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Re: parrain de guerre
Publié : sam. sept. 02, 2006 2:52 pm
par gg101hop
J'ai acquis dernièrement une carte postale de Chateau-Thierry avec un cachet de l'Oeuvre des trains de blessés section A avec cachet à date de la gare de Chateau-Thierry du 3/8/1915, la correspondance est émouvante : "mon poulot, je suis depuis ce matin au repos à la gare de Chateau-Thierry, je t'envoie l'adresse d'un petit soldat qui a perdu à la guerre un morceau de sa cervelle, il est de la frontière belge et ne reçoit jamais de lettre, je lui ai promis que mon poulot lui servirait de parrain, il faudra lui envoyer une gentille lettre et lui dire que tu lui enverra des friandises"
Je connaissais l'existance des marraines de guerre mais pas des parrains!
Re: parrain de guerre
Publié : mer. sept. 06, 2006 12:18 am
par mireille salvini
bonsoir à tous
bonsoir gg
le gouvernement de l'époque encourageait les écoliers à "parrainer" des soldats qui ne recevaient pas de lettres:sans famille,famille vivant en zone occupée,famille trop lointaine (Afrique,Asie...);les revues enfantines mettaient en scène par exemple Bécassine recevant son filleul,prince d'Afrique (voir le numéro de juin 2006 de 14-18 magazine)
cependant,cela ne concernait qu'une catégorie sociale d'enfants
car pour grand nombre d'entre eux,l'absence du père parti à la guerre,a causé une "catastrophe" économique au sein de la famille,car c'était le père qui en assurait la subsistance principalement,et ce n'est pas l'allocation de mobilisation qui parvenait à pallier cela
cela s'est traduit pour beaucoup d'enfants par un surcroît de corvées,par l'obligation de travailler bien trop tôt,petite servante,petit valet de ferme,petit mineur ou ouvrier...combien ont vu leur jeunesse s'évanouir ainsi?
amicalement,
Mireille
Re: parrain de guerre
Publié : mer. sept. 06, 2006 3:43 pm
par stcypre
Bonjour Mireille,
Le gouvernement vous dites, je dirais plutôt le bon vouloir et l'entraide des français.. Les restos du coeur ont été inventés à cette époque... Le marrainat débuta très rapidement surtout pour apporter un peu de réconfort aux soldats issu des zones occupées: courrier, colis, tendresse.
Les autres soldats recevaient (même dans les familles les plus pauvres) des colis, il n'est besoin que de lire le courrier de cette époque. N'oublions pas que la majorité des poilus étaient d'origine paysanne... A ce sujet le marché noir fonctionna au cours de ce conflit, les gens des villes allaient se ravitailler à la campagne. Agriculteurs d'ailleurs qui ne se génaient pas pour vendre à des prix prohibitifs des denrées aux soldats. Voila un de mes thèmes préférés qui permet de mieux comprendre la mentalité de l'époque. Bien cordialement.
Re: parrain de guerre
Publié : mer. sept. 06, 2006 8:19 pm
par mireille salvini
bonjour à tous
bonjour Jean-Claude
dans mon message,je n'avais ciblé que les enfants qu'on encourageait à l'école à parrainer des soldats;(c'est pour ça que je parlais de gouvernement par l'intermédiaire de circulaire/source:14-18 magazine,juin 2006)
des familles ont certainement favorisé ce mouvement de la part de leurs enfants,mais c'était des familles assez aisées,et puis derrière chaque enfant-parrain,il y a toujours un(e) adulte pour veiller à ce que tout se déroule bien
je pense que le marrainat a été une affaire d'adultes et de femmes, essentiellement, issus d'un certain milieu;
je le distingue de l'envoi de colis par les familles car, comme vous dites,même les plus pauvres familles s'efforçaient,à la mesure de leurs moyens,d'améliorer le quotidien de leur soldat au front
amicalement,
Mireille
Re: parrain de guerre
Publié : jeu. sept. 07, 2006 3:53 pm
par stcypre
Bonjour Mireille,
En m'excusant d'insister le marrainat ne se résumait pas à des femmes aisées. Dans les écoles, les élèves, les patronnages, les jeunes filles compoaient des colis, rédigeaient des lettres. Les maitres et les maitresses comme ils faisaient les leçons de morale incitaient (je pense sans ordres supérieurs) les gamins "à penser à ceux qui se battaient pour la patrie". Dans les patronnages les jeunes filles et femmes tricotaient des gilets, des cahe-nez, des gants, des chaussettes, etc.
On retrouvait les femmes aisées dans les hopitaux de l'arrière où elles apportaient de la chaleur humaine aux blessés.
Le marrainat fut une des institutions de la GG, copiée durant le 2ème conflit. Il y eut quelques femmes honorées à la fin de la guerre pour leur action auprès de soldats malheureux. Ce marrainage ou parrainage fut renouvelé après guerre pour aider les communes sinistrées par la guerre à se reconstruire, le nom de la commune parraine fut ainsi accolé à celui de la ville aidée..
Bien cordialement.
Re: parrain de guerre
Publié : jeu. sept. 07, 2006 7:14 pm
par mireille salvini
bonjour à tous,
bonjour Jean-Claude
je m'incline,vous en savez de toute façon plus que moi sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres
en fait,ma vision des choses est déformée parce que quand je pense à toutes les femmes (et enfants) qui ont été obligés de trimer pour survivre à l'absence du père,frère,fils,qui assurait la subsistance de la famille
eh bien j'ai dû mal à croire qu'elles avaient encore le temps ,les moyens et l'énergie de se consacrer à un marrainat (de quelqu'un d'étranger)
et quand je voulais parler de femmes "assez aisées",c'était pour dire "pas trop pauvres"...
mais bon,là c'est ergoter sur des mots et je fais sans doute preuve d'anachronisme,c'était une autre époque
sans rancune,
amicalement,
Mireille
Re: parrain de guerre
Publié : sam. sept. 09, 2006 3:11 pm
par stcypre
bonjour à tous,
bonjour Jean-Claude
je m'incline,vous en savez de toute façon plus que moi sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres
en fait,ma vision des choses est déformée parce que quand je pense à toutes les femmes (et enfants) qui ont été obligés de trimer pour survivre à l'absence du père,frère,fils,qui assurait la subsistance de la famille
eh bien j'ai dû mal à croire qu'elles avaient encore le temps ,les moyens et l'énergie de se consacrer à un marrainat (de quelqu'un d'étranger)
et quand je voulais parler de femmes "assez aisées",c'était pour dire "pas trop pauvres"...
mais bon,là c'est ergoter sur des mots et je fais sans doute preuve d'anachronisme,c'était une autre époque
sans rancune,
amicalement,
Mireille
Bonjour mireille,
Vous savez je n'ai pas la science infuse. J'aime les forums parce que j'apprends toujours quelque chose.
Les femmes durant la GG sont un énorme sujet. En effet la guerre de 14-18, premier pas de la liberation des femmes, a permis de noter les ressources morales des françaises de cette époque. Comme vous le dites elles trimaient dur dans les campagnes et les villes, et elles trouvaient encore le temps de tricoter le soir au coin du feu pour leur mari, frère ou fiancé.
N'oublions pas également que des ouvrières ont osé faire grève en 1917, parce qu'elles considéraient que le salaire ne correspondait pas au travail exigé.
Et je ne passerais pas sous silence le travail remarquable de ces femmes qui dans les hopitaux apportaient un réconfort moral ,à ceux qui bléssés souffraient.
Enfin et ici je ne vais pas me faire d'amis, les femmes qui ont le plus souffert sont sans contexte les habitantes des régions occupées. Manque de nourriture, travaux excessifs imposés par les allemands, sévices, privations, et je parle pas des déportations en Allemagne ou dans les autres zones occupées pour le travail. Enfin les femmes françaises et belges sont les premières résistantes à l'occupant teuton et ce dès les premiers jours de la guerre.
Vous comprenez pourquoi mes conférences sont axées sur la vie de l'homme et de la femme durant la guerre 14-18.
Bien cordialement.