Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Publié : sam. août 04, 2007 12:04 pm
Bonjour à tous,
Un extrait du livre d'Ewan Butler, Goering tel qu'il fut. Ou comment un triste individu donna dans le burlesque avant de sombrer dans le pire...
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Le 112e régiment d’infanterie stationnait sur la rive droite du Rhin. Les armées françaises et allemandes venaient à peine de se mettre en marche que la compagnie où Gœring commandait un peloton reçut l’ordre de prendre place dans un train blindé et de se diriger vers Mulhouse même. Le train atteignit les faubourgs de la ville et fit halte, tandis que Gœring, à la tête de son peloton, partait en reconnaissance. Ses ordres étaient formels : obtenir des renseignements sur les mouvements de l’ennemi, sans toutefois s’absenter longtemps ni s’éloigner du gros de la compagnie, la locomotive du train blindé devant bientôt faire demi-tour pour aller se ravitailler en eau.
Le chef de peloton obtint rapidement les renseignements demandés. Des civils affolés lui apprirent que la cavalerie française était déjà entrée dans Mulhouse, qu’elle avait occupé l’hôtel de ville et placardé des affiches annonçant que la loi martiale était proclamée dans la cité. La patrouille allemande avait rempli sa mission et il ne restait plus à son chef qu’à repartir aussi vite que possible et à aller faire son rapport au P.C. de la compagnie. Mais, en dépit des ordres reçus, Gœring fit exactement le contraire. Se frayant un passage à travers la foule des civils effrayés, il conduisit sa petite unité droit sur l’hôtel de ville. La cavalerie française avait poursuivi sa route. Ne s’attardant qu’un instant pour déchirer les affiches collées au mur, le jeune officier s’élança à la poursuite des cavaliers.
Il rejoignit les Français près de Dornach, dans les faubourgs sud de la ville. Sans être aperçu des guetteurs, et donnant l’ordre à ses hommes de s’étaler sur le plus large front possible, il ouvrit le feu. Convaincu que d’importantes forces allemandes avaient occupé Mulhouse et qu’ils avaient affaire à un fort contingent avancé, les patrouilles françaises se retirèrent et, ainsi qu’on ne devait pas tarder à l’apprendre, les plans des chefs, en vue d’une offensive générale contre la ville, furent modifiés en conséquence.
Au cours de sa première action, le sous-lieutenant Gœring s’empara de son premier butin de guerre (quatre chevaux français) et, triomphant, rejoignit sa compagnie. Ces chevaux permirent-ils à Gœring de se racheter aux yeux du commandant de compagnie dont il avait enfreint les ordres d’une manière si flagrante ? Toujours est-il qu’il repartit en reconnaissance dès le lendemain.
A cette occasion, il commandait un groupe de six hommes à bicyclette. Quoique les patrouilles françaises fussent très actives aux abords de Mulhouse, les cyclistes allemands réussirent à les éviter ; ils entrèrent dans la ville et furent stupéfaits d’apercevoir devant eux le général Pau, commandant les forces françaises dans ce secteur, debout dans la rue, entouré par ses officiers d’état-major. Au cours de son avance vers la cité, le détachement de Gœring avait été rejoint par un cavalier allemand isolé, séparé de son escadron. Gœring donna au soldat l’ordre de mettre pied à terre et, lâchant sa bicyclette, il se proposa, ainsi qu’il le dit plus tard, de se ruer sur les Français sans méfiance, de s’emparer du général, de le coucher en travers de la selle et de le ramener captif à sa compagnie.
Mais un des cyclistes fit échouer cet ambitieux projet en ouvrant le feu un peu prématurément. Les Français ripostèrent si vivement que toute idée d’enlèvement fut abandonnée et que le groupe de Gœring regagna ses lignes, pédalant aussi vite que possible.
Cette première expérience de la guerre fut, pour Gœring, captivante et amusante, et son chef apprécia chez lui les qualités d’audace et d’initiative qui font un excellent officier de renseignements, au sens le plus strictement tactique du mot. Les opérations de reconnaissance devinrent donc la spécialité de Gœring. Sa méthode habituelle consistait à utiliser tout ce qu’il rencontrait pour se mettre à couvert, à avancer aussi près qu’il le pouvait des lignes ennemies et, d’un point où il avait vue sur l’adversaire, il traçait sur une carte la position des Français. Ces sorties l’exposaient au danger d’être atteint non seulement par l’artillerie française mais davantage encore par les artilleurs allemands. Il eut toutefois la chance de n’être atteint par aucun projectile, allemand ou français."
Un extrait du livre d'Ewan Butler, Goering tel qu'il fut. Ou comment un triste individu donna dans le burlesque avant de sombrer dans le pire...
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Le 112e régiment d’infanterie stationnait sur la rive droite du Rhin. Les armées françaises et allemandes venaient à peine de se mettre en marche que la compagnie où Gœring commandait un peloton reçut l’ordre de prendre place dans un train blindé et de se diriger vers Mulhouse même. Le train atteignit les faubourgs de la ville et fit halte, tandis que Gœring, à la tête de son peloton, partait en reconnaissance. Ses ordres étaient formels : obtenir des renseignements sur les mouvements de l’ennemi, sans toutefois s’absenter longtemps ni s’éloigner du gros de la compagnie, la locomotive du train blindé devant bientôt faire demi-tour pour aller se ravitailler en eau.
Le chef de peloton obtint rapidement les renseignements demandés. Des civils affolés lui apprirent que la cavalerie française était déjà entrée dans Mulhouse, qu’elle avait occupé l’hôtel de ville et placardé des affiches annonçant que la loi martiale était proclamée dans la cité. La patrouille allemande avait rempli sa mission et il ne restait plus à son chef qu’à repartir aussi vite que possible et à aller faire son rapport au P.C. de la compagnie. Mais, en dépit des ordres reçus, Gœring fit exactement le contraire. Se frayant un passage à travers la foule des civils effrayés, il conduisit sa petite unité droit sur l’hôtel de ville. La cavalerie française avait poursuivi sa route. Ne s’attardant qu’un instant pour déchirer les affiches collées au mur, le jeune officier s’élança à la poursuite des cavaliers.
Il rejoignit les Français près de Dornach, dans les faubourgs sud de la ville. Sans être aperçu des guetteurs, et donnant l’ordre à ses hommes de s’étaler sur le plus large front possible, il ouvrit le feu. Convaincu que d’importantes forces allemandes avaient occupé Mulhouse et qu’ils avaient affaire à un fort contingent avancé, les patrouilles françaises se retirèrent et, ainsi qu’on ne devait pas tarder à l’apprendre, les plans des chefs, en vue d’une offensive générale contre la ville, furent modifiés en conséquence.
Au cours de sa première action, le sous-lieutenant Gœring s’empara de son premier butin de guerre (quatre chevaux français) et, triomphant, rejoignit sa compagnie. Ces chevaux permirent-ils à Gœring de se racheter aux yeux du commandant de compagnie dont il avait enfreint les ordres d’une manière si flagrante ? Toujours est-il qu’il repartit en reconnaissance dès le lendemain.
A cette occasion, il commandait un groupe de six hommes à bicyclette. Quoique les patrouilles françaises fussent très actives aux abords de Mulhouse, les cyclistes allemands réussirent à les éviter ; ils entrèrent dans la ville et furent stupéfaits d’apercevoir devant eux le général Pau, commandant les forces françaises dans ce secteur, debout dans la rue, entouré par ses officiers d’état-major. Au cours de son avance vers la cité, le détachement de Gœring avait été rejoint par un cavalier allemand isolé, séparé de son escadron. Gœring donna au soldat l’ordre de mettre pied à terre et, lâchant sa bicyclette, il se proposa, ainsi qu’il le dit plus tard, de se ruer sur les Français sans méfiance, de s’emparer du général, de le coucher en travers de la selle et de le ramener captif à sa compagnie.
Mais un des cyclistes fit échouer cet ambitieux projet en ouvrant le feu un peu prématurément. Les Français ripostèrent si vivement que toute idée d’enlèvement fut abandonnée et que le groupe de Gœring regagna ses lignes, pédalant aussi vite que possible.
Cette première expérience de la guerre fut, pour Gœring, captivante et amusante, et son chef apprécia chez lui les qualités d’audace et d’initiative qui font un excellent officier de renseignements, au sens le plus strictement tactique du mot. Les opérations de reconnaissance devinrent donc la spécialité de Gœring. Sa méthode habituelle consistait à utiliser tout ce qu’il rencontrait pour se mettre à couvert, à avancer aussi près qu’il le pouvait des lignes ennemies et, d’un point où il avait vue sur l’adversaire, il traçait sur une carte la position des Français. Ces sorties l’exposaient au danger d’être atteint non seulement par l’artillerie française mais davantage encore par les artilleurs allemands. Il eut toutefois la chance de n’être atteint par aucun projectile, allemand ou français."