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Artillerie Spéciale - Identification de Schneider au camp de Champlieu

Publié : sam. déc. 31, 2011 10:30 pm
par Tanker
Bonsoir,

Quand la lisière de la forêt de Compiègne et son alignement de baraques Adrian sont visibles en arrière plan de photos de chars,
il est relativement facile d'identifier ces photos comme ayant été faites sur le terrain de Champlieu.
Il n'en va pas de même quand le char est photographié face au Sud.

Voici un bon exemple de photo de char Schneider qui, en dépit sa mauvaise qualité, donne un certain nombre d'éléments permettant de le situer.

Image

Ce char ne possède aucun marquage permettant de connaître son unité et pas d'indication de date de prise de vue.
Il est seulement marqué comme char "INSTRUCTION" sur les flancs.
La photo ne permet pas de voir s'il s'agir d'un Schneider M1 ou M2, et il n'est pas même possible de dire s'il s'agit d'un char équipé du surblindage.

Sur ces bases, difficile de dire si la photo a été prise en 1917 ou au début de 1918.

Le marquage de Schneider et Saint Chamond en char "instruction" est apparu de suite après les combats d'Avril 1917.
A cette date le Groupe AS 7 est devenu l'unité de base de Champlieu, et tous les chars déclassés lui ont été attribués.

Avec la décision de limiter à 16 et 12 le nombre de Groupes de Schneider et de Groupes de Saint Chamond, puis de faire passer les Groupes à 3 Batteries au lieu de 4, un volant important de chars Schneider et Saint Chamond s'est donc trouvé disponible.

Pour éviter d'user les chars de rang, il a donc été décidé de faire l'instruction des unités sur des chars déclassés mais encore aptes à l'exercice.

Sur cette photo, notre char franchit une tranchée à une emplacement préparé à cet effet.
On peut voir que la tranchée a été éboulée pour permettre un passage plus facile.
C'était une des missions importante de l'infanterie d'élite, associée aux unités de chars.

Le rail en avant du glacis du char est visiblement planté dans la terre.
Le travail de sape aurait, sans doute, pu être plus important pour le confort de franchissement de ce char,
et cette préparation de passage aurait probablement été insuffisante pour un Saint Chamond.

Pour le passage d'un Saint Chamond, la préparation idéale nécessitait l'éboulement d'un peu plus de 4m3 de terre sur une longueur de 7 fusils . . .

L'officier (ou le sous-officier) sur le char n'est pas en tenue de combat.
Il s'agit donc bien d'une photo faite à l''instruction. Sur un théâtre d'opération, il aurait été en cuir avec casque ou béret.

Pour authentifer le lieu, il faut s'intéresser au terrain d'exercice du camp de Champlieu.

La carte qui suit est équipée du plan de tranchées, creusée dans les champs de la famille Meigan.
Cette famille, propriétaire de la ferme de Champlieu, a été expropriée par l'AS d'une bonne partie de ses terres pour la durée de la guerre.
C'est aujourd'hui l'arrière petit-fils qui en dirige l'exploitation et la famille est la mémoire d'un certain nombre d'anecdotes parfois savoureuses.

A l'époque, lors de l'exercice char hebdomadaire, la famille était retenue, sous bonne garde, dans la ferme pour l'empêcher de voir les chars . . . . ! (info de la famille Meignan)

Image
- Tracé des tranchées du terrain d'exercice (Sources SHD Vincennes) -


Le plan de tranchée permet de comprendre que ce char est sur une des tranchées perpendiculaire à la chaussée Brunehaut.
Ce sont certainement celles situées au niveau de l'église en ruine de Champlieu.

Il existe d'autres photos (dans les collections BDIC et Ecpa-D) qio montrent des Saint Chamond sur la même tranchée.
Les bosquets en arrière de la route sont identiques et l'on aperçoit aussi les poteaux de la ligne électrique alimentant le camp.

Cette ligne électrique passait le long du chemin partant de l'église détruite et rejoignait la lisière de forêt à l'allée du Hibou.
Plusieurs photos de chars sur le terrain de Champlieu sont aussi identifiables grace à cette fameuse ligne électrique.

Sur la carte a été reportée la zone de déploiement des chars, lors de la prise d'armes et du défilé du 14 Juillet 1917.
Les photos et films réalisés à cette occasion par la SPA (disponibles à l'Ecpa-D) ont été pris là.

Le petit bois de bouleau (aujourd'hui disparu) était bien utile aux équipages de chars qui y cachaient les bouteilles de vins achetées dans les
cafés du coin. . . .
Les Chars, en attente sur la base de départ de l'exercice (le long des tranchées en rouge), avaient à portée de main une "réserve opérationnelle" qui échappait ainsi facilement au médecin chef du camp qui tentait d'éviter les débordements dans ce domaine . . .
Il y avait deux cafés aux hameaux de Champlieu. C'était les deux débits de boissons les plus proches du camp . . . !

Il y a encore quelques années, les labours profonds, au nord du réseau de tranchées "allemandes", mettaient à jour régulièrement des tubes propulseurs de crapouillots.
Le terrain d'exercice était "mis en état" par des tirs de Crapouillot, et les tubes de propulseurs étaient finalement rassemblés dans le bout d'une des tranchées près du bois.
Si Champlieu n'a pas réellement connu les combats, le dépôt de ferraille 14-18 de la ferme est finalement assez conséquent . . .

A suivre, pour d'autres éléments d'identification inhabituels du camp de Champlieu, éléments qui devraient permettre d'éviter de voir présenter des photos de chars à l'exercice comme étant en pleine action de combat . . .

Très bonne année 2011 de fructueuses découvertes - Michel