Bonjour à tous, Bonjour Claude,
J'ai plusieurs textes qui détaillent ces manoeuvres :
Dans l'Histoire de l'aviation de René Chambre paru chez Flammarion en 1948, on trouve les renseignements suivants :
1 ) Manoeuvres de Picardie de 1910 :
Le général Roques et son adjoint le colonel Hirschauer proposent à l'EM de l'armée la participation de l'aviation militaire aux prochaines grandes manoeuvres dePicardie (septembre 1910). Pour ces premières manoeuvres, le colonel Hirschauer, a l'idée judicieuse de faire appel à certains des grands pilotes civils, mobilisés pour l'occasion pour une période de réserve.
On pourra y voir : le Ltt de réserve Louis Paulhan, vainqueur de Londres-Manchester, le sapeur-pilote Hubert Latham, le héros de l'altitude et des tentatives de traversées de la manche et la sapeur-pilote Louis Bréguet, qui a déjà donné ou qui donnera tant d'avions militaires à la France.
Aux cours de ces journées de Picardie, l'aviation militaire va confirmer le rendement qu'on peut attendre d'elle.
Les 2ème et 3ème corps d'armée sont aux prises.
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Le 2ème corps dispose :
- du Ltt Mailfert et de l'Adj Menard (futur cdmt d'escadre pendant la GG) sur biplan Henri-Farman,
- du Ltt Aquaviva sur monoplan Blériot,
- du Ltt de Caumont sur biplan Sommer,
Le tout sous le cdmt du Capitaine Hugoni.
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le 3ème corps dispose : - du Ltt Bellenger sur monoplan Blériot,
- des Ltt Letheux et Lafon sur biplan Henri Farman,
- du Ltt Maillois sur biplan Wright,
le tout sous les ordres du Ltt Bellenger.
La direction des manoeuvres dispose :
- du Ltt de reserve Louis Paulhan sur biplan Henry Farman,
- du sapeur-pilote Latham sur monoplan Antoinette,
- du sapeur-pilote Louis Bréguet sur Bréguet,
le tout sous les ordres du capitaine Félix Marie.
Quand les manoeuvres s'achéveront, la preuve sera faite que l'aviation est devenue l'auxiliaire indispensable d'une armée moderne.
De nombeux attachés militaires étrangers ont suivi les manoeuvres de Picardie. Ils se sont spécialement intéressés au rôle de l'aviation et aux reconnaissances sensationnelles qui ont été exécutées. (en particulier celle du Ltt Bellenger)
2 ) Manoeuvres des Ardennes et Manoeuvres de l'Est de 1911 :
Les résultats obtenus en 1910 ont été si importants, qu'il n'est plus concevable que des manoeuvres aient lieu sans le concours de l'aviation.
Aussi, aux manoeuvres de l'Est, du 5 au 15 septembre 1911 et aux manoeuvres des Ardennes du 10 au 18 septembre 1911,
vont prendre part 25, puis 22 appareils militaires.
De jour en jour, l'avaition militaire s'organise.
Des parcs, avec des camions automobiles-ateliers, des tracteurs de transport pour le personnel, remorques pour les avions tractés sur route, ailes repliées, sont expérimentés.
Le point faible, qui était le manque de moyens d'entretien et de réparation en campagne, est considérablement amélioré.
Des vols remarquables sont accomplis. On doit retenir que les 25 appareils prenant part aux manoeuvres de l'Est se concentrent le 15 septembre sur le terrain d'Héricourt et, le 16, au reçu d'un ordre inopiné, décollent et atterrissent tous, une 1/2 heure plus tard, sur le polygone de Belfort.
3 ) Concours militaire de Reims de 1911 :
Mais les manoeuvres de 1910 et 1911 ont mis en évidence une insuffisance manifeste, à laquelle il importe de remédier, les appareils qui équipent l'avaition militaire n'ont pas été conçus dans ce but.
ce sont des avions civils, construit pour le sport, pour des vols ordinaires ou pour de la compétition, mais ni leurs possibilités, ni leur aménagement n'ont été prévus pour des fins de guerre. Il est grand temps d'attirer sur ce point l'attention des constructeurs et de leur imposer par un cahier des charges approprié des obligations précises pour la construction des avions destinés à l'armée.
Le général Roques organise aussitôt un concours qui restera dans l'histoire de l'aéronautique sous le nom de "
Concours militaire de Reims".
Les conditions imposées aux appareils sont sévères.
Nul avion ne pourra désormais être agréé par l'armée :
- s'il n'a pas été construit en France (moteur compris),
- s'il n'est capable d'accomplir sans escale, un circuit ferme de 300 km,
- s'il ne peut porter 300 kilos de charge utile (essence - huile - eau non comprise)
- pouvoir emporter 3 personnes.
- la vitesse de vol devra atteindre au minimum 60 km/h par vent nul
- l'avion devra être capable d'atterrir sans difficulté en campagne (chaumes, prairies, luzernes et terres labourées)
- Il devra être d'un transport aisé par route et par voie ferrée.
- il devra être d'un remontage et d'un réglage simple.
Le concours de Reims s'ouvre d'octobre à novembre 1911. Les concurents ont 2 mois pour accomplir les épreuves prescrites.
Voilà le classement :
1er Nieuport - avec un monoplan moteur Gnôme de 100 ch piloté par Weymann - vitesse 117 km/h.
2ème Bréguet - avec un biplan moteur Gnôme de 140 ch piloté par Moineau - vitesse 95 km/h.
3ème Deperdussin - avec un monoplan moteur Gnôme de 100 ch piloté par Maurice Prévost- vitesse 89 km/h.
4ème Bréguet - avec un biplan moteur Gnôme de 100 ch piloté par Henri Brégi - vitesse 87 km/h.
5ème Henri Farman - avec un biplan moteur Gnôme de 100 ch piloté par Fischer - vitesse 85 km/h.
6ème Maurice Farman - avec un biplan moteur Renault de 70 ch piloté par Barra - vitesse 76 km/h.
7ème Maurice Farman - avec un biplan moteur Renault de 70 ch piloté par Eugène Renaux - vitesse 72 km/h.
8ème Savary - avec un biplan moteur Labor-Aviation de 70 ch piloté par Frantz* - vitesse 67 km/h.
(auteur de la 1ère victoire homologuée française de la GG)
Tous les concurrents accomplissent avec succés le circuit fermé de 300 kilomètres avec 3 passagers, et atterrirent et décollèrent aisément en campagne.
c'est à partir de ce moment, que l'aviation française va être dotée d'exellents avions, aptes à des fins de guerre.
4 ) Manoeuvres du Poitou de 1912 :
Au mois de septembre 1912, ce sont cette fois 50 avions militaires et de modèles supérieurs à ceux de l'an dernier, qui vont participer aux manoeuvres du Poitou.
De nouveaux noms d'officiers, de sous-officiers ou des simples sapeurs, qui deviendront de grands noms, apparaissent pour la première fois.
Je les cite ici sans détailler le texte d'origine :
- Le Ltt Philippe Féquant de l'infanterie coloniale, qui remplace le Ltt Jacques de Caumont tué par accident sur Nieuport et seul pilote militaire formé sur ce type d'appareil.
- Le Ltt de cavalerie Tricornot de Rose (futur chef de l'aéronautique de la Vème armée, tué le 11 mai 1916 dans un accident aérien)
- Le ltt de cavalerie de Malherbe (tué en 1931 dans une collision aérienne au-dessus du terrain de Villacoublay)
- les capitaines Schneegans - Michaud.
- Les lieutenants Gouin - Le Bleu.
- Sapeur Henri Brégi (raid Casablanca-Rabat-Fez en 1911 - tué au combat en 1917)
De plus, des nouveaux constructeurs font leur apparition aux cours des manoeuvres de 1912 :les avions Hanriot et Deperdussin.
Des reconnaissances de 250 et 300 kilomètres, performances encore jamais accomplies, ni en 1910, ni en 1912, seront couramment effectuées sur la Campagne.
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Création de l'escadrille :
Mais la grande inovation des manoeuvres de 1912, c'est la création de l'escadrille.
Jusqu'alors, les avions et les équipages avaient étét, au gré des circonstances, groupés en nombre variable, sous les ordres d'un chef provisoire, sans moyens propres leur permettant de vivre, sans trains de combats, sans administration, sans personnel mécanicien stable, sans service général.
Désormais, les équipages et les avions sont répartis en unités constituées prenant le nom
d'escadrilles.
Celles-ci sont dotées, outre leur personnel navigant, d'un personnel non navigant, mécanicien, spécialiste ou non chargés de les faire vivre.
Elles recoivent un matériel roulant complet, leur permettant de se déplacer par route, avec tout leur personnel et tout leur matériel, y compris les tentes-abris pour avions (Bessonneaux). Elles dépendent d'un parc d'armée pour leur ravitaillement et les réparations importantes.
A cette époque, l'escadrille comprend 5 ou 6 appareils.
Elle est placée sous les ordres d'un capitaine qui prend le titre de chef d'escadrille. celui-ci commande l'échelon volant et l'échelon roulant.
De point de vue tactique, en 1912, le cdmt ne se préoccupe encore exclusivement que de l'avion de reconnaissance et de l'avion de réglage d'artillerie.
Toutefois, des expériences sont menées sur le camps de Châlons pour charger des avions en projectiles et d'assurer leur lancement sur des cibles au sol.
5 ) Manoeuvres du Sud-Ouest de 1913 :
Les manoeuvres de 1913 trouvent une aviation française complètement organisée,capable de rendre de précieux service en campagne.
L'armée bleue (général Pau) et l'Armée rouge (général Chomer) s'affrontent dans le Sud-Ouest.
Chacune d'elles a reçu 3 escadrilles de 8 avions, avec tous les services et parc correspondants.
Le nom des 6 commandant d'escadrille : Capitaines Voisin - de Saint-Quentin - Estirac - Massol - Aubry - Jacquet.
Les équipages rivalisent d'endurance et de hardiesse, atterrissant fréquemment en pleins champs, auprès des EM ou des troupes, pour plus vite les renseigner ou leur transmettre des ordres.
Les premières liaisons radiotélégraphiques par avion sont réalisées d'une manière vraiment pratique et donnent des résultats probants
Les escadrilles ont quitté en échelons groupés leurs garnisons, parfois lointaines, traversant toute une partie de la France pour gagner la zone de concentration des manoeuvres.
C'est ainsi que l'escadrille HF 19 est partie de Lyon, a franchi le Massif Central et s'est posé à Bordeaux en 3 étapes, parcourant 600 kilomètres.
De même, l'escadrille D 6 qui partie d'Etampes, ayant atterri à Romorantin, Montmorillon, Limoges, Brives, s'est finalement posée à Toulouse, terme de son voyage.
C'est l'escadrille V 14, partie du camp de Châlons, qui a battu tous les records, en gagnant aussi Toulouse après s'être seulement posée à Etampes, Romorantin et Limoges.
En expérant de cela suffise.
Bien amicalement
Albin Denis qui recherche des
documents sur les escadrilles françaises de la Grande Guerre.
Copies de photos d'avions / personnels / de reconnaissance - citations - insignes- fanions - carnets de vol ..........
Pensez à moi, une manière de rendre hommage à nos grands anciens qui ont tant donnés pour notre liberté.
Toutes critiques, conseils, aides sont les bienvenues.
Voir mon site :
http://albindenis.free.fr