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Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : lun. mai 18, 2015 7:07 pm
par Skellbraz .
Bonjour à toutes et tous
Une question qui a peut-être déjà été traitée.
La guerre terminée, qui s'est chargé de dégager les lieux de bataille de tous les gros canons? Les soldats avant de retourner dans leurs foyers?
Bien à vous
Brigitte
Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : lun. mai 18, 2015 8:04 pm
par ALVF
Bonsoir,
Les canons en état de servir ont bien entendu été tous renvoyés dans les établissements de l'intérieur, soit dans les dépôts des régiments, soit dans les Parcs d'artillerie pour les unités dissoutes.
La démobilisation a été très progressive en commençant par les classes anciennes et les unités ont conservé les effectifs nécessaires pour la tâche colossale du regroupement puis du stockage des matériels.
Il faut d'ailleurs ajouter la récupération du matériel ennemi abandonné sur place en exécution des clauses de l'armistice (l'ennemi laisse en France entre autres matériels 5000 canons lourds et 3000 Minenwerfer). Ce butin est partagé entre alliés, la plus grosse part allant à la France.
Si les matériels allemands seront détruits en majorité, les matériels d'artillerie modernes ou encore jugés capables d'emploi sont révisés et stockés (ce qui a pris plusieurs années) et certains matériels anciens sont condamnés (155 C Rimailho, 120 C et 155 C modèle 1890, "crapouillots" (de 58 notamment), etc...).
Il a fallu trouver les locaux nécessaires, ainsi la gigantesque usine de construction de chars de Neuvy-Pailloux (Indre), encore inachevée à la date de l'armistice, sera utilisée, après aménagements, pour stocker les encombrants et très coûteux matériels de l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée. A noter que cette usine fut construite par les américains pour construire à partir de 1919 le char lourd Mark VIII "Liberty" (et pas par les anglais comme l'affirme stupidement "Wikimachin"!).
On ressortira tous ces matériels en 1939 mais ceci est une autre histoire...
Cordialement,
Guy François.
Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : lun. mai 18, 2015 8:27 pm
par Skellbraz .
Les canons en état de servir ont bien entendu été tous renvoyés dans les établissements de l'intérieur, soit dans les dépôts des régiments, soit dans les Parcs d'artillerie pour les unités dissoutes.
La démobilisation a été très progressive en commençant par les classes anciennes et les unités ont conservé les effectifs nécessaires pour la tâche colossale du regroupement puis du stockage des matériels.
Bonjour à toutes et tous,
MERCI Guy François pour toutes ces explications, voici que je comprends maintenant pourquoi mon artilleur de GP, comme bien d'autres, est rentré si tardivement dans ses foyers (mars 1919).
Bien à vous
Brigitte
Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : mar. mai 19, 2015 12:48 pm
par Skellbraz .
Bonjour à toutes et tous
Merci Monte au Créneau
OUHla, les photos parlent bien, je n'ose imaginer l'organisation qu'il fut nécessaire de mettre en place pour réorganiser le pays enfin en paix.
Bien à vous
Brigitte
Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : mar. mai 19, 2015 8:15 pm
par Skellbraz .
Bonjour,
Réorganiser le pays enfin la paix revenue : ce fut le rôle du ministère des régions libérées. Aux lendemains de la guerre, on disait d'un tel, comme pour mon grand-père, qu'il est parti aux Régions Libérées pour travailler : la reconstruction demandait de la main-d'œuvre.
"
Le ministère du Blocus et des Régions libérées fut créé en novembre 1917. Pour les régions libérées,
il devait assumer « la réorganisation de la vie locale et des moyens d’habitation, l’aide à donner
aux sinistrés pour le relèvement des immeubles détruits, la réparation des dommages de guerre,
la reconstitution du sol, la restauration agricole, commerciale et industrielle. etc."
( c'est ici :
http://www.archivesnationales.culture.g ... 3_2009.pdf et là :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344005469/date1920)
Bonjour à toutes et tous
Monte au Créneau, merci encore une fois. En réalité, vous répondez à moult questions sous-jacentes:
oups, à lire en effet!

pour la génération suivante, on prend les mêmes et "on recommence" ( l'expression consacrée, "c'est reparti comme en 14" a tout son sens)
Bien à vous
Brigitte
Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : mar. mai 19, 2015 9:12 pm
par ALVF
Bonjour,
Une petite précision chronologique:
La photographie bien connue de la "Pyramide" ou de la "Montagne" de canons allemands ne date pas de l'armistice. Il s'agit d'un "décor" mis en place à l'occasion du défilé de la Victoire du 14 juillet 1919;
Par contre, il y a au moment de l'armistice une vaste exposition de matériels allemands capturés lors des contre-offensives alliées de l'été et de l'automne 1918. Dès le 17 septembre, il est ordonné d'envoyer au Parc d'Artillerie de Vincennes 600 canons capturés par les seules Armées françaises depuis juillet 1918. Ces canons sont mis à la disposition de l'exposition des trophées sur la Place de la Concorde et aux Tuileries et à partir du 10 novembre mis à disposition du "Panthéon de l'Armée". Ces matériels sont abondamment photographiés de novembre à 1918 jusqu'au début de 1919.
A noter qu'il a fallu rapidement "soustraire" aux convoitises quelques centaines de mitrailleuses et de petit matériel qui tentaient l'aspect "collectionneur" de soldats alliés, notamment américains (il faut dire que 70% des soldats américains en France n'ont jamais vu de tranchées ou de soldats allemands autres que prisonniers!).
Voici une photographie de la Place de la Concorde fin 1918:

Matériels allemands exposés sur la Place de la Concorde en 1918.
Enfin, pour rester dans le sujet initial, voici une vue partielle d'un rassemblement de canons anciens du système de Bange à Toul après l'armistice:

Rassemblement de canons système de Bange à Toul.
Cordialement,
Guy François.
Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : mar. mai 19, 2015 10:22 pm
par Skellbraz .
Bonjour à toutes et tous
Encore merci Guy François

j'avais évidemment oublié de penser au matériel des armées alliées et ennemies. J'avais aussi oublié que tout n'allait pas à la casse ou à la fonderie et décidément... je n'avais pas pensé aux "rapines"!
J'admire le rangement des canons ( 2ème photo)
Pour le côté artistique des empilements, (1ère photo)

c'est du "César" avant l'heure!
Bien à vous
Brigitte
édité pour joindre l'image

Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : mer. mai 20, 2015 5:25 pm
par rugby-pioneers
A noter que cette usine fut construite par les américains pour construire à partir de 1919 le char lourd Mark VIII "Liberty" (et pas par les anglais comme l'affirme stupidement "Wikimachin"!).
Bonjour,
J'étais parti pour corriger l'erreur relevée par M.François sur la fiche Wikipedia de Neuvy-Pailloux
http://fr.wikipedia.org/wiki/Neuvy-Pailloux où il est malencontreusement écrit
En 1917, est édifiée par l'armée britanniques, une usine de montage de chars de combats à Neuvy-Pailloux
A chercher si l'erreur était reproduite dans les pages en anglais, je trouve une formulation différente sur la page consacrée au Mark VIII
http://en.wikipedia.org/wiki/Tank_Mark_VIII
Soon the Americans decided to build a brand new assembly factory at Neuvy-Pailloux 200 miles south of Paris, contracting a British company
Est ce que la rédaction d'une usine décidée (et financée) par les américains mais construite par un sous-traitant britannique vous semble correcte ?
@+
Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : mer. mai 20, 2015 6:10 pm
par Alain Dubois-Choulik
Bonjour,
L'esprit "collector" des soldats US était bien connu, et les Britanniques ne s'en privèrent pas non plus une fois l'armistice signée. Il me parait d'ailleurs assez logique - et qui sait, sain ? - pour l'équilibre de se payer un peu sur la bête, du moins sur son matériel .
Pour les Canadiens, c'était bien sur destiné au Musée de la guerre voir sur
cette page, vers le bas.
Péricard en parle dans "Pèlerinage en foret d'Apremont" ; forcément les casques à pointe, les pistolets P08, à défaut des P38 qui font les
bons moments des films sur la seconde guerre.
Cordialement
Alain
Re: fin de la guerre : dégagement des pièces d'artillerie
Publié : mer. mai 20, 2015 6:22 pm
par ALVF
Bonsoir,
Je joins quelques lignes d'une grosse étude très documentée et malheureusement seulement éditée "hors-commerce" du
Lieutenant-colonel Ch. Menu "Applications de l'Industrie-La leçon d'une guerre (Essai d'histoire)"-École Supérieure de Guerre-1928-1931 . Ce texte montre bien que "l'usine de Châteauroux" (c'est le nom que porte l'usine de Neuvy-Pailloux dans les textes français et alliés de 1918-1919) est une affaire, certes anglo-américaine, mais que le bénéficiaire, le financier et le concepteur de l'usine est bien l'allié américain. Les anglais, gens prudents, ont d'ailleurs décidé de construire le char "Liberty" dans leurs propres usines, quitte à bénéficier des surplus de production si l'allié français, traité dans cette affaire bien légèrement, n'acquiert pas de char "Liberty". La France en effet construit à cette époque son char lourd FCM 2C et donnera priorité à un matériel national si elle arrive à monter sa production industrielle. Les premiers chars 2C sont d'ailleurs en construction à La Seyne-sur-Mer et ont atteint un stade avancé de finition en novembre 1918 alors que l'usine de Neuvy-Paillous est encore loin d'être en mesure de produire un char "Liberty", surtout du fait de l'échec industriel du constructeur américain Ford pour produire le gros moteur destiné à propulser le char "Liberty".
Voici quelques lignes du lt-cl Menu résumant le problème:

Cordialement,
Guy François.