Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous

Cela faisait longtemps que je n'avais plus participé à une identification !

J'ai visité ce très beau Musée de Meaux, et ai été intrigué par ce canon à l'extérieur. Mais j'ai pris des photos des marquages côté culasse qui ne laissent aucun doute sur l'identification









Il s'agit donc d'un canon Français de 14cm Mle 1881, plus précisément le tube Nr18 fabriqué aux Fonderies de Ruelle ('R') en 1888. L'incontournable ouvrage de Guy François (alias ALVF sur ce forum), "Les canons de la victoire 1914-1918 - Tome 3" en donne les caractéristiques en page 13. Il s'agissait de canons de défense de côte qui équipaient avant et pendant la guerre des installations côtières le long du littoral de la France métropolitaine et des colonies

Par contre, que fait ce canon de côte sur un affut à échantignolles à Meaux ???

Cordialement

Bernard

Bonjour Bernard

Par contre, que fait ce canon de côte sur un affut à échantignolles à Meaux ???

C'est ce qui arrive quand on est persuadé d'avoir trouver un rare 138 de forteresse modèle 1873 avec son affût à soulèvement sur le site de Gâvres...
Je suis quasi certain qu'il n'y a aucune pancarte d'identification.

Ci dessous, une photo du canon dans son environnement Breton, avant sa neutralisation militaire "spécifique" : deux tampons : un dans la culasse et un à la volée (qui eurent été plus présentable peint en noir...)

C'est un canon transformé (tube raccourci entre autre) sur un affût de polygone pour les essais du site de tirs mer. Bref, un de ceux qui aurait mérité de terminé en pot de fleur devant le monument aux morts d'un petit village à défaut d'être "chalumé"...
Le musée de Meaux à eu son label de "musée de France"...?

Cordialement,
Cyril

deux tampons

Bonjour,
En bois ??
Cordialement
Alain

Bonsoir,

Quelques précisions sur ce canon sont nécessaires!
Ce canon de 14 cm modèle 1881 R 1886 n° 18 provient bien de Gâvres comme l'a indiqué Cyril. Son affût est un affût de polygone, jamais employé pour un usage au front mais seulement destiné à permettre d'effectuer des tirs balistiques expérimentaux.
Ce n'est pas un canon de côte mais un canon de bord de la Marine ayant armé des croiseurs légers et ayant constitué l'armement secondaire de cuirassés anciens. Avant 1914, aucun canon de ce type n'était en service sur les côtes.
Sous l'empire de la nécessité, ces canons de 14 cm modèle 1881 et 1884 ont été ressortis des arsenaux où ils étaient conservés depuis le désarmement de navires de guerre anciens les ayant portés (essentiellement des croiseurs légers). Ces canons ont alors armé, à partir de 1915:
-des navires marchands armés.
-des batteries de côte de circonstance, notamment en Afrique du Nord.
-des Postes de Défense Contre les Sous-Marins (P.D.C.S.M) en France et en Afrique du Nord.
Ce canon et surtout son affût n'ont pas grand chose à faire dans un Musée de la Grande Guerre qui n'est d'ailleurs pas à de nombreuses incohérences près en matière d'artillerie...
J'avais réalisé pour mon Ami et Grand Ancien, le regretté lieutenant-colonel Truttmann, un "inventaire sommaire" des pièces d'artillerie et des affûts existants en 1982 à Gâvres. Il y avait là quelques merveilles de l'armement naval qui ont été impitoyablement ferraillées! A cette époque, on comptait pas moins de trois canons de 14 cm modèle 1881 dont deux sur affût à échantignolles d'expériences.
Voilà à quoi ressemblaient les canons de 14 cm modèle 1881 et 1884 TR sur affût de bord , utilisés ensuite pour les emplois ci-dessus mentionnés. Le canon photographié est un 14 cm modèle 1884 TR, à peu près indiscernable extérieurement du modèle 1881 TR. Ce canon a armé avec une pièce similaire une batterie du Front de Mer de Rabat:

14 cm modèle 1884 TR sur affût de bord à Pivot Central modèle 1884 "Reine Lili" de la Batterie de Sidi-Moussa (Front de Mer de Rabat) le 10 mars 1917.

Nous sommes assez loin de l'ensemble présenté à Meaux!
Je ne peux que conseiller la lecture du livre "incontournable" qu'a aimablement cité Bernard Plumier et de comparer la réalisation effectuée en Meuse par Cyril et ses amis pour présenter un canon de 14 cm modèle 1910 des canonniers-marins au Bois d'Herméville...avec des moyens modestes mais une compétence affirmée!
Cordialement,
Guy François.

Bonsoir Guy,

je me permets de partager ce beau cliché (avec quelques agrandissements) qui aiguisera très certainement la curiosité de plusieurs ! Il s'agit d'un canon de 14, servi par l'équipage du Cosmao. La photo est légendée, en bas à gauche : "souvenir du Maroc, Position d'Aïn Bourdja au Maroc". Elle est signée Pierre Giraud qui en était le chef de section et est datée du 16 mars 1917. Je pense donc, à lire le post du Guy, qu'il s'agit d'une batterie de côte de circonstance. Le Cosmao était un croiseur de 2ème classe type Surcouf, principalement utilisé comme mouilleur de mines au large du Maroc. Vous remarquerez que l'équipage lit le journal local, "l'éclaireur de Nice" ! Quant à ce caporal du 4 équipée de jumelles... ??? De quel 4 s'agirait-il ?

Cordialement

Michel

Bonsoir,

Merci, Michel, pour ce superbe cliché!

A priori, Aïn Bourdja ou Aïn Borja se situe à l'Est de Casablanca où se trouve un camp important.
Il y a à proximité une batterie de côte de circonstance, la batterie d'Oukacha, armée de deux canons de 14 cm modèle 1881 non à TR sur affût à châssis.
Je pense que les canons ne sont pas débarqués du croiseur "Cosmao" dont l'armement comprend quatre canons de 14 cm modèle 1881 TR sur affût modèle 1884 PC.
Les canons de 14 cm modèle 1881 TR et modèle 1881 non à TR sont toutefois indiscernables extérieurement sauf au niveau de la culasse.
Cette batterie semble donc armée par des marins débarqués du "Cosmao" et des artilleurs d'Afrique du 4e Groupe d'Artillerie de Campagne d'Afrique (G.A.C.A) dont les batteries actives et de réserve sont à Casablanca en 1914. Il s'agit probablement d'artilleurs provenant des deux batteries de réserve du 4e G.A.C.A.
Les deux batteries de côte de circonstance d'Oukacha et de El Hank assurent la défense de Casablanca en 1917-1918 et seront transformées et réarmées entre les deux guerres pour devenir des batteries de côte modernes qui entreront en action contre la flotte américaine lors du débarquement US de 1942.

Sources:
-Armement du "Cosmao": Ecole de canonnage-conférences-4e fascicule-1909- avec en annexe la composition détaillée de l'armement de tous les navires de guerre français.
-Armement des batteries de côte: tableaux récapitulatifs des batteries de côte et de leur armement existant en 1918 (SHM).
Bien cordialement et Bonne Année 2017!
Guy François.

Bonjour

En bois ??

C'est vrai que le tampon présent dans le logement de culasse semble être en bois... Peut être pour éviter que les visiteurs indélicats n'y mettent leurs ordures et/ou pour masquer la neutralisation de la chambre...?
Une tôle avec trois points de soudures légers auraient fait plus présentable...

Cordialement
Cyril

Bonjour,
Je regrette toujours qu'on ne présente pas la culasse, même soudée, "ouverte", c'est quand même un joli morceau.
Cordialement
Alain

Bonjour

Je regrette toujours qu'on ne présente pas la culasse, même soudée, "ouverte", c'est quand même un joli morceau.

Le souci est que dans cette neutralisation militaire (ou civile depuis peu... et encore que... c'est une tolérance), la culasse est coupée à 45°, refermée, vérouillée et soudée. La chambre est percée (ou fortement affaiblie) par perçage au chalumeau débouchant à l'extérieur (ou presque débouchant) avec cordons de soudure empêchant l'introduction de munitions (projectile ou douille).
Ce canon n'avait plus de culasse quand il a été récupéré sur le site de Gâvres.

Cordialement,
Cyril

Bonjour et merci à tous pour cette rapide et incroyablement détaillée identification

Ah non, le Forum n'a rien perdu de son efficacité et de son expertise !

Amicalement

Bernard