Re: Juvincourt - Chars Schneider détruits du Groupe AS 7
Publié : dim. juil. 12, 2009 4:05 pm
Bonjour,
Le CRDP de l'académie d'Amiens a publié en DVD et Cd-Rom "les Carnets de Laurent Pensa musicien brancardier au 31° RI (1914-1918)" . Ce brancardier a visiblement assisté aux combats du Groupement Chaubès du 16 Avril 1917 sur la plaine du Temple.
La présentation Internet de l'académie d'Amiens présente deux très belles photos inédites de Schneider, photos accompagnées d'un commentaire sur l'Artillerie Spéciale qui demande à être un peu rectifié.
Ce sujet n'est donc qu'un commentaire de cette page "Chars d'Assaut".
http://crdp.ac-amiens.fr/pensa/2_13_texte_pensa_4.php
Extraits commentés :
Photo de char schneider - Convoi de tanks Schneider en août 1917 sur le front du Chemin des Dames.
Une très belle photo inédite d'un char du Groupe AS 7. Il s'agit probablement du Schneider M1 n° 61138 (As de Carreau 1) du Cne de Gassart. "Edmonde" (surnom du char) était le 1° char de la 3° Batterie de l'AS 7. Il a été détruit, par l'artillerie, à 500 m au Nord-Ouest de la ferme du Temple avec 5 autres chars, en attente de décisions du commandant de Groupement.
Le char ne semble pas équipé de sa mitrailleuse gauche. Un batiment semble visible au second plan. Où et à quel moment a été prises cette photo ? Difficile d'être vraiment précis (et vraiment catégorique) sur cette qualité de photo.
La forme d’étrave de l’avant du tank est conçue pour permettre de cisailler les barbelés grâce au rail d’acier qu’il porte et pour éviter qu’il se retourne lors d’un franchissement de tranchée
Le rail permettait d'éviter de voir passer les barbelés par dessus le char. Les réseaux de barbelés, qui étaient écrasés par les chenilles, avaient la mauvaise habitude de venir terminer dans le train de roulement, provoquant de nombreux blocages de chenilles et obligeant les équipages à sortir pour se dégager.
La forme d'étrave était destinée à augmenter la longueur du char. Sur les franchissement de tranchée, au moment ou le char s'appuyait sur l'autre côté, l'étrave permettait de prendre appui avant les chenilles et de diminuer la résistance offerte par les déblais de bord de tranchée.
le Schneider se révèle vulnérable aux balles « K » allemandes à noyau d’acier.
Si la balle K allemande traversait bien le blindage initial des schneider, les 500 kg de surblindage, rajoutés aux chars employés le 16 avril 17, arrétaient la balle K.
A Juvincourt, les chars étaient tous équipés du surblindage.
Cette nouvelle cartouche allemande, y compris sur les parties non surblindées avait une efficacité toute relative (fonction de la distance et de l'angle de tir). Dès que la trajectoire de la balle n'était pas perpendiculaire au blindage, son efficacité en était notablement diminuée.
et ses réservoirs internes ou latéraux le rendent dangereux.
Il n'y avait aucun réservoir latéral sur le char Schneider. A Juvincourt, le Groupement Bossut avait une distance importante à parcourir avant d'atteindre la première ligne. Les chars avaient donc chargé des bidons de carburant à l'arrière. Bidons destinés à un dernier plein avant combat. La colonne de chars, décelée par l'aviation avant son engagement, a alors été attaquée par l'artillerie, et plusieurs chars ont effectivement été incendiés. La plupart des chars se sont débarrassés de ces bidons suplémentaires bien encombrants.
Le feu est un problème inhérent au char. Les photos de chars détruits et déclarés incendiés, montrent souvent des chars que partiellement incendiés. Pour les observateurs extérieurs, un char touché donnait inmanquablement l'impression d'être totalement en flamme. Ce qui était loin d'être toujours le cas. Le nombre de blessés par brulure, n'était tout compte fait, pas réellement plus important.
Utilisé pour la première fois le 16 avril 1917 lors du déclenchement de l’offensive française sur le Chemin des Dames, les Allemands parviennent facilement à mettre hors de combat l’artillerie d’assaut française (76 chars perdus sur 128 engagés).
A Juvincourt, les allemands n'ont pas «mis hors de combat l'Artillerie d'assaut française». Moins d'un quart de l'effectif char de l'Artillerie Spéciale était présent sur ce combat. Et c'est donc un peu plus de 10 % des chars français qui ont été détruits (ou simplement abandonnés en panne . . . .).
Le nombre de chars perdus dans une action n'est absolument pas significatif du résultat obtenu. En Juin 18, lors de la Bataille de Méry, la moitié des 173 chars est aussi restée sur le terrain, dans une opération qui n'a pas été un échec. Un char abandonné était parfois simplement en panne et, assez souvent récupéré dans les jours ou les semaines qui suivaient.
Il est intéressant de noter que ce sont souvent les équipages des Groupes de chars qui ont été les premiers à ressentir et diffuser cette opinion alors que, au moins pour le groupement Bossut, une bonne part des objectifs fixés aux chars avaient été atteints.
Les rapports du Général Estienne et du Général Pétain sont très loin des opinions trop souvent reprises sur cette affaire. Le Général Pétain souligne aussi que, dans cette affaire, le pourcentage de pertes de l'Artillerie Spéciale était au même niveau que celui de l'infanterie engagée : 20 %.
(Pertes = tués, blessés, disparus, prisonniers)
Paradoxalement, cette contre-performance contribuera à accélérer un autre projet en chantier, le programme Renault basé sur un modèle de char plus léger et rapide (le FT 17) qui se révélera plus efficace lors de la campagne de 1918.
Le programme Renault FT était engagé bien avant le premier combat des Schneider. Il n'est nullement la conséquence de Juvincourt.
Le prototype du Renault FT a été testé du 13 au 15 Mars 1917 au Camp de Champlieu. Cette démonstration s'est faite en présence du Général Estienne. L'essais suivant a été fait le 9 Avril 1917 à Champlieu. Le lendemain, les Groupements Chaubès et Bossut quittaient Champlieu pour se positionner dans le secteur de juvincourt.
Dès la fin 1916, le Général Estienne était parfaitement convaincu qu'il fallait les trois types de chars. Lourds (St chamond), moyens (Schneider) et légers (Renault FT).
On oublie aussi trop souvent que les Groupes Schneider et St Chamond ont participé aux combats, avec les Renault FT, jusqu'à la fin de la guerre.
Pour rester dans l'esprit du Général Estienne, le mot Tank était interdit du vocabulaire militaire réglementaire français. La France utilisait des chars d'assaut. Et le Général ne manquait pas de reprendre les ministres, dont l'administration se permettait d'utiliser un terme qu'ils avaient eux-même banni, par note de service, du vocabulaire administratif.
Photo de Schar Schneider - "Tanks - Plateau de Craonne - Vue du poste de secours de Marceau "
Encore une très belle photo inédite. Il s'agit de la plaine de la ferme du Temple (et non du plateau de Craonne). Le plateau de Craonne est visible en fond de photo.
Le centre Marceau était un poste de défense situé au Nord-est de la Ferme du Temple et au centre de la première ligne française de ce secteur.
Le 16 Avril 1917, le 31° RI était engagé entre le Ployron et le bois des Buttes. Les chars ont été engagés sur sa gauche, à l'Ouest du Ployron.
Sans photo de bonne qualité et sans certitudes sur la date de prise de vue, il est difficile d'identifier avec précision les chars photographiés. Le 31 RI, présent au moment du combat de char, est revenu dans le même secteur plus tard.
Cinq ou six chars (dont certains ont été récupérés durant l'été 17) sont susceptibles d'être ces deux chars. Il peut s'agir de chars de l'AS 7 ou de l'AS 3.
Une photo de bonne qualité devrait permettre d'être plus précis à l'avenir . . . . .
A plus - Michel
Le CRDP de l'académie d'Amiens a publié en DVD et Cd-Rom "les Carnets de Laurent Pensa musicien brancardier au 31° RI (1914-1918)" . Ce brancardier a visiblement assisté aux combats du Groupement Chaubès du 16 Avril 1917 sur la plaine du Temple.
La présentation Internet de l'académie d'Amiens présente deux très belles photos inédites de Schneider, photos accompagnées d'un commentaire sur l'Artillerie Spéciale qui demande à être un peu rectifié.
Ce sujet n'est donc qu'un commentaire de cette page "Chars d'Assaut".
http://crdp.ac-amiens.fr/pensa/2_13_texte_pensa_4.php
Extraits commentés :
Photo de char schneider - Convoi de tanks Schneider en août 1917 sur le front du Chemin des Dames.
Une très belle photo inédite d'un char du Groupe AS 7. Il s'agit probablement du Schneider M1 n° 61138 (As de Carreau 1) du Cne de Gassart. "Edmonde" (surnom du char) était le 1° char de la 3° Batterie de l'AS 7. Il a été détruit, par l'artillerie, à 500 m au Nord-Ouest de la ferme du Temple avec 5 autres chars, en attente de décisions du commandant de Groupement.
Le char ne semble pas équipé de sa mitrailleuse gauche. Un batiment semble visible au second plan. Où et à quel moment a été prises cette photo ? Difficile d'être vraiment précis (et vraiment catégorique) sur cette qualité de photo.
La forme d’étrave de l’avant du tank est conçue pour permettre de cisailler les barbelés grâce au rail d’acier qu’il porte et pour éviter qu’il se retourne lors d’un franchissement de tranchée
Le rail permettait d'éviter de voir passer les barbelés par dessus le char. Les réseaux de barbelés, qui étaient écrasés par les chenilles, avaient la mauvaise habitude de venir terminer dans le train de roulement, provoquant de nombreux blocages de chenilles et obligeant les équipages à sortir pour se dégager.
La forme d'étrave était destinée à augmenter la longueur du char. Sur les franchissement de tranchée, au moment ou le char s'appuyait sur l'autre côté, l'étrave permettait de prendre appui avant les chenilles et de diminuer la résistance offerte par les déblais de bord de tranchée.
le Schneider se révèle vulnérable aux balles « K » allemandes à noyau d’acier.
Si la balle K allemande traversait bien le blindage initial des schneider, les 500 kg de surblindage, rajoutés aux chars employés le 16 avril 17, arrétaient la balle K.
A Juvincourt, les chars étaient tous équipés du surblindage.
Cette nouvelle cartouche allemande, y compris sur les parties non surblindées avait une efficacité toute relative (fonction de la distance et de l'angle de tir). Dès que la trajectoire de la balle n'était pas perpendiculaire au blindage, son efficacité en était notablement diminuée.
et ses réservoirs internes ou latéraux le rendent dangereux.
Il n'y avait aucun réservoir latéral sur le char Schneider. A Juvincourt, le Groupement Bossut avait une distance importante à parcourir avant d'atteindre la première ligne. Les chars avaient donc chargé des bidons de carburant à l'arrière. Bidons destinés à un dernier plein avant combat. La colonne de chars, décelée par l'aviation avant son engagement, a alors été attaquée par l'artillerie, et plusieurs chars ont effectivement été incendiés. La plupart des chars se sont débarrassés de ces bidons suplémentaires bien encombrants.
Le feu est un problème inhérent au char. Les photos de chars détruits et déclarés incendiés, montrent souvent des chars que partiellement incendiés. Pour les observateurs extérieurs, un char touché donnait inmanquablement l'impression d'être totalement en flamme. Ce qui était loin d'être toujours le cas. Le nombre de blessés par brulure, n'était tout compte fait, pas réellement plus important.
Utilisé pour la première fois le 16 avril 1917 lors du déclenchement de l’offensive française sur le Chemin des Dames, les Allemands parviennent facilement à mettre hors de combat l’artillerie d’assaut française (76 chars perdus sur 128 engagés).
A Juvincourt, les allemands n'ont pas «mis hors de combat l'Artillerie d'assaut française». Moins d'un quart de l'effectif char de l'Artillerie Spéciale était présent sur ce combat. Et c'est donc un peu plus de 10 % des chars français qui ont été détruits (ou simplement abandonnés en panne . . . .).
Le nombre de chars perdus dans une action n'est absolument pas significatif du résultat obtenu. En Juin 18, lors de la Bataille de Méry, la moitié des 173 chars est aussi restée sur le terrain, dans une opération qui n'a pas été un échec. Un char abandonné était parfois simplement en panne et, assez souvent récupéré dans les jours ou les semaines qui suivaient.
Il est intéressant de noter que ce sont souvent les équipages des Groupes de chars qui ont été les premiers à ressentir et diffuser cette opinion alors que, au moins pour le groupement Bossut, une bonne part des objectifs fixés aux chars avaient été atteints.
Les rapports du Général Estienne et du Général Pétain sont très loin des opinions trop souvent reprises sur cette affaire. Le Général Pétain souligne aussi que, dans cette affaire, le pourcentage de pertes de l'Artillerie Spéciale était au même niveau que celui de l'infanterie engagée : 20 %.
(Pertes = tués, blessés, disparus, prisonniers)
Paradoxalement, cette contre-performance contribuera à accélérer un autre projet en chantier, le programme Renault basé sur un modèle de char plus léger et rapide (le FT 17) qui se révélera plus efficace lors de la campagne de 1918.
Le programme Renault FT était engagé bien avant le premier combat des Schneider. Il n'est nullement la conséquence de Juvincourt.
Le prototype du Renault FT a été testé du 13 au 15 Mars 1917 au Camp de Champlieu. Cette démonstration s'est faite en présence du Général Estienne. L'essais suivant a été fait le 9 Avril 1917 à Champlieu. Le lendemain, les Groupements Chaubès et Bossut quittaient Champlieu pour se positionner dans le secteur de juvincourt.
Dès la fin 1916, le Général Estienne était parfaitement convaincu qu'il fallait les trois types de chars. Lourds (St chamond), moyens (Schneider) et légers (Renault FT).
On oublie aussi trop souvent que les Groupes Schneider et St Chamond ont participé aux combats, avec les Renault FT, jusqu'à la fin de la guerre.
Pour rester dans l'esprit du Général Estienne, le mot Tank était interdit du vocabulaire militaire réglementaire français. La France utilisait des chars d'assaut. Et le Général ne manquait pas de reprendre les ministres, dont l'administration se permettait d'utiliser un terme qu'ils avaient eux-même banni, par note de service, du vocabulaire administratif.
Photo de Schar Schneider - "Tanks - Plateau de Craonne - Vue du poste de secours de Marceau "
Encore une très belle photo inédite. Il s'agit de la plaine de la ferme du Temple (et non du plateau de Craonne). Le plateau de Craonne est visible en fond de photo.
Le centre Marceau était un poste de défense situé au Nord-est de la Ferme du Temple et au centre de la première ligne française de ce secteur.
Le 16 Avril 1917, le 31° RI était engagé entre le Ployron et le bois des Buttes. Les chars ont été engagés sur sa gauche, à l'Ouest du Ployron.
Sans photo de bonne qualité et sans certitudes sur la date de prise de vue, il est difficile d'identifier avec précision les chars photographiés. Le 31 RI, présent au moment du combat de char, est revenu dans le même secteur plus tard.
Cinq ou six chars (dont certains ont été récupérés durant l'été 17) sont susceptibles d'être ces deux chars. Il peut s'agir de chars de l'AS 7 ou de l'AS 3.
Une photo de bonne qualité devrait permettre d'être plus précis à l'avenir . . . . .
A plus - Michel