Re: Lettre à un cousin
Publié : ven. janv. 05, 2007 5:33 pm
"26 avril 1915
Mon cher Jean
Je viens de recevoir tes deux cartes dont je te remercie.
Le temps est en ce moment superbe, et étant dehors 24 heures sur 24, c'est une chose énorme pour nous.
Je suis toujours dans mes tranchées et dans mon bois qui par cette saison est vraiment agréable à habiter et je ne peux me plaindre par un si beau temps de ma vie de sauvage.
Les boches sont assez calme en ce moment, nous ne recevons plus de crapouillots dans notre coin et c'est déjà quelque chose.
Mais n'empêche qu'ils sont assez lâches et aussi traîtres par ici qu'ailleurs.
Dernièrement un sergent posant des fils de fer devant la tranchée se fait tuer, il se trouve donc entre les deux lignes à 50 mètres de nous et à 100 mètres des boches .
Pour ramener son corps un brancardier, son brassard visiblement placé dans le haut de son bras saute la tranchée et va muni d'une corde pour ficeler le malheureux.
Le travail est fait, maintenant le brancardier n'a plus qu'à se retirer; et nous n'avons plus de la tranchée qu'à tirer à nous la corde. Les boches ont laisser le brancardier accomplir sa tâche, mais au moment où celui-ci va regagner la tranchée, il tombe recevant une balle en plein dans le dos !!!
Ils viennent crier "camarade" et sont prêts si l'on ne prend pas la précaution de les fouiller, de vous tirer un coup de revolver sitôt qu'ils en trouvent l'occasion.
Race de barbare !
Oh oui race de barbare, race de barbare race de lâche, pour laquelle il ne faut aucune pitié.
Il faut les réduire à l'impuissance et vaincre jusqu'au bout cette Allemagne formidable d'arrogance.
Je te quitte mon cher Jean en te souhaitant bonne chance jusqu'au bout.
Ton cousin André."