Bonsoir,
Le régimage d'une bouche à feu est une série d'opérations destinées à calculer le régime d'une pièce d'un type et d'un modèle donné.
C'est à dire que le régimage consiste, après avoir effectué un certain nombre de tirs comparatifs avec une pièce neuve de référence, à déterminer précisément par des tirs d'expérience les principaux facteurs qui amènent, en fonction de l'usure:
-la variation de vitesse initiale et ses conséquences: la diminution de portée aux différents angles de tir.
-l'avance du cône de forcement.
Couplé avec le tarage des lots de poudre, le régimage permet d'exécuter des tirs de pièces de tous calibres sans réglage, facteur de surprise en cas d'offensive. Seuls, les allemands et les français ont su mettre au point dans la deuxième partie de la guerre des formules et courbes empiriques permettant l'ouverture du feu brutale sans réglage préalable.
Notons, que les britanniques, malgré leur très beau matériel, n'ont jamais atteint le niveau des français et des allemands en matière du tir de l'artillerie, trop souvent cantonné chez eux au tir sur zone, méthode abandonnée par les français et les allemands depuis 1917.
Il existe donc des formules et des courbes établies pour chaque calibre usuel permettant de déduire les variations de portée d'un matériel usé et les variations propres aux différents lots de poudre.
Je passe sur les formules assez compliquées et donne un exemple:
-pour une pièce de 105 modèle 1913 ayant tiré 7.600 coups dont l'avance au cône est de 16 mm et le régime de 20 mètres (20 m/sec) à charge 0, la diminution de portée sera de 340 m à 11.000 m pour un tir d'obus explosif à 30°.
La définition du régimage et du tarage des lots de poudre a été à la base l’œuvre de l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée qui tire loin et où les variations de portée peuvent être considérables. Le maître d'oeuvre de toutes ces techniques est un marin, le lieutenant de vaisseau puis capitaine de corvette Seychal, affecté dès 1915 au 1er Groupe autonome de 19 cm (A.L.V.F) et à la fin de la Guerre, Directeur du Service de Tir de la Réserve Générale d'Artillerie (R.G.A). Cet officier, avec l'appui du colonel puis général Maurin a été le pionnier des conditions du "tir scientifique" qui, né à l'A.L.V.F s'est développé à l'A.L.G.P et, de là, a gagné après bien des réticences toutes les unités de l'artillerie française.
Voici la première page d'une application du Régimage des bouches à feu, organisée pour une visite du Maréchal Pétain, Commandant en Chef des Armées Françaises de l'Est au Camp de Mailly le 3 juin 1919:

Cordialement,
Guy François.