avons donc coulé dans la forêt des jours tranquilité et de repos à l'abri des balles et des obus. Nos pertes n'ont été en effet que de quelques blessés et un tué, un (censure militaire) et nous ne demandions qu'à garder le plus longtemps possible cette position.
Mais le 21, après la prise de l'Hartmannsweilerkopf, nous avons été relevés et ramenés à l'arrière, dans une petite localité où nous sommes restés une semaine en repos.
Nous nous trouvons maintenant sur une hauteur que nous avons dû enlever aux boches en quelques coups de baïonnettes, et nous y avons élu domicile pour je ne sais combien de temps. Nous regrettons notre forêt.
D'abord l'ennemi n'est qu'à une cinquantaine de mètres de nous, et ensuite nous ne sommes plus sous terre, mais sous la neige. La hauteur de neige est là de 2 m 50 à 3 m.
On y a creusé comme des rues de 2 m de profondeur, et on ne trouve pas encore la terre. De chaque côté de ces rues, nous avons creusé des espèces de grottes où nous couchons par groupe de 5 à 6. On y entre en rampant, et à l'intérieur c'est presque vaste, on peut se tenir à genoux. Nous avons de la paille et nous vivons là-dedans, complètement dans la neige. C'est très drôle. Quoique le froid soit très vif, nous le supportons assez bien. Le nombre de malades est peu élevé. Pour ma part, je suis en très bonne santé." L.B.
Comme signale le journaliste, il n'est pas douteux qu'il n'aurait jamais pensé devoir trouver "drôle" à un moment de sa vie, de passer des semaines entières sous la terre et sous la neige !
Cordialement,

Carole