Correspondance du Calvados

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Maxlie
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Re: Correspondance du Calvados

Message par Maxlie »

Bonjour,

Collectionneuse de CPA ancienne sur la ville de Saint-Pierre-sur-Dives (rapport à mon AGP surement :D ), de Mezidon-Canon et de Percy en Auge, j'ai eu l'occasion d'acheter sur ebay une 12aine de CPA de St Pierre. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant qu'elles étaient écrites de la même personne et qu'elles étaient datées de 1915 à 1918 !!!

En lisant, au début, je me suis dis que cela ne pouvait pas être un "poilu", mais simplement un homme qui devait travailler aux chemins de fer de Mézidon-Canon et qui écrivait à sa femme et ses deux enfants. Puis étant donné qu'il y avait le camp militaire de Percy en Auge, c'est donc bien un soldat cantonné dans ce camp à cette période. Or je me posais la question du travail avec les wagons ? je croyais que c'était les cheminots qui faisaient ce travail, même en période de guerre ?

Voici les plus explicites, d'autres ont été envoyé à ses enfants et donc il n'y a rien d'écrit sur ce qu'il faisait, je n'ai que ça en main, si quelqu'un à une idée de ce que pouvait faire ce soldat, notamment à l'arrière du front.

Il écrivait à sa femme, à Jayl Billot (?) en Haute-Marne


03 juin 1915 : souvenirs de St-Pierre.




Mezidon, le 24 avril 1916

Ma chère Pauline,

J'ai reçu ta bonne lettre hier matin et heureux des nouvelles que tu me donnes. J'espère que vous allez être un peu moins "bourré" après les fêtes de Pâques. Ici c'est le contraire le travail reprend pire que jamais. Le Mans nous a collé une nouvelle armée si bien que nous avons travaillé samedi soir jusqu'à 7 heures et aujourd'hui lundi toute la journée. Malgré le mauvais temps nous avons été hier passer l'après-midi à St Pierre et rentrés à 5 heures pour la soupe. C'est tout assez pour changer un peu les idées. Aujourd'hui.... (je n'ai pas la suite).





Mezidon le 30 avril 1916

Ma chère Pauline

Nous travaillons ce matin et comme il n'y a rien à faire au bureau j'en profite pour t'envoyer un petit mot. Ce soir j'ai envie de faire un petit tour à Caen profiter du beau temps. J'ai reçu une lettre de Paul ce matin en réponse à mes félicitations au sujet de Maurice. Il me dit qu'il est au repos près de Neufchateau et que Jeanne et le petit Paul sont près de lui. ça le changera un peu de la vie de tranchées. Routon (?) et Marcel toujours au bois le Pte (?) avec Maillot qui la trouve dure depuis 7 mois qu'il est là bas. Il me dit aussi que le pauvre Olivier de Donfeux (?) y est mort sans doute de maladie. Malheureusement ce n'est pas fini. J'ai reçu hier ton mandat je vois que tu n'as pas oublié la fin de mois. Notre caporal nommé sergent est parti hier pour Rouen. Il ne sait pas encore ce qu'on va faire de lui. ça lui faisait tout de même de la peine de nous quitter et à nous aussi. Son remplaçant est un instituteur de 38 ans, bien gentil aussi, mais qui ne saura pas nous soutenir aussi bien que l'autre près des officiers supérieurs. A part cela pas de changement notables. L'ami Chaumonot part ce soir en permission agricole de 15 jours à Rançonnières et bien content tu penses. Pour moi j'attends avec importance le 14 et tacher d'en jouer (?) un air aussi s'il y a moyen. Je te quitte et t'embrasse bien fort, je t'enverrai une carte ce soir bons baisers.






Mezidon 16 août 1916

Ma chère Pauline

Je t'envoie un petit mot car je n'ai pas grandchose à te dire, j'attends de vos nouvelles et ma quinzaine quoique l'on touche le pret ce soir (tous les 15 jours 3f75). Nous avons fait un bon 1f tout en travaillant toute la journée d'abord il a fait mauvais temps et comme il y a beaucoup d'ouvrage en ce moment on n'y a pas trop pensé. J'ai reçu des nouvelles de Paul et une carte de G. Parisot qui va toujours de mieux en mieux. A bientôt de vos bonnes nouvelles. Je t'embrasse bien fort comme je t'aime.





Lundi 21 janvier 1918

Ma chère Pauline,

Un petit mot pour te donner des nouvelles de ma santé qui est excellente et te dire que j'ai passé hier une bonne journée. Nous n'avons pas travaillé et en ai profité pour faire la grasse matinée. Le soir, il faisait si beau et si doux que nous sommes partis souper à St Pierre le long de la rivière et le soir revenu encore à pied par la cote à minuit et un clair de lune superbe. Nos avons été bien traités comme d'habitude seulement ça manque toujours d'éclairage, plus de gaz et guère de pétrole enfin ça n'empêche pas l'appétit et fait du bien aux poumons qui étouffent das ces bureaux. En attendant de tes nouvelles bons baiser de ton mari.





Mercredi 3 avril 1918

Ma chère Pauline

J'attendais presque une lettre de toi aujourd'hui. Comme c'est général je pense que c'est du au retard des correspondances. Je tacherai de t'écrire plus longuement ce soir en rentrait ou demain. la santé est toujours bonne et le travail bien ralenti. Aujourd'hui nous n'avons reçu ni expédié aucun wagon. Malgré cela...
(je n'ai pas la suite).

"Vous verrez, celle-ci durera aussi longtemps que celle de 14" : mon arrière grand-père à sa femme et sa fille, au moment du départ de sa mobilisation en 1939, il avait 57 ans et avait déjà passé 31 ans dans l'armée !!
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serge
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Re: Correspondance du Calvados

Message par serge »

Bonsoir Maxlie,

Connaissant la région, il s'agit de la commune de Fayl-Billot en Haute-Marne, pays de la vannerie d'osier.
Son ami Olivier est de Donjeux et Chaumonot de Rançonnières aussi en Haute-Marne.
Il parle également du Bois le Prêtre vers Pont à Mousson.

Ce soldat devait être soit utilisé pour ses compétences en matériel roulant (Chalindrey près de Fayl-Billot, est un noeud ferroviaire qui employait de nombreux cheminots), soit d'un certain âge et affecté à l'arrière.
Cordialement
Serge
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Maxlie
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Re: Correspondance du Calvados

Message par Maxlie »

Merci pour ses précisions.
"Vous verrez, celle-ci durera aussi longtemps que celle de 14" : mon arrière grand-père à sa femme et sa fille, au moment du départ de sa mobilisation en 1939, il avait 57 ans et avait déjà passé 31 ans dans l'armée !!
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