Dernières lettres d'un soldat.

[anne]

Bonjour à tous,

Un petit témoignage...Ces deux lettres ont été écrites par le grand-père de mon mari, nous les avons retrouvées il y a peu.

De nationalité française, Henri Autin habitait Bruxelles lorsque l’ordre de mobilisation générale a été donné le 2 août 1914. Dès le 3 il a dû quitter la Belgique et sa famille pour être incorporé dans les rangs du 74eme R.I.

Sa femme et ses deux petits enfants n’ont pu fuir le pays occupé et ils ne se sont plus jamais revus. Blessé une première fois du côté de Thil, c’est à la fin de sa convalescence qu’il écrit cette première lettre. (Texte sans corrections)

Mes très chers,

Pardonnez-moi tous trois ; si je vous ai toujours caché une partie de la vérité, c’est que depuis que je vous ai laissés, j’ai trouvé que vous aviez trop de soucis sans encore les augmenter en vous annonçant les dangers que je courais.

Blessé une première fois sous le feu de l’ennemi, me voilà sur le point d’y retourner; dans trois jours je quitte Rouen et repars sur le front. J’espère bien en revenir, néanmoins, je veux que tous trois, vous sachiez bien que je n’ai jamais cessé de penser à vous car je vous aimais.

Marie à toujours été gentille pour moi, et en partant je lui confie tout ce que je considère pouvant me surcharger, et certains souvenirs; si ma destinée veut que je reste là-bas, elle se charge de te les remettre, de même qu’elle pourra te donner certains détails sur ma vie depuis que je vous ai quittés.

Encore une fois ma chère Hélène si le hasard veut que cette lettre soit la dernière, rappelle-toi comme je t’ai aimée ainsi que mes petits et que cela soit pour toi une source de courage, c’est ce que je souhaite de tout cœur, car aucun de vous trois n’a mérité d’être malheureux.

Malgré tout ce qui me menace je ne veux pas vous dire adieu je dis : Au revoir ! et vous embrasse bien fort.

Papa

Ps : Remercie pour moi tous ceux qui t’ont rendu service depuis mon absence



Henri est alors incorporé au 403eme RI. Le 22 mai 1915, depuis les tranchées, il écrit ce qui est peut-être sa dernière lettre, jusqu’ici nous n’en avons pas retrouvé d’autres.

(A noter que dans le feu de la tourmente il s'est trompé en datant cette lettre. En effet au lieu 1915, il l'avait datée le 22 mai 1914 !)

Petite femme chérie

Depuis un mois je suis au régime des fourmis ! 7 jours entre deux parapets de terre de 2m50, et 7 jours où nous nous reposons du souci d’entre la vie et la mort. Je suis ici comme tous mes camarades, dans le but d’empêcher l’ennemi d’aller plus avant sur la terre de France. Notre emplacement, occupé par les partis adverses depuis plus de 6 mois, est tourné et retourné non seulement par la pioche mais aussi par les obus et les mines. La nature, plus forte que les hommes, a voulut que quelques fleurs viennent pousser sur le bord de l’abri où mon escouade vient se terrer quand la rafale passe. C’est une de ces fleurs que je t’envoi. Je sais, si loin de toi ! C’est le plus beau souvenir que je puisse t’offrir avec mes meilleurs baisers. Je pense continuellement à nos chers petits gosses.

Henri.

Henri a été tué au combat devant Fricourt dans la Somme le 19 juillet 1915.

Cordialement,

Anne

[martinez renaud]

bonsoir Anne, bonsoir à tous
c'est avec une grande émotion que j'ai lu les lettres de ce poilu
j'ai imaginé l'engoisse journalière des familles attendant des nouvelles et, celles-ci arrivant enfin, le courrier était lu avec avidité alors que le soldat était peut-être déjà tombé
merci
amicalement
Renaud

[chatrou51]

Bonsoir,

Bcp de sensibilité dans ces deux lettres, merci de partager cette émouvante découverte avec nous.

Cdt
Philippe