Re: Brancardiers canadiens
Publié : mer. janv. 31, 2007 7:27 pm
Bonsoir à tous,
En relisant Ceux qui vivent… de Jean Marot, j’ai trouvé un passage qui fera, je l’espère, plaisir à Alain et aux autres « fans » des Canadiens. Un bel hommage, joliment écrit et trop court…
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Brancardiers canadiens
Vermelles en feu éclaire vaguement les toits de Cambrin, qu’il nous faut traverser pour prendre position au flanc de l’attaque. Sur une lieue, la nuit crépite ; les pièces de marine anglaise mènent un vacarme d’enfer. Au débouché sur la route de Lille, les hommes de tête tombent, fauchés par une rafale des mitrailleuses qui, chaque minute, balayent le chemin. Dans le noir, on s’arrête. Puis, en file indienne, on se glisse au long du fossé, bordé de mètres de cailloux.
Les balles claquent, écrètent les tas de pierres, allument de courtes étincelles sur le pavé de la chaussée, ricochant avec des miaulements chromatiques.
Les hommes filent, le dos courbé. Des blessés geignent ; on marche sur des morts tombés dans la vase de la rigole.
Arrêté, pour souffler, à l’abri d’une borne, je vois venir, sur la route, un groupe. C’est une équipe de brancardiers canadiens qui vont vers les lignes. Les quatre hommes, droits, souples, portant un brancard sur leurs épaules, marchent d’un pas net et ferme, régulier, tranquille, comme à la parade.
Apparus dans les reflets d’incendie, qui les grandissent, ils semblent un instant marcher sous une auréole, puis, calmes et beaux comme des dieux, rentrent dans la nuit dangereuse.
En relisant Ceux qui vivent… de Jean Marot, j’ai trouvé un passage qui fera, je l’espère, plaisir à Alain et aux autres « fans » des Canadiens. Un bel hommage, joliment écrit et trop court…
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Brancardiers canadiens
Vermelles en feu éclaire vaguement les toits de Cambrin, qu’il nous faut traverser pour prendre position au flanc de l’attaque. Sur une lieue, la nuit crépite ; les pièces de marine anglaise mènent un vacarme d’enfer. Au débouché sur la route de Lille, les hommes de tête tombent, fauchés par une rafale des mitrailleuses qui, chaque minute, balayent le chemin. Dans le noir, on s’arrête. Puis, en file indienne, on se glisse au long du fossé, bordé de mètres de cailloux.
Les balles claquent, écrètent les tas de pierres, allument de courtes étincelles sur le pavé de la chaussée, ricochant avec des miaulements chromatiques.
Les hommes filent, le dos courbé. Des blessés geignent ; on marche sur des morts tombés dans la vase de la rigole.
Arrêté, pour souffler, à l’abri d’une borne, je vois venir, sur la route, un groupe. C’est une équipe de brancardiers canadiens qui vont vers les lignes. Les quatre hommes, droits, souples, portant un brancard sur leurs épaules, marchent d’un pas net et ferme, régulier, tranquille, comme à la parade.
Apparus dans les reflets d’incendie, qui les grandissent, ils semblent un instant marcher sous une auréole, puis, calmes et beaux comme des dieux, rentrent dans la nuit dangereuse.