Re: Un "Tankgewehr" à la française?
Publié : mar. oct. 22, 2013 8:19 pm
Bonsoir,
La mise en service prématurée des "Tanks" britanniques sur la Somme en septembre 1916 a immédiatement fait mettre à l'étude la question de la "Défense contre les Tanks" (plus tard rebaptisée "Défense contre les Chars d'Assaut" à la demande du général Estienne qui goûtait fort peu les anglicismes).
En effet, il était probable que les allemands mettraient tôt ou tard des chars d'assaut en service et il était nécessaire d'étudier des mesures de défense.
Parmi les études entreprises à l'automne 1916, celles du chef d'escadron Filloux s'imposent du fait de leur réalisme et des possibilités industrielles du moment.
Ce très grand inventeur (dont le chef d’œuvre absolu est le 155 GPF, canon lourd ayant une bonne vingtaine d'années d'avance sur les réalisations contemporaines), longtemps tenu à distance de l'avancement et de la Légion d'Honneur pour avoir tenu en public le bras d'un de ses vieux maîtres ecclésiastiques (une "faute" impardonnable dans les Armées de la République sous le ministère Combes et le général André "officiant" au ministère de la Guerre) s'est attelé au problème de la Défense contre les Tanks et a proposé en décembre 1916:
-la défense par l'artillerie en donnant par des moyens de circonstance un grand champ de tir horizontal au canon de 75 tirant un obus de rupture (le futur "chevalet" Filloux construit en 1917 et utilisé avec succès le 15 juillet 1918).
-la défense par les mines en multipliant leur disposition sur le terrain, sans même que leur capacité de destruction soit grande, le but à atteindre étant de "décheniller" les chars (on disait encore en 1916 les "chaînes des caterpillars").Finalement, les mines seront surtout réalisées en France en employant des bombes d'artillerie de tranchée munies de fusées instantanées qui montreront leur efficacité le 15 juillet 1918 en Champagne avec une capacité d'explosif importante capable de couper en deux les chars de prise britanniques Mark IV employés par les allemands.
-la défense par les grenades: Filloux envisage le lancer de grenades fusantes à la main ou avec des fusils tromblons afin, là encore, de viser la vulnérabilité des chenilles.
-la défense par l'artillerie d’accompagnement en créant un obus de 37 mm perforant et susceptible d'exploser à l'intérieur du char (on sait que cette formule devra être abandonnée dès l'été 1918 car l'épaisseur du blindage des chars allemands type A7V rend les projectiles de 37 mm inefficaces, qu'ils soient tirés par le 37 mm modèle 1916 ou par le canon de 37 mm américain "Bethleem Steel").
-en dernier lieu, le chef d'escadron Filloux propose (en décembre 1916) la Défense par les balles perforantes tirées par un fusil de 13 mm:
Ce fusil aurait les caractéristiques suivantes:
-calibre 13 mm.
-longueur; 1,30 m.
-balle APX du poids de 35 grammes tirée à 950 m/s avec une charge de poudre de 14 grammes environ.
Pour maîtriser le recul de ce "monstre", le chef d'escadron Filloux envisage un lien élastique à ressort ou l'emploi éventuel sur un affût de mitrailleuse.
Le fusil anti-char proposé permettrait de perforer à petite distance au moins 20 mm d'acier et certainement plus.
Le projet a-t-il fait l'objet d'études plus sérieuses ou d'un début de réalisation?Il semble que le général Gossot, Inspecteur des Etudes et Expériences Techniques de l'Artillerie, ait estimé au début de 1917 que la réalisation d'une telle arme pourrait compromettre des fabrications plus urgentes.
Bref, le "Tankgewehr" à la française est resté dans les cartons mais la similitude des études de part et d'autre du front est intéressante à souligner.
Cordialement,
Guy François.
La mise en service prématurée des "Tanks" britanniques sur la Somme en septembre 1916 a immédiatement fait mettre à l'étude la question de la "Défense contre les Tanks" (plus tard rebaptisée "Défense contre les Chars d'Assaut" à la demande du général Estienne qui goûtait fort peu les anglicismes).
En effet, il était probable que les allemands mettraient tôt ou tard des chars d'assaut en service et il était nécessaire d'étudier des mesures de défense.
Parmi les études entreprises à l'automne 1916, celles du chef d'escadron Filloux s'imposent du fait de leur réalisme et des possibilités industrielles du moment.
Ce très grand inventeur (dont le chef d’œuvre absolu est le 155 GPF, canon lourd ayant une bonne vingtaine d'années d'avance sur les réalisations contemporaines), longtemps tenu à distance de l'avancement et de la Légion d'Honneur pour avoir tenu en public le bras d'un de ses vieux maîtres ecclésiastiques (une "faute" impardonnable dans les Armées de la République sous le ministère Combes et le général André "officiant" au ministère de la Guerre) s'est attelé au problème de la Défense contre les Tanks et a proposé en décembre 1916:
-la défense par l'artillerie en donnant par des moyens de circonstance un grand champ de tir horizontal au canon de 75 tirant un obus de rupture (le futur "chevalet" Filloux construit en 1917 et utilisé avec succès le 15 juillet 1918).
-la défense par les mines en multipliant leur disposition sur le terrain, sans même que leur capacité de destruction soit grande, le but à atteindre étant de "décheniller" les chars (on disait encore en 1916 les "chaînes des caterpillars").Finalement, les mines seront surtout réalisées en France en employant des bombes d'artillerie de tranchée munies de fusées instantanées qui montreront leur efficacité le 15 juillet 1918 en Champagne avec une capacité d'explosif importante capable de couper en deux les chars de prise britanniques Mark IV employés par les allemands.
-la défense par les grenades: Filloux envisage le lancer de grenades fusantes à la main ou avec des fusils tromblons afin, là encore, de viser la vulnérabilité des chenilles.
-la défense par l'artillerie d’accompagnement en créant un obus de 37 mm perforant et susceptible d'exploser à l'intérieur du char (on sait que cette formule devra être abandonnée dès l'été 1918 car l'épaisseur du blindage des chars allemands type A7V rend les projectiles de 37 mm inefficaces, qu'ils soient tirés par le 37 mm modèle 1916 ou par le canon de 37 mm américain "Bethleem Steel").
-en dernier lieu, le chef d'escadron Filloux propose (en décembre 1916) la Défense par les balles perforantes tirées par un fusil de 13 mm:
Ce fusil aurait les caractéristiques suivantes:
-calibre 13 mm.
-longueur; 1,30 m.
-balle APX du poids de 35 grammes tirée à 950 m/s avec une charge de poudre de 14 grammes environ.
Pour maîtriser le recul de ce "monstre", le chef d'escadron Filloux envisage un lien élastique à ressort ou l'emploi éventuel sur un affût de mitrailleuse.
Le fusil anti-char proposé permettrait de perforer à petite distance au moins 20 mm d'acier et certainement plus.
Le projet a-t-il fait l'objet d'études plus sérieuses ou d'un début de réalisation?Il semble que le général Gossot, Inspecteur des Etudes et Expériences Techniques de l'Artillerie, ait estimé au début de 1917 que la réalisation d'une telle arme pourrait compromettre des fabrications plus urgentes.
Bref, le "Tankgewehr" à la française est resté dans les cartons mais la similitude des études de part et d'autre du front est intéressante à souligner.
Cordialement,
Guy François.